Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie

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4 LIVRES ET REVUES La théorie de l’émotion William James Avant-propos de Jacques Chazaud Introduction de Georges Dumas L’Harmattan, 16,50 € William James a soutenu sa thèse de médecine à Harvard et y a enseigné la Physiologie de 1872 à 1880. Sa théorie selon laquelle l’émotion ne serait « rien d’autre que la sensation des effets corporels réflexes de ce que nous appelons son objet » (ce dont il déduira qu’en voyant son enfant mort on était triste « parce qu’on pleurait », et non qu’on pleurait parce qu’on était envahi par une immense affliction) est celle d’un médecin cherchant à « donner corps » aux vécus psychiques, et d’un physiologiste qui avait déjà réduit le « sentiment de l’effort » aux seules sensations de la contraction musculaire effectuée. Un vaste mouvement de recherches neuropsychologiques, inauguré par Charles Sherrington, a opposé aux conceptions jamesiennes le rôle de nombreuses formations encéphaliques interconnectées à l’origine des vécus et des expressions émotionnels. Cependant, James garde des partisans chez les psychophysiologistes actuels, et certains faits semblent toujours plaider en sa faveur. C’est ce qui justifie que l’on réédite ce que James a écrit, tant sur un plan doctrinal que dans ses réponses aux objections de W. Wundt, W.-L. Worcester, et d’autres contemporains. Troubles fonctionnels et somatisation Comment aborder les symptômes médicalement inexpliqués Pascal Cathébras Masson, 29 € Cet ouvrage montre que les symptômes somatiques inexpliqués (syndrome de fatigue chronique, fibromyalgie, intestin irritable par exemple) ne sont pas « tout dans la tête », ni ne relèvent de pathologies organiques méconnues, mais que des situations de somatisation chroniques et invalidantes peuvent « se construire » à partir de pathologies mineures, lorsque le stress, l’anxiété ou la dépression, les explications médicales discordantes, les jugements des proches et des organismes sociaux s’en mêlent. L’auteur expose les principales conceptions de la somatisation (troubles dits « somatoformes » et syndromes somatiques fonctionnels), les facteurs en cause dans ces situations (biologiques, cognitifs, psychodynamiques, culturels et sociaux principalement), ainsi que les approches thérapeutiques adaptées (traitements médicamenteux, psychothérapies, modalités constructives de collaboration entre somaticiens et psychistes, éducation et réadaptation entre autres). Thérapie familiale 2006 n°2 Editions Médecine & Hygiène Poursuivant sa réflexion sur les interventions dans les cas de maltraitances à partir du travail de l’équipe de SOS enfants à Bruxelles, Emmanuel de Becker propose une modélisation de la prise en charge des familles où un enfant a été maltraité. Il réaffirme la nécessité de préserver le secret entre les différents professionnels intervenants, et précise les différentes étapes de l’évaluation. L’intervention, toujours faite à de multiples niveaux, doit permettre un échange entre les co-intervenants, pour une meilleure régulation des affects confrontés parfois à l’insoutenable. Exerçant dans une maternité de Genève, Thomas Will et Francesco Bianchi- Demicheli constatent que cette image idyllique est loin d’être la réalité et que l’arrivée d’un entant n’est pas qu’une source de plaisir et de joie. Utilisant la technique de diffraction du langage, ils aident les mères à reformuler leur narration de la maternité, leur permettant de découvrir de nouvelles narrations plus fonctionnelles, ainsi que le montrent leurs deux vignettes cliniques. Fondateur d’un service d’aide aux victimes de sectes en Belgique, Jean-Claude Maes aborde des notions fondamentales telles que la définition du terme secte, des concepts de pré-adeptes, ou encore le jeu des appartenances... Il aborde enfin ses hypothèses systémiques concernant le phénomène sectaire, hypothèses susceptibles d’expliquer l’important développement du phénomène sectaire depuis une trentaine d’années. Depuis les débuts, où le thérapeute peine à se reconnaître lui-même comme thérapeute, jusqu’à l’expérience de la nécessité de trouver sa place dans une équipe, Anne Latteur choisit comme fil rouge la question de la co-intervention : Comment travailler avec mes collègues ? Elle interroge les institutions où elle travaille, le rôle et la place d’un soignant en formation. Elle interroge aussi les parents des enfants suivis, à l’aide d’un questionnaire. Dans la lignée du constructivisme et de l’attention qu’il porte au processus, Fabienne Kuenzli-Monnard s’est intéressée à la façon dont le psychothérapeute met sa pensée en mots, ce qu’elle nomme réflexion-en-action. Soulignant combien la recherche (même qualitative) est difficile dans le domaine de la psychothérapie, elle propose une étude de la pensée pratique et de ses différences entre celle d’un novice et celle d’un expert. Et la différence qu’elle trouve entre les deux est, au-delà de la plus grande N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006 distance d’avec les théories qui soustendent sa pratique, la capacité plus grande de la réflexivité chez le psychothérapeute expert. Nicole Lernout propose des illustrations de l’utilisation du cycle de l’ambiance (en tant que manière d’être au monde qui nous environne et avec qui nous rentrons en contact). Le schéma de l’alternance entre fusion/proximité et rupture/autonomie permet à ses patients, en individuel ou en couple, de réfléchir sur la cause du blocage qu’ils ressentent dans une situation ou dans une autre.
