RWANDA La revue hebdomadaire de la presse rwandaise ... - Eurac

Sommaire :
R W A N D A
La revue hebdomadaire de la presse
rwandaise
N° 315 du 29 janvier au 4 février 2008
Les Points Focaux
Editorial :
La hantise sécuritaire du régime de Kigali et les enjeux du phénomène NKUNDA
Politique :
Parrain ou conseilleur, Blair s’intéresse à Kagame ; mais pourquoi ?
Sécurité :
La RDC : destination finale de contrebandiers ; Le Rwanda dans le collimateur d’une ONG
bruxelloise
Economie :
Le Rwanda décide d’investir dans ses pierres
Justice et Droits humains :
Ban Ki-Moon voudrait que les détenus du TPIR soient jugés au Rwanda
Le Pouvoir, la Terre et …les Vaches !

Éditorial
La hantise sécuritaire du régime de Kigali et les enjeux du
phénomène NKUNDA
Le rideau est tombé sur la Conférence de la Paix, Sécurité et Développement de Goma/Est de la
RDC du 6 au 24 janvier 08. Elle réunissait une pléthore de 1300 délégués venus de partout au Congo.
KIGALI intéressé a cru sage de ne pas montrer son nez dans la Conférence. Il a, en effet, vu juste car
sa présence aurait justifié l’invitation à la dite conférence lancée par le gouvernement de la RDC aux
FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) rwandaises qui sèment la terreur dans ces
deux KIVU et exploitent les mines d’or et d’autres minerais stratégiques de ces Kivu. Ainsi, malgré
le refus catégorique de KIGALI, un espace de dialogue inter rwandais tant demandé par l’opposition
politique rwandaise de la diaspora dont ces FDLR aurait posé ses prémisses.
Hélas ! Les régimes issus de la guérilla, en l’occurrence celui de Museveni l’Ougandais qui accepte
tant bien que mal les négociations avec Joseph KONY de la LRA et celui de KAGAME le Rwandais
qui trouve que ces forces politico militaires, les FDLR, sont des résidus de la force d’un pouvoir qui
a commis le génocide en avril-juillet 1994 sur les Batutsi, eh bien ! Ces régimes manifestent une
résistance farouche à toute velléité de partage du pouvoir négocié avec ceux qu’ils prennent sans
grande conviction, tenez-vous bien, comme leurs adversaires d’hier quand ceux qui pilotent lesdits
régimes actuels étaient dans les maquis. Mais il faut dire qu’en politique, on doit épuiser toutes les
cartes du jeu pour se laisser courber et aller à la table de négociation. Mais là encore, les dites
négociations ne sont pas du tout sincères. Dans cette vision de négociations non consentantes mais
arrachées difficilement à son adversaire, tout compromis prend des allures d’une paix hypothéquée.
Souvenez-vous des Accords forcés d’Arusha d’Août 1993 entre le Gouvernement HABYARIMANA
et le FPR Inkotanyi et les conséquences tristement négatives qui en ont été découlées. Le pouvoir en
Afrique est très succulent au point qu’on exploite toutes les voies possibles pour le garder sans
partage et sans espoir d’alternance. Cela se comprend surtout car du moment qu’un tel régime se
décide tant bien que mal à ouvrir l’espace politique, les jeux sont faussés, et par lui, et par son
opposant politique. Le cas de la récente présidentielle au Rwanda avec des écarts de langage
insupportables de Mr TWAGIRAMUNGU qui briguait la haute magistrature le prouve à volonté. La
question que semblent se poser les dirigeants de cette Afrique Centrale serait : - ‘‘Si je cède le
pouvoir, aurais-je la vie sauve et tranquille comme c’est le cas des anciens présidents Arap Moi
(Kenya), Hassan Mwinyi (Tanzanie),…’’. Au cas où les caudillos actuels rwandais ou Ougandais
avaient la bonne volonté de donner tous les outils idéologiques et démocratiques du pouvoir à leurs
concurrents, rien ne dit que leurs successeurs n’empuantiraient la vie sociale et qu’ils ne détruiraient
toutes les infrastructures juridiques, légales et administratives difficilement et patiemment remises en
place par leurs successeurs. Ainsi va l’Afrique de nos jours! Le pouvoir se bâtit autour d’une
personne et non sur un système qui se pérennise.
La donne qui reste aux régimes de Kigali et Kampala
Elle se joue dans cet Est de la RDC. Quand Joseph KABILA transforme sa défaite militaire contre
les troupes du général mutin NKUNDA en une victoire politique grâce à la Conférence de Paix du
KIVU, les stratèges généraux présidents MUSEVENI et KAGAME comprennent toute la
signification de ce geste posé par KABILA. Ils peuvent analyser la situation sécuritaire de la région
dans la logique : ceux qui nous portent ombrage (LRA, ADF ougandaises, FDLR rwandaises)
profitent à ce jeune KABILA assis dans un fauteuil dont il n’a versé des dividendes pour le garder
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qu’à nos adversaires au moment où ces dividendes nous revenaient de droit. Concrètement, ils
mijoteraient :
1) De la part de KAGAME,
Les FDLR qui ne sont formées que de résidus d’ex-FAR et d’Interahamwe de sinistre mémoire
forment la vraie ossature de l’Armée congolaise. D’autres ont une formation militaire propre
suffisamment forte et opèrent conjointement ou parallèlement avec les forces congolaises.
Kagame peut penser, sans avoir tort, que KABILA obéit à des lobbies occidentaux très influents ;
que ce monsieur veut aider ces FDLR à affaiblir un pouvoir de KIGALI très craint par cet
Occident, tellement il est organisé et discipliné. Or ces messieurs Occidentaux n’aiment pas un
tel pouvoir fort qu’ils ne savent pas contrôler et ni plier à leurs volontés. Conclusion hâtive et
calculée de la part du Monsieur de KIGALI : -‘‘ Voilà c’est clair, ce jeune fils de son père
Laurent Désiré ne veut que la chute de mon régime car il gagnerait tout le bled de l’Est
Rdcongolais après avoir mâté dans le sang ou par tout autre moyen la rébellion NKUNDA et les
tutsi de la région. Et comme ce NKUNDA joue logiquement la carte sécuritaire que je brandis,
mon appui doit lui être sans équivoque’’.
Voilà une logique de guerre et de confrontation qui ne favorise pas le dialogue car des étrangers
tirent sérieusement sur les ficelles empêchant ainsi les deux familles rwandaises : la hutu et la
tutsi, de suffisamment se réconcilier et de ré entamer sérieusement la voie de la concorde
nationale. Car, ce fameux dialogue inter rwandais réclamé à cor et à cri par ces valeureux
combattants hutus, peut avoir un sens pour ce qui est de l’occupation des postes donnés dans la
hiérarchie militaire et civile rwandaise mais à la condition que ce dialogue ne tourne pas dans le
sens de
-‘‘ Amnistiez-nous tous, même ceux parmi nous (Interahamwe) qui avons durement sévi durant
le génocide des Batutsi de 1994’’. Qu’est ce que ceci signifierait-il ? Que la carte blanche leur est
généreusement offerte pour récidiver ; qu’il leur est toujours permis de propager l’idéologie
chère à eux, selon laquelle majorité hutue= majorité démocratique= prise du pouvoir socio
politique et mis à l’écart de la minorité tutsi. Et le gâchis s’installerait encore dans ce petit pays
gros comme un œuf de la mère poule. Une façon de dire que les uns et les autres doivent assumer
les actes qu’ils ont posés par le passé.
