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Le coût des quatre députés CDP dans la capitale ... - Evénement - BF

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N° 05 du 5 décembre 2012 Paraissant les Lundi et Jeudi du 19 au 5 décembre 2012<br />

Edito<br />

Il n’y a pas de parade infaillible face à <strong>des</strong> esprits<br />

malfaisants. Même <strong>la</strong> biométrie que l’on croyait<br />

être <strong>la</strong> solution à <strong>la</strong> fraude n’aura finalement pas<br />

pu nous éviter les pa<strong>la</strong>bres <strong>des</strong> lendemains<br />

d’élection. L’homme est le facteur déterminant de<br />

<strong>la</strong> bonne ou de <strong>la</strong> mauvaise gestion du processus<br />

électoral. <strong>Le</strong> Kadiogo constitue incontestablement un<br />

<strong>la</strong>boratoire <strong>dans</strong> l’ingénierie de <strong>la</strong> fraude. Même <strong>la</strong><br />

CENI n’a rien pu faire contre cette machine maléfique<br />

programmée pour fausser le vote <strong>des</strong> électeurs.<br />

Impuissants, certains partis n’avaient de cesse de<br />

nous appeler au secours pour être les témoins de<br />

métho<strong>des</strong> dignes de brigands. Quand <strong>des</strong> CEIA<br />

s’arrogent le droit de refuser <strong>des</strong> mandats délivrés par<br />

<strong>des</strong> partis politiques à leurs représentants, arguant le<br />

fait que de prétendus textes limiteraient leur nombre à<br />

deux <strong>dans</strong> un bureau de vote, obligeant <strong>la</strong> CENI à<br />

intervenir, il y a problème. Que dire encore quand ces<br />

féodalités refusent de se soumettre aux injonctions de<br />

<strong>la</strong> tutelle ? Il y a comme une rébellion au sein de <strong>la</strong><br />

commission électorale où ses démembrements<br />

s’aménagent <strong>des</strong> lois différentes et se comportent en<br />

factions. Certains ont même complètement tourné <strong>la</strong><br />

CENI en bourrique, l’incitant à créer <strong>dans</strong> l’urgence de<br />

nouveaux bureaux au prétexte que ceux initialement<br />

prévus étaient inexistants sur le terrain alors qu’il n’en<br />

était rien. Comment comprendre que l’on ait autorisé<br />

le déroulement <strong>des</strong> votes alors que les bulletins <strong>des</strong><br />

La posture intenable de<br />

<strong>la</strong> commission électorale<br />

Par Germain B. NAMA<br />

légis<strong>la</strong>tives n’étaient pas encore disponibles ? Selon<br />

<strong>des</strong> témoignages, 170 électeurs avaient <strong>dans</strong> un<br />

bureau de vote accompli leur devoir citoyen <strong>dans</strong> ces<br />

conditions ! Et ces urnes qui ont transité par <strong>des</strong><br />

domiciles privés avant d’arriver au centre de<br />

compi<strong>la</strong>tion. Peut-on garantir <strong>la</strong> sincérité <strong>des</strong> procès<br />

verbaux de résultats contenus <strong>dans</strong> de telles urnes ?<br />

Et quand on a au préa<strong>la</strong>ble refusé de délivrer copie de<br />

PV de résultats aux représentants <strong>des</strong> partis en<br />

compétition malgré leur demande, il y a de quoi nourrir<br />

de sérieuses suspicions sur <strong>la</strong> sincérité <strong>des</strong> résultats.<br />

La CENI à qui tous ces problèmes n’ont pas échappé<br />

a décidé malgré tout de publier en l’état les résultats<br />

obtenus <strong>dans</strong> ces conditions. Nous ne savons pas si<br />

en même temps que les PV de proc<strong>la</strong>mation, <strong>la</strong><br />

structure dirigée par maître Kéré a transmis au<br />

Conseil constitutionnel ses observations sur ces<br />

dysfonctionnements. Mais il est quasiment sûr que<br />

<strong>des</strong> partis comme l’UPC saisiront d’une p<strong>la</strong>inte les<br />

juridictions compétentes. Des responsables de ce<br />

parti et leurs conseils nous a-t-on dit seraient en train<br />

de p<strong>la</strong>ncher sur le dossier. Dommage pour<br />

Barthélémy Kéré et son équipe qui sans doute<br />

auraient souhaité un sans faute <strong>dans</strong> cette opération<br />

qui constitue une première <strong>dans</strong> notre pays. Quand on<br />

a dépensé 17 milliards, ce qui est sans précédent<br />

<strong>dans</strong> l’organisation d’une élection au Burkina, on est<br />

légitimement en droit d’attendre mieux. Certes le<br />

Kadiogo qui abrite <strong>la</strong> <strong>capitale</strong> du Burkina est un enjeu<br />

politique considérable. Pour certains caciques du<br />

parti au pouvoir, il n’est pas question qu’il soit contrôlé<br />

par l’opposition. C’est un vœu politiquement légitime.<br />

Mais <strong>la</strong> compétition doit demeurer licite et loyale, pour<br />

un vivre ensemble paisible n<br />

Résultats provisoires<br />

Légis<strong>la</strong>tives<br />

<strong>Le</strong> <strong>coût</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>quatre</strong><br />

<strong>députés</strong><br />

<strong>CDP</strong> <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>capitale</strong><br />

<strong>Le</strong> sergent<br />

Babou Naon<br />

revient sur<br />

l’affaire Norbert<br />

Zongo<br />

<strong>Le</strong>s oubliés<br />

de<br />

Ouagadougou !<br />

PRIX Afrique = 750 F CFA ETRANGER = 1000 F CFA www.evenement-bf.net<br />

P. 6<br />

P. 3 à 5<br />

MaLi<br />

Municipales<br />

La brousse<br />

au <strong>CDP</strong><br />

les villes<br />

à<br />

l’opposition<br />

P. 4<br />

P. 7


2 annonces<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées


LEs COUPLéEs<br />

Faut-il s’en réjouir ?<br />

Par Newton Ahmed BARRY<br />

<strong>Le</strong> samedi, aux environs de 20 heures, <strong>la</strong><br />

CENI a proc<strong>la</strong>mé les résultats globaux et<br />

provisoires <strong>des</strong> municipales. L’acte 2 <strong>des</strong><br />

couplées prenait ainsi fin. Il reste<br />

désormais à <strong>la</strong> justice de jouer son rôle.<br />

Sur les juges, <strong>la</strong> religion est faite. On<br />

peut donc considérer que Samedi, pour<br />

l’essentiel, les couplées sont terminées.<br />

<strong>Le</strong> <strong>CDP</strong> et l’ADF/RDA ont pris acte.<br />

L’UPC, <strong>dans</strong> l’opposition, devrait être <strong>la</strong><br />

seule à tenter l’aventure de <strong>la</strong> justice.<br />

Mais les choses s’annoncent presque<br />

impossibles.<br />

ans <strong>la</strong> matinée du 10 décembre,<br />

les conseils de l’UPC,<br />

devraient revenir encore à <strong>la</strong><br />

CENI, pour demander à<br />

accéder aux documents de<br />

dépouillement, surtout pour <strong>la</strong><br />

circonscription du Kadiogo.<br />

Là où de l’avis de tous, s’est perpétré<br />

l’hideux scandale de ces couplées.<br />

Une première tentative par voie<br />

d’huissier avait échoué, le samedi 8<br />

décembre. Mandaté pour mettre en<br />

sécurité les documents du dépouillement,<br />

l’huissier qui a rencontré le président<br />

maître Kéré, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> matinée, avait été<br />

invité à revenir à 17 heures, <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

soirée.<br />

A l’heure dite, il était de retour à <strong>la</strong><br />

CENI. <strong>Le</strong>s policiers en charge de <strong>la</strong><br />

sécurité <strong>des</strong> lieux lui ont interdit l’accès.<br />

<strong>Le</strong>s documents de <strong>la</strong> CENI sont-ils<br />

secrets ?<br />

<strong>Le</strong> président Kéré qui a reçu <strong>la</strong> lettre<br />

d’huissier, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> matinée, a dû sûrement<br />

consulter certains de ses commissaires. La<br />

commission fonctionne ainsi. Il en est<br />

ressorti, que «<strong>la</strong> commission ayant achevé<br />

son travail, celui de proc<strong>la</strong>mer<br />

provisoirement les résultats, elle ne pouvait<br />

plus être sollicitée pour quoi que ce soit.<br />

Tous ceux qui veulent entreprendre <strong>des</strong><br />

recours doivent aller directement devant les<br />

juridictions compétentes». Sur <strong>la</strong> base de ce<br />

moyen de défense, <strong>la</strong> CENI n’avait pas<br />

permis aux conseils de l’UPC d’avoir accès<br />

à ses documents de délibération.<br />

L’argument de l’UPC, particulièrement<br />

pour le Kadiogo, c’est que <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong><br />

bulletins nuls, par exemple, n’avaient pas<br />

été convoyés, comme ce<strong>la</strong> se doit, au<br />

Conseil constitutionnel. Ces bulletins ont<br />

été convoyés et entassés à <strong>la</strong> CENI.<br />

Comment le Conseil constitutionnel, qui n’a<br />

pas cette donnée en main, aurait-elle pu se<br />

déterminer ? Ensuite les résultats du<br />

Kadiogo ont été proc<strong>la</strong>més, en omettant 47<br />

bureaux de vote. Dans ses délibérations,<br />

nulle part, <strong>la</strong> CENI n’y a fait mention.<br />

L’UPC voudrait avoir accès aux documents,<br />

pour identifier avec exactitude ces bureaux<br />

dont les votes n’ont pas été comptabilisés.<br />

Si on considère, qu’un bureau de vote<br />

comporte 500 électeurs en faisant le calcul,<br />

ELECtiONs COUPLéEs<br />

La percée de l’aDF/RDa <strong>dans</strong> l’Est<br />

l’Est il y avait un vrai enjeu. La<br />

suprématie <strong>des</strong> deux supers<br />

puissants, <strong>CDP</strong> et ADF/RDA et<br />

les prétentions du Jeune Lion. A<br />

l’arrivée, les fiefs ont été bien<br />

conservés. <strong>Le</strong> lion a effrayé, mais n’a pas pu<br />

mordre.<br />

Avec deux ministres, un ancien directeur<br />

général de <strong>la</strong> CNSS et un président du CES,<br />

le <strong>CDP</strong> avait pour ainsi dire, les arguments<br />

de sa bataille. Il est donc parvenu à<br />

maintenir son fief. Dans les provinces de <strong>la</strong><br />

région, le parti présidentiel a pu s’en tirer<br />

avec au moins un député. Mais <strong>la</strong> palme<br />

revient incontestablement à l’ADF/RDA.<br />

Avec deux personnalités de haute stature,<br />

Kupiendieli et Ouoba de Tintuoa, le parti a<br />

tenu <strong>la</strong> dragée haute au parti présidentiel.<br />

Dans toutes les circonscriptions de <strong>la</strong><br />

région, l’ADF a obligé le <strong>CDP</strong> au partage<br />

du gain. C’est <strong>dans</strong> cette région que le parti<br />

a fait son meilleur score et montre une<br />

bonne imp<strong>la</strong>ntation spatiale. En 2007,<br />

l’ADF/RDA n’avait obtenu que deux (2)<br />

<strong>députés</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région de l’Est notamment<br />

