CANCER ET CHIMIOTHERAPIE Chapitres 1 - UPMC - Université ...
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<strong>CANCER</strong> <strong>ET</strong> <strong>CHIMIOTHERAPIE</strong><br />
Alexandre Escargueil<br />
Laboratoire "Biologie et Thérapeutiques du Cancer"<br />
Centre de Recherche Saint-Antoine<br />
<strong>Université</strong> Pierre et Marie Curie & INSERM UMR_S 938<br />
Hôpital Saint-Antoine, Paris<br />
Caractéristiques<br />
7 Développement métastatique<br />
6 Dissémination métastatique<br />
5 Néoangiogenèse<br />
4 Invasion locale<br />
1 Cellule normale<br />
2 Dérégulation cellulaire<br />
3 Prolifération incontrôlée<br />
<strong>Chapitres</strong><br />
1- Complexité de la cellule tumorale et de son<br />
environnement.<br />
2- Quel rôle pour la chimiothérapie dans le<br />
traitement du cancer ? Quelles molécules ?<br />
4- Rémission ou résistance ?<br />
Caractéristiques<br />
- Un Cancer se caractérise par une prolifération anormale des<br />
cellules. Quasiment, tous les tissus de notre organisme peuvent être<br />
affectés par une telle dérégulation.<br />
- Ses causes, son évolution et ses conséquences varient<br />
énormément entre les différents types de cancers.<br />
- Il existe plus d’une centaine de types de cancer.<br />
1
Son évolution<br />
- C’est l’accumulation de désordre ou d’anormalités génétiques qui conduit<br />
à la formation d’une tumeur.<br />
- Les tumeurs bénignes restent localisées.<br />
- Les tumeurs cancéreuses envahissent et détruisent les tissus<br />
environnants. Ils peuvent aussi se disséminer dans l’organisme au travers<br />
des vaisseaux sanguins ou lymphatiques (extravasation). C’est ce que<br />
l’on appelle métastase.<br />
- Les métastases sont la principale cause de la mort des patients. En<br />
effet, même lorsque la tumeur initiale a été enlevée, de nouveaux cancers<br />
peuvent apparaître dans des tissus distants de la pathologie initiale.<br />
1- Comment une cellule devient-elle cancéreuse ?<br />
Hanahan et Weinberg. Cell, 100: 57–70, 2000<br />
Ses causes<br />
- La plupart des maladies ont une cause unique et identifiable (bactérie,<br />
virus).<br />
- A l’inverse, les cancers sont des pathologies multifactorielles.<br />
- Les cancers sont la conséquence de séries de dérégulation se<br />
produisant au cœur de la machinerie cellulaire.<br />
- Il est établi que le cancer provient soit de l’activation de protéines<br />
oncogènes soit de l’inactivation de protéines suppresseurs de<br />
tumeurs. La plupart du temps, c’est une combinaison de ces<br />
différents évènements.<br />
1- Comment une cellule devient-elle cancéreuse ?<br />
- La tumorogenèse est un processus multi-étape où chaque étape<br />
reflète des altérations génétiques qui entraînent la transformation<br />
progressive des cellules normales en dérivés hautement malins.<br />
- Son incidence accroît avec l’âge. Cela implique l’accumulation 4 à 7<br />
évènements limitant. Les analyses pathologiques d’un certain nombre<br />
d’organes sites révèlent la présence de lésions qui représentent des<br />
étapes intermédiaires dans le processus au travers duquel les<br />
cellules évoluent progressivement, via une série d’états pré-malins, de<br />
la normalité vers la formation de cancers invasifs.<br />
- De nombreux travaux montrent que les génomes des cellules<br />
tumorales sont invariablement altérés en de multiples sites, ayant<br />
subi des disruptions aussi subtiles que des mutations ponctuelles ou<br />
aussi flagrantes que des changements chromosomiques majeurs.<br />
2
1- Comment une cellule devient-elle cancéreuse ?<br />
Hanahan et Weinberg. Cell, 100: 57–70, 2000<br />
Caractéristique 1: Auto-suffisance en<br />
signaux de croissance<br />
- Les cellules normales nécessitent des signaux mitogéniques pour<br />
passer d’un état quiescent à un état prolifératif.<br />
- Ces signaux, provenant de facteurs de croissance diffusibles, de<br />
composants de la matrice extracellulaire ou de molécules<br />
d’adhésion/interaction intercellulaire, sont transmis via des récepteurs<br />
transmembranaires.<br />
- En théorie, aucun type de cellules normales ne peut proliférer en<br />
absence de tels signaux stimulants.<br />
- Malheureusement, les cellules tumorales acquièrent la capacité de<br />
générer la plupart de leurs propres facteurs de croissance, réduisant<br />
ainsi leur dépendance vis-à-vis de leur microenvironnement tissulaire<br />
normale.<br />
1- Comment une cellule devient-elle cancéreuse ?<br />
The 6 Hallmarks of Cancer<br />
La multiplicité des défenses cellulaires explique probablement pourquoi le cancer survient relativement<br />
rarement au cours d’une vie humaine moyenne !!!!<br />
Comment ?<br />
Caractéristique 1: Auto-suffisance en<br />
signaux de croissance<br />
3 stratégies couramment observées :<br />
- altération des signaux de croissance extracellulaires<br />
- altération des récepteurs<br />
- altération des voies de transduction intracellulaire qui<br />
transforment ces signaux en action.<br />
3
Altération des signaux de croissance<br />
extracellulaires<br />
- Dans les tissus normaux, la plupart des facteurs de croissance<br />
mitogéniques (GFs) sont synthétisés par un type cellulaire de<br />
manière à stimuler la prolifération d’un autre type (signalisation<br />
hétérotypique).<br />
- Beaucoup de cellules cancéreuses acquièrent la capacité de<br />
synthétiser les GFs auxquels ils répondent (boucle de régulation<br />
positive ou stimulation autocrine).<br />
Exemple: la production de PDGF (« platelet-derived growth factor ») par les<br />
glioblastomes et de TGF (tumor growth factor ) par les sarcomes.<br />
Altération des voies de transduction<br />
intracellulaire<br />
- L’autonomie en signaux de croissance peut enfin provenir d’altérations, en<br />
aval du récepteur, dans les divers composants des voies de signalisation<br />
cytoplasmiques qui reçoivent et processent les signaux émis par les<br />
récepteurs (activés par leur ligand) ou les intégrines.<br />
Exemple: dans environ 25% des tumeurs humaines (50% pour les<br />
carcinomes du colon), les protéines Ras sont présentes sous des formes<br />
structurellement altérées qui leur permettent de transmettre un flux continu<br />
de signaux mitogéniques dans les cellules, sans qu’il y ait de stimulation de<br />
leurs régulateurs amonts.<br />
Altération des récepteurs<br />
Types de dérégulation des récepteurs de facteurs de croissance :<br />
- Les récepteurs des GFs sont surexprimés dans de nombreux cancers.<br />
Cette surexpression peut permettre à la cellule cancéreuse de devenir<br />
hypersensible aux concentrations normales de GFs, qui, en temps<br />
normal ne devraient pas entraîner leur prolifération.<br />
Exemples: l’EGFR (EGF-R/erbB) est surexprimé dans les tumeurs de<br />
l’estomac, du cerveau et du sein; HER2/neu est surexprimé dans les<br />
tumeurs de l’estomac et les carcinomes mammaires.<br />
- L’induction des voies des signalisation peut se produire en l’absence de<br />
fixation du ligand, en raison d’altération structurale des récepteurs.<br />
Exemple: des versions tronquées de l’EGFR dans son domaine<br />
cytoplasmique entraînent son activation constitutive.<br />
Caractéristique 1: Auto-suffisance en<br />
signaux de croissance<br />
PDGF, EGF<br />
TGF<br />
4
Caractéristique 2: Insensibilité aux signaux<br />
d’inhibition de croissance<br />
- Dans un tissu sain, de multiples signaux anti-prolifératifs opèrent pour<br />
maintenir la quiescence cellulaire et l’homéostasie tissulaire:<br />
inhibiteurs de croissance solubles et inhibiteurs « immobilisés » présents<br />
soit dans la matrice extracellulaire soit sur les surfaces des cellules<br />
adjacentes.<br />
- Ces signaux, tout comme les GFs, se fixent sur des récepteurs<br />
transmembranaires couplés à des voies de signalisation<br />
