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Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie

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N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006<br />

rante, est hors sens commun.<br />

Lire un poème <strong>de</strong> Pasolini à la lettre et<br />

en contiguïté permet d’écrire et <strong>de</strong> lire<br />

l’au-<strong>de</strong>là du sens <strong>de</strong> sa création, ce qu’il<br />

y a d’insu pour le sujet dans sa création.<br />

L’intitulé du poème choisi enseigne :<br />

« Danses ». Danser c’est accor<strong>de</strong>r son<br />

corps à un rythme <strong>de</strong> sons, <strong>de</strong> signifiants.<br />

Ce corps doit tenir <strong>de</strong>bout, en<br />

position érigée et mobile au regard <strong>de</strong><br />

l’autre. Qu’y a-t-il au-<strong>de</strong>là du sens commun<br />

sinon ce rapport pulsionnel pour<br />

faire vivre un sujet.<br />

En 1944-49 le drame pasolinien est<br />

que la pureté infantile ne suffit plus à<br />

tenir son mon<strong>de</strong>. L’enfance est pour<br />

lui une promesse <strong>de</strong> bonheur qui est en<br />

contiguïté au désir maternel. Le drame<br />

<strong>de</strong> la puberté le déchire, il a honte <strong>de</strong><br />

son homosexualité envers les jeunes<br />

adolescents. Le primat du scopique<br />

permet pour autant <strong>de</strong> faire tenir le<br />

sujet Pasolini face au gouffre du vi<strong>de</strong><br />

subjectif dans son mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> jouissance<br />

selon le mo<strong>de</strong> d’articulation dynamique<br />

que nous avons décrit entre le<br />

signifiant, le scopique et le corps. Ce<br />

qui prédomine est le rapport à son idée<br />

<strong>de</strong> la jouissance <strong>de</strong> la mère petite fille,<br />

promesse <strong>de</strong> bonheur dans l’enfance<br />

qui fait également son rapport à la<br />

faute.<br />

En 1974 le drame pasolinien est autre.<br />

Rien ne vient parer au vi<strong>de</strong>. La promesse<br />

<strong>de</strong> bonheur dans l’enfance disparaît.<br />

Le scopique dans sa fonction<br />

est <strong>de</strong>venu fugitif, il ne renvoie uniquement<br />

et définitivement qu’à une<br />

ombre immobile, l’ombre <strong>de</strong> son enfance<br />

perdue. La promesse <strong>de</strong> bonheur<br />

est <strong>de</strong>venue une ombre, une forme<br />

qui renvoie à la figure figée <strong>de</strong> la mort.<br />

Le scopique <strong>de</strong>vient bloc <strong>de</strong> glace, obstacle<br />