<strong>dans</strong> le Gourma et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Gnagna. En 2012,<br />

le parti s’en est sorti avec <strong>quatre</strong> (4) sièges.<br />

L’ADF bénéficie ainsi de l’effet, fort reste,<br />

<strong>dans</strong> <strong>des</strong> circonscriptions qui étaient jusque<br />

là à un siège.<br />

Et le Kupiendieli <strong>dans</strong> tout ça ?<br />

Adiouma Idrissa Thiombiano dit le<br />

Kupiendieli, est le roi du Gulmu. C’est-àdire<br />

qu’il règne sur les cinq provinces que<br />

compte <strong>la</strong> région de l’Est. Lorsque ce<br />

dernier s’adresse aux militants du parti,<br />

c’est comme s’il s’adressait à ses ‘’sujets’’.<br />

Dans cette optique, les consignes de vote du<br />

Kupiendieli seront suivies par un nombre<br />

important <strong>des</strong> potentiels votants. Ces<br />

passages lors du meeting du parti le 25<br />

novembre 2012 à Tigba sont évocateurs.<br />

«Je suis parmi vous d’abord en tant que roi<br />

du Gulmu avant d’être un député. J’ai été<br />

roi pendant sept (7) ans avant d’être élu<br />

député à l’Assemblée nationale en 2007. Je<br />

demande encore en 2012 vos voix» Et<br />

d’ajouter : «<strong>Le</strong> 2 décembre, votez l’éléphant<br />

aussi bien pour les <strong>députés</strong> que pour les<br />

conseillers municipaux ». En tout cas, <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce du Kupiendieli <strong>dans</strong> le Gulmu est<br />

d’une importance <strong>capitale</strong> et l’ADF en<br />

profite : «<strong>Le</strong> Kupiendieli incarne <strong>la</strong><br />

sagesse» a fait comprendre Gilbert<br />

Ouédraogo lors du meeting à Tibga n<br />

Basidou KINDA<br />

Couplées<br />

on se retrouve avec 23500 suffrages non<br />

pris en compte. C’est énorme. <strong>Le</strong> quotient<br />

électoral au Kadiogo était de 58 118<br />

La p<strong>la</strong>ie du Kadiogo !<br />

<strong>Le</strong>s médailles <strong>des</strong> 15 commissaires sont<br />

encore fraîches sur leur poitrine. Ils ont été<br />

décorés le 9 décembre de <strong>la</strong> médaille de<br />

l’ordre national, «pour avoir réussi <strong>la</strong><br />

biométrie et les élections couplées».<br />

L’intention n’est nullement d’entraver <strong>la</strong><br />

joie légitime qu’ils peuvent éprouver. Il<br />

faudra cependant, apporter <strong>des</strong> réponses aux<br />

préoccupations suivantes :<br />

Comment a-t-on décidé <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong><br />

centres de compi<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> résultats, avant<br />

leur acheminement sur <strong>la</strong> CENI ? La<br />

question a-t-elle été évoquée et tranchée en<br />

plénière ? Qu’elle a été l’attitude <strong>des</strong><br />

commissaires de l’opposition ?<br />

Est-ce un hasard si les deux commissaires<br />

en charge du Kadiogo sont tous deux du<br />

<strong>CDP</strong> ? Qui a décidé de donner l’impression<br />

<strong>des</strong> bulletins de vote à l’imprimerie Martin<br />

Pêcheur, dont le propriétaire est aussi un<br />

candidat ? Pouvait-on dès lors s’étonner que<br />

l’arrondissement 4 ait été celui où le plus<br />

grand scandale de ces couplées s’est<br />

produit ? Pourquoi certains présidents de<br />

CEIA se sont comportés en voyous et c’est<br />

au compte de qui ? La CENI a dû envoyer<br />

les gendarmes chercher un président de<br />

CEIA qui était venu vers 3 heures du matin,<br />

le 3 décembre jeter ses paquets aux policiers<br />

et s’en aller.<br />

Comment se fait-il que <strong>la</strong> CENI ait pu<br />

prendre en compte <strong>des</strong> résultats en<br />

l’absence de feuilles de dépouillement au<br />

Kadiogo ? Kéré a promis un bi<strong>la</strong>n. Peut-être<br />

y reviendra t-il ? Pour l’avenir n<br />

Qu’est-ce qui n’a pas<br />

marché chez l’UPC ?<br />

Il faisait partie <strong>des</strong> partis favoris <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> région de l’Est. Dans <strong>la</strong> Tapoa,<br />

l’UPC était considérée comme le<br />

principal adversaire du <strong>CDP</strong>. Mais au<br />

soir du 2 décembre, il n’a eu ni <strong>la</strong><br />

députation ni <strong>la</strong> mairie de Diapaga.<br />

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné au<br />

niveau du parti ? Cette question reste<br />

sans réponse. Certains soupçonnent<br />

<strong>des</strong> frau<strong>des</strong>.<br />

e devoir d’ingratitude peut-il prévaloir <strong>dans</strong> une<br />

institution comme celle de <strong>la</strong> CENI où s’agit-il de<br />

veiller au respect <strong>des</strong> intérêts partisans ? Une fois élu,<br />

un commissaire de <strong>la</strong> CENI échappe t-il à son<br />

mandant ?<br />

L’actualité de <strong>la</strong> tenue et <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation <strong>des</strong> résultats <strong>des</strong><br />

couplées nous oblige à nous pencher sur cette question.<br />

Certains comportements nous ont paru incompréhensibles, tant<br />

ils jurent avec l’esprit et <strong>la</strong> lettre qui ont prévalus à<br />

l’instauration de <strong>la</strong> CENI, indépendante de l’administration<br />

publique.<br />

L’esprit d’abord et avant tout. Partout <strong>la</strong> CENI a été<br />

revendiquée comme un moyen d’instaurer une équité <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

conduite <strong>des</strong> opérations de vote. Sa composition paritaire<br />

opposition/majorité et <strong>la</strong> société civile en situation d’arbitraire<br />

semb<strong>la</strong>it idéale, pour préserver les intérêts de tout le monde et<br />

éviter le blocage. Dans le cas du Burkina, l’instauration de <strong>la</strong><br />

CENI n’a jamais pu produire cet effet favorable à <strong>la</strong> sincérité<br />

<strong>des</strong> opérations de vote. Dans <strong>la</strong> première CENI, le poste de<br />

président revenant à <strong>la</strong> société civile, Michel Moussa Tapsoba<br />

a réussi à faire de l’institution sa chose. Pour y parvenir, il a<br />

habillement joué <strong>la</strong> carte <strong>des</strong> commissaires de <strong>la</strong> majorité et en<br />

puisant, par l’appât <strong>des</strong> faveurs, quelques commissaires de<br />

l’opposition, pour ne pas dire eux tous. Pendant près de dix ans,<br />

il a pu ainsi régner, en monarque absolu, sur une commission<br />

qui n’a jamais pu organiser <strong>des</strong> élections crédibles. <strong>Le</strong>s<br />

commissaires de l’opposition « tenus par les faveurs », n’ont<br />

jamais pu constituer un front. C’était à celui qui irait dénigrer le<br />

plus l’autre auprès de Michel Moussa Tapsoba. A <strong>la</strong> fin, quand<br />

les choses ont commencé à mal tourner, certains <strong>des</strong><br />

commissaires de l’opposition se sont souvenus qu’ils y étaient<br />

par <strong>la</strong> volonté d’un mandant. Mais le mal était déjà fait.<br />

Pour <strong>la</strong> nouvelle commission, actuellement en p<strong>la</strong>ce, on avait<br />

vraiment espéré que les choses se présenteraient autrement.<br />

C’est vrai que <strong>dans</strong> leur majorité, les commissaires actuels ont<br />

trempé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> « sauce Moussa ». Mais le fait que le nouveau<br />

président vienne de l’église catholique, institution reconnue<br />

pour sa droiture morale, avait suscité beaucoup d’espoir. Hé<strong>la</strong>s,<br />

il n’a pas fallu attendre longtemps pour désillusionner. La<br />

CENI n’a pas changé <strong>dans</strong> son mode de fonctionnement. Trois<br />

éléments pour l’attester.<br />

L’attitude <strong>la</strong> commission <strong>dans</strong> l’affaire de Gourcy et <strong>dans</strong> le<br />

procès devant le Conseil constitutionnel. Qui peut comprendre<br />

que les avocats de <strong>la</strong> CENI se retrouvent à défendre le <strong>CDP</strong><br />

contre un autre parti : l’UPC, <strong>dans</strong> l’affaire de Badini, qui<br />

manifestement a fait <strong>des</strong> faux pour valider sa candidature.<br />

L’instal<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> centres de compi<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> résultats. Au<br />

Kadiogo <strong>la</strong> présence <strong>dans</strong> le centre de certaines personnes<br />

interpelle et pose de sérieuses questions de compatibilité<br />

morale. Etait-il indispensable de s’attacher les services d’un<br />

avocat qui est connu pour être le conseiller du <strong>CDP</strong> <strong>dans</strong> le<br />

dossier Badini ? On devrait dire conseiller de CENI/<strong>CDP</strong> !<br />

Etait-il moralement acceptable, qu’un marché d’impression de<br />

bulletins soit confié à un concurrent aussi partisan que le patron<br />

de l’imprimerie Martin pêcheur ? On peut à souhait multiplier<br />

<strong>des</strong> exemples.<br />

Et <strong>dans</strong> toutes ces affaires on n’a jamais entendu les<br />

commissaires de l’opposition et peut-être, pourquoi pas, ceux<br />

de <strong>la</strong> société civile. Car après tout, le rôle d’arbitre, donne<br />

justement plus de crédit à toute prise de position <strong>des</strong><br />

commissaires de <strong>la</strong> société civile. En dehors du président, il y a<br />