intracellulaires.<br />
Caractéristique 3: Echapper à l’apoptose<br />
- L’expansion de la population de cellules tumorales est déterminée par<br />
son taux de prolifération mais aussi par le taux d’attrition cellulaire.<br />
- La mort cellulaire programmée (apoptose) représente une source<br />
majeure de cette attrition.<br />
- La capacité à échapper à l’apoptose modifie l’équilibre initiale mort/vie<br />
en faveur d’une survie cellulaire accrue.<br />
- Deux composantes : senseurs et effecteurs.<br />
- Les senseurs sont responsables de surveiller l’environnement<br />
extracellulaire et intracellulaire pour conclure de sa normalité ou de<br />
son anormalité et donc déterminer si une cellule doit vivre ou mourir.<br />
- Les senseurs régulent les effecteurs.<br />
Caractéristique 2: Insensibilité aux signaux<br />
d’inhibition de croissance<br />
- Au niveau moléculaire, beaucoup de signaux anti-prolifératifs passent par<br />
la protéine du rétinoblastome (pRb).<br />
- Lorsqu’elle est hypophosphorylée, pRb bloque la prolifération en<br />
séquestrant et en altérant la fonction de facteurs de transcription qui<br />
contrôlent l’expression d’un ensemble de gènes essentiels à la<br />
progression de G1 en S.<br />
- Sous-expression des récepteurs au TGF.<br />
- Mutation et dysfonctionnement des récepteurs au TGF.<br />
- Les protéines Smad (Smad4 notamment) peuvent être<br />
éliminées au travers de mutations dans leur gène.<br />
- Le locus codant p15 INK4B peut-être délété.<br />
- CDK4 peut devenir « résistante » à l’action inhibitrice<br />
p15 INK4B en raison de mutations qui affectent son<br />
domaine de liaison à INK4A/B.<br />
- Enfin, la pRb fonctionnelle, peut être perdue du fait de<br />
mutations de son gène.<br />
- Il peut aussi arriver, dans certaines tumeurs induites par<br />
des virus, que la fonction de pRb soit éliminée au travers<br />
de sa séquestration par des oncoprotéines virales (ex:<br />
l’oncoprotéine E7 du papillomavirus humain).<br />
Caractéristique 3: Echapper à l’apoptose<br />
- La plupart des signaux pro-apoptotiques converge vers la<br />
mitochondrie, qui, en réponse, relargue le cytochrome C, un puissant<br />
catalyseur de l’apoptose.<br />
- Les protéines de la famille Bcl-2, dont les membres ont des fonctions<br />
pro-apoptotiques (Bad, Bax, Bak, Bid, Bim) ou anti-apoptotiques (Bcl-<br />
2, Bcl-XL, Bcl-W), agissent, notamment, en contrôlant le relarguage du<br />
cytochrome C.<br />
- La protéine suppresseur de tumeur p53 peut, en réponse à l’apparition<br />
de dommages dans l’ADN (mais aussi d’une hypoxie ou d’une hyperexpression<br />
d’oncogènes), stimuler l’apoptose en activant l’expression<br />
de Bax.<br />
5
Caractéristique 3: Echapper à l’apoptose Caractéristique 3: Echapper à l’apoptose<br />
Quelques exemples de stratégies pour échapper à l’apoptose :<br />
- Surexpression de protéines oncogènes (anti-apoptotique) de<br />
type bcl-2.<br />
- Perte de régulateurs pro-apoptotiques de type p53 (inactivation<br />
fonctionnelle de la protéine p53 observée dans plus de 50% des<br />
cancers humains).<br />
- Activation de voies de signalisation de survie cellulaire de type<br />
PI3 kinase–AKT/PKB (anti-apoptotique) par des facteurs<br />
extracellulaires (IGF-1/2 or IL-3), des signaux intracellulaires<br />
(Ras), ou par la perte de protéines suppresseurs de tumeur<br />
(pTEN).<br />
Caractéristique 4: Potentiel réplicatif illimité<br />
- Les cellules de mammifères portent en elles une « horloge<br />
biologique », intrinsèque, qui limite leur multiplication.<br />
- Celle-ci repose sur l’érosion progressive des télomères (répétition<br />
d’éléments de séquence de 6 pb) au cours des cycles successifs de<br />
réplication, les télomères devenant alors incapables de protéger les<br />
extrémités des chromosomes qui deviennent instables. Cela conduit<br />
quasi-inévitablement à la mort des cellules.<br />
Le maintien des télomères est visible<br />
dans virtuellement tous les types de<br />
cellules malignes.<br />
85% à 90% des cellules tumorales<br />
sur-expriment la télomérase qui<br />
ajoute les répétitions<br />
hexanucléotidiques aux extrémités<br />
de l’ADN télomérique.<br />
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
- L’oxygène et les nutriments apportés par le réseau vasculaire sont<br />
cruciaux pour les fonctions et la survie cellulaires, obligeant toutes les<br />
cellules d’un tissu à résider à moins de 100 µm d’un capillaire sanguin.<br />
- Au cours de l’organogenèse normale, cette proximité est assurée par la<br />
croissance coordonnée des vaisseaux et du parenchyme (tissus<br />
constituant les parties fonctionnelles d'un organe). Une fois le tissu<br />
formé, la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenesis) est<br />
transitoire et précisément régulée.<br />
- Les cellules localisées à l’intérieur d’une zones de prolifération aberrante<br />
initialement manquent de capacité angiogénique, ce qui réduit leur<br />
capacité d’expansion. Afin de grossir, les néoplasies naissantes<br />
doivent développer une capacité pro-angiogénique.<br />
6
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
Folkman. Nature Reviews, 6: 273–286, 2007<br />
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
Etapes clés de l’angiogenèse tumorale.<br />
- Angiopoiétine 1, exprimée par de nombreuses<br />
cellules, se lie au récepteur endothélial TIE2 et<br />
participe au maintien de l’état normalisé des<br />
vaisseaux sanguins. Les cellules tumorales sécrètent<br />
l’angiopoiétine 2, qui compète avec l’angiopoiétine 1<br />
pour la liaison au récepteur. Elle accroît ainsi la<br />
dégradation de la membrane basale vasculaire et la<br />
migration des cellules endothéliales.<br />
- Le VEGF (facteur pro-angiogenique), sécrété par les<br />
cellules tumorales, se lie à son récepteur (VEGFR2) et<br />
à la neuropiline sur les cellules endothéliales.<br />
- Le PDGF (facteur pro-angiogenique sécrété par<br />
certaines tumeurs) peut entraîner la surexpression de<br />
son propre récepteur (PDGFR) sur les cellules<br />
endothéliales.<br />
- Les métalloprotéinases matricielles (MMPs) sont<br />
relarguées par les cellules tumorales, mais aussi par<br />
les cellules endothéliales stimulées par le VEGF.<br />
- Les intégrines des cellules endothéliales facilite leur<br />
fixation au milieu extracellulaire, qui est nécessaire au<br />
maintien de leur viabilité et de leur réponse aux<br />
signaux de croissance.<br />
- Certaines protéines pro-angiogeniques stimulent<br />
l’expression des intégrines endothéliales.<br />
- Les nouvelles cellules endothéliales ne proviennent<br />
pas toutes des vaisseaux voisins. En effet, il y aussi<br />
recrutement de précurseurs de cellules<br />
endothéliales provenant de la moelle osseuse.<br />
Folkman. Nature Reviews, 6: 273–286, 2007<br />
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
- La balance entre signaux positifs et négatifs stimule ou bloque<br />
l’angiogenèse.<br />
- Parmi ces signaux, on a des facteurs solubles (VEGF, FGFs, PDGF) qui<br />
se lient à des récepteurs tyrosine kinase transmembranaires présents<br />
sur les cellules endothéliales.<br />
- On a aussi des signaux qui sont véhiculés via les intégrines ou d’autres<br />
molécules d’adhésion et qui contribuent à cette balance de régulation.<br />
Les vaisseaux quiescents expriment un type d’intégrines, tandis que les<br />
capillaires en formation en expriment un autre. L’interférence de ces<br />
différentes classes d’intégrines peut inhiber l’angiogenèse. Des<br />
protéases extracellulaires sont physiquement et fonctionnellement<br />
connectées aux intégrines pro-angiogéniques, et leur association dicte<br />
les capacités invasives des cellules endothéliales.<br />
- Il y a actuellement plus d’une douzaine de facteurs pro-angiogéniques<br />