2) De la part de MUSEVENI l’Ougandais ;
Les choses ne se décantent pas non plus. Avec des richesses pétrolifères qui sont à la
frontière des deux pays, des rivalités se réveillent. Et il suffira de voir un certain Joseph
KONY de la LRA/ Lord’s Resistance Army décider d’établir son QG dans la réserve
naturelle congolaise de la GARAMBA pour que KABILA trouve une carte oubliée qu’il peut
utiliser afin de tenir en respect ce vieux président que le pouvoir grise avec ses maintenant 20
ans de pouvoir. Ne l’a-t-il pas pris en 1986 ? Voyez-vous un ancien guérillero qui troque son
bâton de commandement contre des valeurs démocratiques que sont la tolérance et la libre
expression dans la conduite des affaires publiques? Très rares sous tous les tropiques non ?
C’est utopique même.
Et comme nos deux messieurs sont rompus à l’art de guerre, ils vont transporter les tactiques
militaires sur le terrain politique. Quoi donc si tous les deux présidents Ougandais et Rwandais
avaient conclu un accord tacite ou signé avec Laurent Désiré KABILA lors de son transport pour
intronisation à KINSHASA en ces années là 1996-7 ; un accord stipulant que ce dernier allait leur
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garantir à leur frontière, un périmètre de sécurité dans lequel leurs ennemis respectifs LRA/Lord’s
Resistance Army, ADF/Allied Democratic Forces, NALU/ National Alliance for Liberation of
Uganda côté ougandais et ex-FAR/Forces Armées Rwandaises, Interahamwe côté rwandais, ne
devraient plus planter leurs pieds ?
Une solution inespérée pour les deux régimes ougandais et rwandais est peut-être née. Après les très
inefficaces et pas du tout percutants MLC/ Mouvement de Libération du Congo de Jean Pierre
BEMBA appuyé par l’Ouganda et le RCD/ Rassemblement Congolais pour la Démocratie de Me
Azarias RUBERWA parrainé par le Rwanda, il apparaît un jeune général rebelle, Laurent
NKUNDA. Il n’a cure de former d’abord l’aile politique. Non ! Elle viendrait comme conséquence
du mouvement armé qui combat les mouvements armés étrangers qui désolent son territoire. Un
accent particulier est mis sur les FDLR rwandaises. Pourquoi ? Elles doivent être aguerries, celles-là,
autant que les troupes NKUNDA le seraient. Donc ce mouvement de Rwandais qui guettent une
occasion pour rentrer chez eux par la force de leurs armes et tactiques, pourrait venir à bout de
NKUNDA et son CNDP, s’il ne prend pas garde. C’est ici que les forces intéressées dans la
discipline et la détermination que ce dernier affiche peuvent lui apporter leur soutien soit moral soit
matériel.
Tout semble faire croire que si les recommandations de la Conférence de Goma ne sont pas prises en
compte surtout pour ce qui est du traitement des mouvements armés étrangers opérant sur le sol de
l’Est de la RDC qui regorge de pétrole et minerais de haute importance, cela fera que certaines
puissantes compagnies commerciales internationales ne comprennent l’intérêts qu’ils auraient à
exploiter la force de ce général mutin NKUNDA qui bat à plate couture toute une armée nationale 6
fois plus nombreuse que ses troupes. Il s’entend qu’ainsi, les petites puissances rwandaises et
ougandaises ne verront pas d’un mauvais œil une telle évolution de la situation. Mais dans tout ceci,
cette logique de guerre retardera encore davantage les chances de voir repoindre l’harmonie entre
tribus et ethnies de la région de l’Afrique Centrale.
Puis, il y a ces mandats d’arrêts internationaux lancés par un juge espagnol contre quelques 40 hautes
autorités militaires pour avoir sévi contre des ressortissants espagnols essentiellement membres du
clergé de la sacro sainte église romaine opérant entre 1994 et 1996 au Rwanda et en RDC. Le brave
juge met en très bonne place le général KAGAME, commandant suprême de ses troupes. La BBC
interrogeant le fameux juge, en ce 6 janvier 08, celui-ci s’empresse de déclarer que le président
KAGAME, de par son immunité présidentielle, ne peut être arraisonné pour le moment. Ceci
m’emmène à réfléchir sur cette épée de Damoclès pendue sur les têtes des dirigeants rwandais et
comment ceux-ci peuvent se convaincre de céder le pouvoir d’une façon démocratique et
transparente à ceux qui se seront manifestés. Hélas, le groupe MINORISA INSHUTI qui opère de
cette Espagne lointaine prend le relais des lobbies hutu et français qui supportaient le juge Bruguière
et l’encourageaient à lancer des mandats d’arrêts, eux aussi internationaux, contre les mêmes
autorités dans l’affaire de l’explosion criminelle de l’avion du Général Président feu Juvénal
HABYARIMANA en ce 7 avril-là de l’an 1994.
Des leçons à tirer de cette saga des politiciens hutus de la diaspora ?
Ils ne jouent pas franc jeu du moment où ils se cachent derrière la justice politisée des Etats forts afin
de pouvoir affaiblir un régime en place dans leur pays. Cette façon de conjuguer leurs efforts avec les
étrangers, leurs protecteurs, n’est pas en soi une solution adéquate de laquelle une réconciliation d’en
haut (la classe politique rwandaise) pourrait se matérialiser ;
Ils jouent un jeu avec effet boomerang car, les seigneurs de guerre de Kigali, ne craignant ni dieu ni
diable, applaudissent et se félicitent de cette maladroite passe de leur opposition ; une opposition qui
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ne sait pas jouer la tempérance et même initier un certain rapprochement surtout que c’est bien elle
qui est en position de faiblesse. Une opposition qui joue de la confrontation sans armes propres ou à
armes inégales avec les tenants d’un régime dont les maîtres ont su justifier aux yeux et à
l’entendement de la Communauté internationale leur idéal de gestion des problèmes majeurs du pays
(réduction de la pauvreté, démocratie régulée, justice réconciliatrice, éducation pour tous,
désethnocentrisation du régime…), ne peut que changer les stratégies de lutte pour son acceptance
dans l’arène politique rwandaise pour avoir arrêté des objectifs de lutte centrés sur les réalités
quotidiennes des citoyens rwandais et non européo centrés.
D’autre part, et c’est ceci qui est très malheureux, les messieurs de l’opposition qui ne s’amendent
pas et qui persévèrent dans la confrontation inutile, remettent aux calendes grecques les espoirs de la
jouissance d’un climat sain d’apprentissage de la démocratie au Rwanda. Comment ? Faisons un
scénario ci après : ‘‘Je m’appelle Paul KAGAME, j’ai conduit avec satisfaction la lutte pour les
droits autrefois refusés à une partie des Rwandais ; les Batutsi, en 1994. J’ai mis au pouvoir les
KABILA congolais en 1996. Je dirige mon pays avec une discipline de fer pour une production plus
suffisante qu’avant et pour le règne sans partage du pur et dur capitalisme dans mon pays. Et l’on me
promet, avec mes généraux, de me mettre au bagne sitôt que je lâcherai le pouvoir. Ne pensez-vous
pas que vous me donnez la chance de me faire une présidence sans cesse renouvelée ? A vie !’’
Autant vivre éternellement dans les hauteurs plutôt que de descendre aux enfers quand on a occupé
les hautes sphères. Mais alors, la faible lueur de l’apprentissage de la démocratie aura fait son petit
court temps à compter de la date où la menace se précise.
NDJ
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Assisté de NIYIBIZI Boniface
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LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

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Parrain ou conseilleur, Blair s’intéresse à Kagame ; mais pourquoi ?
Ce Président force la sympathie de ses parrains. C’est ce que rapporte GLH (20-30 janvier 08) sous
le titre : ‘‘Blair (Ancien Premier ministre britannique) veut devenir le conseiller de Kagame’’.