<strong>quatre</strong> autres. Que font-ils ?<br />

Que le <strong>CDP</strong> veille tricher est compréhensible. Que les<br />

commissaires <strong>des</strong> autres composantes se taisent, là<br />

commencent les inquiétu<strong>des</strong>. A chaque fois que nous avons<br />

interpellé certains d’entre eux, soit ils ne le savaient pas ou l’ont<br />

su trop tard. Justement, ils ne sont jamais mis <strong>dans</strong> le coup,<br />

parce qu’on sait qu’ils ne diront rien. Que le président ose faire<br />

<strong>des</strong> choses qui lèsent le <strong>CDP</strong> et on verra qu’il y a commissaire<br />

et commissaire.<br />

Au titre <strong>des</strong> consensus du CCRP, on devrait, nous semble t-il,<br />

dissoudre l’actuelle CENI. Mais peut-être qu’il reste une autre<br />

besogne : «le référendum sur l’article 37».<br />

3<br />

Humeur de<br />

<strong>la</strong> campagne<br />

a quoi servent les commissaires<br />

de l’opposition !<br />

Par Newton Ahmed BARRY<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées


4<br />

<strong>Le</strong>s mots de<br />

<strong>la</strong> Campagne<br />

“Personne ne viendra détourner notre<br />

victoire au Kadiogo”.<br />

vvvvvvvvv<br />

Assimi Kouanda<br />

Secrétaire exécutif<br />

National du <strong>CDP</strong><br />

“Si les résultats <strong>dans</strong> le Kadiogo ne<br />

reflètent pas <strong>la</strong> volonté du peuple<br />

exprimée <strong>dans</strong> les urnes le 2<br />

décembre, nous ne serons pas en<br />

mesure d’empêcher nos militants de<br />

s’exprimer”.<br />

Zéphirin Diabré<br />

Président de l’UPC<br />

à <strong>la</strong> conférence de presse<br />

au siège du parti le 4 décembre 2012<br />

L’<strong>Evénement</strong> L’<strong>Evénement</strong><br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées<br />

RésULtats DEs COMMUNaLEs<br />

La brousse au <strong>CDP</strong> les villes à l’opposition<br />

<strong>Le</strong> résultat <strong>des</strong> municipales réaffirme le<br />

maintien de <strong>la</strong> domination <strong>CDP</strong> sur les<br />

territoires. <strong>Le</strong>s villes sous contrôle de<br />

l’opposition ont augmenté, mais pas de<br />

façon significative. Un fait cependant,<br />

<strong>dans</strong> les gran<strong>des</strong> villes, le <strong>CDP</strong> a perdu <strong>des</strong><br />

plumes. Ce sont les vil<strong>la</strong>ges qui lui ont<br />

permis de conserver les communes.<br />

<strong>Le</strong> <strong>CDP</strong> devrait avoir les conseillers<br />

analphabètes et nombreux.<br />

L’opposition <strong>des</strong> conseillers éc<strong>la</strong>irés,<br />

mais peu nombreux », c’est le constat<br />

d’un ancien cacique du <strong>CDP</strong>. Ce n’est<br />

pas loin de ressembler à <strong>la</strong> vérité. Dans <strong>des</strong><br />

communes comme celle de Tenkodogo, le<br />

<strong>CDP</strong> été contraint au partage. Sur 17 sièges<br />

de conseillers <strong>dans</strong> <strong>la</strong> ville, l’UPC a remporté<br />

9 et le <strong>CDP</strong> 8. Il est allé faire le plein de voix<br />

<strong>dans</strong> l’arrière pays. Avec les 43 conseillers<br />

UPC, le conseil municipal devrait connaître<br />

une bonne animation. En tout cas, meilleure<br />

à celle de <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>ture passée. C’est le<br />

Couplées<br />

Comment le <strong>CDP</strong> a mis sa victoire en scène<br />

<strong>Le</strong>s résultats ne sont pas encore définitifs. <strong>Le</strong>s<br />

recours vont commencer. Mais le risque que<br />

ça change est bien maigre.<br />

Dans cette nouvelle razzia du <strong>CDP</strong>, certaines<br />

villes symboliques sont pas passées ou sont<br />

restées entre les mains de l’opposition. Surtout<br />

même constat à Garango. Sur l’ensemble de<br />

cette commune d’ailleurs, <strong>CDP</strong> et UPC font<br />

jeu égal ; 22 pour le premier et 21 pour le<br />

second. A Bittou aussi, <strong>la</strong> ville a dit oui à<br />

l’opposition et <strong>la</strong> brousse est restée <strong>CDP</strong>.<br />

Pour une fois il faudra négocier avec<br />

l’opposition<br />

A Ouahigouya, par exemple, l’UPC est en<br />

situation d’arbitre entre l’ADF/RDA et le<br />

<strong>CDP</strong>. Selon le responsable du parti <strong>dans</strong> le<br />

Yatenga, «là où nous penchons, nous faisons<br />

le roi». Il faudra donc négocier dur. L’autre<br />

fait important, c’est une bonne présomption<br />

sur <strong>la</strong> qualité <strong>des</strong> conseils municipaux. Ces<br />

instances devraient connaître une animation<br />

inconnue jusque là. La présence d’une masse<br />

critique de conseillers de l’opposition va<br />

obliger le <strong>CDP</strong> à mieux gérer. La<br />

gouvernance locale devrait s’en trouvée<br />

améliorée n<br />

<strong>Le</strong>s mairies symboliques à l’opposition<br />

Quelques villes symboles en (vert)<br />

sous le contrôle de l’opposition<br />

L’<strong>Evénement</strong><br />

<strong>dans</strong> le Sud Ouest. L’UPC remporte <strong>des</strong> villes<br />

symboliques comme Gaoua, Batié, Dano et<br />

même Diébougou. Dans le Sud Ouest, par le<br />

travail d’un certain Armand Ouali, l’UPC réalise,<br />

en mieux, ce que l’ADF/RDA a fait à l’Est.<br />

L’UPC conserve aussi sa ville fétiche,<br />

Gombousgou et s’agrandi en prenant Béré.<br />

Par Newton Ahmed BARRY<br />

Procès verbal de constat d’incidents liés aux<br />

élections couplées du 02 décembre <strong>dans</strong><br />

l’arrondissement N°4 de Ouagadougou/ Nongr-<br />

Maassom.<br />

Il s’agit d’une étude de Me Billy Mohamed<br />

Ouattara close le vendredi 7 décembre 2012.<br />

C’est le lendemain <strong>des</strong> élections (lundi 3<br />

décembre) que l’étude a commencé. Me Ouattara a,<br />

en effet, été saisi pour les motifs suivants :<br />

l’insuffisance ou l’absence de bulletins de vote<br />

<strong>dans</strong> plusieurs bureaux ; l’absence de Procès<br />

verbaux et fiches de dépouillement <strong>dans</strong> plusieurs<br />

bureaux ; le remplissage de fiches de dépouillement<br />

le lundi 3 décembre <strong>dans</strong> les locaux de <strong>la</strong> mairie de<br />

l’Arrondissement de Nongr-Maassom par le<br />

président de <strong>la</strong> CEIA ; l’absence de scel<strong>la</strong>ge sur<br />

certaines urnes ; <strong>la</strong> présence <strong>dans</strong> les locaux de <strong>la</strong><br />

mairie, de bulletins de vote correspondant à <strong>des</strong><br />

suffrages exprimés (alors que, conformément aux<br />

consignes <strong>des</strong> procès verbaux <strong>des</strong> opérations<br />

électorales, ces bulletins devraient être brûlés en<br />

présence <strong>des</strong> électeurs <strong>dans</strong> les bureaux de vote) ; <strong>la</strong><br />

présence <strong>dans</strong> les locaux de <strong>la</strong> mairie, le lendemain<br />

<strong>des</strong> élections, de bulletins de vote annulés (alors<br />

que, conformément aux consignes <strong>des</strong> procès<br />

verbaux <strong>des</strong> opérations électorales, ces bulletins<br />

devraient être annexés à l’exemp<strong>la</strong>ire du procès<br />

verbal <strong>des</strong>tiné au Conseil d’Etat) ; <strong>des</strong> sachets de<br />

dépouillement de couleur noire scellés, <strong>des</strong>tinés à <strong>la</strong><br />

CENI étaient ouverts par certains membres de <strong>la</strong><br />

CEIA et leurs contenus remp<strong>la</strong>cés. <strong>Le</strong> constat de<br />

Me Ouattara sur les lieux le 3 décembre a permis de<br />

ramasser et de remplir 4 sacs de 50 kg de quelques<br />

documents ci-<strong>des</strong>sus cités.<br />

<strong>Le</strong> dépouillement de ces documents donne entre<br />

autres ce qui suit : 685 cartes d’électeurs vierges ;<br />

44 formu<strong>la</strong>ires de vote par dérogation vierges ; 384<br />

bulletins d’élections municipales paraphés et<br />

votés ; 53 feuilles de dépouillement d’élections<br />

légis<strong>la</strong>tives vierges ; 129 procès verbaux <strong>des</strong><br />

opérations électorales municipales vierges ; 284<br />

bulletins d’élections légis<strong>la</strong>tives paraphés et votés ;<br />

307 bulletins d’élections légis<strong>la</strong>tives agrafés et non<br />

paraphés. La liste est longue…<br />

Basidou KINDA<br />

Dans le Sahel, le PDS se maintient !<br />

Au niveau <strong>des</strong> communales, le PDS/METBA<br />

conserve Dori, après l’excellent travail fait par<br />

son maire. <strong>Le</strong>s électeurs qui lui sont<br />

reconnaissants, lui ont donné 107 sièges, pour<br />

qu’il n’ait plus besoin de coalition pour<br />

conserver son fauteuil. <strong>Le</strong> PDS conquière aussi<br />

<strong>la</strong> commune de Yagha. On peut cependant dire<br />

que les fruits n’ont pas été à <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong><br />

promesse <strong>des</strong> fleurs.<br />

Namounou reste verte<br />

Dans ce grand Est, partagé entre l’ADF et le<br />

<strong>CDP</strong>, une petite commune fait de <strong>la</strong> résistance<br />

depuis 2006. Il s’agit de <strong>la</strong> Commune de<br />

Namounou, à environ 25 kilomètres de Diapaga,<br />

qui reste fidèle au PDS/METBA. <strong>Le</strong>s électeurs<br />

ont choisi de rester sous les couleurs de <strong>la</strong> verte<br />

étoile du parti de Arba Diallo.<br />

Tema Bokin, <strong>la</strong> Sankariste<br />

Elle a fait l’objet de l’assaut du <strong>CDP</strong>, par<br />

l’intermédiaire de l’orpailleur devenu militant du<br />

parti majoritaire. La tête de liste Fatou Diendéré,<br />

avait juré que le <strong>CDP</strong> reprendrait <strong>la</strong> ville. Mais<br />

les gens de Tema Bokin, ne sont pas <strong>des</strong> parents<br />

de Tom Sank, pour rien. Il faut plus que l’argent<br />

pour les avoir. <strong>Le</strong>s résultats <strong>des</strong> municipales sont<br />

serrés, mais <strong>la</strong> commune devrait rester<br />

Sankariste n<br />

NAB


Couplées<br />

ELECtiONs LégisLativEs<br />

<strong>Le</strong> <strong>CDP</strong> dispose d’un réservoir de 100 sièges<br />

vec ses 70 sièges, le <strong>CDP</strong> à lui<br />

seul emporte <strong>la</strong> majorité<br />

absolue à l’Assemblée<br />

nationale. Avec les sièges de<br />

l’ADF/RDA (18), l’UPR (05)<br />

et tous les autres partis satellites ayant<br />

engrangé <strong>des</strong> sièges, le <strong>CDP</strong> pourra<br />

compter sur pas moins de 100 sièges<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> nouvelle Assemblée nationale.<br />