connus et un nombre équivalent de protéines inhibitrices.<br />
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
- Les tumeurs semblent activer le « switch » angiogenique en changeant<br />
la balance existante entre signaux positifs et négatifs.<br />
- Une stratégie courante mise en jeu dans ce changement implique une<br />
transcription altérée des gènes codant ces facteurs. De nombreuses<br />
tumeurs ont une expression accrue de VEGF et/ou de FGFs comparée<br />
aux tissus normaux dont ils sont originaires. Dans d’autres, l’expression<br />
d’inhibiteurs endogènes, de type thrombospondine-1 ou l’interferon-, est<br />
diminuée. Enfin, les deux peuvent se produire simultanément dans<br />
certains types de tumeurs.<br />
- L’expression de ces facteurs provient soit des cellules tumorales soit<br />
des cellules stromales associées.<br />
- Influence des conditions micro-environnementales : Hypoxie.<br />
7
Caractéristique 5: Angiogenèse<br />
Folkman. Nature Reviews, 6: 273–286, 2007<br />
Caractéristique 6: Invasion et Métastase<br />
- Plusieurs classes de protéines impliquées dans l’attachement des<br />
cellules à leur environnement proche dans un tissu sont altérées dans<br />
les cellules possédant des capacités invasives et métastatiques.<br />
- Les protéines affectées incluent les molécules d’adhésion<br />
intercellulaire (CAMs), les intégrines, qui lient les cellules aux substrats<br />
de la matrice extracellulaire, et les protéases.<br />
- Les cellules cancéreuses invasives et métastatiques changent de<br />
microenvironnements tissulaires au cours de leur « voyage »,<br />
microenvironnements dont les composants matriciels peuvent être<br />
différents. Ainsi, une colonisation réussie de ces sites nouveaux (locaux<br />
ou distants) demande une forte adaptation !!!<br />
- L’adaptation peut s’opérer au travers de changements dans le spectre<br />
d’expression des sous-unités et des intégrines résultant en<br />
l’expression de différents sous-types d’intégrines (au moins 22), chacun<br />
ayant diverses préférences de substrats.<br />
Caractéristique 6: Invasion et Métastase<br />
- Tôt au tard, au cours du développement de la plupart des types de<br />
cancers humains, les masses tumorales primaires donnent naissance à<br />
des cellules pionnières qui sont capables de sortir de la tumeur,<br />
d’envahir les tissus adjacents voire de se déplacer à des sites<br />
distants dans lesquels, parfois, elles réussissent à fonder de nouvelles<br />
colonies.<br />
- L’établissement des cellules tumorales à des sites distants (métastases)<br />
est la cause de 90% des décès par cancer.<br />
- L’invasion et la métastase sont des processus extrêmement<br />
complexes, et leurs déterminants génétiques et biochimiques restent<br />
encore très incomplètement compris. Du point de vue mécanistique, ce<br />
sont deux processus très similaires, les deux utilisant des stratégies<br />
opérationnelles proches, impliquant des changements dans<br />
l’interaction des cellules avec leur microenvironnement et<br />
l’activation de protéases extracellulaires.<br />
Conclusions (partie I)<br />
Virtuellement, tous les cancers doivent acquérir les mêmes 6<br />
caractéristiques. Cependant, les moyens pour y arriver et l’ordre<br />
d’apparition des différents évènements est probablement très variable<br />
parmi le large éventail de types et sous-types de cancers.<br />
Hanahan et Weinberg. Cell, 100: 57–70, 2000<br />
Dans certaines tumeurs, une caractéristique ne<br />
peut être acquise qu’au travers de la<br />
collaboration d’au moins deux chagements<br />
génétiques distincts, augmentant ainsi le<br />
nombre total d’évènements nécessaires pour<br />
la complétion de la progression tumorale.<br />
Dans d’autres, une lésion génétique<br />
particulière (telle que p53) peut conférer<br />
simultanément plusieurs capacités, diminuant<br />
ainsi le nombre d’étapes mutationnelles<br />
distinctes nécessaires à la complétion de la<br />
tumorogenèse.<br />
8
<strong>Chapitres</strong><br />
1- Complexité de la cellule tumorale et de son<br />
environnement.<br />
2- Quel rôle pour la chimiothérapie dans le<br />
traitement du cancer ? Quelles molécules ?<br />
4- Rémission ou résistance ?<br />
Chirurgie<br />
- La chirurgie contribue à guérir un nombre important de cancers.<br />
- Elle est souvent combinée avec soit la radiothérapie soit avec la<br />
chimiothérapie afin de réduire la taille de la tumeur et ainsi faciliter<br />
son ablation.<br />
- Dans certains cas, la chirurgie peut aussi être prophylactique :<br />
- Mastectomie (ablation du sein) chez les femmes porteuses de<br />
mutations BRCA 1/2.<br />
- Coloproctectomie (ablation du colon) chez les patients atteints de<br />
polypose adénomateuse familiale.<br />
Comment traite-on le cancer ?<br />
Chirurgie<br />
Radiothérapie<br />
Hormonothérapie<br />
Chimiothérapie<br />
Radiothérapie<br />
- La radiothérapie consiste à exposer les cellules cancéreuses à des<br />
radiations.<br />
- Elle est souvent combinée avec soit la chirurgie soit la<br />
chimiothérapie.<br />
- Deux types principaux :<br />
- Externe : des photons hautement énergétiques ou des électrons<br />
sont focalisés sur la tumeur et transmis au travers de la peau.<br />
- Interne : les sources radioactives sont directement implantées à<br />
l’intérieur du corps à proximité de la tumeur. Cette technique est<br />
aussi appelée "curiethérapie".<br />
- Risque important d’altérer les cellules normales.<br />
9
Hormonothérapie<br />
- Certains cancers, tels que ceux du sein ou de la prostate, sont<br />
sensibles aux hormones.<br />
- Ainsi, en bloquant leurs effets, il est possible d’agir dessus :<br />
- Le cancer de la prostate répond à la testostérone. Ainsi, en<br />
bloquant sa sécrétion ou son action avec des "anti-androgènes", il<br />
est possible de contrôler la croissance tumorale.<br />
- Le cancer du sein est sensible aux œstrogènes. Ainsi, en<br />
bloquant leur production, il est possible de contrôler sa<br />
croissance.<br />
- Cependant, ces traitements n’agissent que provisoirement, les<br />
cellules cancéreuses devenant progressivement résistantes.<br />
On parle de chimiothérapie :<br />
Chimiothérapie<br />
- La chirurgie et la radiothérapie permettent de ne traiter que des<br />
tumeurs localisées.<br />
- L’hormonothérapie est seulement utilisée dans quelques cas de<br />
tumeurs.<br />
- Le traitement des tumeurs disséminées ne peut se faire que grâce à<br />
la chimiothérapie.<br />
- Son objectif est de tuer les cellules cancéreuses ou de bloquer leur<br />
multiplication.<br />
- Elle a été utilisée pour la première fois en 1942 (moutarde azotée et<br />
antagonistes des folates).<br />
Chimiothérapie Chimiothérapie<br />
- néo-adjuvante, quand elle est prescrite avant la chirurgie ou la radiothérapie<br />
d’une tumeur. Elle sert à diminuer la taille de celle-ci et à préserver les organes.<br />
- adjuvante, quand elle est prescrite après le traitement local. Elle diminue le<br />
risque d’apparition de métastases.<br />
- métastasique, en cas de métastases. La rémission, l’amélioration de la<br />
qualité de vie ou même la guérison (en cas de cancer du testicule, par<br />
exemple) peuvent être obtenus.<br />
Chabner et Roberts. Nat Rev Cancer, 5: 65-72, 2005<br />
10
Les 6 caractéristiques du cancer<br />
- Médicaments cytotoxiques :<br />
- Médicaments alkylants (Cisplatin, Oxaliplatin, Trabectidin,...)<br />
- Inhibiteurs des topoisomérases (Camptothecin, Doxorubicin, Etoposide,...)<br />
- Anti-Métabolites (Méthotrexate, 5-FU,...)<br />
- Inhibiteurs des microtubules (Vincristine, Taxol,...)<br />
- Médicaments ciblés :<br />
- Inhibiteurs de protéines kinases (Glivec, Iressa, Cetuximab, Herceptin)<br />
- Molécules anti-angiogeniques (Bevacizumab)<br />
- Inhibiteur du proteasome (Velcade)<br />