N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006 prendre en otage signifiait « abriter, loger ». L’ostage était la personne retenue comme garantie de l’exécution d’une promesse, d’un traité, d’un contrat préalablement établi entre deux belligérants. L’ostage était alors retenu captif dans la demeure du souverain. Le sens plus proche de l’actuel mot otage apparaît en période révolutionnaire (1753) désignant une personne que l’on retient et que l’on utilise comme moyen de pression, de chantage. Au XX ème siècle, avec la mondialisation de l’information, sa diffusion en direct donnant ainsi la priorité à l’émotion, l’impact des paroles et des images véhiculées par les médias audiovisuels, la presse écrite et l’internet, un nouveau regard a été porté sur le phénomène des prises d’otages. Le statut d’otage a évolué avec le phénomène de société que représente la place prise par la médiatisation de l’actualité dans le quotidien des citoyens. L’otage a désormais un nouveau statut, il est au centre d’un nouveau système de communication. Il n’est plus le simple « objet » de marchandage mais il est utilisé comme moyen de pression sur l’opinion publique et sur les gouvernements, par l’intermédiaire des médias, pour faire entendre une position politique, une cause idéologique, une exigence militaire etc. Pour les terroristes la prise d’otage équivaut à un droit d’entrée dans chaque foyer pour y faire entendre sa cause (pendant toute la durée de la prise d’otage) par le canal de la télévision ou de la radio. Il devient difficile de faire la part entre la revendication immédiate et le but de l’impact médiatique recherché. Dans les situations de prise d’otage, le mot média correspond à son véritable sens étymologique du latin médium « milieu ». Les médias, surtout radio et télévision mais aussi la presse, prennent la place d’un tiers situé entre le milieu extérieur (négociateurs, police) et le milieu intérieur (otages, ravisseurs), ils influencent les comportements d’un côté comme de l’autre. Ainsi, quatre protagonistes jouent un rôle dans ces nouvelles formes de prise d’otages : 1la victime primaire ou victime active est représentée par la personne ou les instances politiques, administratives ou financières visées par le chantage, 2- Les réseaux de santé en santé mentale - la loi de financement de la sécurité sociale pour 2002 a introduit une dotation nationale de développement des réseaux (DRDR) inscrite dans l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) qui impute les dépenses hospitalières, celle d’actions sociales mais aussi de soins de ville favorisant une fongibilité des enveloppes. Les réseaux se sont surtout développés pour des pathologies demandant un suivi dans la durée, de nature médicale, médico-sociale et médico-psychologique. Peu à peu de nouveaux domaines cliniques ont été concernés : au début des années 80 le VIH, au début des années 90 l’exclusion et les addictions, à la fin des années 90 le diabète puis les cancers, les personnes âgées, la périnatalité. Si bien qu’on recense, actuellement, plus de 500 réseaux concernant les soins palliatifs, le cancer, le diabète, les personnes âgées, le handicap, la périnatalité, les addictions. Viennent en bien moindre nombre l’obésité, les pathologies dentaires et... la santé mentale. Ceux qui se sont engagés dans la mise en place de réseaux dont la fonction est de dépasser les logiques des institutions, de pallier aux rigidités et aux cloisonnements veulent « fonctionner ou cela ne fonctionne pas », travailler autrement, créer une dynamique. Attirés par « le poly-exercice et le poly-situationnel », ils acceptent « le parcours Les conséquences des situations de séquestration : sémiologie et typologie la victime secondaire ou victime passive est représentée par l’otage, 3- le ravisseur ou preneur d’otage, 4- l’opinion publique informée par les médias. Aux quatre coins du monde L’actualité des prises d’otages n’est plus limitée aux actes de cambriolages ou de pillages de banque, elle concerne aussi les revendications politiques, militaires, religieuses. De Colombie en Irak, en passant par l’Autriche avec le cas