Même si l’après contentieux voyait<br />

quelques modifications, <strong>la</strong> majorité<br />

présidentielle restera très confortable<br />

suivant <strong>la</strong> sommation mécanique que<br />

nous avons opérée. L’opposition a réussi<br />

certes une percée avec l’exceptionnelle<br />

poussée de l’UPC qui a obtenu 19<br />

sièges. Quand on sait que ce parti a<br />

seulement deux ans d’existence, <strong>la</strong><br />

performance a de quoi étonner. Mais à y<br />

voir de près, l’UPC a mené un travail<br />

méthodique qui a d’abord consisté au<br />

choix judicieux de ses correspondants<br />

provinciaux, à une bonne connaissance<br />

du terrain et à une stratégie de<br />

mobilisation adaptée. Il faut aussi<br />

ajouter l’image rassurante de son<br />

premier responsable connu pour ne pas<br />

donner <strong>dans</strong> l’à peu près et sans doute<br />

aussi une grande capacité de levée de<br />

fonds, ce nerf de <strong>la</strong> guerre fort utile en ce<br />

qui concerne le soutien aux activités du<br />

parti. Nombre de leaders de ce parti<br />

viennent d’institutions économiques et<br />

financières internationales et africaines<br />

qui leur garantissent un portefeuille<br />

re<strong>la</strong>tionnel important. La mauvaise<br />

surprise vient de l’UNIR/PS (04 sièges)<br />

qui n’a pas réussi son pari d’atteindre le<br />

chiffre de 10 sièges qui lui aurait permis<br />

de constituer un groupe parlementaire à<br />

l’Assemblée nationale ou du<br />

PDS/METBA dont le premier<br />

responsable, Arba Diallo avait obtenu<br />

plus de 12% à <strong>la</strong> dernière présidentielle.<br />

<strong>Le</strong> coup est dur pour maître Bénéwendé<br />

Sankara, actuel chef de file de<br />

l’opposition qui n’a pas su maintenir<br />

l’é<strong>la</strong>n <strong>des</strong> jeunes vers son parti. Son<br />

organisation a connu de nombreuses<br />

querelles intestines qui l’ont sans doute<br />

plombée. C’est moins le recul en terme<br />

de sièges pour ce parti que son<br />

tassement qui pose problème au moment<br />

où le nombre <strong>des</strong> sièges (127 au lieu de<br />

111) a connu une hausse. On note aussi<br />

l’élimination de certaines figures<br />

emblématiques de l’opposition comme<br />

Etienne Traoré, Norbert Tiendrébéogo<br />

ou encore Laurent Bado dont le parti le<br />

PAREN n’a pas réussi à engranger le<br />

moindre siège à l‘Assemblée. <strong>Le</strong><br />

professeur Bado ne siègera donc pas à<br />

l’Assemblée, pas plus qu’il ne deviendra<br />

bourgmestre <strong>dans</strong> un arrondissement de<br />

<strong>Le</strong> professeur Bado ne siègera donc pas à l’Assemblée, pas plus qu’il ne<br />

deviendra bourgmestre <strong>dans</strong> un arrondissement de <strong>la</strong> <strong>capitale</strong> qu’il semb<strong>la</strong>it<br />

convoiter. On peut être sûr que cette grande gueule ne se fermera pas pour<br />

autant!<br />

<strong>la</strong> <strong>capitale</strong> qu’il semb<strong>la</strong>it convoiter. On<br />

peut être sûr que cette grande gueule ne<br />

se fermera pas pour autant! Norbert<br />

Tiendrébéogo qui passe pour être <strong>la</strong><br />

figure intransigeante et intègre du<br />

sankarisme devra retrouver sa verve et<br />

son é<strong>la</strong>n de jeunesse s’il veut revenir au<br />

devant de <strong>la</strong> scène politique. C’est donc<br />

B<strong>la</strong>ise Compaoré et son <strong>CDP</strong> qui<br />

continueront à tracer les lignes de notre<br />

histoire nationale. C’est en effet de cette<br />

ga<strong>la</strong>xie que viendra le salut ou le<br />

malheur du Burkina selon que les<br />

hommes et les femmes qui viennent<br />

d’être portés à l’Assemblée décideront<br />

de privilégier ou non les intérêts du pays.<br />

Mais le <strong>CDP</strong> peut être sûr que l’avenir<br />

ne sera pas un long fleuve tranquille.<br />

Surtout que l’échéance présidentielle de<br />

2015 hantera <strong>la</strong> vie nationale dès<br />

maintenant. Il lui faudra trouver <strong>la</strong> bonne<br />

stratégie pour maintenir <strong>la</strong> cohésion <strong>dans</strong><br />

ses rangs d’autant que les velléités de<br />

modification de l’article 37 ou l’option<br />

dynastique de dévolution du pouvoir qui<br />

hante certains esprits ne vont pas<br />

Par Germain B. NAMA<br />

faciliter les choses. Avec tous les has<br />

been qui se tournent désormais les<br />

pouces à <strong>la</strong> lisière du parti, il a beaucoup<br />

à craindre d’un retour en force de ces<br />

hommes que le succès de l’UPC a sans<br />

doute galvanisé. 2013 sera déjà une<br />

année témoin de gran<strong>des</strong> manœuvres<br />

politiques <strong>dans</strong> <strong>la</strong> perspective tant<br />

attendue de 2015 !<br />

Partis<br />

D.R<br />

Députés<br />

provinciaux<br />

Nos prévisions et les<br />

résultats provisoires<br />

Dans <strong>la</strong> configuration de <strong>la</strong> nouvelle Assemblée nationale, d’après<br />

nos premières estimations, recoupées et documentées, le <strong>CDP</strong> se<br />

retrouvait avec 65 <strong>députés</strong>, dont 60 sur les circonscriptions et 5 élus<br />

sur <strong>la</strong> liste nationale.<br />

L’UPC venait en deuxième position avec 18 sur les circonscriptions et 5 sur<br />

<strong>la</strong> liste nationale. S’en suivait <strong>dans</strong> l’ordre, l’ADF/RDA 15 sur les<br />

circonscriptions et 3 sur <strong>la</strong> liste nationale. <strong>Le</strong>s résultats provisoires de <strong>la</strong><br />

CENI sont légèrement différents. Ils donnent 62 sur les circonscriptions et<br />

8 sur les listes nationales au <strong>CDP</strong>. L’UPC se retrouve avec 17 sur les<br />

circonscriptions et 2 sur <strong>la</strong> liste nationale. L’ADF/RDA 16 sur les<br />

circonscriptions et 2 sur <strong>la</strong> liste nationale. D’où est venue <strong>la</strong> différence ?<br />

Au Kadiogo et puis <strong>dans</strong> <strong>la</strong> circonscription de <strong>la</strong> Kossi. Jusque en début<br />

d’après midi, à Nouna, le deuxième siège n’avait toujours pas choisi son<br />

camp. <strong>Le</strong>s estimations mettaient en pôle position le PDS/METBA, avec son<br />

candidat le professeur Etienne Traoré. Si finalement l’opposition a perdu ce<br />

siège, c’est <strong>la</strong> faute à l’émiettement. L’UPC, <strong>la</strong> nouvelle venue a grignoté les<br />

voix du PDS suffisamment pour lui faire perdre le siège au profit du <strong>CDP</strong>.<br />

Puis il y a eu le scandale du Kadiogo. <strong>Le</strong> <strong>CDP</strong> qui n’y représente plus que<br />

25% de l’électorat, réussi <strong>la</strong> prouesse d’obtenir <strong>quatre</strong> sièges de <strong>députés</strong>. On<br />

sait depuis, <strong>dans</strong> quelles conditions cette performance a été réalisée. <strong>Le</strong>s<br />

constats d’huissier qui ont été fait par les partis en compétition au Kadiogo<br />

<strong>la</strong>issent sans voix. Près de 800 cartes d’électeurs vierges, <strong>des</strong> milliers de<br />

bulletins ramassés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cour de <strong>la</strong> mairie de Nongr Maasm, en présence<br />

d’un huissier. En outre près 47 bureaux de vote sur l’ensemble de <strong>la</strong><br />

circonscription n’ont pas été pris en compte. Ce<strong>la</strong> fait environ 23 500<br />

électeurs zappés, en considérant 500 électeurs par bureau de vote. C’est-àdire<br />

<strong>la</strong> moitié du quotient électoral du Kadiogo qui a été estimé à 58 118. A<br />

ce<strong>la</strong> il faut ajouter les bulletins nuls ou sur lesquels, il n’y a pas eu accord,<br />

pour reprendre le terme de <strong>la</strong> CENI, qui sont de 51 818.<br />

<strong>Le</strong>s choses sont désormais auprès <strong>des</strong> tribunaux. Normalement, on n’avait<br />

pas besoin de les saisir pour qu’ils annulent tout ou partie <strong>des</strong> votes au<br />

Kadiogo. Mais comme l’a si bien recommandé un commissaire de <strong>la</strong> CENI<br />

à un parti de l’opposition, « ce n’est pas <strong>la</strong> peine de faire <strong>des</strong> recours devant<br />

<strong>la</strong> justice. Je ne vois pas ce juge au Burkina qui va changer ces résultats »<br />

Selon toutes vraisemb<strong>la</strong>nces nos prévisions accordant trois sièges au <strong>CDP</strong><br />

<strong>dans</strong> le Kadiogo, paraissent s’approcher le plus de <strong>la</strong> réalité. Dans<br />

l’ensemble donc, L’<strong>Evénement</strong> pense avoir fait son travail, avec conscience<br />

et professionnalisme n<br />

Newton Ahmed BARRY<br />

Députés liste<br />

nationale<br />

<strong>CDP</strong> 62 8<br />

UPC 17 2<br />

ADF/RDA 16 2<br />

UNIR/PS 3 1<br />

UPR 4 1<br />

PDS/Metba 1 1<br />

ODT 1<br />

CNPB 1<br />

CFD/B 2 1<br />

RDS 1<br />

UNDD 1<br />

RDB 1<br />

<strong>Le</strong> Faso<br />

Autrement<br />

1<br />

5<br />

<strong>Le</strong>s potins<br />

La<br />

consigne<br />

aux forces<br />

de sécurité<br />

<strong>Le</strong>s responsables de <strong>la</strong><br />

sécurité auraient, de<br />

sources concordantes,<br />

reçu les consignes de fermer les<br />

yeux sur les actes du <strong>CDP</strong> et<br />

d’ouvrir l’œil sur les bêtises de<br />

l’opposition. A quelques jours du<br />

scrutin, les responsables du<br />

<strong>CDP</strong> ont pu ainsi installer au vu<br />

et au su <strong>des</strong> forces de l’ordre<br />

<strong>des</strong> bureaux d’achat <strong>des</strong> votes.<br />

L’opération consistait,<br />

moyennant 1000 f, <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

majorité <strong>des</strong> cas, de donner par<br />

avance son vote au <strong>CDP</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

p<strong>la</strong>intes qui ont été posées,<br />

n’ont pas prospéré. <strong>Le</strong>s forces<br />

de l’ordre non pas considéré<br />

ce<strong>la</strong> comme un délit. Ce n’est<br />

pas <strong>la</strong> faute au <strong>CDP</strong>, s’il a<br />

beaucoup d’argent. <strong>Le</strong>s autres<br />

n’ont qu’à s’en prendre à leur<br />

indigence n<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées


6<br />

Dans trois jours, nous commémorons le 14 e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo. <strong>Le</strong><br />

temps a donc produit indiscutablement ses effets. <strong>Le</strong>s commémorations du 13, ne sont plus ce<br />

qu’elles étaient. <strong>Le</strong> Collectif, ressuscite, à l’occasion pour faire plus illusion que pour peser sur le<br />

sort du dossier. 14 ans après, on devrait cette année, (enfin !) poser <strong>la</strong> stèle à l’hommage de Norbert<br />