Les caractéristiques des cellules cancéreuses<br />
PDGF, EGF<br />
TGF<br />
Changements dans l’expression des gènes (signalisation pro-angiogénique),<br />
dérégulation des points de contrôle du cycle cellulaire, défauts dans les<br />
mécanismes de réparation,...<br />
Chimiothérapie Médicaments alkylants<br />
Définition: molécules qui se lient de façon covalente à l’ADN, formant ce<br />
que l’on appelle des adduits de l’ADN.<br />
Ces adduits induisent une distorsion importante de la structure<br />
chromatinienne, bloquant réplication et transcription.<br />
Ces adduits sont généralement reconnus par le NER (« Nucleotide<br />
Excision Repair »).<br />
2 types de médicaments alkylants :<br />
- monofonctionnels (Trabectidin)<br />
- bifonctionnels (Cisplatin, Oxaliplatin, Carboplatin)<br />
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Cisplatin:<br />
Médicaments alkylants<br />
L’introduction du cisplatin dans le traitement du cancer du testicule<br />
métastatique a permis de faire passer le taux de guérison de 5 à 60% !!<br />
Cette activité exceptionnelle provient de la sous-expression de protéines<br />
du NER dans ce type de tumeur.<br />
Inhibiteurs des topoisomérases<br />
Kelland. Nat Rev Cancer, 7:573-84, 2007<br />
Pommier. Nat Rev Cancer, 6: 789-802, 2006<br />
Inhibiteurs des topoisomérases<br />
Inhibiteurs des topoisomérases<br />
Camptothecin, irinotecan, topotecan<br />
Pommier. Nat Rev Cancer, 6: 789-802, 2006<br />
Larsen et al. Pharmacol Ther, 99: 167-181, 2003<br />
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Inhibiteurs des topoisomérases<br />
untreated cells<br />
Interphase cell treated<br />
with DNA topo II inhibitors<br />
mitosis<br />
G2 arrest<br />
cells treated with<br />
cleavable complex<br />
inducers<br />
caffeine<br />
fostriecin<br />
okadaic acid<br />
cells treated with<br />
catalytic inhibitors<br />
Anti-métabolites<br />
Larsen et al. Pharmacol Ther, 99: 167-181, 2003<br />
Définition : Une molécule suffisamment similaire à une molécule<br />
naturelle pour participer aux réactions biochimiques normales de la<br />
cellule mais suffisamment différente pour interférer avec les fonctions<br />
normales de la cellule. Cette classe de composés inhibe un processus<br />
cellulaire métabolique normal.<br />
5-fluorouracil:<br />
Inhibiteurs des topoisomérases<br />
Anti-métabolites<br />
Larsen et al. Prog Cell Cycle Res, 5: 295-300, 2003<br />
Longley et al. Nat Rev Cancer, 3: 330-338, 2003<br />
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5-fluorouracil:<br />
Le CH2THF est nécessaire<br />
pour optimiser la liaison du<br />
FdUMP sur la TS<br />
- Médicaments cytotoxiques :<br />
Anti-métabolites<br />
Longley et al. Nat Rev Cancer, 3: 330-338, 2003<br />
- Médicaments alkylants (Cisplatine, Oxaliplatine, Trabectidin,...)<br />
- Inhibiteurs des topoisomérases (Camptothecin, Doxorubicin, Etoposide,...)<br />
- Anti-Métabolites (Méthotrexate, 5-FU,...)<br />
5-fluorouracil:<br />
Anti-métabolites<br />
Chimiothérapie Chimiothérapie<br />
Cellules déficientes dans les mécanismes de réparation de<br />
l’ADN et de contrôle de la progression du cycle cellulaire<br />
Leucoverin<br />
+<br />
5-fluorouracil<br />
+<br />
oxaliplatin<br />
Traitement adjuvant<br />
du cancer colorectal<br />
Longley et al. Nat Rev Cancer, 3: 330-338, 2003<br />
Larsen et Escargueil. Collection Thérapie ciblée des cancers, 2:58-75, 2008<br />
14
- Médicaments cytotoxiques :<br />
- Médicaments alkylants (Cisplatine, Oxaliplatine, Trabectidin,...)<br />
- Inhibiteurs des topoisomérases (Camptothecin, Doxorubicin, Etoposide,...)<br />
- Anti-Métabolites (Méthotrexate, 5-FU,...)<br />
Chimiothérapie Inhibiteurs des microtubules<br />
Cellules déficientes dans les mécanismes de réparation de<br />
l’ADN et de contrôle de la progression du cycle cellulaire<br />
- Inhibiteurs des microtubules (Vincristine, Taxol,...)<br />
Inhibiteurs des microtubules<br />
Morris et Fornier. Clin Cancer Res, 14: 7167-7172, 2008<br />
- Médicaments cytotoxiques :<br />
Chimiothérapie<br />
Morris et Fornier. Clin Cancer Res, 14: 7167-7172, 2008<br />
- Médicaments alkylants (Cisplatine, Oxaliplatine, Trabectidin,...)<br />
- Inhibiteurs des topoisomérases (Camptothecin, Doxorubicin, Etoposide,...)<br />
- Anti-Métabolites (Méthotrexate, 5-FU,...)<br />
Cellules déficientes dans les mécanismes de réparation de<br />
l’ADN et de contrôle de la progression du cycle cellulaire<br />
- Inhibiteurs des microtubules (Vincristine, Taxol,...)<br />
Cellules déficientes dans le contrôle de la progression mitotique<br />
15
- Médicaments cytotoxiques :<br />
- Médicaments alkylants (Cisplatine, Oxaliplatine, Trabectidin,...)<br />
- Inhibiteurs des topoisomérases (Camptothecin, Doxorubicin, Etoposide,...)<br />
- Anti-Métabolites (Méthotrexate, 5-FU,...)<br />
- Inhibiteurs des microtubules (Vincristine, Taxol,...)<br />
- Médicaments ciblés :<br />
- Inhibiteurs de protéines kinases (Glivec, Iressa, Cetuximab, Herceptin)<br />
- Molécules anti-angiogeniques (Bevacizumab)<br />
- Inhibiteur du proteasome (Velcade)<br />
Chimiothérapie 2 types de molécules<br />
Les anticorps monoclonaux: définitions<br />
Anti-EGFR<br />
Anti-HER2<br />
Anti-VEGF<br />
Milano. Collection Thérapie ciblée des cancers, 2:22-35, 2008<br />
2 types de molécules<br />
Imai et Takoaka. Nat Rev Cancer, 6: 714-727, 2006<br />
Imai et Takoaka. Nat Rev Cancer, 6: 714-727, 2006<br />
16
Glivec (Imatinib)<br />
- Le traitement par le Glivec (approuvé en Mai 2001 par la FDA) des<br />
patients nouvellement diagnostiqués à un stade précoce de leucémie<br />
myéloïde chronique (Chronic myeloid leukemia ou CML) entraîne<br />
une rémission de la maladie dans quasi 100% des cas.<br />
Remarque: Rémission signifie régression du volume d'une tumeur accompagnée de la<br />
diminution des symptômes qu'elle provoque. La rémission peut être complète ou<br />
incomplète/partielle. Si la rémission est complète, elle s'apparente à une guérison mais il<br />
faudra attendre cinq ans sans rechute pour que le malade soit déclaré définitivement<br />
guéri.<br />
- CML est un cancer relativement rare, souvent associé avec une<br />
translocation réciproque des chromosomes 9 et 22.<br />
- Cet évènement provoque la fusion du gène codant pour Bcr<br />
(breakpoint cluster region) avec le gène codant pour Abl (Abelson<br />
leukemia virus), une protéine tyrosine kinase de la famille Src.<br />
Thérapies ciblées contre la famille EGFR<br />
- La dérégulation des voies de signalisation impliquées dans la<br />
réponse aux facteurs de croissance a été démontrée dans de<br />
nombreux cancers humains.<br />
- La liaison des facteurs de croissance sur le domaine<br />
extracellulaire des récepteurs à tyrosine kinases stimule l’activité<br />
kinasique du domaine intracellulaire du récepteur.<br />
- L’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) est normalement activé<br />
suite à son oligomérisation en réponse à la liaison de son ligand.<br />
- Dans les cellules cancéreuses, les différents membres de la famille<br />
de l’EGFR [EGFR (ErbB1, HER1) et ses homologues HER2, HER3,<br />
HER4] sont fréquemment suractivés.<br />
PDGF, EGF<br />
TGF<br />
Glivec (Imatinib)<br />
- La protéine de fusion Bcr-Abl préserve l’ensemble des propriétés<br />
de la kinase Abl en dehors d’une petite région N-terminale, qui est<br />
importante pour son autoinhibition.<br />
- La perte de cette régulation contribue certainement à la<br />
dérégulation de l’activité de la protéine de fusion et donc de l’activité<br />
cellulaire de la protéine tyrosine kinase Abl.<br />
Thérapies ciblées contre la famille EGFR<br />
PDGF, EGF<br />
TGF<br />
17
Thérapies ciblées contre la famille EGFR Thérapies ciblées contre EGFR (HER1, ErbB1)<br />
Surexprimé notamment dans<br />
les cancers du colon et du sein<br />