mortifère. Il a perdu l’élan du<br />

moteur subjectif d’autrefois. Face au<br />

vi<strong>de</strong> un appel vain est fait envers le<br />

père et sa fonction. Ce vi<strong>de</strong> paternel<br />

pouvait déjà être lu en 1949, non par<br />

l’illusoire lecture d’une défaillance <strong>de</strong> la<br />

métaphore paternelle, concept <strong>de</strong>venu<br />

obsolète, mais par l’absence <strong>de</strong> fonc-<br />

“L’interprétation”<br />

19 octobre 2006<br />

Interprétation<br />

et répétition agie<br />

Robert Mancini<br />

16 novembre 2006<br />

Interpréter,<br />

pourquoi ?<br />

Michel <strong>de</strong> M’Uzan<br />

21 décembre 2006<br />

Preocessus<br />

et interprétation<br />

Monique Cournut-Janin<br />

tion <strong>de</strong> création du moins que nous<br />

avons mis en évi<strong>de</strong>nce. La nomination<br />

Danses a-t-elle à voir avec le fait que<br />

Carlo Alberto a dilapidé sa fortune à la<br />

mort <strong>de</strong> son père alors qu’il était très<br />

jeune pour une danseuse ? Ce qui<br />

importe pour Pier Paolo est que la faillite<br />

<strong>de</strong> ce qui unit, la blessure mortelle <strong>de</strong><br />

l’enfance se ravive par la cassure du<br />

lien avec Ninetto Davoli. Ce qui faisait<br />

tenir en 1949 Pasolini, le nouage<br />

envers « la mère petite fille », ne supplée<br />

plus. L’Amour s’est effondré<br />

comme à l’âge <strong>de</strong> trois ans. La photographie,<br />

fictive, puisque ses parents se<br />

sont rencontrés alors que Carlo Alberto<br />

était déjà militaire, représente l’avant<br />

<strong>de</strong> la déflagration qui le pousse au suici<strong>de</strong>.<br />

A la place du scopique qui se<br />

meut sans pouvoir accrocher un nouage<br />

i<strong>de</strong>ntitaire ne se profilent que le réel<br />

<strong>de</strong> l’arête du bloc <strong>de</strong> glace et la photographie<br />

qui met la rupture pubertaire<br />

en place <strong>de</strong> faute subjective.<br />

Ce poème dans ses <strong>de</strong>ux formes d’écriture<br />

peut être lu comme paradigmatique<br />

d’une lecture <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Pasolini.<br />

Le primat du scopique qu’il recèle<br />

et son <strong>de</strong>stin peuvent également interroger<br />

la bascule subjective provoquée<br />

par le passage vers l’art cinématographique<br />

à partir <strong>de</strong> 1961. ■<br />

Hervé Hubert*,<br />

Caroline Happiette**<br />

*Psychiatre, Psychanalyste, Elan Retrouvé,<br />

Paris,<br />

**Master <strong>de</strong> Psychologie, Paris XIII<br />

Bibliographie<br />

(1) voir HUBERT H., Transsexualisme, du<br />

syndrome au sinthome, Thèse <strong>de</strong> Psychologie,<br />

Université Rennes 2, février 2006<br />

(2) DE CECCATTY R., Pasolini, Folio Biographies<br />

Gallimard, Paris, 2005, p. 22<br />

(3) id, p. 31<br />

(4) in PASOLINI P. P. P. , La nouvelle jeunesse,<br />

NRF, Gallimard, Paris, 2003, p. 311<br />

(5) opus cité, p. 305.<br />

(6) i<strong>de</strong>m, p. 67-70.<br />

(7) i<strong>de</strong>m, p 241-244.<br />

18 janvier 2007<br />

La naissance<br />

<strong>de</strong> l’interprétation<br />

Gilbert Diatkine<br />

22 mars 2007<br />

Interpréter l’Œdipe ?<br />

Michèle Perron-Borelli<br />

24 mai 2007<br />

L’interprétation<br />

selon D. Winnicott<br />

Jean-François Rabain<br />

21 juin 2007<br />

Relance associative<br />

et interprétation<br />

Sylvie Dreyfus-Asséo<br />

LIEU DES CONFÉRENCES : UNIVERSITÉ RENÉ DESCARTES<br />

Un jeudi par mois à 21h15. Conférences ouvertes à tout public - 12 rue <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine 75006 Paris<br />

Renseignements : Société Psychanalytique <strong>de</strong> Paris, 187 rue Saint-Jacques, 75005 Paris. Tél.<br />

01 43 29 66 70 lundi-mercredi <strong>de</strong> 9h à 13h et mardi-jeudi <strong>de</strong> 13h à 17h. E-mail :<br />

spp@spp.asso.fr. Site internet : www.spp.asso.fr. Inscriptions : secrétariat <strong>de</strong> la Société<br />

Psychanalytique <strong>de</strong> Paris uniquement pour le cycle complet ou sur place, le soir <strong>de</strong> la conférence<br />

pour les conférences à l’unité ou le cycle complet. Cycle complet <strong>de</strong>s conférences du jeudi :<br />

90 € (60 € pour les étudiants - joindre copie carte), à l’unité : 15 € (10 € pour les étudiants<br />

sur présentation <strong>de</strong> la carte). AUCUNE INSCRIPTION N’EST PRISE PAR L’UNIVERSITÉ RENÉ<br />