Zongo sur les lieux de l’assassinat à Sapouy, en attendant peut-être un jour d’y ériger un<br />

momument. Dans l’ensemble, le cas n’est pas « enterrable » mais <strong>la</strong> justice ne veut plus en<br />

entendre parler non plus. En face, François Compaoré, régulièrement mis en cause, mais jamais<br />

Pourquoi n’avez-vous pas été<br />

gracié ?<br />

Vous savez, ils ne veulent pas de <strong>la</strong><br />

vérité. Au procès je ne leur ai pas<br />

caché <strong>la</strong> vérité. <strong>Le</strong> chef de l’Etat luimême<br />

n’a jamais voulu qu’on parle du<br />

problème du journaliste. Souvenezvous<br />

quand au procès j’ai posé <strong>la</strong><br />

question au colonel Diendéré. C’est le<br />

juge lui même qui a dit que <strong>la</strong><br />

question est sans objet. Autrement, il<br />

lui a dit de ne pas répondre. Ce n’est<br />

pas juste. En tant que juge, il doit<br />

chercher à savoir là où se trouve <strong>la</strong><br />

vérité.<br />

<strong>Le</strong> juge ne voyait peut-être pas de<br />

rapport entre votre procès et<br />

l’affaire Zongo. Avez-vous voulu<br />

montrer ce rapport ?<br />

Vous savez, rien n’est venu au hasard.<br />

<strong>Le</strong> coup d’Etat est venu suite au<br />

problème Zongo. Quand le problème<br />

Zongo est arrivé, moi je ne<br />

connaissais pas le capitaine Ouali.<br />

Mais il avait eu une audience avec le<br />

président (B<strong>la</strong>ise) concernant cette<br />

affaire. Il a demandé au président de<br />

faire arrêter François. Il l’a dit mais ça<br />

n’a pas plu au président. Quelques<br />

temps après, je suis allé à Paris et je<br />

n’ai pas duré. Moins d’une semaine<br />

après mon retour de Paris, mon nom<br />

est ressorti pour accompagner le<br />

président au Soudan. Chose qui<br />

n’était pas juste parce que c’est un<br />

roulement. On attend que les autres<br />

aient tourné avant de repasser. <strong>Le</strong><br />

problème c’est que Marcel n’a pas<br />

voulu que je sois présent. Il<br />

connaissait ma position.<br />

En avez-vous parlé avant ?<br />

Bien sûr ! Tous ces jeunes là, en<br />

particulier celui qui a conduit <strong>la</strong><br />

voiture à Sapouy, c’est moi qui l’ai<br />

formé. Il y a <strong>des</strong> choses qui peuvent<br />

m’échapper mais il y a aussi <strong>des</strong><br />

choses que je sais. Quand j’ai eu vent<br />

du projet (sur l’assassinat de Norbert),<br />

je lui ai dit, écoute, tu es très jeune,<br />

arrête ces bêtises là. C’est lui qui<br />

partait de gauche à droite. A Kaya où<br />

Norbert a été empoisonné, c’était<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées<br />

lui. On me connait bien pour ce<strong>la</strong><br />

<strong>dans</strong> ce milieu militaire. Quand<br />

quelque chose ne va pas, je le dis.<br />

Quand on sert quelqu’un, il faut<br />

vraiment le servir. On ne peut pas le<br />

servir en lui créant <strong>des</strong> problèmes.<br />

Mais il y a une chose que les gens ne<br />

savent pas. Marcel qui utilisait tout ce<br />

monde là savait ce qu’il vou<strong>la</strong>it. Et ce<br />

qu’il vou<strong>la</strong>it était négatif. Je l’ai dit à<br />

Marcel lui-même. Je lui ai dit : vous<br />

ne pouvez pas servir le président et<br />

vouloir en même temps un autre.<br />

Quand il y a un problème, on rend<br />

compte au premier responsable de <strong>la</strong><br />

sécurité rapprochée. <strong>Le</strong>s responsables<br />

étaient le lieutenant Bakyono Jules et<br />

le lieutenant Bagagnan. Mais ce ne<br />

sont pas à eux qu’on rendait compte<br />

mais à Marcel. C’est injuste. <strong>Le</strong>s<br />

responsables de Marcel le savaient<br />

également mais ils ont fermé les yeux<br />

comme s’ils ne voyaient pas. Est-ce<br />

que c’est normal ? Voilà ce qui a<br />

actu<br />

Norbert Zongo, 14 ans après<br />

amené <strong>la</strong> situation que nous avons<br />

traversée. <strong>Le</strong>s africains aiment dire<br />

que le mensonge a beau courir, il finit<br />

par être rattrapé par <strong>la</strong> vérité.<br />

Vous saviez donc que Norbert al<strong>la</strong>it<br />

être tué ?<br />

Norbert avait un courage appréciable.<br />

Je me rappelle une fois, il est venu au<br />

poste de garde du conseil pour voir le<br />

secrétariat de François afin de lui<br />

remettre une convocation. Je ne le<br />

connaissais pas mais quelqu’un me l’a<br />

montré. C’était un monsieur<br />

exceptionnel. Beaucoup de gens ne<br />

reconnaissent pas le courage de leur<br />

prochain. Moi je trouve que ce que<br />

Norbert faisait était normal. Tuer<br />

quelqu’un de cette façon là était<br />

anormal (allusion au meurtre de<br />

David). Dire comme Norbert que<br />

celui qui l’a fait doit répondre devant<br />

<strong>la</strong> justice est normal.<br />

inquiété, commence son ascension politique. Elu député sur une liste litigieuse du Kadiogo, où le<br />

<strong>CDP</strong> s’est octroyé <strong>quatre</strong> sièges, il s’apprête à rentrer au gouvernement. Il devrait y occuper le<br />

marocain de l’Agriculture, redimensionné à sa hauteur.<br />

A cette occasion, nous apportons le témoignage, reprécisé, de l’ex sergent Naon. Il dit <strong>des</strong> choses<br />

nouvelles. Il dit connaître l’identité du soldat qui aurait tenté d’empoisonner Norbert Zongo à<br />

Kaya. Il affirme que c’est le même qui a conduit un <strong>des</strong> véhicules de l’expédition mortelle de<br />

Sapouy. De lui, jusque là, personne n’en avait parlé.<br />

<strong>Le</strong> sergent Babou Naon revient sur l’affaire Norbert Zongo<br />

Babou Naon n’a pas vraiment connu le journaliste Norbert Zongo.<br />

Cependant ce qu’il savait de lui semble l’avoir profondément marqué.<br />

L’obstination à obtenir vérité et justice pour David Ouédraogo, chauffeur de<br />

François Compaoré, le courage extraordinaire du journaliste qui a osé se<br />

présenter au conseil <strong>dans</strong> le but d’y déposer une convocation de <strong>la</strong> justice<br />

adressée au « petit président » lui avaient valu l’admiration et <strong>la</strong> sympathie<br />

de nombreux militaires du conseil. <strong>Le</strong> sergent Naon Babou était de ceux-là.<br />

Il n’a pas accepté le sort qui a été réservé à l’intrépide et téméraire<br />

journaliste. De retour du Soudan où il avait accompagné le président B<strong>la</strong>ise<br />

Compaoré, Babou Naon ne s’est pas gêné d’aller voir François pour lui dire<br />

à peu près ceci: « Ceux qui ont tué Norbert Zongo n’ont pas rendu service au<br />

président ». Il savait pourtant que le commando tueur venait de <strong>la</strong> garde<br />

rapprochée du président. « J’ai formé <strong>la</strong> plupart de ces jeunes » reconnaît-il.<br />

Mal lui en a prit ! « Tu ne peux pas servir le président et être contre son petit<br />

frère » s’indigne l’adjudant chef Marcel Kafando. Rayé <strong>des</strong> effectifs de <strong>la</strong><br />

garde rapprochée du président, il est envoyé à Dori où il ne cessera de subir<br />

<strong>des</strong> tracasseries. Malgré son éloignement, il ne cessera jamais d’inquiéter les<br />

hommes du « petit président », en particulier Marcel Kafando. Dans ce bref<br />

passage où il parle du journaliste, le sergent Naon fait une révé<strong>la</strong>tion. C’est<br />

un <strong>des</strong> hommes de main de chef Kafando qui est à l’origine de <strong>la</strong> tentative<br />

d’assassinat de Norbert par empoisonnement à Kaya. « Tu es jeune, arrête<br />

tes bêtises » lui avait-il dit. Ces mises en garde n’ont pas arrêté l’action<br />

funeste du commando de <strong>la</strong> mort. La mise en œuvre du p<strong>la</strong>n d’exécution du<br />

journaliste aura lieu le 13 décembre 1998 à Sapouy. Ce témoignage du<br />

sergent Naon comporte cependant <strong>des</strong> zones d’ombre. Quel était le rôle<br />

véritable de Marcel ? A qui rendait-il compte ? Y avait-il d’autres acteurs de<br />

l’ombre qui tiraient <strong>des</strong> ficelles et <strong>dans</strong> quel but ? <strong>Le</strong> sergent ne livre pas <strong>des</strong><br />

réponses c<strong>la</strong>ires à ces questions mais il <strong>la</strong>isse penser qu’il en sait beaucoup<br />

sur les activités illicites <strong>des</strong> hommes chargés de <strong>la</strong> sécurité de notre<br />