Surexprimé dans environ 25 à<br />
30% des cancers du sein<br />
Harari. Endocrine-Related Cancer, 11:689–708, 2004<br />
Thérapies ciblées contre EGFR (HER1, ErbB1)<br />
Seuls les malades porteurs d'une tumeur n'ayant pas de mutation de K-Ras pourront bénéficier du<br />
traitement. Or, environ 30% à 60% des tumeurs colorectales présentent aussi des mutations de K-Ras…<br />
Yap et al. Nat Rev Cancer, 9: 167-181, 2009<br />
Cetuximab (Erbitux)<br />
Gefitinib (Iressa)<br />
Erlotinib (Tarceva)<br />
Cetuximab: bloque la liaison Ligand-EGFR, inhibant ainsi son activation<br />
Gefitinib & Erlotinib: inhibent l’activité tyrosine kinase de l’EGFR<br />
Harari. Endocrine-Related Cancer, 11:689–708, 2004<br />
Thérapies ciblées contre HER2<br />
- Le produit du gène HER2/Neu est surexprimé dans les cellules<br />
tumorales chez environ 30% des patientes atteintes de cancer du<br />
sein.<br />
Amplification du gène HER2 dans le cancer du sein, détectée par « Fluorescence In Situ Hybridization ».<br />
18
- Le produit du gène HER2/Neu est surexprimé dans les cellules<br />
tumorales chez environ 30% des patientes atteintes de cancer du<br />
sein.<br />
- Cette observation a permis de mettre en place un rationnel pour le<br />
développement de l’Herceptin, un anticorps monoclonal humanisé<br />
qui se lie au récepteur HER2.<br />
Réponse<br />
immunitaire<br />
Thérapies ciblées contre HER2<br />
Inhibition de la<br />
protéolyse du<br />
domaine EC de<br />
Her2<br />
Internalisation<br />
de Her2<br />
Thérapies ciblées contre HER2<br />
lapatinib<br />
Synergie avec l’herceptin !<br />
Non-activation<br />
des voies de<br />
signalisation<br />
intracellulaire<br />
L’herceptin n’inhibe pas<br />
l’hétérodimérisation après<br />
fixation de ligands sur<br />
Her1, Her3 et Her4<br />
Valabrega et al. Annals of Oncology, 18: 977–984, 2007<br />
Thérapies ciblées contre HER2<br />
- Le produit du gène HER2/Neu est surexprimé dans les cellules<br />
tumorales chez environ 30% des patientes atteintes de cancer du<br />
sein.<br />
- Cette observation a permis de mettre en place un rationnel pour le<br />
développement de l’Herceptin, un anticorps monoclonal humanisé<br />
qui se lie au récepteur HER2.<br />
- Au cours des essais cliniques, l’Herceptin seule s’est montré efficace<br />
dans le traitement de seulement 15% des patientes surexprimant<br />
HER2. L’Herceptin était plus efficace quand utilisée en combinaison<br />
avec des médicaments chimio-thérapeutiques classiques de type<br />
paclitaxel.<br />
Thérapies anti-angiogeniques<br />
19
Thérapies anti-angiogeniques ciblant le VEGF<br />
- VEGF-A (aussi connu comme le VEGF « Vascular Endothelial Growth<br />
Factor »), VEGF-B et VEGF-C, sont des facteurs pro-angiogeniques<br />
qui jouent un rôle clé dans l’angiogenese maligne ou non.<br />
- Le VEGF est le plus impliqué dans le développement de<br />
l’angiogenese tumorale et la formation de métastases.<br />
- Inhibition de la<br />
néovascularisation<br />
- Induction de l’apoptose<br />
des cellules<br />
endothéliales<br />
- Effet direct sur les<br />
cellules tumorales<br />
exprimant VEGFR<br />
Thérapies anti-angiogeniques<br />
Ellis et Hicklin. Nat Rev Cancer, 8: 579-591, 2008<br />
- bevacizumab (AcMo)<br />
- sorafenib, sunitinib (TK<br />
inhibiteurs de VEGFR)<br />
- VEGF trap (chimère Ac-<br />
VEGFR1/2)<br />
Thérapies anti-angiogeniques ciblant le VEGF<br />
- VEGF-A (aussi connu comme le VEGF « Vascular Endothelial Growth<br />
Factor), VEGF-B et VEGF-C, sont des facteurs proangiogeniques qui<br />
jouent un rôle clé dans l’angiogenese maligne ou non.<br />
- Le VEGF est le plus impliqué dans le développent de l’angiogenese<br />
tumorale et la formation de métastases.<br />
- VEGF se lie à VEGFR-1, qui participe à l’angiogenese, et à VEGFR-2,<br />
qui participe à l’angiogenese et à la lymphangiogenese.<br />
- Les récepteurs au VEGF sont parfois exprimés sur les cellules de<br />
cancer du poumon et induisent des signaux anti-apoptotiques et<br />
métastatiques.<br />
- Le rôle direct qu’a le VEGF dans l’angiogenese et d’autres processus<br />
malins fait de lui une cible attractive pour le développement de<br />
nouveaux médicaments anti-cancéreux.<br />
Bevacizumab (Avastin)<br />
- Le bevacizumab est un anticorps monoclonal recombinant<br />
humanisé qui se lie au VEGF-A circulant, approuvé notamment pour<br />
traiter le cancer colorectal métastatique, en association à une<br />
chimiothérapie .<br />
- En effet, le bevacizumab, seul, semble être cytostatique.<br />
- Par contre, le traitement par le bevacizumab est synergique avec<br />
l’utilisation de la chimiothérapie classique.<br />
- Les effets synergiques du bevacizumab avec la chimiothérapie ont été<br />
en partie attribués à une meilleure délivrance du médicament<br />
cytotoxique aux cellules tumorales.<br />
20
Limites:<br />
Bevacizumab (Avastin)<br />
Cellules tumorales<br />
+ bevacizumab<br />
meilleure délivrance<br />
du médicament cytotoxique<br />
Thérapies anti-angiogeniques<br />
Ellis et Hicklin. Nat Rev Cancer, 8: 579-591, 2008<br />
-> Accroissement de l’agressivité de la tumeur pour échapper<br />
au manque d’oxygène et de nutriments<br />
Bergers et Hanahan. Nat Rev Cancer, 8: 592-603, 2008<br />
Limites:<br />
Thérapies anti-angiogeniques<br />
-> Expression de plusieurs facteurs pro-angiogeniques<br />
-> Expression de facteurs pro-angiogeniques différents du VEGF<br />
Conclusions (partie II)<br />
Bergers et Hanahan. Nat Rev Cancer, 8: 592-603, 2008<br />
- Une meilleure connaissance de la biologie de la tumeur et de la<br />
biologie de la cellule tumorale a permis l’identification de nouvelles<br />
cibles thérapeutiques.<br />
- L’un des défis majeurs dans les années à venir est d’identifier les<br />
marqueurs moléculaires qui permettent de prédire la réponse du<br />
patient à un médicament donné de manière à lui proposer un<br />
traitement personnalisé.<br />
- L’objectif final est d’être capable de déterminer quel médicament<br />
profitera le mieux à un patient donné !<br />
21
<strong>Chapitres</strong><br />
1- Complexité de la cellule tumorale et de son<br />
environnement.<br />
2- Quel rôle pour la chimiothérapie dans le<br />
traitement du cancer ? Quelles molécules ?<br />
4- Rémission ou résistance ?<br />
La résistance tumorale peut se subdiviser en deux grandes catégories :<br />
- Résistance Intrinsèque :<br />
- fonction du type de la tumeur<br />
- fonction du microenvironnement de la tumeur<br />
- Résistance Acquise<br />
Résistance tumorale<br />
Résistance tumorale<br />
- La plupart des types tumoraux sont résistants aux chimiothérapies<br />
actuelles ou deviennent résistantes au cours du traitement.<br />
- La résistance en clinique se manifeste par un manque initial de<br />
réponses significatives (tumeurs réfractaires) au traitement ou par<br />
l’échappement de la tumeur après qu’une réponse initiale ait été<br />
observée.<br />
- Dans le dernier cas, la tumeur dite récurrente est quasi<br />
invariablement plus résistante au traitement qu’elle ne l’était lors<br />
de la présentation initiale.<br />
- Une autre manifestation clinique de la résistance est la fréquente<br />
observation de réponses partielles. Différentes sous-populations de<br />
cellules tumorales étant invariablement présentes dans les tumeurs,<br />
le type cellulaire prédominant déterminera la réponse anti-tumorale,<br />
les cellules les plus résistantes détermineront la probabilité d’être<br />
guéri.<br />
La résistance tumorale peut se subdiviser en deux grandes catégories :<br />
- Résistance Intrinsèque :<br />
- fonction du type de la tumeur<br />
- fonction du microenvironnement de la tumeur<br />
- Résistance Acquise<br />
Résistance tumorale<br />
22
POUMON<br />
COLON<br />
SEIN<br />
OVAIRE<br />
PROSTATE<br />
GLIOME<br />