DESCARTES.<br />

LIVRES ET REVUES<br />

La subjectivation<br />

François Richard, Steven Wainrib<br />

et al.<br />

Dunod, 24 €<br />

L’usage du concept <strong>de</strong> subjectivation<br />

est apparu en psychanalyse pour rendre<br />

compte <strong>de</strong> formes <strong>de</strong> souffrances psychiques<br />

liées à la construction d’un espace<br />

psychique différencié. Son développement<br />

pose la question d’un<br />

concept limite entre l’intra-psychique<br />

et l’inter-subjectit, susceptible <strong>de</strong> relier<br />

la diversité <strong>de</strong> nos pratiques.<br />

Pour R. Cahn le terme même <strong>de</strong> subjectivation<br />

implique qu’il s’agit d’un sujet<br />

processuel, construit à partir <strong>de</strong> ses<br />

liens aux autres. Son actualisation et<br />

sa reconnaissance constituent l’objet<br />

ultime <strong>de</strong> la démarche analytique. S.<br />

Wainrib développe une architecture<br />

<strong>de</strong> la subjectivation, un réseau <strong>de</strong> liens<br />

ouverts, <strong>de</strong> l’association psychosomatique<br />

aux multiples stratégies du désir<br />

qui ont à rencontrer les cadres <strong>de</strong> la<br />

vie avec les autres. R. Roussillon relance<br />

la question vers l’appropriation<br />

subjective, abordant notamment les<br />

problématiques narcissiques en donnant<br />

une extension nouvelle à l’idée<br />

freudienne d’une « ombre <strong>de</strong> l’objet tombée<br />

sur le moi ». Parti <strong>de</strong> la dynamique<br />

<strong>de</strong> la symbolisation et <strong>de</strong> l’appropriation<br />

subjective dans le transfert, le travail<br />

<strong>de</strong> F. Richard mène aux logiques<br />

à l’oeuvre entre désubjectivation psychotique<br />

et création. C. Chabert appuie<br />

sa recherche sur la double lecture d’une<br />

cure analytique, reprise 15 ans après,<br />

en fonction <strong>de</strong> l’émergence <strong>de</strong> la notion<br />

<strong>de</strong> subjectivation. Pour R. Kaës le<br />

sujet est un intersujet, et le groupe est<br />

vu comme un espace psychique commun<br />

et partagé dans lequel se nouent<br />

<strong>de</strong>s alliances inconscientes entre les<br />

sujets qui le constituent. A. Carel traite<br />

d’une intersubjectalisation, mettant<br />

l’accent sur un processus qui change<br />

le bébé et son environnement. S’appuyant<br />

sur son expérience institutionnelle<br />

<strong>de</strong>s adolescents, B. Penot pose<br />

la nécessité d’un détour par l’espace<br />

psychique <strong>de</strong>s soignants pour restituer<br />

au patient les repères signifiants qui<br />

lui ont fait défaut.<br />

Avec la collaboration <strong>de</strong> Raymond Cahn, André<br />

Carel, Bernard Penot, René Roussillon, René Kaes.<br />

Les copains<br />

Liens d’amitié entre enfants et<br />

entre adolescents<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Jean-Philippe<br />

Raynaud, Danièle Guilbert, Jean-<br />

Clau<strong>de</strong> Cébula<br />

Enfances & Psy 2006 n°31<br />

Erès, 15 €<br />

Dans la première partie <strong>de</strong> ce numéro<br />

sur l’amitié, on perçoit qu’ainsi aller<br />

vers l’autre, c’est aussi aller vers soi.<br />

Très tôt, soutenus en cela par les adultes,<br />

les enfants élisent parmi leurs pairs<br />

ceux qui seront leurs copains, pour<br />

quelques jours ou pour la vie (H. Gane,<br />

C. Graindorge, B. Assezat). Les affinités,<br />

les sympathies, le plaisir <strong>de</strong> la réciprocité<br />

<strong>de</strong>s liens et <strong>de</strong> l’attachement<br />

(R. Dugravier, N. Gue<strong>de</strong>ney, A.-S. Mintz)<br />

se mettent en place très tôt et constituent<br />

un véritable théâtre du lien extrafamilial.<br />

Avec plus ou moins <strong>de</strong> satisfaction,<br />

plus ou moins <strong>de</strong> violence,<br />

les enfants découvrent, expérimentent,<br />

mettent à l’épreuve et échafau<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