président.<br />

Sergent Naon Babou<br />

“Quand tu les sers aveuglément on te connaît.<br />

Quand tu leur poses problème on ne te connaît pas.”<br />

Vos problèmes ont donc commencé<br />

avec cette affaire Zongo,<br />

notamment le jour où vous êtes allé<br />

voir François pour lui dire que ceux<br />

qui ont tué Norbert n’ont pas rendu<br />

service au président ?<br />

François ne reconnaît pas que je me<br />

suis présenté devant lui. Il a même dit<br />

qu’il ne me connaît pas. Comment<br />

est-ce possible ? Moi qui suis resté<br />

<strong>dans</strong> son entourage pendant quinze<br />

ans. De toute façon c’est toujours<br />

comme ça. Quand tu les sers<br />

aveuglément on te connaît. Quand tu<br />

leur poses problème on ne te connaît<br />

pas. Mais ça n’a pas d’importance.<br />

Ce qui est important c’est ce que j’ai<br />

essayé de lui faire comprendre. J’ai<br />

dit tantôt qu’on peut tromper tout le<br />

monde mais jamais Dieu. <strong>Le</strong> jour du<br />

procès viendra grâce à Dieu et c’est là<br />

qu’il (François) comprendra que c’est<br />

un service que j’ai voulu leur rendre<br />

et pas parce que je suis contre eux n<br />

Itw réalisée par<br />

Germain B. Nama<br />

L’<strong>Evénement</strong><br />

Une interview qui soulève<br />

<strong>des</strong> questions<br />

Il aura purgé sa peine jusqu’au bout. Lui<br />

le sous officier, convaincu de complot<br />

contre <strong>la</strong> sûreté de l’Etat. Tous les<br />

autres ont eu <strong>des</strong> remises de peine y<br />

compris les officiers du groupe. La raison,<br />

c’est que pour bénéficier de <strong>la</strong> clémence, il<br />

faut implorer le pardon et Naon n’était pas<br />

prêt à le faire. Au sein de son unité,<br />

l’homme en imposait par sa personnalité et<br />

son caractère trempé. Au procès, il avait<br />

interpellé le colonel Diendéré Gilbert :<br />

«M’avez-vous reçu <strong>dans</strong> votre bureau oui<br />

ou non ?». La question est sans objet dira<br />

le président du tribunal. Entre les deux<br />

hommes, il y a beaucoup de non dits.<br />

Quand le sergent Naon franchit ce jour là<br />

<strong>la</strong> porte du bureau du colonel, Marcel<br />

Kafando et ses hommes avaient cru qu’il<br />

n’en sortirait plus. Peut-être l’espéraientils.<br />

Naon était devenu un cas de conscience<br />

au sein du groupe. <strong>Le</strong> colonel était<br />

particulièrement agacé par <strong>la</strong> rumeur qui<br />

vou<strong>la</strong>it qu’il ait été un <strong>des</strong> cerveaux de<br />

l’assassinat du journaliste. Interrogé sur <strong>la</strong><br />

question, le sergent avait choisi de<br />

répondre par une pirouette : « colonel, j’ai<br />

été formé par vous. Pensez-vous que je<br />

sois capable de ce<strong>la</strong> ? ». L’interrogatoire<br />

n’aurait pas permis d’aller plus loin. <strong>Le</strong><br />

sergent estimait en effet qu’un démenti<br />

n’aurait servi à rien. Peut-être que le<br />

colonel qui connaissait bien le courage et<br />

le franc-parler du sergent l’avait cru. En<br />

tout cas, il n’y a pas eu <strong>la</strong> suite<br />

qu’attendaient Marcel et ses hommes de<br />

main. Si Naon était crédité d’un courage et<br />

d’un franc-parler, il avait en revanche <strong>la</strong><br />

réputation sulfureuse d’être un exécuteur<br />

efficace. Ainsi, l’élimination d’Otis avait<br />

été mise à son compte. Mais l’homme<br />

réfute catégoriquement cette allégation.<br />

Otis et moi avions de mauvais rapports<br />

avoue t-il. Mais ce n’est pas moi. Sans<br />

doute était-il au courant du p<strong>la</strong>n<br />

d’élimination d’Otis car tout se sait <strong>dans</strong><br />

ce milieu fermé. Qu’il n’ait pas réagi<br />

comme <strong>dans</strong> le cas du journaliste tient<br />

certainement de <strong>la</strong> brouille qui les<br />

opposait. Par contre, l’homme reconnaît<br />

avoir fait partie du commando qui est allé<br />

à Abidjan arrêter Hyacinthe Kafando. Ils<br />

avaient réussi à appréhender ce dernier à <strong>la</strong><br />

faveur de <strong>la</strong> nuit sur le pont Houphouët<br />

Boigny et à le remettre au colonel qui avait<br />

été lui-même de <strong>la</strong> mission d’Abidjan. Que<br />

le «colis» ait été relâché <strong>dans</strong> <strong>la</strong> nature<br />

avait surpris les membres du commando<br />

eux-mêmes. L’information qui avait été<br />

gardée secrète avait, on s’en souvient,<br />

alimenté <strong>la</strong> rumeur de <strong>la</strong> mort de<br />

Hyacinthe. La suite est connue. C’est le<br />

retour triomphal de Hyacinthe, tel l’enfant<br />

prodigue. Il est aujourd’hui député à<br />

l’Assemblée nationale. <strong>Le</strong> sergent Naon<br />

quant à lui a prit le chemin de l’exil. il y a<br />

un autre propos de Naon adressé à Marcel<br />

qui soulève interrogation:“Vous ne pouvez<br />

pas servir le président et vouloir un autre.”<br />

Marcel faisait-il donc double jeu, si oui,<br />

pour le compte de qui?<br />

GBN


MaLi<br />

<strong>Le</strong>s oubliés de Ouagadougou !<br />

Loin du pa<strong>la</strong>is de Kosyam les jeunes restés à Gao estiment être<br />

oubliés par <strong>la</strong> médiation burkinabè de <strong>la</strong> CEDEAO <strong>dans</strong> ce<br />

qu’on pourrait appeler les négociations inter-maliennes de<br />

Ouagadougou. Ces jeunes estiment être mieux p<strong>la</strong>cés pour<br />

discuter en tête-à-tête avec ceux (les rebelles du MNLA) qui<br />

hier seulement étaient les maîtres de <strong>la</strong> ville de Gao. Des<br />

Aboubakrine Hama, président du conseil régional de jeunes de Gao<br />

es jeunes du Cadre de<br />

concertation, apprécient mal le<br />

choix du médiateur de négocier<br />

avec le MNLA. Aboubakrine<br />

Hama Président du Conseil<br />

Régional <strong>des</strong> jeunes de Gao, n’a pas de<br />

mots assez durs pour fustiger les rebelles<br />

du MNLA.<br />

Ce<strong>la</strong> leur est d’autant plus insupportable<br />

qu’ils ont vu grandir certains <strong>des</strong> rebelles.<br />

Fils de ce Mali, contre qui ils ont pris <strong>des</strong><br />

armes, pour le détruire et le dépiécer. Dans<br />

tout ça, c’est Gao, <strong>la</strong> grande perdante, à<br />

leurs yeux, puisque le peu qui avait été<br />

péniblement investi par l’Etat central a été<br />

détruit. En effet les infrastructures<br />

administratives et même hospitalières ont<br />

subit <strong>la</strong> furie <strong>des</strong> rebelles touarègues.<br />

Aboubakrine Hama pense qu’avant de<br />

négocier avec le MNLA, il lui faut d’abord<br />

demander pardon. Comme le disait un<br />

chroniqueur d’une radio internationale, les<br />

jeunes de Gao pensent qu’aujourd’hui «le<br />

vU àgaO<br />

MNLA n’a que le micro». «Maintenant<br />

qu’ils sont acculés ils veulent négocier»<br />

dit-il avant d’ajouter «ils nous connaissent,<br />

nous les avons bouté hors de Gao».<br />

Lors <strong>des</strong> affrontements entre les is<strong>la</strong>mistes<br />

du Mouvement Uni pour <strong>la</strong> Justice en<br />

Afrique de l’Ouest (MUJAO) et les<br />

rebelles tourègue du Mouvement National<br />

de Libération de l’Azawad (MNLA), les<br />

jeunes de Gao ont appuyé les premiers<br />

pour chasser les seconds.<br />

Pour eux, s’il y a <strong>des</strong> gens à même de<br />

parler du nord, c’est bien eux. Ils en<br />

veulent pour preuves le soutien de 3.7<br />

million de Tiébilen Dramé un originaire du<br />

sud (Kaye) tandis que le Collectif <strong>des</strong><br />

Ressortissants du Nord (COREN) et le<br />

Collectif <strong>des</strong> Elus du Nord (COLEN)<br />

rassemblé ne leur a donné que 150<br />

000Frcs. Aujourd’hui pensent-ils ce sont<br />

ces gens qui vont discuter de leur avenir à<br />

Ouagadougou et <strong>dans</strong> d’autres sphères.<br />

Ces jeunes s’organisent pour gérer les<br />

Fumer <strong>coût</strong>e un coup de fouet!<br />

Fumer ce n’est pas bien, mais à Gao, c’est <strong>la</strong> méthode qui fâche. En effet, même<br />

pour fumer, les gran<strong>des</strong> personnes s’assurent que tout est sous contrôle avant<br />

d’allumer <strong>la</strong> mèche. Aussi, les vendeurs ne vendent point à <strong>des</strong> inconnus. <strong>Le</strong><br />

mot de passe est “paracétamol”. <strong>Le</strong>s contrevenants encourent une punition de<br />

40 coups de fouets!<br />

<strong>Le</strong> rideau de <strong>la</strong> séparation<br />

Une fois passée <strong>la</strong> zone sous contrôle gouvernemental, bienvenue <strong>dans</strong> le règne<br />

de <strong>la</strong> « charia ». <strong>Le</strong>s contrôles ne sont pas systématiques mais chacun prend ses<br />

précautions. <strong>Le</strong>s portables, les cartes mémoires, les posters <strong>des</strong> bus, les photos<br />

ou tout ce qui fait l’apologie du modernisme est prohibé. <strong>Le</strong>s hommes et les<br />

femmes n’ont plus le droit d’être côte à côte. Ainsi les femmes sont priées de<br />

changer de p<strong>la</strong>ce. Elles seront rep<strong>la</strong>cées à l’arrière, les hommes à l’avant. <strong>Le</strong>s<br />

femmes bien voilées et séparées <strong>des</strong> hommes par un rideau bien sombre. Un bus<br />

comporte désormais deux compartiments. Celui <strong>des</strong> femmes et celui <strong>des</strong><br />

hommes. En plus, il est interdit de se regarder.<br />

Musique interdite, mais pas celle de RFI.<br />

La musique étant interdite, les radios, à défaut de prêche, reprennent RFI. Ces<br />

journaux et émissions. La radio dépend de l’électricité qui fonctionne de 18<br />

heures à 00 heure. Cependant il n’est pas exclut quand Radio Hannia (radio qui<br />

reprend<br />

RFI) d’entendre l’émission culturelle (vous m’en direz <strong>des</strong> nouvelles) de Jean<br />

François Cadet à 23 heures 10 minutes. C’est une émission musicale en partie.<br />

Pour les is<strong>la</strong>mistes c’est couleurs tropicales de C<strong>la</strong>udy Siarr qui est interdite de<br />

reprise.<br />

actu<br />

rebelles qu’ils ont boutés de Gao après les affrontements<br />

meurtriers avec les is<strong>la</strong>mistes du MUJAO. Regroupés <strong>dans</strong> le<br />

