Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie
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N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006<br />
Ils ne peuvent enrichir sa réflexion et<br />
sa pratique qu’à la condition <strong>de</strong> pas<br />
s’éclipser <strong>de</strong>rrière le déjà vu ou le déjà<br />
su (et on en revient au vagabondage).<br />
Le livre d’Albert Le Dorze est l’itinéraire<br />
d’un honnête homme, mé<strong>de</strong>cin psychiatre,<br />
qui ne cè<strong>de</strong> ni aux sirènes <strong>de</strong><br />
la mo<strong>de</strong> (qu’il s’agisse <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> la<br />
prévention ou <strong>de</strong> la dépendance) ni à<br />
celles <strong>de</strong>s idées préconçues (le chapitre<br />
consacré au Père Noël en est une amusante<br />
et pertinente illustration). En voulant<br />
que son itinéraire soit fait <strong>de</strong> vagabondages,<br />
le Docteur Le Dorze a<br />
composé son livre <strong>de</strong> textes écrits à dif-<br />
férents moments et publiés ou présentés<br />
dans différents revues et lieux. Son<br />
ouvrage est d’ailleurs impossible à résumer,<br />
sa synthèse ne pouvant rendre<br />
compte <strong>de</strong> ses flâneries cliniques et théoriques<br />
dont déroulent ses certitu<strong>de</strong>s qui,<br />
dans le même temps, les permettent. Il<br />
faut le lire ou le parcourir (les lecteurs<br />
ont aussi le droit ou le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> vagabon<strong>de</strong>r),<br />
à sa façon, en commençant<br />
au hasard, par le chapitre que l’on imagine<br />
le plus attirant ou le plus intéressant.<br />
Et l’on se surprend alors à répondre<br />
à haute voix à une argumentation que<br />
l’on réprouve ou dont on admet la per-<br />
tinence, c’est-à-dire à s’engager en opposant<br />
ou en conjoignant ses propres<br />
certitu<strong>de</strong>s à celles <strong>de</strong> l’auteur. Albert Le<br />
Dorze a eu raison <strong>de</strong> nommer son livre<br />
« vagabondages psy... il importe d’avoir<br />
<strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s ». Il a eu aussi raison <strong>de</strong><br />
l’écrire afin <strong>de</strong> témoigner que sa pratique<br />
<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin et d’enseignant s’arcqueboute<br />
sur son désir (qui musar<strong>de</strong> et<br />
vagabon<strong>de</strong>) et sur son engagement<br />
éthique, conséquence <strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s<br />
qu’il s’est forgées au cours <strong>de</strong> ses vagabondages<br />
et dont il sait qu’elles ne<br />
sont pas tout à fait inébranlables.<br />
A. Henry<br />
Eloge <strong>de</strong> la perte<br />
Perte d’objets, formation du sujet<br />
Jean-Richard Freymann<br />
Préface <strong>de</strong> Roland Gori<br />
Erès, 21 €<br />
Après avoir développé la « frérocité » (Arcanes/érès,<br />
2003), la « naissance du désir<br />
» (Arcanes/érès 2005), J.-R. Freymann<br />
propose plusieurs genèses <strong>de</strong> l’objet<br />
que « le temps pour comprendre » révèle :<br />
objet phobique, objet fétiche, objet transgénérationnel,<br />
à partir d’un nouveau<br />
modèle <strong>de</strong> la constitution subjective qui<br />
passe par Kafka, Villon, Saint Augustin,<br />
Ray Charles.<br />
3<br />
En prenant à rebrousse-poil les langages<br />
dominants, il propose un éloge <strong>de</strong> la<br />
perte, contrastant avec les idéologies<br />
thérapeutiques qui cultivent l’avoir,<br />
l’adaptation et une guérison pensée en<br />
termes <strong>de</strong> protocoles et d’évaluations,<br />
soutenant que la psychanalyse est une<br />
école <strong>de</strong> création.<br />
La question <strong>de</strong> l’objet est ici envisagée<br />
dans l’actualité et dans les perspectives<br />