Mais au fait il force aussi le respect de ses compatriotes surtout quand il joue le redresseur des torts
comme l’annonce FOCUS (28 janvier-3 février) sous le titre ‘‘La politique de redistribution des
terres soulève un tollé d’ovations à l’endroit de Kagame’’. Tout autant que la presse rwandaise loue
le caractère osé de Kagame ‘le rebelle’ qui ne se formalise pas avec les bassesses, la presse kenyane,
THE EAST AFRICAN (28 janvier-3 février) fait l’autopsie de la maladie kenyane et annonce que
‘‘Le problème du Kenya politique est que ses politiciens sont de la vieille garde’’. IMVAHO
NSHYA (28-30 janvier 08) rapporte à sa ‘une’ que les relations France-Rwanda doivent être
réactivées mais aussi que l’Oncle Sam va atterrir d’ici peu au pays des Mille Collines. Devinez-vous
ce qui l’amène ? Est-ce l’inauguration du joyau qu’est l’immeuble sis à Kacyiru qui, désormais,
abritera la coordination de tous les services régionaux des ambassades et autres agences de
renseignement américaines opérant dans la région des Grands Lacs africains ? Est-ce pour dire à
Kagame de ne pas tomber dans le piège kenyan de Mwai Kibaki quand il entreprendra la campagne
présidentielle de 2010 pour son second et dernier long mandat de 7 ans ?
Blair le Conseilleur de Kagame
« … Tony Blair … va coopérer avec le gouvernement rwandais en tant que conseiller non payé au
près du président Kagame. Dans la première indication du genre de travail que Blair voudrait
entreprendre en Afrique, on peut noter une équipe de 3 experts actuellement au Rwanda pour voir
comment il aidera le pays à renforcer ses capacités. Blair a d’ailleurs été impressionné par la façon
dont le Rwanda s’est transformé après le génocide de 1994. Et il croit qu’il peut aider à collecter les
des fonds pour le gouvernement… L’ancien Premier ministre a manifesté son engagement envers
l’Afrique quand il créa la Commission africain en 2005. Il travailla de pair avec Gordon Brown
pour établir de grands engagements financiers à l’époque où la GB était à la tête des G8 (pays
industrialisés) », rapporte GLH
De fait KAGAME s’embarque dans le redressement des torts commis par ses généraux et autres
chambellans ? Pour l’hebdo FOCUS, Kagame est ovationné par le petit peuple qui jure par tous les
dieux et diables qu’ils l’éliront pour le prochain mandat présidentiel. D’après ces populations de la
province il a agi en virtuose en forçant ses généraux et ministres à céder les gros morceaux de terre
qu’ils avaient pris de force au lendemain de la prise du pouvoir par le FPR en 1994. Certains d’entre
elles avaient été forcées par ces caudillos à quitter leurs lopins de terre que ces nouveaux seigneurs
avaient arrondis jusqu’à…
« Protais Musoni, Ministre de la Bonne Gouvernance et Administration du Territoire avait 430 Ha
de terre dans cette province de l’Est. Il en était ainsi jusqu’à ce qu’il soit forcé de céder tout pour ne
lui rester que 25 Ha de terre. Cet exercice s’est déroulé sous la supervision personnelle du président
Paul KAGAME… Protais MUSONI est seulement un exemple cité parmi d’autres figures
gouvernementales et de top personnalités militaires du pays qui ont été forcées de céder leurs
terres… ».
Comprend-on alors pourquoi le chef qui vole au secours du petit peuple doit renforcer sa dictature
car déposséder une haute personnalité civile ou militaire de quelques centaines d’hectares de terre ne
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leur sont pas spoliées avec un cœur consentant. Encore une fois, les 1800 Ha environ de terre
redistribués aux pauvres paysans n’a pas été une tâche aisée :
«Quelques personnalités ont acquis ces terres par combinaisons de moyens légaux, semi légaux et
entièrement illégaux. Certaines d’entre elles les ont achetées. D’autres ont exercé des intimidations
sur les paysans pour qu’ils abandonnent leurs lopins de terre ou qu’ils les vendent contre leur gré.
Bien plus d’autres grosses personnalités ont usé de la violence contre ces paysans en leur envoyant
des gangs de bandits qui battaient les pauvres paysans qui fuyaient leurs terres et les grosses
personnalités en profitaient pour clôturer toutes ces terres abandonnées. –‘‘Laissez-moi vous dire
que vous ne pouvez pas apprécier à sa juste mesure ce que Kagame a fait à moins que vous ayez
vécu dans les villages où cet exercice s’est déroulé… Personne ne pensait qu’on pouvait arracher
des terres aux ministres et gros militaires. Tout le monde les craignait’’, ainsi se confiait un certain
Patrice NDUGUTEYI du Secteur KARANGAZI de cette Province de l’Est… ».
Toutes ces actions font que Kagame soit admiré par le petit peuple, craint par les chambellans qui, en
privé, et cela se conçoit, doivent le vouer à tous les … Il n’empêche que ses actions semblent multi
formes. Pourquoi cette visite de BUSH, le guerroyeur d’Afghanistan, d’Irak et d’ailleurs? IMVAHO
NSHYA qui entre dans la complicité de ce grand président ne pipe mot.
Officiellement, « au cours de leur entretien, ils insisteront sur les stratégies de coopération dans le
domaine du développement et de la promotion des droits humains, de la démocratie et du libéralisme
sans limites dans le commerce, l’accueil des investisseurs et bien d’autres… ».
Le journal précise que le périple qui conduira le président Bush au Rwanda, en Tanzanie, au Ghana,
au Libéria et au Bénin aura lieu du 15 au 20 février 07.
Entre temps le journal donne le point de vue présidentiel rwandais sur les relations France - Rwanda.
« Le Président de la république Paul Kagame trouve qu’il est nécessaire que le Rwanda et la France
puissent examiner en commun le remède aux dissensions qui ont envenimé les relations
diplomatiques entre les deux pays ; qu’ainsi, ils relèveraient les erreurs commises par le passé et les
redresseraient afin que les relations diplomatiques entre les deux pays soient renormalisées. Ces
déclarations ont été faites par le Chef de l’Etat en ce 25 janvier 07 au cours d’un point de presse
après qu’il ait reçu M. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires Etrangères et sa
délégation ».
L’institution militaire française est sacro sainte. Il n’est point question de l’incriminer pour sa
participation au génocide des Batutsi rwandais de 1994 :
« A la question relative au rôle joué par l’armée française dans le génocide survenu au Rwanda, le
Ministre Kouchner a nié ce rôle… pourtant il accepte que des erreurs politiques ont été commises. Il
a continué à expliquer que l’armée française a aidé l’armée rwandaise d’avant génocide de 1994
dans le domaine de l’entraînement et de la formation militaire… »,
ajoute le journal IMVAHO.
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Les intérêts d’Etat étant ce qu’ils sont, le rapport de la Commission Mucyo aura accéléré les
démarches françaises pour le rétablissement de relations diplomatiques bilatérales. Ne demandez pas
plus ; et surtout pas la publication dudit rapport. Impossible, c’est le mot ! Ce qui importait c’était
moins de sortir la France officielle de son mutisme à propos de son rôle joué dans le génocide des
Batutsi rwandais de 1994, mais plutôt qu’elle abandonne le camp idéologique ethnocentriste
extrémiste hutu de ceux (présentement les FDLR) qu’elle a aidé à parfaire le génocide de Batutsi de
1994. En politique, cela s’appelle affaiblir ses opposants politiques.
Pourtant, cette façon sérieusement musclée de se débarrasser de ses adversaires politiques ne fait que
accumuler un capital de méfiance, une haine, un rejet de l’autre réciproquant des deux camps
politiquement branchés : l’un nationalisant ou nationaliste et l’autre ethnocentrisant ou
ethnocentriste. C’est le moment de se demander que quand la politique officielle du régime actuel est
à la réconciliation à des échelons inférieurs de la société, surtout qu’on est entrain de voir tout un
peuple rwandais entrain de panser ses plaies et cicatrices qui se rouvrent et se referment de temps en
temps, pourquoi les ambitieux politiques rwandais ne peuvent pas initier ce chemin de la tolérance et
de la compréhension de l’autrui ?