SARCOME<br />
Résistance, fonction du type tumoral<br />
A-549<br />
NCI-H460<br />
NCI-H522<br />
HCT 116<br />
HT-29<br />
MCF-7<br />
SKBr-3<br />
IGR-Ov-1<br />
OvCar-3<br />
OvCar-5<br />
SKOv-3<br />
A2780<br />
DU-145<br />
LnCaP<br />
U251<br />
HT-1080<br />
SaOs-2<br />
Cisplatin<br />
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4<br />
SENSITIVE<br />
RESISTANT<br />
Irofulven<br />
-3 -2 -1 0 1 2 3<br />
SENSITIVE RESISTANT<br />
Résistance tumorale<br />
Trabectidin<br />
-3 -2 -1 0 1 2 3 4<br />
SENSITIVE<br />
RESISTANT<br />
Koeppel et al. Clin Cancer Res, 10:5604-13, 2004<br />
La résistance tumorale peut se subdiviser en deux grandes catégories :<br />
- Résistance Intrinsèque :<br />
- fonction du type de la tumeur<br />
- fonction du microenvironnement de la tumeur<br />
- Résistance Acquise<br />
Résistance, fonction du type tumoral<br />
- La sensibilité vis-à-vis du cisplatin corrèle avec une faible activité<br />
du NER (« Nucleotide Excision Repair »).<br />
- La sensibilité vis-à-vis du Trabectidin corrèle avec une forte activité<br />
du NER combinée avec une faible activité du HR (« Homologous<br />
Recombination »).<br />
Résistance, fonction du microenvironnement<br />
tumoral<br />
- La plupart des ~10 13 cellules du corps humain sont à un distance inférieure<br />
au diamètre de quelques cellules d’un vaisseau sanguin.<br />
- Cette remarquable organisation facilite la délivrance de l’oxygène et des<br />
nutriments aux cellules, formant nos tissus, et assure une délivrance<br />
efficace de la plupart des médicamentations.<br />
- Cependant, la régulation homéostatique du tissu ainsi que la croissance des<br />
vaisseaux sanguins sont toutes deux perturbées dans les tumeurs<br />
solides.<br />
- La prolifération des cellules tumorales repousse les vaisseaux, réduisant la<br />
densité vasculaire et créant une population de cellules distantes (>100<br />
µm) des vaisseaux sanguins, processus exacerbé par une architecture<br />
vasculaire faiblement organisée, un flux sanguin irrégulier et la compression<br />
des vaisseaux sanguins et lymphatiques par les cellules cancéreuses.<br />
- L’hypoxie résultante est reconnue comme une caractéristique majeure du<br />
cancer et constitue un mauvais facteur pronostique.<br />
23
Résistance, fonction du microenvironnement<br />
tumoral<br />
- La désorganisation du réseau vasculaire ainsi que la composition,<br />
la structure et la chimie de la matrice extracellulaire peuvent ralentir<br />
le mouvement des molécules à l’intérieur de la tumeur.<br />
- Ensembles, les caractéristiques du microenvironnement tumoral<br />
limite la délivrance des médicaments anticancéreux aux cellules<br />
éloignées des vaisseaux sanguins fonctionnels.<br />
- Si les médicaments anticancéreux sont incapables d’accéder à<br />
l’ensemble des cellules situées à l’intérieur de la tumeur et qui sont<br />
capables de la régénérer, alors, quelque soit le mécanisme d’action<br />
ou la puissance de ces médicaments, leur efficacité sera<br />
compromise.<br />
- Pour qu’un traitement anticancéreux soit curatif, il doit accéder à<br />
l’ensemble des cellules tumorales, condition sine qua non d’une non<br />
récurrence de la tumeur.<br />
Résistance, fonction du microenvironnement<br />
tumoral<br />
- Un gradient de prolifération des cellules tumorales s’établit suivant<br />
l’accroissement de la distance entre la cellule et les vaisseaux sanguins<br />
parallèlement à la diminution des concentrations en nutriment et oxygène.<br />
- Il existe 3 raisons majeures qui peuvent expliquer pourquoi les cellules<br />
tumorales, distantes des vaisseaux sanguins, sont résistantes aux<br />
chimiothérapies conventionnelles :<br />
- premièrement, parce que la plupart des médicaments anticancéreux exercent<br />
sélectivement leur activité cytotoxique sur les cellules en prolifération,<br />
faisant que les cellules qui ne prolifèrent pas ou peu sont résistantes;<br />
- deuxièmement, parce que certains médicaments pourraient être moins actifs<br />
dans des microenvironnements hypoxiques, acides et privés de<br />
nutriments;<br />
- Et troisièmement, parce que les cellules distantes des vaisseaux<br />
sanguins seraient exposées à des concentrations faibles en médicament<br />
en raison d’un accès limité.<br />
Résistance, fonction du microenvironnement<br />
tumoral<br />
- Un gradient de prolifération des cellules tumorales s’établit suivant<br />
l’accroissement de la distance entre la cellule et les vaisseaux sanguins<br />
parallèlement à la diminution des concentrations en nutriment et oxygène.<br />
Minchinton et Tannock. Nat Rev Cancer, 6:583-92, 2006<br />
Propriétés qui influencent la distribution<br />
- Si la pénétration est faible, seules les cellules proches des vaisseaux<br />
sanguins seront exposées à une concentration efficace du médicament.<br />
- Les propriétés physicochimiques de la molécule (poids moléculaire, forme,<br />
charge et solubilité) détermine son taux de diffusion au travers du tissu.<br />
- Les médicaments solubles dans l’eau se répartissent plus facilement dans<br />
l’ECM, et diffusent ainsi efficacement autour et entre les cellules.<br />
- Les médicaments liposolubles pénètrent les membranes lipidiques, et<br />
peuvent ainsi être transportées au travers des cellules.<br />
- La pénétration est aussi dépendante de la consommation de la molécule, qui<br />
tend à diminuer la concentration de médicament libre. Dans les différents modes<br />
de consommation, on inclue les effets du métabolisme, de la liaison de la<br />
molécule à divers éléments du tissu (spécifique ou non spécifique), et<br />
l’absorption et la rétention dans les cellules tumorales.<br />
24
Propriétés qui influencent la distribution<br />
- La rétention dans les cellules tumorales peut provenir de la liaison de la<br />
molécule sur le site sur lequel elle exerce son activité létale (l’ADN en<br />
général). Des composés basiques peuvent aussi être séquestrés dans des<br />
organelles acidiques de type endosomes périnucléaires.<br />
- Exemple 1: la doxorubicin n’atteint que les cellules proches des vaisseaux<br />
sanguins.<br />
Hypoxia<br />
Doxorubicin<br />
Blood Vessels<br />
Minchinton et Tannock. Nat Rev Cancer, 6:583-92, 2006<br />
Propriétés qui influencent la distribution<br />
Minchinton et Tannock. Nat Rev Cancer, 6:583-92, 2006<br />
Propriétés qui influencent la distribution<br />
- Exemple 2 : l’anti-métabolite gemcitabine entraîne un arrêt quasi-total de la<br />
prolifération cellulaire in vivo. Néanmoins, les cellules les plus distales des<br />
vaisseaux sanguins recommencent à proliférer, indiquant que l’efficacité<br />
de l’inhibition du cycle cellulaire est liée à la proximité des cellules vis-à-vis<br />
des vaisseaux sanguins et, par extrapolation, à l’exposition au<br />
médicament.<br />
Minchinton et Tannock.<br />
Nat Rev Cancer, 6:583-92, 2006<br />
Propriétés qui influencent la distribution<br />
- Etant donné ces observations qui montrent une distribution limitée<br />
des médicaments dans les tumeurs solides (doxorubicin<br />
notamment), on peut légitimement se demander comment ces<br />
molécules parviennent à traiter ce type de tumeur.<br />
- Plusieurs explication possibles :<br />
- (1) la mort et la disparition des cellules proximales relargue la<br />
molécule qui peut pénétrer de nouveau dans des couches plus<br />
profondes de la tumeur. Couplé à une lente dégradation de la<br />
molécule dans le tissu, cela conduit à une exposition des<br />
cellules distales à des concentrations efficaces en médicament;<br />
- (2) l’administration séquentielle de la molécule conduit à la<br />
mort séquentielle des cellules situées à des distances de plus<br />
en plus éloignées des vaisseaux sanguins (néanmoins, il est<br />
vraisemblable que la repopulation à partir des cellules distales réétablisse<br />