amitiés, dans lesquelles ils engagent<br />

leurs assises narcissiques en <strong>de</strong>venir<br />

et qui, en retour, participent à leur<br />

construction (D. Brun, B. Assezat).<br />

Quand vient le temps <strong>de</strong>s copains, tous<br />

les professionnels <strong>de</strong> l’enfance savent<br />

à quel point, même si les émotions, les<br />

sentiments, les joies et les blessures<br />

sont vécus « pour <strong>de</strong> vrai », les amitiés<br />

constituent une sorte d’extraordinaire<br />

terrain <strong>de</strong> construction gran<strong>de</strong>ur nature<br />

du sujet en <strong>de</strong>venir, <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> ses relations aux autres, <strong>de</strong> sa différenciation.<br />

Que ce soit à l’école<br />

(E. Go<strong>de</strong>au, F. Navarro, C. Vignes), à<br />

l’occasion <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>nces à un journal<br />

« ami » (S. Clochard, B. Carrère, Ch. Metzger)<br />

ou <strong>de</strong> questionnements sur le corps,<br />

la sexualité, l’accès à la parentalité (M.<br />

Prudhomme).<br />

L’influence <strong>de</strong>s pairs, en particulier à<br />

l’adolescence, est <strong>de</strong> mieux en mieux<br />

connue. Dans les actions <strong>de</strong> prévention<br />

visant les adolescents, on sait que<br />

faire passer <strong>de</strong>s messages par les pairs<br />

est bien plus efficace que tous les arguments<br />

<strong>de</strong>s doctes spécialistes. On<br />

sait aussi qu’en matière d’expérimentations<br />

<strong>de</strong> toxiques, le rôle, dissuasif<br />

ou incitatif, joué par les pairs est bien<br />

supérieur à celui <strong>de</strong> l’entourage familial<br />

ou <strong>de</strong>s professionnels. Ainsi, les<br />

mouvements d’i<strong>de</strong>ntification se jouent<br />

largement hors du théâtre familial, par<br />

exemple au sein <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> la<br />

tribu (J.-P. Le Run). A l’occasion <strong>de</strong>s rencontres,<br />

la quête du semblable et <strong>de</strong><br />

l’altérité est une aventure à la fois riche<br />

et risquée (J.Ph. Raynaud).<br />

Les relations interpersonnelles nous<br />

nourrissent et nous exposent, nous<br />

ren<strong>de</strong>nt à la fois plus forts et plus vulnérables.<br />

Pierre Bourdieu, théorie et<br />

pratique<br />

Perspectives franco-alleman<strong>de</strong>s<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Yves Sintomer<br />

et Hans Peter Muller<br />

La Découverte, 25 €<br />

Ce n’est pas un livre d’hommage, même<br />

si cette dimension n’est pas absente<br />

dans les contributions réunies. Il s’agit<br />

<strong>de</strong> prendre au sérieux l’œuvre du plus<br />

grand sociologue français <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong><br />