La situation est loin d’être tout autre au Kenya dont on espérait des leçons fermes de valeurs et
principes démocratiques qui se distancent de toute tricherie et de tolérance et respect de la volonté
populaire. Sous le titre ‘‘Le problème du Kenya politique est que ses politiciens sont de la vieille
garde’’, THE EAST AFRICAN (29 janvier-3 février 08), n’en croit pas ses yeux eu égard à la
situation kenyane pourrie par les leaders de ‘la vieille garde’ :
« La prochaine révolution kenyane ne sera plus aussi violente que celle à laquelle nous assistons en
ce moment. Mieux, elle sera le rejet de la génération d’hommes qui a donné des leaders politique à
ce pays (le Kenya). La majorité des politiciens actuels, même celui qui vient de prêter serment pour
la haute magistrature du pays dans des circonstances peu ordinaires, sont dans l’arène politique
bien longtemps avant la naissance de la plupart de citoyens Kenyans actuels. Le président Mwai
KIBAKI est de 1931 ; l’ex- président Daniel Arap Moi est né en 1924. Ils marchent toujours en
branlant vers le pouvoir, incapables qu’ils sont d’y renoncer pour s’y être perchés durant un bon
demi siècle. Leur génération est celle qui est trempée dans la politique de l’arithmétique tribale,
dans un nationalisme cynique ; leurs (anti) valeurs ont contaminé plusieurs milliers de jeunes qui
courent partout dans le pays dans une folie de massacres… j’étais porté au respect de mes aînés, et
ils sont nombreux à qui je dois du respect. Mais le temps est venu d’évaluer et d’analyser dans
l’ensemble dans un esprit profondément personnel comment la génération de nos leaders qui nous
ont conduit de l’indépendance vers les temps actuels sanglants et dangereux. Le plus vieux est né
dans les années 1920 et le plus jeune, vers les années 1940 – l’opposant Raila Odinga qui est né en
1945 est l’aile jeune de cette génération. Ils peuvent être mis dans une même génération car leur
vision de ce qui constitue le Kenya et leur rôle est largement partagé. Cette génération a joué et
continue de jouer un rôle prééminent en politique, dans un notre vie intellectuelle et dans la
communauté des businessmen. Alors que nous avons des personnalités capables et bien intentionnés,
la caractéristique de cette génération de leaders est l’échec de leur gestion de la société
kenyane… »,
écrit l’analyste de THE EAST AFRICAN. Une analyse qui est facilement transposable à la longue et
douloureuse histoire du Rwanda où l’on ne voit d’où viendra la résurgence d’un véritable dialogue
populaire, d’une confiance retrouvée entre Rwandais, d’une gestion transparente de la société basée
sur des critères d’estime, d’équité et de mérite car en lieu et place de ceux-ci, nous assistons à des
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compositions dans le leadership rwandais inspirées des sensitivités politiques qui tiennent rarement
compte de ce que l’autre vaut mais plutôt de considérations qu’il faut jeter aux rebuts.
Malheureusement, les cartes du jeu ne sont pas maîtrisées par les tenants du régime en place. Les
bailleurs de fonds de nos économies faibles pèsent dans la balance et, ils ont souvent le dessus.
ND.J
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

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La RDC : destination finale de contrebandiers
GLH (20-30 janvier 08) rapporte que
« GRIP/Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité vient de publier à Bruxelles
son rapport sur les transferts et trafics d’armes dans la région des Grands Lacs, et le Rwanda est
considéré comme le centre de cette activité. (…) Les pays comme la Libye, la Russie, la Bulgarie et
la Bosnie Herzégovine sont mentionnés dans le rapport comme les principaux fournisseurs d’armes
pour cette région, selon les preuves sur le terrain. (…) Un vaste réseau de transferts et de trafics est
en place, violant ainsi chaque fois l’embargo contre les armes en RDC. Ce trafic d’armes constitue
même l’une des causes principales des conflits armés en RDC et dans la région tant il est vrai que ce
‘commerce macabre’ nourrit bien son monde ».
Le problème de ces rapports d’ONG s internationales c’est qu’elles ne donnent pas des faits tangibles
et que leurs enquêtes se réfugient dans les généralités. Pas de noms de contrebandiers, le rapport
nage dans le temps et dans l’espace, pour alourdir davantage les propos accusateurs qu’elle tient :
« Les armes ont continué à circuler en grande quantité en RDC, principalement dans les deux Kivu
et en Ituri, … le Rwanda est au cœur des trafics. Ce groupe (GRIP) affirme qu’un rapport non
publié « accusait le Rwanda d’avoir armé au moins jusqu’en août 2003 des milices de l’Est de la
RDC. Au cours du Ier semestre de 2004, de multiples informations ont fait état de livraisons d’armes
en provenance du Rwanda. Le Groupe poursuit que ‘‘Le groupe d’experts des Nations Unies a
conclu que le Rwanda violait les sanctions en apportant une aide directe et indirecte aux soldats
mutins de Jules MUTEBUTSI et de Laurent NKUNDA pendant leurs opérations contre les FARDC
(et qu’) en plus les rebelles rwandophones de l’Est congolais disposaient d’une filière
d’approvisionnement en armes d’Afrique du Sud via le Rwanda’’ »
Pardi ! Ceci est plausible hein ! Mais pourquoi le groupe s’acharne-t-il sur le Rwanda d’il y a 4 ans
et passe sous silence des tonnes d’armes que la RDC a récemment fourni aux FDLR dans leur guerre
contre les troupes de Laurent NKUNDA ? Pourquoi, tant qu’on y est, ce GRIP ne souffle mot des
armes que les éléments de la MONUC ont offert aux FDLR rwandaises en échange contre or et
diamants que ces dernières extraient des mines se trouvant dans le périmètre qu’elles occupent dans
cet est de la RDC.
Tristes sont nos ONGs qui exploitent leurs activités à des fins politiques. A ce point il est difficile de
se fixer sur la vraie réalité sécuritaire de la région. La LDGL/ Ligue des Droits de la Personne dans
la Région des Grands Lacs, quant à elle, n’hésite pas à qualifier de régional le conflit qui sévit dans
l’Est de la RDC. Il le déclare dans le communiqué sanctionnant la réunion de son Comité Directeur
réuni entre le 27 et le 29 décembre 07 :
« La LDGL s’inquiète de l’activisme des groupes tant nationaux qu’étrangers à l’Est de la RDC, ce
qui a une incidence très négative sur la paix et la sécurité des citoyens, mais aussi sur
l’environnement. Plus particulièrement, la province du Nord-Kivu connaît une véritable catastrophe
humanitaire due au déplacement de près d’un million de citoyens à l’intérieur de la province suite
aux affrontements entre les éléments de Laurent NKUNDA et l’armée congolaise.
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

PAGE 11 SECURITE
La LDGL déplore que cet état de belligérance est caractérisé par la violation du droit international
humanitaire, la recrudescence d’actes de viol et l’enrôlement d’enfants par les chefs de groupes
armés.
La LDGL, tout en saluant la tenue de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement au
Nord-Kivu dans la mesure où elle peut rapprocher les communautés, rappelle néanmoins au regard
de la dimension régionale du conflit armé, la seule mise en œuvre des accords signés dans le cadre
de la Tripartite Plus offre une voie réelle de sortie à la crise qui sévit en RD Congo ».
Le Pion NKUNDA s’avance lui-même dans le jeu d’échecs
Le jeu est congolo congolais mais des pions étrangers y jouent un rôle actif. NKUNDA ayant montré
sa force de frappe participe à la table de la Conférence de paix de Goma ; une conférence qui prend
des allures d’une victoire politique des KABILISTES au moment où ils venaient d’être battus sans
appel sur le terrain. Des scénarios de sortie honorable de cette guerre sont entrain d’être dressés par
des puissances intéressées. GLH interroge l’ambassadeur de l’Union européenne sur le sort qu’il
pense être réservé au glorieux général mutin Laurent NKUNDA qui, par la voix de son délégué
KAMBASU NGEVE à ladite Conférence déclare solennellement que « des mandats auraient été
émis contre certains parmi les chefs militaires du (CNDP/ Mouvement politico militaire de L.