l’architecture tumorale entre les administrations);<br />
25
Propriétés qui influencent la distribution<br />
- Plusieurs explication possibles :<br />
- (3) comme beaucoup de médicaments anticancéreux, la<br />
doxorubicin est bien plus toxique envers les cellules en<br />
prolifération, qui sont connues pour être sélectivement<br />
localisées à proximité des vaisseaux sanguins;<br />
- (4) similairement aux cellules tumorales en prolifération, les<br />
cellules souches cancéreuses de certaines tumeurs sont<br />
localisés à proximité des vaisseaux sanguins, pouvant ainsi<br />
être atteintes malgré la pénétrance limitée de la molécule.<br />
- Que ces explications soient ou non relevantes, il est probable que<br />
l’effet thérapeutique d’un composé tel que la doxorubicin est<br />
réduit en raison de sa faible pénétration. Améliorer sa<br />
pénétration devrait donc accroître son efficacité.<br />
Méthodes pour modifier la distribution<br />
Exemple 1: les inhibiteurs du VEGF.<br />
- Il était attendu qu’en inhibant l’angiogenese dans les tumeurs, on<br />
devrait décroitre l’efficacité de la chimiothérapie classique.<br />
- Or, les médicaments qui inhibent l’angiogenese semblent en<br />
réalité accroître les effets de la chimiothérapie lorsqu’ils sont<br />
utilisés pour traiter certains cancers humains.<br />
- En effet, l’administration de médicaments anti-angiogeniques<br />
semble normaliser l’architecture vasculaire des tumeurs et ainsi<br />
améliorer le flux sanguin orienté vers elles.<br />
- Le mécanisme d’action proposé inclue la perte des vaisseaux<br />
immatures et l’amélioration de la structure périvasculaire, ce qui<br />
conduit à la normalisation des vaisseaux.<br />
Méthodes pour modifier la distribution<br />
- Une meilleure compréhension des facteurs qui déterminent la<br />
capacité de pénétration d’un médicament permettra d’apporter des<br />
modifications structurales aux composés déjà existants ou le<br />
développement de nouvelles molécules qui pénétreront plus<br />
efficacement le compartiment extravasculaire.<br />
- Les divers aspects qui influent sur le microenvironnement tumoral<br />
pourraient aussi être modifiés pour améliorer la distribution du<br />
médicament. Parmi ceux-ci, on compte la biochimie cellulaire,<br />
l’architecture des vaisseaux sanguins, l’hémodynamique et l’ECM.<br />
Méthodes pour modifier la distribution<br />
Exemple 2: la matrice extracellulaire (ECM).<br />
- La modification de l’ECM peut modifier la pénétration des<br />
médicaments anticancéreux au travers du tissu tumoral.<br />
- L’ECM peut se lier à certains médicaments, et servir ainsi de<br />
« siphon » pour réduire la pénétration.<br />
- Le traitement de sphéroïdes multicellulaires avec la hyaluronidase<br />
accroît leur sensibilité aux médicaments anticancéreux, bien que<br />
cela soit spécifique de certaines lignées de cellules tumorales.<br />
- Le mécanisme supposé est un effet antiadhésif dû à la dégradation de<br />
l’acide hyaluronique permettant aux médicaments de pénétrer le<br />
compartiment extracellulaire plus librement.<br />
26
Méthodes pour modifier la distribution Résistance tumorale<br />
Exemple 3: les molécules basiques.<br />
- Les molécules basiques de type doxorubicin et mitoxantrone ont<br />
été montrées comme étant concentré dans les endosomes<br />
périnucléaires acides.<br />
- In vitro, il est possible de diminuer les gradients de proton<br />
responsables de cette séquestration en incubant les cellules avec des<br />
bases faibles de type chloroquine, ou en inhibant les pompes à<br />
proton qui établissent le gradient de pH dans les endosomes avec<br />
des composés de type omeprazole.<br />
- De récentes expériences, basées sur ce type de stratégies, ont<br />
montré une diminution de la séquestration cellulaire de la<br />
doxorubicin, et une amélioration de sa pénétration et de celle de<br />
la mitoxantrone au travers de cultures cellulaires multicouches.<br />
Résistance acquise<br />
Les diverses façons d’acquérir une résistance...<br />
Gottesman. Annu Rev Med, 53:615–27, 2002<br />
La résistance tumorale peut se subdiviser en deux grandes catégories :<br />
- Résistance Intrinsèque :<br />
- fonction du type de la tumeur<br />
- fonction du microenvironnement de la tumeur<br />
- Résistance Acquise<br />
Phénotype “Multi-drug resistance”<br />
- L’echec d’un traitement curatif des patients atteints d’un cancer<br />
résulte d’une résistance intrinsèque ou acquise de la tumeur vis-àvis<br />
des médicaments chimiothérapeutiques.<br />
- Dans le cas présent, la résistance des tumeurs apparaît non pas<br />
face à une simple molécule, mais entraîne une résistance croisée<br />
vis-à-vis d’un large panel de médicaments dont les structures<br />
moléculaires et les cibles cellulaires varient.<br />
- Ce phénomène est appelé « multiple drug resistance (MDR) »<br />
(Multi résistance aux médicaments).<br />
- Le MDR limite sévèrement l’efficacité de la chimiothérapie dans<br />
un large spectre de tumeurs et est responsable, en partie, de<br />
l’efficacité relativement limitée des médicaments cytotoxiques.<br />
27
Phénotype “Multi-drug resistance” Phénotype “Multi-drug resistance”<br />
- Les médicaments cytotoxiques dont l’activité est la plus fréquemment<br />
liée avec le phénotype MDR sont des molécules hydrophobiques ou<br />
amphipathiques, telles que les taxanes (paclitaxel et docetaxel), les<br />
vinca alkaloids (vinorelbine, vincristine, et vinblastine), les<br />
anthracyclines (doxorubicin, daunorubicin et epirubicin), les<br />
epipodophyllotoxins (etoposide et teniposide), les antimetabolites<br />
(methorexate, fluorouracil, cytosar, 5-azacytosine, 6-mercaptopurine<br />
and gemcitabine), le topotecan, et la mitomycin C.<br />
- La résistance des cellules cancéreuses provient, dans ce cas, de la<br />
surexpression de transporteurs membranaires qui induisent un<br />
accroissement de l’efflux du médicament de l’intérieur vers<br />
l’extérieur de la cellule cancéreuse, diminuant ainsi sa<br />
concentration intracellulaire.<br />
- La surexpression des transporteurs de type « ABC » (ATP-binding<br />
cassette) est responsable du phénotype MDR.<br />
Phénotype “Multi-drug resistance”<br />
De nombreuses études essaient de contourner le MDR en :<br />
- utilisant des médicaments anticancéreux qui ne sont pas<br />
reconnus par le MDR, dans son ensemble (cyclophosphamide,<br />
irofulven), ou qui sont reconnus par seulement certains types<br />
de transporteurs ABC (5-fluorouracil)<br />
- modifiant les molécules reconnues par le MDR (exemple des<br />
anthracyclines : annamycin et doxorubicin-peptide).<br />
- administrant des molécules, non toxiques par elles-mêmes,<br />
mais capables d’inhiber l’activité d’un ou plusieurs<br />
transporteurs ABC (« MDR inhibitors, MDR modulators, MDR<br />
reversal agents » ou « chemosensitizers »). Néanmoins, malgré<br />
les récentes avances dans ce domaine, nous sommes toujours<br />
loin d’avoir des molécules susceptibles d’être appliquées et<br />
efficaces en clinique.<br />
28
Résistance acquise<br />
Les diverses façons d’acquérir une résistance...<br />
Résistance acquise<br />
Amplification génique<br />
Mutations ponctuelles<br />
Sous-expression<br />
Les diverses façons d’acquérir une résistance...<br />
Résistance !!!<br />
Résistance acquise<br />
Les diverses façons d’acquérir une résistance...<br />
Amplification génique<br />
Mutations ponctuelles<br />
Sous-expression<br />
Inhibiteurs des topoisomérases<br />
Inhibiteurs des microtubules<br />
Anti-métabolites<br />
Inhibiteurs de l’EGFR<br />
L’exemple des inhibiteurs de l’EGFR et de Her2<br />
Her2 peut former un hétérodimère avec IGF-IR (« Insulin-like growth factor-I receptor »), récepteur<br />