Cadre de Concertation <strong>des</strong> Jeunes de Gao, ils gèrent <strong>la</strong> ville au<br />

quotidien veil<strong>la</strong>nt à son approvisionnement en énergie, au<br />

fonctionnement <strong>des</strong> structures de santé et d’éducation.<br />

D.R<br />

vU àsévaRé<br />

rations de carburant nécessaire pour faire<br />

fonctionner <strong>la</strong> centrale d’électricité de<br />

Gao, mais aussi l’hôpital et les rares écoles<br />

autorisées à ouvrir. Ils sont pour <strong>la</strong> plupart<br />

enseignants. Fervents partisans depuis<br />

belle lurette d’une intervention <strong>des</strong> forces<br />

de <strong>la</strong> CEDEAO, malgré le semb<strong>la</strong>nt de<br />

pacte de non-agression avec les is<strong>la</strong>mistes<br />

du MUJAO. Ils se disent prêt à aider<br />

l’armée malienne à bouter le MUJAO hors<br />

de leurs terres. Selon Moushoud Ouangari<br />

le MUJAO, de par le fait de restreindre les<br />

libertés, obliger les gens à ne pas fumer ou<br />

consommer de l’alcool ne fait pas une<br />

bonne chose. ‘’On préfère choisir de fumer<br />

ou de consommer de l’alcool. Au lieu de<br />

ce<strong>la</strong> nous sommes traités comme <strong>des</strong> ados.<br />

Nos femmes et nos enfants obligés de<br />

s’éloigner de nous sous peines de 100<br />

coups de fouets’’ dit Moushoud Ouangari.<br />

Aujourd’hui, conclut Aboubakrine Hama,<br />

nous ne craignons plus personne. Si les<br />

Etats Unis craignent Al-Qaïda que nous<br />

nous côtoyons ici, ce ne sont pas <strong>des</strong> gens<br />

assis à Bamako où <strong>dans</strong> les télés ou radios<br />

occidentales que nous craindront. L’avenir<br />

du nord c’est nous d’abord, nous qui<br />

sommes restés. C’est l’enseignant,<br />

l’infirmier restés à Gao et non les dép<strong>la</strong>cés<br />

qui sont à Bamako ou autres lieux. Pour les<br />

rebelles du MNLA il dit : «qu’ils<br />

demandent pardon à <strong>la</strong> nation pour les<br />

massacres commis, les actes posés (La<br />

<strong>des</strong>truction de l’hôpital Régional, les<br />

écoles, les viols, vols et pil<strong>la</strong>ges) et<br />

renoncent à l’indépendance et<br />

publiquement. Sinon, je vois mal avec qui<br />

ils cohabiteront après les négociations.<br />

C’est le préa<strong>la</strong>ble à toute négociation»<br />

conclut-il n<br />

De Gao, le reportage<br />

de Moctar Barry<br />

Voyager au nord du Mali en ces temps de crise n’est<br />

pas chose aisée. En effet, de Bamako à Sévaré<br />

(Mopti) le voyageur doit affronter d’abord l’état<br />

défectueux de <strong>la</strong> route. Pour parcourir Bamako-<br />

Sévaré, environ 1000 km, c’est un interminable<br />

voyage de 24 heures. <strong>Le</strong> voyageur doit ensuite<br />

affronter les contrôles intempestifs et tatillons <strong>des</strong><br />

forces de l’ordre, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone sous contrôle,<br />

gouvernemental. En effet, rien qu’à Sévaré il faut<br />

<strong>des</strong>cendre <strong>quatre</strong> fois. <strong>Le</strong>s identités sont vérifiées, les<br />

cales <strong>des</strong> cars fouillées de fond en comble. Il n’est pas<br />

bon d’être d’une nationalité étrangère. <strong>Le</strong>s non<br />

maliens pour <strong>la</strong> plupart sont conduits au poste de<br />

Brigade Mixte de Sévaré pour vérification souvent<br />

musclée (pour analphabètes ou sans documents de<br />

voyage en règle) d’où <strong>la</strong> nécessité de communiquer<br />

<strong>des</strong>sus en vue d’éviter <strong>des</strong> désagréments surtout que<br />

l’on parle de libre circu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> biens et <strong>des</strong><br />

personnes.<br />

La patrie ou <strong>la</strong> mort, Sankara vaincra:<br />

Sévaré est en alerte. Militaires, gendarmes et policiers<br />

sont sollicités pour <strong>la</strong> défense de <strong>la</strong> forteresse Mopti.<br />

<strong>Le</strong>s commandos maliens patrouillent <strong>dans</strong> les zones<br />

suspectes. Habillés en demi-saison et bien armés on<br />

peut lire sur <strong>des</strong> tee-shirts noirs qu’ils portent “<strong>la</strong><br />

patrie ou <strong>la</strong> mort nous vaincrons”. Ils n’ont pas l’air<br />

de p<strong>la</strong>isanter avec cette devise.<br />

7<br />

Maurice Yaméogo<br />

ou <strong>la</strong> reconnaissance<br />

de l’histoire<br />

histoire a voulu que ce soit lui qui conduise <strong>la</strong><br />

Haute Volta à l’indépendance. A <strong>la</strong> mort de<br />

Ouezzin Coulibaly en 1958 alors première<br />

personnalité politique du territoire de Haute<br />

Volta, Maurice Yaméogo devient président du<br />

Conseil. Il est élu par <strong>la</strong> suite président de <strong>la</strong> république et<br />

proc<strong>la</strong>ma l’indépendance le 5 août 1960. Il est réélu le 3<br />

octobre 1965 à plus de 98% et démis une année plus tard,<br />

le 3 janvier 1966 par une junte militaire conduite par le<br />

lieutenant colonel Aboubacar Sangoulé Lamizana. Arrêté<br />

et p<strong>la</strong>cé en résidence surveillée, Maurice Yaméogo<br />

retrouve <strong>la</strong> liberté en 1970. Il devra attendre jusqu’en<br />

1983 pour recouvrer ses droits civiques. Il est contraint à<br />

se mettre en retrait sur le p<strong>la</strong>n politique pour ne pas gêner<br />

les jeunes révolutionnaires qui tenaient les anciens<br />

politiciens à l’œil. Ces derniers ont dû effectuer un<br />

passage à Pô, bastion de <strong>la</strong> révolution pour y subir une<br />

rééducation à <strong>la</strong> burkinabè. Jusqu’à sa mort, Maurice<br />

Yaméogo n’a jamais retrouvé <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qui lui revenait en<br />

sa qualité de premier président. Toutefois c’est B<strong>la</strong>ise<br />

Compaoré qui aura entrepris de le réhabiliter en ordonnant<br />

<strong>la</strong> remise de ses biens confisqués. Un Hommage national<br />

lui fut rendu à Koudougou à l’occasion de son<br />

inhumation. Avec l’érection d’un monument à son nom à<br />

l’occasion de <strong>la</strong> commémoration du 52è anniversaire de<br />

l’indépendance, c’est <strong>la</strong> reconnaissance de <strong>la</strong> nation<br />

entière de l’homme et de son œuvre, en dépit <strong>des</strong><br />

insuffisances qui l’ont entachée. La cérémonie<br />

d’inauguration du monument a eu lieu ce samedi 8<br />

décembre en présence de Luc Adolphe Tiao, premier<br />

ministre. C’est une reconnaissance de <strong>la</strong> nation, de <strong>la</strong><br />

république à celui qui a conduit l’histoire de notre pays en<br />

l’emmenant à <strong>la</strong> souveraineté nationale a déc<strong>la</strong>ré LAT qui<br />

a souhaité que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Maurice Yaméogo soit désormais<br />

pour les habitants de Koudougou, un lieu sacré n<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées<br />

GBN<br />

L’<strong>Evénement</strong>


8 Couplées<br />

HOMMagE aU PROFEssEUR BERNaRD CHERigNY<br />

L’opposition Burkinabè ou le «Luxe» de <strong>la</strong> division<br />

histoire politique de<br />

<strong>la</strong> Haute- Volta<br />

(rebaptisée Burkina<br />

Faso le samedi 04<br />

août 1984) est riche,<br />

très riche d’enseignements, en<br />

enseignements.<br />

Un seul exemple : l’historique<br />

ballotage du Général-Président<br />

Sangoulé Aboubacar LAMIZANA.<br />

Dieu a donné, Dieu a repris. Qu’il<br />

accueille <strong>dans</strong> son royaume céleste et<br />

terrestre le Président LAMIZANA,<br />

pionnier de <strong>la</strong> démocratie vraie, de <strong>la</strong><br />

vraie démocratie <strong>dans</strong> notre pays. Je<br />

lui rendrai un hommage appuyé quand<br />

je trouverai les mots justes, les justes<br />

mots pour le faire.<br />

Dans l’Afrique <strong>des</strong> années 70-80<br />

caractérisée par les scores<br />

«soviétiques» aux élections, toutes les<br />

élections et surtout les présidentielles,<br />

l’Afrique <strong>des</strong> partis uniques, de <strong>la</strong><br />

dictature du parti unique, l’Afrique <strong>des</strong><br />

Grands <strong>Le</strong>aders, <strong>des</strong> Timoniers et<br />

autres Pères de <strong>la</strong> Nation, le « soldat »<br />

LAMIZANA a été mis en ballotage<br />

par un. . . cadre supérieur de banque<br />

très bril<strong>la</strong>nt mais politiquement<br />

«inconnu». LAMIZANA était depuis .<br />

tENsiON sUR LE kaDiOgO<br />

L’<strong>Evénement</strong> N°05 <strong>des</strong> couplées<br />

. . 1966, l’officier le plus ancien <strong>dans</strong><br />

le grade le plus élevé et il était<br />

Président de <strong>la</strong> République depuis... le<br />

lundi 03 janvier 1966.<br />

Rendant compte de ce séisme de ce<br />

« tsunami » politique qui a remis en<br />

cause toutes les théories développées<br />

et assénées aux étudiants et à tous les<br />

êtres humains sur le lien entre<br />

démocratie et développement,<br />

l’éminent professeur de Droit Bernard<br />

CHERIGNY, mon MAITRE <strong>des</strong><br />

Facultés de Droit <strong>des</strong> Universités de<br />

LOME (TOGO) et de POITIERS<br />

(FRANCE) a écrit un article<br />

remarquable et remarqué, un article<br />

d’une haute densité intellectuelle<br />

intitulée : « La Haute-Volta ou le luxe<br />

de <strong>la</strong> démocratie. »<br />

Repose en paix, Maître. Pour de<br />

multiples raisons dont beaucoup sont<br />

politiques, je n’ai pas suivi tes pas : les<br />

portes de l’enseignement universitaire<br />

ne m’ont pas été ouvertes. Qu’à ce<strong>la</strong><br />

ne tienne, Dieu m’a « comblé » sur un<br />

autre chemin professionnel quoique <strong>la</strong><br />

politique faite de noblesse et de<br />

grandeur ailleurs mais faite de<br />

petitesse et de pauvreté d’esprit au<br />

Burkina Faso m’ait « bloqué ».<br />

On a eu peur à <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation<br />

limite d’arrivée était fixée à<br />

17heures 30 minutes pour ceux qui<br />

L’heure<br />

désiraient suivre <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation <strong>des</strong><br />