NKUNDA). Le CNDP les déclare sans fondement ». Le diplomate trouve que la furie de ce
bouillant général dépasse tout entendement et que seule l’annulation de ces papiers pourrait…
« Les mandats d’arrêt ont été certifiés en Septembre 2005 par le gouvernement congolais et
l’Organisation des Nations Unies. Des ONGs telles Human Rights Watch ont accusé NKUNDA
d’avoir commis des crimes de guerre et de sérieux abus contre les droits de la personne. A BUKAVU
en 2004 et à KISANGANI en 2002, ses soldats auraient commis des exécutions sommaires, violé des
villageoises et torturé des soldats ennemis… ‘‘C’est vrai qu’il y a un mandat d’arrêt contre
NKUNDA, qui, si je comprends bien, a été signé par le gouvernement congolais, a dit
l’Ambassadeur de l’Union Européenne au Rwanda, David Mc Rae…, il pourrait être annulé par la
RDC », rapporte GLH.
Mais ses exigences ne s’arrêtent pas à cela uniquement :
« … le CNDP demande au gouvernement de prendre ‘‘l’exacte mesure de la menace’’ des milices
actives dans la région dont les ex-FAR/Interahamwe, ADF/NALU, LRA et les FNL/Palipehutu. Il
exige de débarrasser le Congo de ces forces dites génocidaires… », rapporte GLH.
Et puis comme tout valeureux vainqueur, il doit exiger que son mouvement politique soit reconnu et
qu’il participe dans les instances du gouvernement et de l’Assemblée provinciaux des deux KIVU.
Et cette exigence ne serait pas pour plaire au jeune KABILA car la présence du CNDP dans les
instances dirigeantes provinciales signifierait le renforcement du suivi et du monitoring des accords
de paix signés à la conclusion des travaux de cette Conférence de Goma et une pression permanente
sur Kinshasa pour qu’il se désolidarise officiellement et dans les faits du mouvement politico
militaire des FDLR rwandaises qui lui est d’un soutien essentiel dans les grosses provinces de l’Est
de la RDC.
ND.J
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

Page 12 ECONOMIE
Le Rwanda décide d’investir dans ses pierres
On savait, depuis longtemps, que le Rwanda dispose de ressources immenses en pierres pour la
fabrication de carreaux utilisés dans la construction, par exemple, et voilà que le gouvernement
décide de mettre la main à la pâte, aidée par des experts chinois. C’est à l’Ouest du pays que seront
installées les premières usines, si l’on en croit GRANDS LACS HEBDO 20 au 30 janvier.
« Le Rwanda aura mis en place à Nkuli dans la province de l’Ouest vers la fin de cette année 2008,
une industrie de production de carreaux à partir des pierres. Selon le ministre en charge de la terre,
des mines et de l’Eau, Christophe Bazivamo, cette initiative coûtera 2,5 millions de $. ‘ Le
gouvernement du Rwanda a décidé de mettre en place une industrie d’extraction de pierres, et
produire des carreaux qui seront utilisés dans la construction à l’intérieur du pays ou exportés dans
les pays de la région ou alors sur d’autres marchés étrangers. Il le fera seul ou en partenariat avec
le secteur privé dont il invite les membres à se faire inscrire pour s’associer au projet’, a annoncé le
ministre Bazivamo. Le ministre des mines a précisé que les machines de l’usine coûteront 1 million
de $, les machines pour l’extraction des pierres exigeront 1,2 millions, tandis que le salaire des six
experts qui assureront la maintenance des équipements et la formation des techniciens s’élèvera à
300 000 $… »
Les sites potentiellement exploitables sont nombreux, mais celui de Nkuli a été choisi en premier.
« …Quelques experts chinois ont fait le tour du Rwanda et ont jugé que Nkuli, dans le district de
Nyabihu, en province de l’Ouest, dispose de pierres qui produiront des carreaux de bonne qualité.
Bien plus, le site est doté d’eau et d’électricité dans sa proximité, deux atouts majeurs pour la mise
en place d’une usine. Le deuxième retenu est celui de Nyagatare, dans la province de l’Est. Les
autres sites dont les pierres ont été appréciées sont Munanira à Kigoma, dans l’actuel district de
Nyanza, en province du Sud. L’île de Mbabara à Mushubati dans l’ex province de Kibuye qui
produit la pierre de marbre a aussi attiré l’attention des experts chinois. Le Rwanda jugera de
l’opportunité de construire d’autres usines. ‘L’essentiel c’est de commencer d’abord…’ »
Ailleurs, le même journal révèle qu’au Burundi voisin, des centaines de tonnes de cassitérite et de
colombo-tentalite sont vendues sur le marché noir à l’insu des autorités de ce pays.
« Au moins 300 tonnes de cassitérites et de colombo-tentalite à l’état brut sont sorties
frauduleusement du Burundi ces derniers temps, selon les résultats d’une enquête récente révélés
lundi à la PANA par le président de l’Observatoire de lutte contre la corruption, les malversations
économiques et financières (OLUCOM, indépendant), Gabriel Rufyiri. Selon Rufyiri, les enquêtes
ont permis d’identifier un réseau de trafiquants opérant depuis le Nigéria et la Zambien, en passant
par la RD Congo, avec des complicités locales au Burundi. L’OLUCOM, qui indique que le
phénomène dure depuis juillet 2007 et pourrait avoir déjà fortement saigné le Trésor public, salue, à
ce propos, une récente saisie de 100 tonnes de cassitérites, tout en reconnaissant que les enquêtes
pour situer toute l’ampleur du phénomène ne sont pas aisées du fait des fortes pressions sur les
enquêteurs… »
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

Page 13 ECONOMIE
Est-on au terme de la crise du carburant au Rwanda ?
Très optimiste, THE NEW TIMES affiche en manchette: “La crise de carburant est finie.’’ Les
confrères de FOCUS, eux, restent prudents et disent même qu’il faudrait une fois encore mieux
organiser le rationnement aux stations d’essence. Le quotidien rwandais se félicite que les nombreux
approvisionnements en carburant en cours permettront de stabiliser les prix, mais pour combien de
temps, justement, quand on sait que les troubles au Kenya sont loin de connaître leur épilogue !
« Malgré l’escalade de la violence au Kenya, les prix de carburant continuent à se stabiliser alors
même que les camions citernes arrivent régulièrement à la frontière ougandaise de Malaba en
provenance de Mombasa. ‘ Beaucoup de camions citernes remplis de carburant sont en route vers le
Rwanda…’, affirme Salem Niyokwizigira, un chauffeur qui transporte du carburant pour le compte
de la société Kobil au Rwanda…Les milieux d’affaires dans le secteur pétrolier restent confiants et
pensent que la situation ira s’améliorant. ‘ Avec l’arrivée de camions citernes en provenance de
Mombasa se dirigeant vers l’Ouganda, le Rwanda, la RDC et Juba, c’est clair que la crise est à son
terme’, déclare Patrick Mugwanya en charge des camions citernes au poste frontière de Malaba.
Escortés par les forces armées fournies par le gouvernement kenyan, 20 camions citernes arrivent à
Malaba, quotidiennement… »
Ce ne serait pas le carburant qui manque, mais ce sont les retards dans les approvisionnements qui
créent problème.
« La semaine dernière, nombreuses stations de pétrole, à Kigali, étaient en rupture de stock, ce qui
est étrange si l’on tient compte du fait que le gouvernement ne cesse de répéter qu’il y a
suffisamment de réserves dans le pays. Les officiels du ministère du commerce disent que cette
pénurie est due aux retards des livraisons, étant donné qu’actuellement les réserves sont assez
fournies. Néanmoins, si la crise kenyane perdure, le gouvernement devrait faire recours à l’usage de
coupons d’essence pour mieux contrôler son rationnement… »
La crise kenyane n’a pas seulement des répercutions sur ses voisins, à l’intérieur du pays, les pertes
sont énormes. Des milliers d’employés dans les usines et dans les hôtels ont perdu leurs emplois.