fréquemment exprimé dans les cancers du sein, hétérodimère sur lequel l’herceptin n’a aucune activité !<br />
29
L’exemple des inhibiteurs de l’EGFR<br />
Mutations fréquemment observées dans les<br />
tumeurs pulmonaires dites « non à petites<br />
cellules »<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Accroît la sensibilité des<br />
cellules tumorales<br />
porteuses de cette forme<br />
mutante d’EGFR<br />
Accroît de 10 à 100x<br />
l’affinité du gefitinib pour<br />
le site de liaison à l’ATP<br />
de l’EGFR<br />
Accroît la gène stérique<br />
réduisant l’accès du<br />
gefitinib au site de laison<br />
à l’ATP de l’EGFR<br />
Multi-résistance aux TKIs<br />
(gefitinib et erlotinib)<br />
Imai et Takoaka. Nat Rev Cancer, 6: 714-727, 2006<br />
Résistance due à une diminution de sa liaison à l’ADN<br />
Le CisPt entre dans les cellules<br />
via des transporteurs (CTR1<br />
notamment, normalement impliqué<br />
dans le transport du Cuivre) ou par<br />
diffusion passive.<br />
La perte de CTR1 résulte en une<br />
diminution de la concentration<br />
intracellulaire en CisPt.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Kelland. Nat Rev Cancer, 7:573-84, 2007<br />
Résistance due à une diminution de sa liaison à l’ADN<br />
30
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance due à une diminution de sa liaison à l’ADN<br />
Le CisPt est activé par<br />
l’addition de molécules d’eau<br />
pour former des espèces<br />
chimiquement réactives. Cela<br />
est généralement facilité par la<br />
concentration relativement<br />
faible d’ion chloride dans la<br />
cellule.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Enfin, l’export actif du CisPt<br />
grâce aux pompes ATP7A,<br />
ATP7B (impliquées dans l’export<br />
du Cuivre) et GS-X, aussi appelée<br />
MRP2 ou ABCC2 (impliquée<br />
dans l’export des produits<br />
conjugués au glutathion), peut<br />
contribuer à la résistance.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance due à une diminution de sa liaison à l’ADN<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance due à une diminution de sa liaison à l’ADN Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
Dans le cytoplasme, les espèces<br />
activées réagissent avec des<br />
molécules contenant beaucoup de<br />
groupements sulfures (contenant<br />
notamment plusieurs cystéine ou<br />
méthionine). Parmi ces molécules, on<br />
inclue le tripeptide glutathion ou les<br />
métallothionéines. Dans quelques<br />
cellules résistantes au CisPt, les<br />
quantités de glutathion et<br />
métallothionéine sont relativement<br />
élevées, diminuant ainsi la<br />
concentration de CisPt activé avant<br />
qu’il ne puisse se lier à l’ADN.<br />
Kelland. Nat Rev Cancer, 7:573-84, 2007<br />
31
Cependant, cette résistance peut<br />
aussi provenir d’une tolérance<br />
accrue de la cellule vis-à-vis<br />
des adduits ADN-CisPt.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
Une fois le CisPt activé est entré<br />
dans le noyau, il se lie<br />
préférentiellement sur l’azote en<br />
position 7 d’une guanine.<br />
L’adduit covalent majeur formé<br />
concerne deux guanines<br />
adjacentes sur le même brin de<br />
l’ADN (intrastrand crosslink); il<br />
existe un adduit mineur qui<br />
implique la liaison de deux<br />
guanines sur les deux brins<br />
opposés de l’ADN (interstrand<br />
crosslink).<br />
Une tolérance accrue peut<br />
provenir de la perte du MMR.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
Le principal mécanisme impliqué<br />
dans la réparation de ces lésions<br />
de l’ADN est le NER; une activité<br />
accrue du NER, en particulier via<br />
une activité accrue de<br />
l’endonucléase ERCC1 (excision<br />
repair cross-complementing-1)<br />
peut se produire dans les cellules<br />
tumorales, et conduire ainsi à une<br />
résistance vis-à-vis des<br />
composés platinés (les adduits<br />
étant réparés avant que ne soient<br />
induites les voies conduisant à<br />
l’apoptose).<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
32
Une tolérance accrue peut<br />
provenir de la nonreconnaissance<br />
des adduits par<br />
les polymerases beta et/ou eta.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
Conclusions (partie III)<br />
- Résistance due à une réduction de la biodisponibilité en<br />
médicaments chimiothérapeutiques :<br />
- Résistance liée aux transporteurs des médicaments;<br />
- Résistance liée à l’architecture de la tumeur;<br />
- Résistance et délivrance vasculaire du médicament.<br />
- Résistance liée aux mécanismes de mort cellulaire.<br />
- Résistance aux médicaments anti-angiogéniques due au stade de la<br />
tumeur et à sa complexité.<br />
- Résistance liée à l’interaction cellule tumorale-matrice :<br />
- Résistance à l’induction de l’apoptose par la présence de<br />
facteurs de croissance (EGF, PDGFs, VEGFs et FGFs).<br />
- Résistance liée à l’adhésion cellule tumorale-matrice qui stimule<br />
les voies de signalisation de survie cellulaire.<br />
Une tolérance accrue peut<br />
provenir d’une sous-expression<br />
des voies pro-apoptotiques.<br />
L’exemple du Cisplatine<br />
Résistance apparaissant après liaison à l’ADN<br />
Conclusions (partie III)<br />
- Une meilleure connaissance de la biologie de la tumeur et de la<br />
biologie de la cellule tumorale a permis l’identification de nouvelles<br />
cibles thérapeutiques.<br />
- Cependant, l’efficacité de la chimiothérapie est limitée par les<br />
difficultés d’accéder et donc d’être délivrée à l’ensemble des<br />
cellules tumorales et par le développement de phénotypes de<br />
résistance aux médicaments.<br />
- Par conséquent, la compréhension des interactions précises<br />
existantes entre médicaments et tumeurs est nécessaire au<br />
design de nouveaux composés (capable de contourner ces<br />
résistances) ou pour définir de nouveaux protocoles de traitement<br />
(basés sur l’administration de molécules qui ne sont pas reconnues<br />
par le même mécanisme de résistance ou des médicaments qui<br />
ciblent spécifiquement le processus activé).<br />
33
Conclusions (partie III) Conclusions Générales<br />
Par exemple, nous avons vu que la résistance au CisPt peut être<br />
associée avec un accroissement de l’activité du NER ou un<br />
accroissement de l’activité des enzymes impliquées dans le<br />
métabolisme du gluthation...<br />
- L’accroissement de l’activité du NER peut être « combattue »<br />
par l’utilisation du trabectidin.<br />
- L’accroissement de l’activité des enzymes impliquées dans le<br />
métabolisme du gluthation peut être « combattue » par<br />
l’utilisation de nouveaux composés, tels que le TLK286, une<br />
prodrogue préférentiellement activée par l’enzyme GST pi-1<br />
(GSTP1), induisant le relarguage intracellulaire d’un médicament<br />
de type moutarde azotée. Cette stratégie exploite l’accroissement<br />
de la quantité de GSTP1 dans les tumeurs résistantes aux<br />
platines et l’utilise pour activer préférentiellement la molécule dans<br />
les cellules cancéreuses. TLK286 est actuellement en cours<br />
d’évaluation clinique.<br />
- Il est probable que la chimiothérapie, par elle-seule, ne permettra<br />
jamais de guérir tous les types de cancer.<br />
- Néanmoins, son efficacité, lorsqu'elle est combinée avec la<br />
radiothérapie ou la chirurgie, est aujourd’hui évidente.<br />
- De plus, l’arsenal thérapeutique disponible (entre 50 et 100<br />
molécules) est de plus en plus étoffé et large, offrant de nouvelles<br />
possibilités de traitement.<br />
- Ainsi, il est vraisemblable que l’amélioration combinée de la<br />
prévention, de la détection et du traitement conduira à un<br />
accroissement de l’espérance de vie des patients et permettra de<br />
guérir un nombre de croissant de cancers dans les années à venir.<br />
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