atypique de la séquestration de Natascha Kampusch âgée de 18 ans enlevée à l’âge de 10 ans et séquestrée par son ravisseur jusqu’à son évasion récente (septembre 2006). Ce cas est exceptionnel et les réactions de la jeune fille ne correspondent pas aux schémas connus, mais les informations qu’elle donnera et l’évolution du soutien psychothérapeutique apporteront, probablement, des éléments pour la connaissance de l’adaptation psychologique aux situations de séquestration. En ce début du XXI ème siècle, l’importance prise par le fléau du terrorisme est à l’origine d’un regain d’intérêt pour les questions cliniques et psychopathologiques concernant les manifestations psychologiques et les séquelles psychotraumatiques décrites chez les otages. Dans la perspective de cette actualité il paraît important de préciser le cadre sémiologique et diagnostique dans lequel s’intègrent les observations comportementales et psychologiques des otages. Une revue de la littérature permet de recenser bon nombres d’observations et de repérer des constantes cliniques telles que les manifestations du stress post-traumatique, le syndrome de répétition pathognomonique de la névrose traumatique, des comportements paradoxaux manifestant des modes d’adaptation à la situation traumatisante. du combattant » des financements et une fragilité sur une base militante. C’est à ce prix qu’ils ont pu développer une véritable ingénierie de conception de réseaux. Si les réseaux demeurent fragiles, il n’existe pas un plan sans réseaux (cancer, périnatalité) à commencer par le plan Psychiatrie et Santé mentale 2005-2008 car, on le voit bien, les réseaux peuvent aider à dépasser les problématiques d’établissement, combiner médical, social, médico-social et, au delà, politique de la ville, coordonner les réponses dans le temps et dans l’espace. Ils peuvent, également, constituer des laboratoires d’expérience pour ce qui intéresse : - les compétences professionnelles dont on sait qu’elles sont sur le plan organisationnel souvent paramédicales et non soignantes, - la division et l’organisation du travail, - les possibilités d’échanges entre professionnels mais aussi et surtout entre ces derniers et les non professionnels, - l’évaluation et la formation, - l’ancrage territorial. On peut attendre des réseaux qu’ils explorent et favorisent des réponses pour le basculement de l’intra vers l’extrahospitalier, le maillage et remaillage de solutions couvrant les zones blanches sur le plan du soin, l’articulation sanitaire, médico-social et social, les complémentarités entre public et privé, certains thèmes aussi importants que les urgences, la réhabilitation et la gérontopsychiatrie et tout cela, dans l’esprit et la continuité du secteur. ■ Le classique syndrome de Stockholm Certaines de ces manifestations sont connues sous le nom de « syndrome de Stockholm » dont les critères cliniques ont été décrit en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg (1, 2). Il propose ce diagnostic à partir de l’observation d’un phénomène d’empathie paradoxale chez les victimes de la prise d’otage du 23 août 1973 lors d’un holdup au Crédit Suédois de Stockholm pendant lequel, pour échapper à l’intervention des forces de l’ordre, le malfaiteur (un évadé de prison) prenait quatre employés en otage et obtenait la libération de son compagnon de cellule qui est venu immédiatement le rejoindre. Leur libération se produisit après six jours de négociation. Cette prise d’otages fut rendue célèbre en raison d’une part du rôle joué par les médias, lui donnant un retentissement important, d’autre part en raison de la place donnée à l’électronique permettant de filmer les comportements des différents protagonistes, en particulier celui des victimes. Ces dernières prenaient la défense des deux ravisseurs, elles craignaient l’intervention de la police contre leurs ravisseurs. Ce comportement relève de sentiments paradoxaux, associant une affection et une compréhension à l’égard des ravisseurs et une hostilité et une crainte à l’égard des forces de l’ordre. Après la prise d’otages le même type de sentiment et de comportement des otages à l’égard