Quant à l’horticulture, elle s’en tire plus ou moins bien, mais juste pour l’instant. L’avenir reste
incertain pour l’industrie horticole kenyane qui génère des millions de dollars à l’économie
nationale.
« Les acheteurs des fleurs kenyanes s’inquiètent de la capacité des fournisseurs à continuer les
livraisons à long terme…Mme Ngige (PDG du Conseil kenyan des fleurs) a déclaré qu’en dépit du
fait que les pertes subies, jusque là, s’évaluent en millions, la situation est sous contrôle…Il y a des
problèmes qui pourraient causer une hausse des prix mais, ils sont maîtrisés. Dans certaines
localités, le problèmes majeur est que les travailleurs ne parviennent pas à se présenter au
travail…Les lieux les plus affectés sont Eldoret, Mount Elgon, Kericho et Katare…Ici, la situation
revient lentement à la normale mais la peur crée des incertitudes et cela affecte la production…Les
horticulteurs des zones d’Equateur, Panacol, Maji Mazuri, Mt Elgon et Soloboit font le transport de
leurs cargaisons à bords de convois sous escorte jusqu’à Nakuru, ce qui complique la logistique et
le travail dans son ensemble. Dans la plupart d’exploitations des environs de Naivasha le travail
continue normalement…tous les produits périssables sont souvent transportés de nuit afin de réduire
les risques d’attaques… »
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

Page 14 ECONOMIE
On comprend bien que le pays de Mwai Kibaki est loin de redevenir le havre de paix qu’il a été par
le passé. Les investisseurs du secteur touristique qui font pression au gouvernement pour que celui-ci
commence une campagne de sensibilisation des tours opératoires étrangers pour qu’ils remettent le
Kenya sur leurs agendas risquent de perdre la bataille. Selon THE EAST AFRICAN, ils argumentent
en disant que les zones touristiques n’ont pas été affectées par les troubles et que donc, le tourisme
est encore possible à Mombasa et ailleurs.
Le tourisme, justement. Les cinq pays de la Communauté Est africaine (EAC) sont d’accord pour
l’exploitation en commun des ressources touristiques de la région. Sous le titre « Une politique
commune dans l’EAC afin de booster le tourisme », l’hebdomadaire kenyan, THE EAST
AFRICAN, confirme que les Etats membres de l’EAC veulent faire de leurs sites touristiques une
seule destination pour les milliers de touristes qui prennent d’assaut cette partie du continent, chaque
année.
« …2008 apporte de bonnes nouvelles avec la East African Community qui vient de décider de faire
de la région une seule destination touristique…Les cinq Etats membres ont décidé d’initier une
approche collective et coordonnée dans la promotion et le marketing d’un tourisme de qualité à
l’intérieur de la communauté. Cela inclut aussi la protection et le contrôle de la faune et de la flore.
Dans le but de mettre en pratique cette politique commune, le secrétariat de l’EAC est en train de
mettre sur pied les modalités pratiques en vue de permettre une redistribution équitable des
bénéfices…Le conseil des ministres de l’EAC a recommandé la mise en place d’une agence de
coordination du tourisme, de la faune et de la flore qui servira de cheville ouvrière dans la
campagne commune de marketing…Les ministres chargés du tourisme, de la faune et de la flore se
rencontreront dans les premiers mois de cette année dans le but de finaliser le processus de mise en
place de cette agence… »
Selon toujours le journal kenyan, cette initiative vise également à harmoniser les standards dans le
secteur hôtelier et favoriser le tourisme intérieur (effectué par les populations des cinq Etats) à des
coûts réduits. Mais, une fois encore, pensons d’abord à rassurer les touristes et le reste suivra.
L’insécurité c’est le meilleur ennemi de l’industrie touristique.
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008
N.B.

PAGE 15 JUSTICE ET DROITS HUMAINS
Ban Ki-Moon voudrait que les détenus du TPIR soient jugés au Rwanda
Le Rwanda souhaitait un soutien de poids, dans sa bataille pour le transfert des procès d’Arusha à
Kigali, eh bien, il l’a eu ! Le secrétaire général de l’ONU a bien précisé qu’il était d’accord que les
détenus d’Arusha soient jugés au Rwanda, lors de sa visite au pays, au début de la semaine dernière.
Mais, comme on peut le lire dans l’hebdomadaire kenyan, THE EAST AFRICAN de la semaine du
28 janvier au 3 février, Human Wrights Watch maintien sa position sur ce qu’il qualifie de « procès
inéquitables » auxquels seraient exposés les présumés génocidaires d’Arusha, une fois jugés par la
justice rwandaise. Seulement, selon THE NEW TIMES du 30 janvier, le patron de l’organisation
onusienne a tenu à préciser qu’il reviendra aux juges du TPIR de décider, en dernier ressort, s’il faut
faire confiance à la justice et aux juges rwandais.
« Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a déclaré qu’il soutient la demande du Rwanda de
juger les suspects de génocide détenus par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda basé à
Arusha. Ki-Moon a fait cette déclaration, hier, lors de la conférence de presse conjointe avec le
Président Paul Kagame, au Village Urugwiro, juste après leur entretien…Cependant, il a dit que le
pouvoir de décision au sujet de ces transferts est entre les mains des juges. Le mandat du TPIR
prend fin cette année et le Rwanda a déjà fait part de sa volonté de juger les détenus qui n’auront
pas été traduits en justice par le tribunal. ‘ Je salue également l’abolition de la peine de mort par le
président Kagame’, a déclaré le patron de l’ONU. Le procureur du TPIR, Boubakar Jallow, a déjà
présenté sa demande de transfert de trois présumés génocidaires au Rwanda mais on attend la
décision de la chambre du tribunal. L’ONU finance les travaux du tribunal depuis sa création en
1995. La juridiction internationale a déjà jugé 35 cas, dont cinq acquittements. Six détenus attendent
leur jugement, alors que 27 autres cas sont en cours de jugement… »
Cette prise de position du numéro un de l’ONU doit sérieusement déplaire à Human Rights Watch
(HRW), l’organisation qui lutte pour les droits de l’homme, militant, depuis des mois, contre ce
transfert des détenus d’Arusha vers Kigali. Selon donc THE EAST AFRICAN,
« …le conseil général de Human Rights Watch, Dinah Pokempner, soutient que, dans l’état actuel
du système judiciaire rwandais, il ne peut pas garantir des procès équitables…HRW prétend qu’en
dépit des progrès remarquables enregistrés par le Rwanda dans l’amélioration de son système
judiciaire, des obstacles à des procès équitables et crédibles subsistent, spécialement pour les
personnes accusées de génocide et d’autres crimes contre l’humanité. Des chercheurs de HRW font
le monitoring du système judiciaire au Rwanda depuis 2005, et font l’évaluation du pas franchi
depuis les réformes engagées de 2002 à 2004. Ces chercheurs ont fait le monitoring de la justice
classique et les gacaca, ont interrogé des dizaines de personnes travaillant sur terrain : des juges,
procureurs, avocats, les membres des organisations non gouvernementales rwandaises et
internationales. Ils ont aussi interrogé des Rwandais ayant bénéficié ou souffert des performances de
leur système judiciaire…Les informations rassemblées par les chercheurs de HRW démontrent que
ces transferts ne seront pas autorisés parce que les pratiques des tribunaux rwandais ne s’inscrivent
pas dans la droite ligne de ses lois (celles du TPIR). Les cours et tribunaux rwandais sont sous
l’influence des politiques…HRW prétend que ces transferts seraient une violation de l’article 7 de la