<strong>de</strong> la cure analytique avec cette hypothèse<br />
qui traverse l’ouvrage : si on est<br />
prêt à perdre <strong>de</strong> la consistance <strong>de</strong> l’objet,<br />
le désir inconscient se développe et<br />
le sujet se déplie. Mais quelles en sont<br />
les conditions incontournables ? L’auteur<br />
rappelle par là que l’objet en psychanalyse<br />
est mosaïque : objet narcissique,<br />
objet Moi, objet spéculaire, objet<br />
partiel, objet a, et que son <strong>de</strong>stin est<br />
singulier dans le temps psychique.<br />
L’amnésie psychologique<br />
Le cas Emma Dutemple<br />
Œuvres choisies II<br />
Pierre Janet<br />
L’Harmattan, 25 €<br />
Contrairement aux amnésies organiques,<br />
les amnésies psychogènes se caractérisent<br />
par l’absence <strong>de</strong> lésions cérébrales<br />
repérables. La perturbation principale<br />
est constituée par un ou plusieurs épiso<strong>de</strong>s<br />
durant lesquels le sujet présente<br />
une incapacité à évoquer <strong>de</strong>s souvenirs<br />
personnels importants, habituellement<br />
traumatiques ou stressants.<br />
Pierre Janet a initié l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’amnésie<br />
psychogène au début <strong>de</strong>s années<br />
1890.<br />
C’est à la Salpêtrière, sous la direction<br />
<strong>de</strong> Charcot, qu’il a été amené à s’intéresser<br />
à cette affection mentale. Il a décrit<br />
minutieusement le cas <strong>de</strong> Mme D.<br />
(Emma Dutemple), classée comme hystérique,<br />
et <strong>de</strong>venue amnésique le 28<br />
août 1891 suite à l’annonce <strong>de</strong> la fausse<br />
mort <strong>de</strong> son mari. Après cet épiso<strong>de</strong><br />
traumatique, Mme D. va présenter une<br />
amnésie antérogra<strong>de</strong> (oubli au fur et à<br />
mesure) que Janet appelle amnésie continue,<br />
et une amnésie rétrogra<strong>de</strong> (oubli<br />
<strong>de</strong>s événements passés).<br />
Le livre rassemble les nombreuses contributions<br />
<strong>de</strong> Janet sur la question <strong>de</strong><br />
l’amnésie et se centre, plus particulièrement,<br />
sur le cas <strong>de</strong> Mme D. mais aussi<br />
d’Irène.<br />
Anthropologie du foetus<br />
Jean Bergeret, Michel Soulé<br />
Bernard Golse et al.<br />
Dunod, 24 €<br />
Ce livre fait le point sur l’état d’avancement<br />
actuel <strong>de</strong>s différentes disciplines<br />
qui se préoccupent <strong>de</strong>s aléas normaux<br />
ou pathologiques <strong>de</strong> la vie foetale et<br />
<strong>de</strong> leurs conséquences immédiates ou<br />
plus lointaines sur le sujet qui va naître.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> mieux connaître comment<br />
se déroule le début d’une trajectoire à<br />
la fois organique, affective et relationnelle<br />
qui concerne tout autant le foetus<br />
que ses environnements successifs ;<br />
l’environnement corporel et affectif maternel<br />
au premier chef, mais aussi l’environnement<br />
familial. Une approche anthropologique<br />
<strong>de</strong> l’étape foetale ne peut<br />
être considérée comme une recherche<br />
indépendante portant seulement sur tel<br />
moment ou tel aspect particulier d’une<br />
existence.<br />
Toute vie humaine ne peut se voir considérée<br />
que dans la globalité <strong>de</strong> son<br />
déroulement, <strong>de</strong>puis les conditions (génétiques<br />
et affectives) transgénérationnelles<br />
dans lesquelles s’est opérée<br />
la conception embryonnaire jusqu’à la<br />
disparition du sujet. Cet ouvrage présente<br />
une base <strong>de</strong> référence et <strong>de</strong> reflexion.<br />
Avec la collaboration <strong>de</strong> Arnold Munnich, Chantal<br />
Vavasseur, Fernand Daffos, Jean-Marie Delassus,<br />
Sylvain Missonnier, Marie-José Soubieux, Marcel<br />
Houser, William Slama.