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24<br />
Sport<br />
A GAZETTE : Que représente <strong>le</strong><br />
triathlon en France ? L’arrivée <strong>de</strong><br />
la discipline aux Jeux olympiques<br />
a-t-el<strong>le</strong> contribué à faire gonf<strong>le</strong>r <strong>le</strong><br />
nombre <strong>de</strong> licenciés ?<br />
ÉRIC BIDAT : En France, <strong>le</strong> triathlon<br />
se développe grâce notamment aux<br />
athlètes français qui ont participé aux<br />
Jeux olympiques, ainsi que du fait <strong>de</strong><br />
la multiplication <strong>de</strong>s disciplines. On a<br />
maintenant <strong>le</strong> duathlon (cyclisme + course<br />
à pied), <strong>le</strong> cross-triathlon, et du XTerra<br />
(natation + VTT + trail). Les JO <strong>de</strong> Sydney<br />
ont obligé <strong>le</strong>s télévisions à s’intéresser à<br />
nous. C’est ce qui ATHLONnous manquait.<br />
Le Dijon Triathlon mise sur la formation.<br />
Est-ce compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> haut niveau ?<br />
Le club est né il y a vingt-neuf ans avec une<br />
philosophie claire. Faire du haut niveau,<br />
sans composer <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> mercenaires,<br />
payés à la course. On n’a jamais payé <strong>le</strong>s<br />
athlètes mais on s’occupe d’eux comme<br />
<strong>de</strong>s athlètes <strong>de</strong> haut niveau. Ils sont dans<br />
<strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions. Dijon Triathlon<br />
mise sur la formation. Former <strong>de</strong>s jeunes<br />
du cru, c’est indispensab<strong>le</strong> pour conserver<br />
notre idée <strong>de</strong> sport plaisir, conserver une<br />
i<strong>de</strong>ntité. Mais on essaie <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur inculquer la<br />
culture du haut niveau, <strong>de</strong> <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>r et<br />
<strong>le</strong>s gui<strong>de</strong>r pour la préparation, l’approche<br />
<strong>de</strong>s courses, l’alimentation...<br />
Parmi <strong>le</strong>s figures emblématiques du<br />
Dijon Triathlon, on pense à Clau<strong>de</strong><br />
<strong>La</strong>houssine et Gil<strong>le</strong>s Reboul...<br />
Clau<strong>de</strong> <strong>La</strong>houssine est un personnage<br />
atypique. Il arrivait à trip<strong>le</strong>r un Ironman !<br />
C’est-à-dire qu’en 36 heures, il est parvenu<br />
à trip<strong>le</strong>r la distance <strong>de</strong> natation (3,8 km),<br />
<strong>de</strong> cyclisme (180 km) et à courir trois<br />
marathons (42,195 km) ! C’est un homme<br />
<strong>de</strong> défis qui a été notre porte-drapeau.<br />
Ensuite, Gil<strong>le</strong>s Reboul a pris <strong>le</strong> relais, et<br />
même dans la catégorie vétérans, il reste<br />
notre tête d’affiche.<br />
Quel bilan faites-vous <strong>de</strong> la saison 2012 et<br />
quels seront <strong>le</strong>s objectifs en 2013 ?<br />
À Dijon, nous n’avons jamais connu <strong>le</strong><br />
haut niveau en triathlon hommes, car nous<br />
ne recrutons pas d’étrangers. Et dans <strong>le</strong><br />
vivier dijonnais, on n’a jamais eu <strong>de</strong> très<br />
bons nageurs. On a donc développé <strong>le</strong><br />
triathlon féminin. <strong>La</strong> saison <strong>de</strong>rnière, on<br />
s’est maintenu in extremis en Division 2.<br />
L’objectif sera <strong>de</strong> faire progresser <strong>le</strong>s jeunes<br />
et d’obtenir <strong>le</strong> maintien plus rapi<strong>de</strong>ment.<br />
Chez <strong>le</strong>s hommes, il y a trois ans, on a lancé<br />
une équipe en Division 3 <strong>de</strong> duathlon. En<br />
une saison, ils ont atteint la Division 2. <strong>La</strong><br />
saison suivante, ils sont vice-champions <strong>de</strong><br />
France, et fina<strong>le</strong>ment Dijon Triathlon sera<br />
en Division 1 en 2013 ! Ils ont beaucoup<br />
progressé dans la stratégie <strong>de</strong> course et la<br />
gestion. Ils seront confrontés à plusieurs<br />
TRIATHLON<br />
équipes renforcées par <strong>de</strong>s étrangers, ça va<br />
partir comme <strong>de</strong>s bal<strong>le</strong>s ! L’objectif sera là<br />
aussi <strong>de</strong> se maintenir avec la même équipe.<br />
C’est une bel<strong>le</strong> aventure <strong>de</strong> copains.<br />
Le triathlon, ça <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un énorme<br />
investissement... Il faut être un<br />
stakhanoviste ?!<br />
Le triathlon ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas un énorme<br />
volume, mais plutôt <strong>de</strong> la régularité. Tout<br />
dépend <strong>de</strong> la disponibilité et <strong>de</strong>s objectifs.<br />
Ce qu’il faut, c’est faire <strong>de</strong> la qualité et<br />
apprendre à se faire mal. Et pas faire 100<br />
km <strong>de</strong> vélo un samedi, et plus rien pendant<br />
quinze jours... L’avantage au triathlon, c’est<br />
que si tu n’as pas envie d’al<strong>le</strong>r nager, tu<br />