convention sur les droits politiques et civiles, que le Rwanda a signé… »
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

PAGE 16 JUSTICE ET DROITS HUMAINS
L’hebdomadaire gouvernemental IMVAHO qui, par le passé, a eu le temps de contester, avec
vigueur, les rapports de HRW, nous apprend, cette semaine, que « le TPIR va organiser cinq
nouveaux procès de génocide. » A en croire ce journal, citant une dépêche de la BBC,
« Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) prévoit de juger cinq nouveaux cas
de génocide pour les crimes commis au Rwanda. Il s’agit du lieut. colonel Ephrem Setako, un
des chefs militaires de l’époque, Callixte Karimanzira, ancien chef de cabinet au ministère de
l’intérieur, Augustin Ngirabatware, ex ministre du plan, Dominique Ntawukuriryayo, ex sous
préfet de Butare et Bagaragaza Michel, ancien directeur de l’office du thé…Augustin
Ngirabatware qui figure aussi sur la liste, a été arrêté en Allemagne et c’est là qu’il est
encore en détention. Le TPIR espère que son transfert sera accepté. Parmi les chefs
d’accusation qui pèsent contre lui, il y a le fait d’avoir utilisé les fonds du ministère pour
l’achat d’armes qui ont servi dans le massacre d’un million de Rwandais… »
Pendant que les procès des présumés génocidaires se déroulent à Arusha, la machette tue à
Naivasha, Eldoret et ailleurs, exactement comme on le faisait en 1994, sur toutes les collines
rwandaises. Ainsi, à en croire GRANDS LACS HEBDO du 20 au 30 janvier, les Rwandais
s’inquiètent et se demandent comment leur horrible expérience du génocide ne sert pas de
leçon aux autres pays, même les plus proches, comme le Kenya. Sous le titre « La crise
kenyane aux yeux Rwandais », le journal écrit :
« …au Rwanda, une inquiétude profonde semble toucher même ceux qui n’ont aucune
connaissance au Kenya…on se demande comment il se fait que les Luos et Kikuyus, entre
autres, ne semblent pas avoir tiré une leçon des expériences des Rwandais lors des atrocités
de 1994. Parlez-en à Ntihabose Ismaël, un chauffeur de taxi à Kigali qui n’avait que 13 ans
lors du génocide au Rwanda. Il raconte que les images des milices au Kenya qui passent à la
télé et sur Internet lui sont trop familières. ‘ C’est une situation que j’ai déjà connue’, dit-il,
d’un ton grave…Quand il pense à la crise kenyane, l’image d’une tête sans corps, plaidant
encore pour sa vie, revient le hanter…Alex Kayiranga, un retraité de 59 ans, se dit aussi
inquiet. ‘ Si le gouvernement (kenyan) n’essaye pas d’arrêter ce qui se passe, on pourrait se
retrouver dans une situation similaire à celle qu’a vécue le Rwanda, ça pourrait mener au
génocide’, dit-il… ‘Beaucoup d’Africains pensaient que les leçons apprises en 1994
s’appliquaient juste au Rwanda’, explique le Dr. James Vuningoma, doyen des arts et langues à
l’Institut supérieur de Kigali. ‘ La violence dont on est témoin aujourd’hui, est une
reproduction de l’histoire’… »
C’est donc un vrai changement dans le regard que les Rwandais portaient au Kenya. Avant la crise
kenyane, les gens avaient une image idyllique du Kenya : un pays prospère qui a su tirer profit de
son accès à l’océan indien et qui sait attirer plus de touristes que ses plus proches voisins.
Aujourd’hui on s’inquiète pour ce pays qui vient de plonger dans les massacres tribaux, un peu
comme les autres. Le Kenya est donc devenu, aux yeux des Rwandais, un Etat ‘‘africain’’comme les
autres, vulnérable ! L’ère de la stabilité et la prospérité n’avait que trop durer.
L’enseignement serait-il au rabais, au Rwanda ?
Après la publication des résultats des examens nationaux, l’éditorialiste de THE NEW TIMES du 30
janvier, sous le titre « La génération perdue de notre système d’éducation », se demande si, tout
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

PAGE 17 JUSTICE ET DROITS HUMAINS
compte fait, le ministère de l’éducation n’est pas en train de créer une génération de jeunes élèves
« génétiquement attardés ». La question qu’il pose est claire : Comment se fait-il que sur plus de
100 000 élèves du primaire qui ont passé l’examen national en 2007, seuls 26,74 % ont pu obtenir
38% et plus ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes, nous dit ce confère qui ne manque pas de préciser
que nous ne sommes pas là, dans des conditions normales d’un système d’éducation normal. Un
pavé dans la marre quand on sait que des rapports avaient déjà établi que la majorité des élèves
internes, au secondaire, vivent dans une insalubrité inquiétante et la promiscuité, et que, pour
couronner le tout, certains d’entre eux ont fait de la haine ethnique une religion.
« …Je parle des examens nationaux des écoles primaires et secondaires dont les résultats viennent
d’être publiés dans le Sunday Times. Ces résultats sont choquants, c’est le moins que l’on puisse
dire. Sur 100 000 élèves qui ont passé les examens en 2007, seuls 26,74% ont atteint la note
exigée…le ministère avait tout fait pour réduire cette note jusque même à 38%, un maximum que
trois quarts de nos enfants n’ont pas pu atteindre ! En 2006, il fallait avoir au moins 43,3%…mais là
aussi seul le tiers des élèves ont pu satisfaire à cette exigence du conseil national des examens.
Voulons-nous créer une génération d’enfants génétiquement attardés, ou alors c’est notre système
d’éducation qui pose problème ?… »
THE NEW TIMES révèle aussi que, dans certaines écoles primaires, des enfants n’ont pas eu le droit
de passer l’examen national. Motif : ce sont des cancres qui risquent de faire baisser la moyenne des
réussites, au sein de l’établissement, et par extension, dans tout le district. Parce que, effectivement,
les autorités des secteurs et des districts exigent des taux élevés de réussites, contrats de performance
signés devant le président de la république exigent ! Ahurissant ! Le ministère a même exigé une
enquête afin que les coupables soient sanctionnés.
« …Les officiels du ministère de l’éducation ont décidé de sévir contre ces écoles qui ont refusé aux
enfants jugés peu performants le droit d’être inscrits sur les listes de ceux qui devaient passer les
examens. Certaines écoles ont même choisi de chasser les cancres en leur disant d’aller chercher
des places ailleurs. Tout cela est fait dans le but d’être classées parmi les meilleures écoles sur le
classement annuel…Affirmer que le Rwanda est devenu une société de compétition, ce n’est pas trop
dire, mais la compétition ne doit pas être une excuse qui permet de passer par des chemins de
travers comme certaines écoles en ont fait l’ habitude… »
Visiblement un peu trop déçu, l’auteur de l’article de THE NEW TIMES ajoute, enfin :
«…Non seulement certaines écoles sont devenues des havres de haine et de l’idéologie du génocide,
mais il y en a aussi qui ne sont plus que les vaches laitières de leurs propriétaires qui mettent le
profit avant les services à rendre… Quelque soit le remède que peut proposer le ministère de
l’éducation et le conseil national des examens, ils doivent revoir leur politique visant à réduire la
note de réussite, chaque année, pour la simple raison que beaucoup d’élèves n’ont pas pu
l’atteindre.»
« Le MINEDUC n’arrive pas à convaincre les parlementaires », peut-on lire en manchette dans
GRANDS LACS HEBDO qui rappelle que la ministre Mujawamariya Jeanne d’Arc et ses proches
collaborateurs sont accusés d’avoir failli à leur mission dans la bataille de la lutte contre ce que le
discours officiel qualifie d’ ‘‘idéologie du génocide’’. Pourtant, comme le révèle l’hebdomadaire, la
ministre a des solutions à proposer.
