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Vapeur Mauve
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Neil Young
On The Beach (1974)
Robert Wyatt
Rock Bottom (1974)
Bob Dylan
Blood On The Tracks
(1975)
Après une tournée éprouvante (il en résultera l’admirable Times Fades
Away) et l’enregistrement d’un disque (Tonight’s The Night) aux teintes si
sombres que le label refusera de le sortir (l’enregistrement restera deux
ans dans les tiroirs), Neil Young publie On The Beach. L’ambiance y est
moins dépressive et retrouve même parfois quelques élans de vitalité.
Neil Young s’y fait le chroniqueur d’une Amérique qui oscille toujours
entre son passé quasi mythologique (Ambulance Blues) et son présent
schizophrène (Revolution Blues, en écho à l’affaire Manson). De véritables
moments de grâce (On The Beach tout en apesanteur) côtoient
les blues les plus agressifs aux soli rugueux (Vampire Blues). Introspection
et bilan, l’époque se mue en gigantesque entreprise cynique et
Neil Young ne se console pas des morts qui parsèment cette route qui
l’éloigne toujours plus des « Good old days….then the money was no
so good » (Walk On). 34 ans après une première écoute, il ne se passe
pas quelques mois sans que ce disque revienne prendre sa place sur la
platine ! La plage est aussi le lieu des solitaires qui regardent la brume
progresser sur ce qu’ils ont aimé.
Après l’accident qui lui coûta l’usage de ses membres inférieurs, Robert
Wyatt, en rupture de groupe, poursuit son cheminement singulier débuté
en 1970 avec The End of an Ear. Avec Rock Bottom il pose les fondements
d’une des œuvres les plus marquantes et influentes des décennies
à venir. Chef d’œuvre immarcescible, le disque marque son époque
(1974) et plonge l’auditeur dans des expériences sensorielles inédites et
novatrices. Entouré d’amis fidèles issus du Canterbury, du jazz anglais
ou du RIO (Henry Cow), Robert Wyatt dispense une musique brillante
aux contours insaisissables et indicibles. Y est présente toute la fragilité
des pensées musicales audacieuses. La voix, toujours à la limite de la
brisure, de la fêlure, s’élève sur les canevas feutrés des claviers et les
broderies des cuivres. Maelström d’énergies incandescentes, ce disque
propulse aux firmaments le rock anglais des mid 70’s.
À la suite de la tournée qu’il effectua, au début de 1974 avec The Band,
Dylan signe de nouveau avec Columbia et prépare un nouvel album.
Cette période correspond aussi à sa séparation d’avec sa femme, Sarah,
ce qui donnera lieu à une écriture souvent autobiographique. Plusieurs
des chansons présentes sur cet album tremblent de ce divorce et d’une
souffrance lucide qui n’a jamais été aussi bien exprimée par Dylan. De
fait, c’est dans ce disque que le poète atteint des sommets dans son écriture
et qu’il chante le mieux. La production est d’une clarté, d’une lisibilité
incandescentes. L’harmonica de Dylan est omniprésent, les guitares
acoustiques font preuve d’une brillance remarquable due aux accordages
et positions d’accords inusités. Il existe deux versions de l’album. Celle
enregistrée à New York avec des musiciens réputés et dont les noms
sont toujours crédités sur les livrets des rééditions. Et puis une seconde
version enregistrée avec des musiciens de Minneapolis. C’est cette seconde
version qui fut éditée officiellement, mais les noms des accompagnateurs
de Dylan ne figurent pas au générique. La version de New York
est disponible sur différents enregistrements pirates. Mais elle est aussi
en partie disponible (ainsi que deux inédits extraits des sessions) sur
différentes sorties officielles (Biograph, Bootlegs Series Vol 1-3).
Harvest