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Pathétique. Voilà le mot qui conviendrait pour qualifier l’attitude de celui qui erre devant<br />
des étagères, à la recherche du disque qu’il pourrait bien emporter avec lui pour<br />
un séjour prolongé, isolé dans une île déserte. Mais voilà, comment choisir ? On se résout<br />
alors à un critère. Quels sont les disques qui ont contribué à former vos goûts, à<br />
affirmer votre sensibilité et à dégager un horizon sur fond duquel vous réussissez, avec<br />
peine et sans éclat, à construire votre modeste existence. Il en résulte dix disques présentés<br />
chronologiquement.<br />
Soft Machine<br />
Volume Two (1969)<br />
Se décider pour un album de Soft Machine, voilà le premier embarras<br />
avant le départ pour l’île. Puisqu’il ne saurait être question de ne pas<br />
emmener avec soi l’un des trois premiers disques du groupe, il faut un déclencheur<br />
qui légitimera le choix. Sur cet album, c’est le titre Hibou, Anemone<br />
and Bear qui fournit le prétexte. Comment pourrais-je me délester<br />
d’un tel condensé de pop, de psychédélisme et de sonorités si enjouées?<br />
Soft Machine est le trublion qui mêle tous les ingrédients nécessaires à<br />
un festin réussi. Pop, rock, jazz, réminiscences des atours de la musique<br />
contemporaine et des bouleversements d’avant-garde (Dada was here,<br />
Thank You Pierrot Lunaire), toutes influences qui élèvent au rang d’œuvre<br />
prodigieuse ce disque qui encore aujourd’hui passera pour visionnaire.<br />
La basse/fuzz de Hugh Hopper, la batterie exubérante de Wyatt ainsi<br />
que son chant ensorceleur, tout autant que les sons fort étranges que<br />
Ratledge extirpe de son orgue, sont rejoints par les sax de Brian Hopper<br />
pour élaborer ce qui n’est pas moins que le disque ultime des années 60<br />
avant d’entrer dans la décennie suivante.<br />
Vapeur Mauve<br />
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