moitié du XX e siècle en s’interrogeant<br />

sur ses apports et sur les tensions<br />

qui parcourent son œuvre, en<br />

jetant sur celle-ci <strong>de</strong>s lumières contrastées,<br />

en la comparant avec d’autres<br />

problématiques. La secon<strong>de</strong> ambition<br />

est d’interroger Pierre Bourdieu dans<br />

une perspective franco-alleman<strong>de</strong>. Par<br />

décentrement, un tel regard permet<br />

<strong>de</strong> jeter <strong>de</strong> nouvelles lumières sur les<br />

sciences sociales françaises et sur les<br />

sciences sociales en général, sur Pierre<br />

Bourdieu et sur les questions qu’il a<br />

travaillées. Les rapprochements et les<br />

comparaisons que l’on trouve en constituent<br />

un exemple, Pierre Bourdieu y<br />

est notamment mis en regard avec<br />

Martin Hei<strong>de</strong>gger, Ludwig Wittgenstein,<br />

Niklas Luhmann ou Jürgen Habermas.<br />

Le double éclairage franco-allemand<br />

propose un mélange entre <strong>de</strong>s approches<br />

plus fidèles à la lettre <strong>de</strong> l’œuvre<br />

<strong>de</strong> Pierre Bourdieu et d’autres plus distanciées.<br />

Il s’agit d’approfondir notre<br />

connaissance <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Pierre<br />

Bourdieu et <strong>de</strong> tester leur valeur heuristique<br />

pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos sociétés.<br />

Les cinq premiers chapitres portent sur<br />

le cadre théorique général en détachant<br />

certaines notions, en effectuant<br />

<strong>de</strong>s comparaisons ou en étudiant telle<br />

ou telle problématique. Une préoccupation<br />

théorique parcourt les autres<br />

contributions, avec le souci <strong>de</strong> travailler<br />

systématiquement les rapports qu’entretient<br />

la théorie avec les recherches<br />

empiriques. Les six chapitres suivants<br />

permettent <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong>s pans <strong>de</strong><br />

la réception <strong>de</strong> Bourdieu en France et<br />

en Allemagne, en sociologie et en histoire.<br />

Ils donnent <strong>de</strong>s points d’appui<br />

pour un regard décentré.<br />

Enfin, les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers chapitres portent<br />