de leurs ravisseurs persistait : ainsi par exemple, ils refusaient de témoigner contre eux au procès, ils continuaient de leur rendre visite en prison, et l’une des otages divorça et épousa un des ravisseurs. La définition du syndrome de Stockholm proposée par Ochberg repose sur le développement de trois types de sentiments : 1- sentiments positifs de confiance et de sympathie des otages à l’égard de leurs ravisseurs ; 2- sentiments positifs des ravisseurs à l’égard de leurs otages ; 3- sentiments négatifs, d’hostilité, des otages à l’égard des forces de l’ordre. A ces trois éléments de définition plusieurs auteurs ont ajouté des critères ou conditions concernant le mode opératoire des ravisseurs, la personnalité des victimes, les phases du déroulement de la prise d’otages. Ces ajouts visent à mieux cerner l’évolution de la situation de l’otage (notions de séquelles post-traumatiques, investissements dans des activités à caractère social après la prise d’otage) et les différentes approches psychopathologiques proposées pour expliquer les phénomènes comportementaux et affectifs observés ainsi que les mécanismes d’adaptation physio-psychologiques. Schémas psychologiques des situations de séquestration L. Crocq (3) a systématisé le déroulement d’une prise d’otage selon une procédure en quatre phases afin d’aider la compréhension de la psychopathogénie du syndrome de Stockholm. La phase de capture est à l’origine d’un stress aigu ou « réaction d’effroi » au cours de laquelle la victime est confrontée brutalement au sentiment d’une mort proche avec effondrement des mécanismes de défense contre l’angoisse de mort. Cet effondrement du fantasme d’immortalité représente une perte de protection et un véritable « basculement de la réalité » exprimé par de nombreuses victimes. Cette réaction douloureuse peut se traduire par des symptômes neurovégétatifs (évanouissements, diarrhées) ou des troubles psychosomatiques (infarctus, crise d’asthme), des symptômes d’angoisse (attaque de panique, cris, pleurs), une inhibition motrice majeure à type de sidération voire une torpeur, parfois une agitation anxieuse ou plus rarement un état confusionnel. Pendant cette situation de stress aigu, l’otage peut tenter de résister à ses ravisseurs ou de s’enfuir mais, passer ce premier temps, sa résistance s’épuise et il s’oriente vers l’idée d’une collaboration. La phase de séquestration est une phase de stabilisation qui suit le temps de frustration et de tension. En même temps qu’il prend conscience de la situation le sujet accepte progressivement son statut d’otage. Si pour certains sujets le maintien d’un déni se traduit par une hypersomnie à valeur de refuge, pour la plupart des victimes l’acceptation se déroule en trois temps : premièrement le déni de la situation, deuxièmement l’espoir pendant lequel le sujet pense que tout ceci est temporaire, et troisièmement la perte d’espoir qui correspond à l’acceptation de la situation d’otage dans tous ses aspects. Cette reconnaissance du statut d’otage peut s’accompagner de manifestations de lutte contre l’angoisse sous la forme de symptômes obsessionnels comme une arithmomanie (compter les lames du parquet, compter les fissures dans le mur, compter ses doigts « en boucle », etc.), des rituels (balayer du regard de façon stéréotypée le même coin de la pièce), des ruminations (sur son passé, sur sa façon d’être). Une thymie dépressive associant un sentiment de culpabilité d’avoir été pris en otage peut apparaître. La séquestration est la phase pendant laquelle se constitue le syndrome de Stockholm, phase pendant laquelle sont présentes des situations de dépendance à l’égard des ravisseurs : dépendance pour les besoins vitaux (se mobiliser, boire, manger, uriner, déféquer, menstruations). Un sentiment de déshumanisation accompagne ces conditions souvent dégradantes. Mais, en même temps, un sentiment de sympathie émerge de cette proximité et promiscuité entre les otages et leurs ravisseurs. Progressivement s’installe chez l’otage une tendance à la légitimation de cette situation. La victime peut même entreprendre des attitudes de séduction envers ses