vas courir. <strong>La</strong> difficulté, c’est que l’on<br />
progresse moins dans chaque discipline.<br />
C’est pour cela que la régularité paie.<br />
Certains jeunes recu<strong>le</strong>nt-ils face à<br />
l’exigence <strong>de</strong>s entraînements ?<br />
Non, généra<strong>le</strong>ment ils ont plutôt envie d’en<br />
faire beaucoup. <strong>La</strong> difficulté est d’apprendre<br />
à se faire mal. Souvent, ils ont du mal à se<br />
motiver pour s’entraîner dans une discipline<br />
qu’ils n’apprécient pas.<br />
Un triathlète hyper comp<strong>le</strong>t, ça existe ?<br />
Vaut-il mieux être moins performant en<br />
natation, cyclisme ou course à pied ?<br />
On a toujours une discipline <strong>de</strong> prédi<strong>le</strong>ction.<br />
En triathlon, on va choisir sa distance en<br />
fonction <strong>de</strong> ses qualités. Celui qui n’est<br />
pas nageur va démarrer sur courte distance.<br />
Pour avoir <strong>de</strong>s résultats, il faut être un bon<br />
nageur-coureur. <strong>La</strong> natation est la base.<br />
Il est plus faci<strong>le</strong> d’apprendre à courir que<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir bon en natation. Sur longue<br />
distance, on peut perdre du temps en<br />
natation et se rattraper en course à pied. Ça<br />
fait <strong>le</strong> charme <strong>de</strong> ce sport.<br />
Dans quel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong> mental joue-t-il<br />
sur la performance ?<br />
On va dire que la performance se joue à 25 %<br />
sur <strong>le</strong> physique, 25 % sur la récupération et<br />
la diététique - car il est important <strong>de</strong> savoir<br />
s’alimenter correctement - et ensuite on a<br />
au moins 40 % <strong>de</strong> mental... Aujourd’hui,<br />
chez <strong>le</strong>s professionnels, tous font 35 heures<br />
d’entraînement, tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> a <strong>le</strong> même<br />
matériel, <strong>le</strong> même accès aux soins... <strong>La</strong><br />
différence, c’est dans la tête que ça se<br />
passe. Lors d’une course à Belfort, Gil<strong>le</strong>s<br />
Reboul avait laissé partir <strong>de</strong>s gros rou<strong>le</strong>urs<br />
à vélo, et s’est retrouvé tout seul à pied.<br />
À l’arrivée, il regrettait <strong>de</strong> ne pas s’être<br />
accroché... Au mental, il aurait tenu. Le<br />
vainqueur, c’est <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier qui lâche dans<br />
la tête.<br />
Vous avez déjà terminé <strong>de</strong>s courses<br />
Ironman. Dans quel état franchit-on la<br />
ligne d’arrivée ?<br />
J’en ai fait une quinzaine. Pendant la course,<br />
on passe par tous <strong>le</strong>s états. Des moments, tu<br />
en as tel<strong>le</strong>ment marre... Tu te dis « c’est<br />
la <strong>de</strong>rnière fois ! ». Et puis après, tu te<br />
remotives, tu en redoub<strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux ou trois,<br />
et ça repart... Quand on termine, on a mal,<br />
mais on est tel<strong>le</strong>ment heureux d’avoir réussi<br />
<strong>le</strong> chal<strong>le</strong>nge...<br />
Quel<strong>le</strong>s difficultés rencontrez-vous pour<br />
trouver <strong>de</strong>s sponsors ? Pensez-vous que<br />
votre sport souffre d’un manque <strong>de</strong><br />
reconnaissance ?<br />
Déjà, il n’y a pas <strong>de</strong> courses tous <strong>le</strong>s<br />
week-ends. Et à Dijon, il y a 50 000 sports<br />
<strong>de</strong> haut niveau. C’est une richesse mais<br />
aussi une difficulté. Pourquoi <strong>le</strong> triathlon<br />
serait plus pourvu qu’un autre sport ? Et<br />
<strong>le</strong>s partenariats, ça se fait souvent par<br />
connaissances ou grâce à une grosse<br />
<strong>La</strong> <strong>Gazette</strong> - jeudi 29 novembre 2012<br />
« Il faut apprendre<br />
à se faire mal »<br />
Fréquenter <strong>le</strong> haut niveau tout en conservant un esprit<br />
formateur, <strong>le</strong> Dijon Triathlon prouve que <strong>le</strong> pari n’est pas<br />
impossib<strong>le</strong>. Rencontre avec Éric Bidat, cadre technique et<br />
acteur <strong>de</strong> la réussite du club.<br />
<strong>La</strong> différence<br />
se fait dans la tête<br />
communication.<br />
Le Triathlon international <strong>de</strong> Dijon<br />
remet <strong>le</strong> couvert en 2013 ?<br />
Bien entendu, c’est parti pour la vingtneuvième<br />
édition ! Ce sera <strong>le</strong>s 6 et 7 juil<strong>le</strong>t.<br />
On a toujours eu la chance d’avoir du haut<br />
niveau. On fait course avenir, course sprint<br />
et longue distance. On <strong>de</strong>vrait avoisiner<br />
<strong>le</strong>s 1000 concurrents sur <strong>le</strong> week-end ! <strong>La</strong><br />
priorité <strong>de</strong>s organisateurs est <strong>de</strong> tout faire<br />
pour <strong>le</strong> plaisir <strong>de</strong>s athlètes .<br />
Propos recueillis par Aurélien Gaudriot<br />
aurelien@gazette-cotedor.fr<br />
PHOTO DIJON TRIATHLON