sur les rapports entre le savant et<br />

le politique.<br />

Terrain privilégié <strong>de</strong>s paradoxes et <strong>de</strong>s<br />

mises en tension, alchimie complexe<br />

et fragile entre investissement narcissique<br />

et investissement objectal <strong>de</strong>s<br />

liens, l’amitié, comme toute aventure<br />

humaine, comporte ses risques, ses<br />

mises à l’épreuve, ses impasses. Elle<br />

traverse la vie et est traversée par elle,<br />

avec ses crises et ses violences (S.<br />

Bour<strong>de</strong>t-Loubère, A. Piernikarch), mais<br />

aussi avec ses moments magiques et<br />

le plaisir à « être avec » (F. Hocini, C.<br />

Potel-Baranes).<br />

PSYCHANALYSE ■ 9<br />

L’ennui et l’enfant<br />

La lettre <strong>de</strong> l’enfance et <strong>de</strong><br />

l’adolescence juin 2005 n°60<br />

Erès, 13 €<br />

Ce numéro propose, autour <strong>de</strong> l’ennui<br />

et l’enfant, une réflexion illustrée par<br />

la clinique et par les pratiques professionnelles.<br />

Tâche qui révèle que l’ennui<br />

peut être une passion comme une<br />

autre. Ce qui est la thèse <strong>de</strong> Martine<br />

Menès, à propos du désir du rien.<br />

Mais l’ennui est aussi fatigue et lassitu<strong>de</strong>,<br />

préoccupation et inquiétu<strong>de</strong>, agacement,<br />

attente impatiente, déconvenue.<br />

Le refuser, n’est-ce pas refuser le<br />

manque, l’incomplétu<strong>de</strong> ? C’est ce<br />

qu’évoque un article collectif (I. Chevalier,<br />

M. Matrand, N. Murcier) autour<br />

<strong>de</strong> l’hypothèse du « refus <strong>de</strong> l’ennui<br />

comme défense contre l’impossibilité <strong>de</strong><br />

combler l’autre ». L’enfant du passé s’ennuyait<br />

probablement aussi. Ne seraitce<br />

pas plutôt le regard sur l’ennui, ses<br />

manifestations, ses causes, qui ont<br />

changé ? C’est ce qu’abor<strong>de</strong> Clau<strong>de</strong><br />

Schau<strong>de</strong>r dans sa contribution sur<br />

l’évolution <strong>de</strong> la société et l’ennui <strong>de</strong>s<br />

jeunes. Pourtant les poètes, les écrivains,<br />

en ont souligné la dimension<br />

créative et <strong>de</strong>ssiné les contours incertains,<br />

ce que montrent les poèmes <strong>de</strong><br />

ces jeunes filles d’un atelier d’écriture<br />

d’IMP tels que les a recueillis Françoise<br />

Brossier Mével.<br />

Comment la littérature enfantine, adolescente,<br />

ou les programmes télévisuels<br />

tiennent-ils compte aujourd’hui<br />

<strong>de</strong> l’ennui ? Marina D’Amato s’interroge<br />

sur la télé comme remè<strong>de</strong> à l’ennui<br />

d’enfants captifs <strong>de</strong>s programmes.<br />

L’ennui, « état <strong>de</strong> lassitu<strong>de</strong> involontaire<br />

engendré par la rencontre fortuite d’une<br />

certaine situation et d’un certain individu<br />

», état toujours singulier donc, rappelle<br />

Mathieu Ledoux, fait peur, d’abord<br />

et peut-être surtout aux adultes.<br />

Robert Toboul, avec son « plaidoyer<br />

pour l’ennui » en définit les frontières<br />

avec la dépression pour en souligner<br />

l’aspect constructif dans « le processus<br />

<strong>de</strong> maturation qui fait <strong>de</strong> l’enfant un<br />

adulte ». Véronique Dufour propose un<br />

travail sur l’ennui <strong>de</strong> l’enfant dit surdoué.<br />

Dominique Ottavi interroge cet ennui<br />

contemporain, « absence du sens, au<br />

sens propre, du temps et <strong>de</strong> l’espace qui<br />

débouche sur l’absence du sens <strong>de</strong> l’effort<br />

». Il commence dès la crèche (Irina<br />

Roufidou : les bébés et l’ennui), continue<br />

à l’école (Isabelle Lechevallier :<br />

l’ennui au collège), et s’épanouit le dimanche,<br />

c’est ce qu’Olivier Cadot et<br />

Francine Ferreira illustrent avec une situation<br />

particulière certes : <strong>de</strong>s enfants<br />

en foyer d’accueil.<br />

Dans « l’obscure clarté <strong>de</strong> l’ennui »Tristan<br />

Garcia-Fons invite à voyager jusqu’à<br />

la lumière.<br />

La rubrique Histoire donne la parole à<br />

Berthe Burko à propos d’une enfance<br />

pas comme les autres, prises dans les<br />

impératifs d’une histoire meurtrière qui<br />

a obligé <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> tous les âges<br />

à être cachés pour survivre. L’on en retrouve<br />

<strong>de</strong>s témoignages dans le livre<br />

Traqués, cachés, vivants, <strong>de</strong>s enfants<br />

juifs en France..., commenté par Françoise<br />

Petitot dans la rubrique Lectures.<br />

De la relation d’ai<strong>de</strong> à la<br />

relation d’êtres<br />

La réciprocité transformatrice<br />

Christophe Gaignon<br />

Préface <strong>de</strong> Guy Ausloos<br />

Postface <strong>de</strong> Jeanne-Marie Rugira<br />

L’Harmattan, 18 €<br />

Ce livre traite <strong>de</strong> la démarche d’un éducateur<br />

au Québec engagé auprès <strong>de</strong><br />

jeunes et <strong>de</strong> familles en situation <strong>de</strong><br />

rupture, <strong>de</strong> crise et <strong>de</strong> transition. Soucieux<br />

d’être présent à lui-même et « lieu<br />

d’accueil pour l’autre », l’auteur cherche<br />

à intégrer sa propre histoire <strong>de</strong> vie et<br />

sa pratique. Il entre par la porte <strong>de</strong>s<br />

compétences et <strong>de</strong>s aspirations pour<br />

mieux vivre la relation comme lieu et<br />

levier <strong>de</strong> transformation.

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