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Pendant qu’un nain - non, j’ai dit ! - photographie<br />
les jolies femmes du bus, le gentil McCartney, vêtu<br />
d’un superbe chandail et d’un magnifique chapeau,<br />
repense à ses vacances en France. Tournées avec<br />
des amis, les images de ces moments « vraiment<br />
trop amateur » (c’est encore McCartney qui le dit)<br />
du magnifique Fool on the hill exhibent vaniteusement<br />
d’insoutenables sautillements du Beatles<br />
devant de beaux paysages (NDLR : une rumeur<br />
prétend même que cette scène contient une image<br />
subliminale montrant les testicules de Paulo… à vos<br />
télécommandes !).<br />
Si la séquence poétique du « dingue sur la colline<br />
» (c’est McCartney qui le chante) est assez<br />
moyenne, la suite est carrément pathétique. Les<br />
passagers sont accueillis par un militaire qui a des<br />
petits problèmes chez lui puisqu’il parle couramment<br />
le kobaïen - c’est dire !<br />
Sur une version de She<br />
loves you à l’orgue de<br />
barbarie, tout ce petit<br />
monde s’affronte dans<br />
des joutes plus stupides<br />
les unes que les autres<br />
(sauts en sac, courses,<br />
jeux avec une corde…).<br />
Après dix minutes d’ennui,<br />
chacun regagne le<br />
bus, et c’est reparti !<br />
L’une des raisons du<br />
flop de Magical Mystery<br />
Tour aurait été sa «diffusion<br />
en noir et blanc à<br />
la télévision, gommant ainsi le côté psychédélique<br />
du film» (c’est évidemment McCartney qui le dit),<br />
en tête la scène de Flying montrant des paysages<br />
colorés, filmés depuis un avion. Néanmoins, les<br />
séquences suivantes ne me persuadent pas de la<br />
recevabilité de cet argument : les Beatles jouent aux<br />
magiciens puis la tante de Ringo se fait draguer par<br />
un marin. Vraiment longuet !<br />
Débarque alors I am the walrus, la chanson dont<br />
Lennon était le plus fier. S’il y a une raison de<br />
sauver Magical Mystery Tour, c’est parce que cette<br />
pellicule contient la seule version filmée de ce titre<br />
(c’est toujours McCartney qui le dit). C’est un peu<br />
vrai : Lennon signe ici le meilleur morceau de cette<br />
bande son (talonné de près par le Blue Jay Way de<br />
George Harrison). Une fois (j’en profite pour placer<br />
cette expression chère à mon peuple, à l’heure où<br />
paraîtra cette chronique qui sait ce qu’il sera advenu<br />
de la Belgique) encore, cette scène terminée,<br />
l’ennui revient. Lennon discute avec un gosse et lui<br />
offre un ballon. La tante de Ringo, riant et pleurant<br />
en même temps (quel talent d’actrice impression-<br />
nant !), cauchemarde à propos de spaghetti servis<br />
à l’aide d’une pelle. Ce rêve, Lennon l’aurait réellement<br />
fait et aurait insisté pour qu’il soit dans le film<br />
(c’est McCartney qui balance). Bref, rien de bien<br />
passionnant. Longuet, longuet et longuet !<br />
Dans un champ, les passagers du car pénètrent<br />
sous une toute petite tente et y tiennent tous sans<br />
aucun problème (grâce à un subtil trucage). Là,<br />
on leur projette le clip de Blue Jay Way. Un vrai<br />
trip embrumé ! Les meilleures scènes (au nombre<br />
de deux!) du film passées, il ne nous reste plus<br />
qu’à prendre notre mal en patience pour subir une<br />
autre séquence avec les magiciens puis Ringo se<br />
saoulant à la bière et saoulant tout le monde par<br />
la même occasion (ce n’est pas McCartney qui le<br />
dit ou alors pas fort !), chantant, accompagné d’un<br />
accordéoniste, rapidement rejoint par tout le car.<br />
Avant le bouquet final<br />
morne de Your Mother<br />
Should Know, dans leur<br />
grande générosité, les<br />
Beatles laissent la place<br />
à une délirante parodie<br />
mélangeant doo-wop,<br />
strip-tease et Elvis<br />
Presley, interprétée par<br />
le Bonzo Dog Doo Dah<br />
Band. Cette formation,<br />
souvent considérée<br />
comme le pendant<br />
anglais des Mothers of<br />
Invention, est la création<br />
de Neil Innes, un proche<br />
des Monty Pythons. Quand on pense qu’Innes<br />
deviendra l’ennemi de McCartney pour avoir parodié<br />
les Beatles dans le génial film The Rutles, voilà de<br />
quoi apprécier d’autant plus l’ironie de cette respiration<br />
délirante.<br />
Vous l’aurez compris, amies lectrices, amis lecteurs,<br />
le trop long (malgré ses cinquante minutes, c’est un<br />
comble !) Magical Mystery Tour a pour seul intérêt<br />
de présenter quelques titres des Beatles mis en<br />
scène dans le contexte psychédélique de l’époque,<br />
et c’est tout. N’oubliez pas de prévoir un sac d’épices<br />
afin que votre tour à défaut d’être mystérieux<br />
soit légèrement magique, et ça, ce n’est pas McCartney<br />
qui le dit, mais moi, votre nain de jardin préféré.<br />
Rideau !<br />
Nain Dien<br />
Vapeur Mauve<br />
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