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

PAGE 18 JUSTICE ET DROITS HUMAINS
« …la ministre Mujawamariya a fait savoir à la commission que chaque élève et chaque enseignant
aura une fiche de situation (familiale) qui fera objet de cote de son comportement. C’est cette même
fiche qui fera objet d’évaluation ou d’acceptation chaque fois que le possesseur change d’école. En
plus de cela, la ministre a révélé que chaque école sera doté d’un enseignant intègre qui s’occupera,
plus spécialement, des problèmes en rapport avec l’idéologie du génocide… ‘ un enseignant
véhiculant l’idéologie du génocide ne doit pas être muté, mais doit être immédiatement radié …et
jeté en prison pour des poursuites appropriées’, a assuré Mme Mujawamariya… »
Les contenus des manuels scolaires sont également au rendez-vous. Mais c’est là aussi la preuve que
trop peu de choses ont été faites, ces 13 dernières années, de ce côté là.
« …Les députés rwandais se sont engagé dans un combat acharné contre l’idéologie génocidaire, et
ont demandé la suppression des manuels scolaires d’apprentissage de la langue rwandaise
contenant les discours de l’ex président Juvénal Habyarimana qui, selon eux, ‘ véhiculent le
message divisionniste qui a conduit au génocide’…Sont également visés, à la demande des députés,
les textes de Mathieu Ngirumpatse, président de l’ex parti présidentiel, le Mouvement Républicain
National pour la Démocratie et le Développement (MRND) fondé par Habyarimana en 1975.
Ngirumpatse est en procès au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha.
Ainsi, tous ces livres contenant de tels textes seront détruits avant septembre 2008. La ministre
Mujawamariya a également promis que de nouveaux manuels scolaires d’apprentissage en
kinyarwanda seront distribués d’ici le mois de mars… »
Et d’où viennent justement ces nouveaux manuels ? Pourquoi avoir attendu 2008 pour faire cette
distribution ? Décidément la ministre actuelle de l’éducation a trop de dossiers à traiter, avant la fin
de cette année !!
Le Pouvoir, la Terre et …les Vaches !
Il y a deux choses essentielles dans la vie de nos responsables politiques et militaires : le pouvoir et
la terre. Que ce soit ici au Rwanda ou dans les pays voisins ! Et le pouvoir n’est rien d’autre qu’un
poste « viandé » qui donne accès aux richesses (des villas, la terre et les vaches pour le prestige).
Cela s’est vérifié au Kenya, juste après les indépendances. Aussitôt les colons blancs partis, le leader
indépendantiste, Jomo Kenyatta, est allé distribuer des terres aux Kikuyu, dont nombreux étaient
d’anciens Mau-Mau, en guise de récompense. Les conséquences de ce geste commencent à peser
lourd, on le sait. Au Rwanda, après la victoire des combattants du Front Patriotique Rwandais (FPR)
sur l’ancien régime, les chefs militaires qui avaient le vent en poupe, leurs amis et autres puissants
cadres du parti vainqueur ont occupé, parfois au forceps, des terres dans les ex provinces d’Umutara
et Kibungo. Ils se sont partagé les plus belles terres d’élevage comme un gâteau d’anniversaire, un
peu comme pour célébrer leur victoire. Moins de 200 personnes, en tout, avaient des milliers
d’hectares des fois sous exploités, occupées par un troupeau de vaches qu’on va visiter le week-end,
juste pour le plaisir. Voici comment un confère du journal FOCUS nous parle de la manière dont ces
puissants hommes du régimes ont acquis les terres que le Président de la République vient de
redistribuer à d’autres citoyens rwandais qui étaient dans le besoin :
« …Ces gens ont acquis ces terres à l’aide d’une combinaison de moyens légaux, semi-légaux et
complètement illégaux. Certains les ont achetées. D’autres ont intimidé les paysans et les ont
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PAGE 19 JUSTICE ET DROITS HUMAINS
chassés ou alors ils les ont obligés à vendre leurs propriétés contre leur gré. Mais d’autres encore
ont fait usage de la violence, comme l’envoi de gangs de jeunes dans les villages pour battre des
gens et les obliger à quitter leurs portions de terres que les puissants hommes se pressaient de
clôturer…M Nduguteyi, déclare qu’il y a cinq ans, il a vu, de ses propres yeux, une famille qui a été
chassée de sa propriété après qu’un groupe de jeune est venu battre le chef de la famille avec des
bâtons. ‘Quelques jours plus tard, nous avons appris qu’un haut gradé de l’armée était venu
clôturer la parcelle’, dit M Nduguteyi (nous ne pouvons pas publier le nom de ce général étant
donné qu’il n’est pas facile de vérifier cette histoire)… ‘ Laissez-moi vous dire, vous ne pouvez pas
faire une bonne appréciation de ce que Kagame a fait si vous ne vivez pas dans ces villages’, avoue
Patrice Nduguteyi, résident du secteur Karangazi, en province de l’Est… ‘ Personne n’aurait
imaginé que ces ministres et ces militaires remettraient ces terres. Les gens les craignent
beaucoup’… »
Seulement, dans son discours du 1 er février, le Président de la République a tenu à rappeler que les
ex ‘‘grands propriétaires’’ d’Umutara et Kibungo ne sont pas si puissants qu’on le croit. En peu
comme pour leur rappeler qu’il n’y a pas plus puissant que lui !
« ‘…les autorités n’ont pas raison de tout accaparer…Quand on n’a pas raison de faire quelque
chose et qu’on le fait, on n’a pas de force…Je le sent quand je discute avec eux…ils n’ont rien à me
dire…’ » , a expliqué Kagame.
Cependant, comme le rappelle le journal FOCUS, au départ, ces dignitaires ne croyaient pas qu’ils
pouvaient être dépourvus de leur « butin de guerre ». Il a fallu qu’un général prenne la tête de la
Commission chargée de redistribuer toutes les terres mal acquises.
« …Il était impossible d’obliger ces grands hommes à céder ces terrains. La ministre des terres et
l’environnement, Patricia Hajabakiga avait pris la direction de la Commission chargée de la
redistribution des terres, mais elle n’y est pas parvenu. Il a fallu que Kagame amène l’énergique et
infatigable Général Fred Ibingira pour remplacer Hajabakiga pour que le travaille arrive à son
terme… »
« La parcelle du ministre Protais Musoni a été distribuée à 40 personnes », titre l’hebdomadaire
gouvernemental, IMVAHO un peu comme pour faire un clin d’œil à ses lecteurs en leur disant : ‘‘
Saviez vous que le ministre de l’Administration Locale du Développement Communautaire, et des
Affaires Sociales avait, à lui seul, plus de 400 ha !’’ Mais il lui reste quand même 25 ha, juste pour la
consolation. Ainsi, selon FOCUS ,
« Le ministre de l’administration locale, Protais Musoni, avait 430 ha, en province de l’Est, jusqu’à
lundi de la semaine dernière, quand il a été obligé de céder 405 ha aux autres, dans une activité qui
était supervisée par le Président Kagame en personne. 25 ha ont été octroyés au frère du ministère
(c’est un major de l’armée, ndlr). Le reste a été distribué à 38 personnes sans terres du district de
Gatsibo… »
A la question d’un journaliste du journal UKURI qui lui demandait s’il gardait encore confiance en
ses proches collaborateurs dont les noms ont été ternis par la récente redistribution des terres, lors de
la conférence de presse tenue au Village Urugwiro, le Président Kagame a indiqué qu’il garde
toujours confiance en ses proches, un large sourire aux lèvres. Signe peut-être qu’il plaisantait. En
LES POINTS FOCAUX N° 315 Semaine du 29 janvier au 4 février 2008

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bon disciple de Machiavel, il sait bien gérer la montée en puissance de ses proches, en prenant à
témoin le peuple, pour mieux les contrôler sans s’en séparer. La ‘‘garde rapprochée’’, c’est ce qu’un
Chef africain a le plus cher, et ça il ne peut l’ignorer.
N.B
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