ravisseurs, une affinité s’installe à l’occasion de petits gestes, de paroles, lors du passage de la nourriture, d’une demande de couverture ou d’eau ou d’autres échanges. Cette nouvelle homéostasie dans le milieu intérieur que représente le groupe constitué des otages et de leurs ravisseurs génère un nouveau rapport avec le milieu extérieur constitué des négociateurs et des médias. Ce milieu extérieur est alors perçu comme plus dangereux que le milieu intérieur. Petit à petit les ravisseurs prennent aussi le statut d’otage, étant empêchés d’agir et de sortir. La phase de dénouement correspondant à la libération est caractérisée par la recrudescence d’une angoisse liée au risque d’une issue dramatique et une nouvelle proximité avec la mort. A cette phase, les comportements paradoxaux des otages peuvent les amener à protéger leurs ravisseurs contre l’assaut des forces de l’ordre. La phase séquellaire dans les jours qui suivent la libération peut se manifester dans les jours ou les semaines par des troubles thymiques, euphoriques ou dépressifs, associés à des idées de culpabilité. Les victimes adhèrent dura- LIVRES FMC ■ 5 100 mots pour comprendre la psychiatrie Jean Garrabé Les Empêcheurs de penser en rond, 18 € La psychiatrie est concernée par des troubles psychiatriques graves (psychoses, schizophrénie) mais aussi par des troubles rencontrés en médecine de ville (différentes formes de dépression, troubles obsessionnels, anxiété, troubles des conduites des enfants et des adolescents, troubles du comportement alimentaire). Elle procède avant tout d’une démarche clinique et empirique et s’élabore à la croisée de différents courants théoriques (psychanalyse, psychologie, neurosciences, pharmacologie biologique...). Jean Garrabé dresse un tableau de la discipline et montre comment l’ensemble de ces notions confluentes qui structurent son champ sont en cohérence mais font aussi l’objet de débats et de controverses. Le langage psychiatrique s’enrichit de mots provenant d’autres branches de la médecine, de la psychanalyse, des sciences de la nature et des sciences humaines, de la philosophie, voire de la religion. Devant choisir dans cet ensemble une centaine de mots, Jean Garrabé a retenu ceux que l’on peut, quelle que soit leur provenance, relier entre eux pour tisser un réseau, un filet permettant d’en pêcher d’autres dans différents courants de pensée. Les phobies Paul Denis Coll. « Que sais-je » PUF Paul Denis est psychanalyste, membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris. On retrouve dans son ouvrage, très complet, les qualités de synthèse et de documentation qui constituent l’attrait de la collection « Que sais-je ». Il traite ainsi des différentes manifestations phobiques chez l’adulte, symptômes ou maladie, et des phobies infantiles. Des cas cliniques illustrent cet exposé. Après s’être interrogé sur le statut du trouble dans la psychopathologie, il développe le lien entre phobie et dépression. L’originalité de l’éreutophobie est mise en valeur. Si on relève une grande diversité des approches théoriques, on peut remarquer que l’auteur privilégie l’abord psychanalytique et ne cite que brièvement les thérapies cognitives et comportementales. A travers sa rédaction et sa réflexion sur le thème des phobies, l’auteur réussit un livre qui s’adresse aux professionnels et à ceux qui s’intéressent à « leur propre vie psychique ». A. Cossin Sein de femme, sein de mère Hélène Parat Presses Universitaires de France, 11 € Par cette approche anthropologique, Hélène Parat montre le chemin qui parcourt les sinuosités de la fantasmatique du lait et rencontre les multiplicités du sein se confronte au passage à la nécessité du partage, un impossible et nécessaire partage, qui d’emblée a inscrit les dualités préœdipiennes dans les négociations œdipiennes. Une femme peut être apparemment mère sans s’être sentie femme, et pourtant, comme les enjeux de sa féminité passent par les multiples facettes de son désir d’enfant, les enjeux de la maternité passent par cette difficile voie qui la détermine femme pour un autre.
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