résultats <strong>des</strong> élections légis<strong>la</strong>tives du 2 décembre<br />

dernier. A 18 heures, <strong>la</strong> cour de <strong>la</strong> CENI était<br />

pleine comme un œuf. <strong>Le</strong>s Etats-majors <strong>des</strong> partis<br />

et <strong>la</strong> meute de journalistes. Jamais <strong>la</strong> presse<br />

nationale et internationale n’a été aussi<br />

nombreuse à une activité.<br />

Aux premières loges, on compte Me Frédéric<br />

Titinga Pacéré avocat de <strong>la</strong> CENI, le Dr<br />

Bognessan Arsène Yé, «le M. réformes», Jean<br />

Bertin Ouédraogo, Jérôme Bougouma le<br />

MATDS, et Sa<strong>la</strong>mata Savadogo ministre de <strong>la</strong><br />

justice particulièrement éprouvée durant cette<br />

élection couplée. Dans <strong>la</strong> foule, on perçoit<br />

furtivement Maxime Kaboré assis non loin de<br />

Nathanaël Ouédraogo « le M. élections » de<br />

l’UPC. <strong>Le</strong> PIB n’a pas eu de siège à l’Assemblée<br />

nationale. Jean Christophe Ilboudo aussi est<br />

visible.<br />

A 18heures 30, pas de CENI. On attend toujours.<br />

Quelque chose filtre : c’est le Kadiogo qui pose<br />

problème. Un confrère reçoit un SMS sur son<br />

téléphone. <strong>Le</strong> message n’est pas ordinaire : «<strong>la</strong><br />

démocratie est en marche au Burkina Faso.<br />

Restons sereins et faisons confiance à <strong>la</strong> CENI<br />

pour le verdict <strong>des</strong> urnes. Ne <strong>la</strong>issons personne<br />

nous intimider. Mobilisons-nous pour préserver<br />

<strong>la</strong> paix <strong>dans</strong> notre cher pays. LARGE<br />

DIFFUSION». C’est le <strong>CDP</strong>, confie le confrère.<br />

18heures 42mns, lueur au bout du tunnel. On<br />

aperçoit <strong>la</strong> tronche <strong>des</strong> commissaires de <strong>la</strong> CENI<br />

qui avancent et prennent p<strong>la</strong>ce sur le podium<br />

affrété pour <strong>la</strong> circonstance. L’assistance est<br />

maintenant sûre : «les résultats c’est pour ce<br />

soir». visiblement cette CENI a été secouée par<br />

cette élection, rien que par <strong>la</strong> pression sur les<br />

épaules de ses commissaires. Sur le podium c’est<br />

le commandant de bord qui prend <strong>la</strong> parole pour<br />

annoncer que les résultats provisoires seront<br />

proc<strong>la</strong>més mais pas ceux du Kadiogo. C’est un<br />

peu l’émoi, même chez les caciques et autres<br />

dinosaures qui ont fait le dép<strong>la</strong>cement.<br />

24 hours <strong>la</strong>ter…<br />

Par Wilfried Bakouan<br />

<strong>Le</strong> lendemain 7 décembre, <strong>la</strong> CENI peut enfin<br />

donner le dénouement <strong>dans</strong> le Kadiogo. Une<br />

heure de retard avant <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation effective<br />

<strong>des</strong> résultats. Ils donnent le <strong>CDP</strong> vainqueur avec<br />

4 sièges, l’UPC (2 sièges), L’ADF/RDA,<br />

l’UNIR/PS, <strong>Le</strong> Faso autrement (1siège chacun).<br />

<strong>Le</strong> président de <strong>la</strong> CENI lui-même annonce ce<br />

qui est de <strong>la</strong> liste nationale. C’est un raz-de-marée<br />

pour le <strong>CDP</strong> : 8 sièges sur 16.<br />

Comme <strong>la</strong> veille, les appels au calme et à <strong>la</strong><br />

retenue ont encore retenti, que ce soit du côté de<br />

<strong>la</strong> CENI que de celui du MATDS. L’UPC qui<br />

table sur les frau<strong>des</strong> <strong>dans</strong> le Kadiogo et qui dit<br />

avoir toutes les preuves entend saisir les<br />

juridictions compétentes pour <strong>la</strong> rétablir <strong>dans</strong> son<br />

droit n<br />

Ces chantres de <strong>la</strong> paix<br />

<strong>Le</strong>s résultats <strong>des</strong> légis<strong>la</strong>tives ne sont pas<br />

tombé que les appels au calme et à <strong>la</strong><br />

retenue se sont multipliés. Mieux, <strong>des</strong><br />

SMS pour diffuser le message ont été envoyés.<br />

Par qui, on ne saurait le dire. Mais toujours est<br />

–il que les responsables de certaines institutions<br />

et de ministères ont chanté, tous à l’unissons <strong>la</strong><br />

Paix. Ces appels sont allés crescendo après que<br />

<strong>des</strong> partis ont dit par leurs présidents qu’il y a<br />

fraude <strong>dans</strong> le Kadiogo et qu’ils ne seront pas<br />

capables d’empêcher leurs militants de se faire<br />

entendre. Ça suffit à créer <strong>la</strong> panique <strong>dans</strong> le<br />

camp adverse, celui du pouvoir qui en conseil<br />

<strong>des</strong> ministres a salué <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité du scrutin,<br />

bien que les institutions compétentes ne se<br />

soient pas encore prononcées <strong>la</strong> <strong>des</strong>sus. La<br />

paix, un mot, beaucoup d’attaches. Son<br />

utilisation est tout aussi anarchique que le<br />

bordel que son manque peut créer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cité.<br />

La décision d’une institution aussi importante<br />

que le Conseil constitutionnel est attendue sur<br />

les recours qui seront introduits contre les<br />

irrégu<strong>la</strong>rités constatées au Kadiogo et ailleurs.<br />

WB<br />

Maître, permets-moi de te paraphraser<br />

en invitant, avec insistance<br />

l’OPPOSITION REPUBLICAINE<br />

burkinabè (affiliée et non affiliée au<br />

Chef de File de l’Opposition Politique<br />

au Burkina Faso-CFOP-<strong>BF</strong>) à éviter. .<br />

. ABSOLUMENT le « luxe » de <strong>la</strong><br />

division.<br />

Soixante-quatorze (74) partis et<br />

regroupements de partis politiques …<br />

« prenant d’assaut » les villes et les<br />

campagnes du Burkina, « empêchant »<br />

nos vail<strong>la</strong>ntes popu<strong>la</strong>tions de<br />

poursuivre, achever et engranger les<br />

récoltes importantes que Dieu, <strong>dans</strong> sa<br />

grande mansuétude et bienveil<strong>la</strong>nce,<br />

leur a offertes et données au terme du<br />

bon hivernage 2012.<br />

Sur ce nombre impressionnant de<br />

partis et de prétendus partis politiques,<br />

plusieurs dizaines seraient de<br />

l’opposition. Tant de partis politiques<br />

de l’opposition, ce<strong>la</strong> ne fait pas<br />

responsable. C’est même . . .<br />

IRRESPONSABLE.<br />

<strong>Le</strong>s électeurs (trices) <strong>des</strong> villes et <strong>des</strong><br />

campagnes de notre pays ont exprimé<br />

leur choix. Ils ont porté,<br />

majoritairement, leurs suffrages sur<br />

quelques partis politiques<br />

d’opposition. Il revient,<br />

impérativement, a ceux-ci d’avoir <strong>la</strong><br />

victoire mo<strong>des</strong>te et noble, c’est-à-dire,<br />

d’établir et/ou de rétablir les contacts<br />

avec tous les partis politiques de<br />

l’opposition républicaine aux fins de<br />

tisser <strong>des</strong> liens durables (partenariats<br />

écrits, engagements écrits, etc.) et/ou<br />

définitifs (fusion-absorptions,<br />

coalisions-fusions ; etc.) pour<br />

«libérer» définitivement le peuple<br />

burkinabè en... 2015 en<br />

déverrouil<strong>la</strong>nt «<strong>la</strong> démocratie<br />

verrouillée » (cf. rapport du MAEP) <strong>la</strong><br />

démocratie confisquée par le parti<br />

unique de fait.<br />

<strong>Le</strong>s partis politiques de l’opposition<br />

républicaine qui ont obtenu de faibles<br />

scores aux élections municipales (plus<br />

de dix huit mille (18.000) conseillers<br />

municipaux) et aux légis<strong>la</strong>tives (cent<br />

vingt-sept (127) <strong>députés</strong>) doivent tirer<br />

les leçons qui s’imposent. Ils doivent<br />

prendre date avec l’Histoire en<br />

acceptant de « se suicider «pour<br />

renaître, c’est-à-dire de fusionner avec<br />

les partis politiques d’opposition les<br />

plus représentatifs. L’Histoire et le<br />

peuple burkinabè leur en sauront,<br />

éternellement, gré et récompenseront,<br />

tôt ou tard, leur sacrifice patriotique.<br />

L’opposition républicaine du Burkina<br />

Faso ne peut plus … ruser avec<br />

l’HISTOIRE. L’HEURE DU CHOIX,<br />

L’HEURE DE VERITE a … sonné.<br />

Ou alors ce<strong>la</strong> ne saurait plus durer. <strong>Le</strong><br />

Président Thomas Noël Isidore<br />

SANKARA a fait son choix<br />

c<strong>la</strong>irement : « mieux vaut vivre un seul<br />

jour comme un LION que cent ans<br />

comme un mouton ». Cf. Bendré,<br />

numéro spécial, dont <strong>la</strong> devise sonne<br />

comme un avertissement avant le<br />

chant du cygne de l’opposition : « Au<br />

<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> honneurs, il y a<br />

l’HONNEUR ».<br />

Que Dieu qui aime le Burkina Faso<br />

nous garde du g<strong>la</strong>s, du chant du cygne.<br />

Que Dieu éc<strong>la</strong>ire davantage l’esprit<br />

<strong>des</strong> leaders de l’opposition politique<br />

républicaine burkinabè afin qu’ils<br />

mettent fin, ICI, MAINTENANT ET<br />

DEFINITIVEMENT au « LUXE » de<br />

<strong>la</strong> division.<br />

«Plus tard, il sera peut être trop tard».<br />

Par ailleurs «quand l’incubation se<br />

prolonge, c’est que <strong>la</strong> couveuse est<br />

mauvaise». <strong>Le</strong>s deux (02) citations<br />

sont du bril<strong>la</strong>nt intellectuel et éminent<br />

homme politique voltaïque Nazi<br />

BONI, du vil<strong>la</strong>ge de BWAN, <strong>dans</strong> le<br />

«le BWAMU, le pays <strong>des</strong> bwabas,<br />

improprement appelés bobos woulé ou<br />

bobos gningniguè.» n<br />

Louis Armand<br />

Mihyèmba OUALI

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