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14<br />

La saga du label Mainstream<br />

à travers dix pépites psychédéliques<br />

N’importe quel collectionneur patenté se doit de connaître le label Mainstream, ses galettes à la matrice bleu<br />

ciel et colorée de psychédélisme, doucement et précieusement rangées au milieu de centaines de disques<br />

de jazz produits avec passion par cette maison de disques.<br />

Mainstream Records, qui appartient alors à Mercury, et deviendra par la suite une filiale de Time Record, est<br />

fondé en 1964 par Bob Shad qui, curieusement, en pleine révolution beat, est un amoureux de jazz. Ce qui<br />

ne surprendra pas ceux qui connaissent le parcours atypique de cet homme. En effet, dès les années 40, il<br />

s’intéresse déjà à la musique et au jazz, produisant notamment Charlie Parker pour le label Savoy Records.<br />

Il fonde ensuite un premier label, Sittin’ With In, en 1948, patronnant des jazzmen aussi bien que des bluesmen<br />

— Lightin’ Hopkins pour n’en citer qu’un ! En 1951, il est nommé directeur et agent artistique chez<br />

Mercury. Trois ans plus tard, en compagnie d’Irving Green, il fonde l’auxiliaire EmArcy et va alors produire<br />

des têtes d’affiche comme le Clifford Brown-Max Roach Quintet, Sarah Vaughan ou Maynard Ferguson. Mais<br />

Bob Shad est également un dénicheur de talents, s’occupant alors d’artistes plus pop comme Patti Page et<br />

Vic Damone.<br />

Son côté puriste l’amène ainsi à créer le label Mainstream. Reprenant à son compte la dénomination de ce<br />

courant de jazz des années 50 né en réaction au jazz d’alors, et privilégiant le retour à la virtuosité et aux<br />

longs solos mélodiques des musiciens. Les bureaux se trouvent alors à New York, foyer d’un certain boom<br />

jazz. Au 1700 Broadway plus exactement. La première production de Bob Shad a lieu en 1964, avec l’album<br />

The Artistry of Helen Merrill. Jusqu’en 66, le label sort pas moins de 17 opus avec Jerry Goldsmith comme<br />

tête d’affiche.<br />

Mais le monde est alors en pleine mutation, la jeunesse se rebellant contre cette société archaïque et conservatrice<br />

d’après-guerre. Les Beatles explosent aux USA, l’arrogance des Stones commence à traverser l’Atlantique,<br />

et le jazz ne répond plus aux attentes de cette jeunesse qui se tourne alors vers le rock. Bob Shad<br />

le perçoit rapidement, et ne s’en laisse pas conter. Et en ce début 67, signe son premier gros coup, avec les<br />

Amboy Dukes de Detroit et son leader Ted Nugent. Mainstream Records rentre alors dans la ferveur rock<br />

du moment ainsi que dans la vague du Flower Power qui déferle alors en Californie. Et cette année 67 sera<br />

celle de toutes les réussites. Ayant eu vent d’une Blanche chantant comme une black dans les contrées de<br />

San Francisco, l’équipe de Bob se déplace dans la région pour la voir évoluer au sein du Big<br />

Brother, groupe montant de la scène psy- chédélique de Frisco. Et parvient à les signer<br />

sous leur nouveau nom, Big Brother and the Holding Company.<br />

Même si les premiers singles ne se vendent pas très bien, Bob Shad,<br />

comme tant d’autres, jouit de la manne financière que lui apporte la<br />

pop music, et ne reverse qu’avec parcimonie les profits aux musiciens.<br />

Ainsi, Sam Andrew (guitariste de Big Brother) relate : « Nous avons<br />

demandé à l’avocat 1000 $, il a répondu non. Nous avons alors<br />

demandé 500 $, encore non. Eh bien, alors, pouvons-nous avoir un<br />

billet d’avion pour retourner chez nous ? Non, pas un sou ! » D’autre<br />

part, sa mainmise, et celle de son équipe, sur les choix artistiques<br />

étoufferont rapidement les grou- pes signés ; Funky Farm sera ainsi<br />

rebaptisé Stone Circus, à la gran- de stupéfaction du groupe. Quant<br />

aux pochettes, elles sont le plus souvent imposées aux musiciens, et<br />

réalisées en grande partie par Ely Besalel.<br />

16 au 18 juin 1967. Le Monterey Pop Festival. La performance vocale<br />

de Janis met la foule au tapis. Dès lors, le succès est évident, l’album<br />

Cheap Thrills sera le disque le plus vendu par le label. Forts de<br />

ce succès, Bob et ses acolytes se lancent alors corps et âme dans<br />

cette nouvelle direction musi- cale, produisant essentiellement des<br />

groupes à l’orientation rock affir- mée. Mais là où d’autres labels se<br />

fourberont dans la médiocrité à la vue de la manne de dollars que

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