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Vapeur Mauve<br />
48<br />
Avant de se lancer dans la vision de Magical Mystery<br />
Tour, il est important de replacer sommairement<br />
ce projet des Beatles dans son contexte.<br />
En août 67, la mort du manager Brian Epstein laisse<br />
le groupe désemparé. McCartney réagit en imposant<br />
sa nouvelle idée. Les Beatles vont enregistrer<br />
un double 45 tours EP (extended play) et mettre le<br />
tout en scène, eux-mêmes, dans un téléfilm expérimental<br />
à sketches, reposant sur un fil conducteur:<br />
un voyage psychédélique en bus (conducteur…<br />
bus… humour !).<br />
Tom Wolfe, dans son livre Acid Test, rapporte un<br />
épisode assez honteux qui permet de découvrir où<br />
McCartney a puisé son inspiration pour son Magical<br />
Mystery Tour. En 1964, The Merry Pranksters, un<br />
groupe composé autour de l’écrivain Ken Kesey,<br />
décide de parcourir les États-Unis dans un bus scolaire<br />
peinturluré, tout en consommant du jus d’orange<br />
au LSD. Ayant appris que les Beatles, intéressés<br />
par cette virée, projettent de leur rendre visite, les<br />
«joyeux lurons» décident d’accueillir comme il se<br />
doit les quatre garçons de Liverpool. Malheureusement,<br />
ces derniers ne viendront jamais, malgré les<br />
banderoles et les préparatifs mis en œuvre, ne se<br />
privant pourtant pas d’exploiter dans un but commercial<br />
l’idée des Pranksters, trois ans plus tard.<br />
Roll up… a big joint ? Hun… for a Magical<br />
Mystery Tour !<br />
Si l’on compare Magical Mystery Tour aux autres<br />
films des Beatles, A Hard Day’s Night et Help!, il est<br />
évident que ce «chef d’œuvre, toujours étudié dans<br />
certaines écoles de cinéma et adulé par Spielberg»<br />
(c’est McCartney qui le dit), possède des avantages<br />
que les précédentes pellicules n’ont pas :<br />
1) Magical MysteryTour est une expérimentation<br />
psychédélique (ou plutôt en a la prétention) ;<br />
2) La bande son est relativement bonne, même si<br />
elle tient à peine sur une face de vinyl (pour l’anecdote,<br />
elle est sortie seulement en 1976 sous la<br />
forme d’un LP, l’autre côté du disque étant composé<br />
des singles du groupe parus cette année-là) ;<br />
3) Le film dure cinquante minutes.<br />
Le générique propose également un autre avantage<br />
de taille : montrer toutes les images clés du film.<br />
Les Beatles semblent nous dire « Voici ce qui vous<br />
attend ! Et puis, on ne sait jamais, si vous vous<br />
endormiez ! ».<br />
Cette impression est renforcée par un Lennon<br />
moustachu - j’en profite pour souligner, au passage,<br />
que la moustache est un bien bel ingrédient nanar,<br />
foi de Nain ! - qui, en vendant un billet à Ringo Starr,<br />
s’exclame : « Quand quelqu’un achète une place<br />
pour le Magical Mystery Tour, il sait à quoi s’attendre<br />
! Nous lui garantissons le voyage de sa vie, et<br />
c’est ce qu’il aura… L’incroyable Magical Mystery<br />
Tour… ». Oui, nous allons avoir droit à cela, et, par<br />
la même occasion, comprendre notre douleur.<br />
L’histoire (ah, ah, qu’il est bon de rire !)<br />
L’histoire (ah bon ?) de Magical Mystery Tour est<br />
basique, voire inexistante : Ringo Starr et sa tante<br />
embarquent dans un bus pour vivre une excursion<br />
étrange en compagnie d’autres passagers (des<br />
vieux, un nain - pas de ma famille, non ! -, un sosie<br />
d’Adolf Hitler, d’autres vieux qui avalent des mégots<br />
et des mecs du groupe Bonzo Dog Doo Dah Band –<br />
nous y reviendrons plus tard).