Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie
Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie
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20<br />
LIVRES<br />
La femme possédée<br />
Sorcières, hystériques et<br />
personnalités multiples<br />
Jacques-Antoine Malarewicz<br />
Postface d’Edgar Morin<br />
Robert Laffont, 21 €<br />
J.-A. Malarewicz relie trois époques qui<br />
se répon<strong>de</strong>nt l’une à l’autre. Trois<br />
époques qui égrènent cette même logique<br />
<strong>de</strong> la possession... donc <strong>de</strong> la dépossession.<br />
C’est, selon le point <strong>de</strong> vue<br />
adopté au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’opposition entre<br />
les <strong>de</strong>ux sexes, plutôt une opposition<br />
dans l’exercice <strong>de</strong> l’emprise sur l’autre,<br />
quelle qu’elle soit. On passe ainsi, dans<br />
la sphère <strong>de</strong> l’Europe occi<strong>de</strong>ntale, <strong>de</strong><br />
la fin du XVI e siècle au XIX e siècle, avant<br />
<strong>de</strong> s’arrêter dans une actualité encore<br />
frémissante. A chacune <strong>de</strong> ces époques<br />
donc, sur la scène <strong>de</strong> la possession, la<br />
femme et un autre. Cet autre, ou plutôt<br />
ces autres, ont d’abord été Dieu et<br />
le diable. En même temps que s’installe<br />
la Renaissance, les sorcières et les<br />
mystiques, surtout <strong>de</strong>s femmes, s’imposent<br />
dans l’espace culturel européen.<br />
L’un et l’autre, le divin comme le diabolique,<br />
se rejoignent dans une même<br />
logique et dans une même ambiguïté.<br />
Quelque <strong>de</strong>ux cent cinquante ans plus<br />
tard, avec l’apparition <strong>de</strong> la psychologie,<br />
l’émergence <strong>de</strong> nouvelles ambitions<br />
classificatoires et l’usage intensif<br />
<strong>de</strong> l’hypnose, les psychiatres du XIX e<br />
siècle inventent l’hystérie et surtout...<br />
l’hystérique ; nouvelle mise en scène<br />
<strong>de</strong> cette emprise.<br />
Au XX e siècle, à partir <strong>de</strong>s années<br />
soixante-dix, une autre épidémie est<br />
apparue en Amérique du Nord, pendant<br />
près <strong>de</strong> vingt ans, celle <strong>de</strong>s personnalités<br />
multiples. Ayant observé le<br />
<strong>de</strong>venir <strong>de</strong> ce diagnostic en France,<br />
l’auteur n’a pas manqué d’être étonné<br />
<strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong>s résonances entre le<br />
discours <strong>de</strong>s exorcistes et celui <strong>de</strong>s psychiatres<br />
nord-américains.<br />
Trois époques donc, trois figures <strong>de</strong><br />
possession, trois images <strong>de</strong> possédées.<br />
Des résonances les parcourent tout en<br />
les différenciant. Dans leur analyse,<br />
J.-A. Malarewicz est partagé entre l’évi<strong>de</strong>nce<br />
<strong>de</strong>s rapprochement et la nécessité<br />
d’établir <strong>de</strong>s différences au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> l’illusion <strong>de</strong> la répétition. C’est entre<br />
ces <strong>de</strong>ux extrêmes qu’il a tenté <strong>de</strong> mener<br />
son écriture. Il s’agit donc d’un périple<br />
centré sur une triple interrogation.<br />
La première concerne la position <strong>de</strong> la<br />
femme, qui semble constamment piégée,<br />
avec sa participation plus ou moins<br />
active, dans l’illusion <strong>de</strong> la possession<br />
<strong>de</strong> l’autre. A la fois perdante et gagnante,<br />
elle donne le sentiment <strong>de</strong> ne<br />
pouvoir échapper à un jeu où la souffrance<br />
pourrait être heuristique. Les hypothèses<br />
s’enchaînent pour tenter <strong>de</strong><br />
discerner ce qu’il en est <strong>de</strong> la victime<br />
ou <strong>de</strong> la coupable. Il n’en reste pas<br />
moins que la femme montre toute la<br />
plasticité dont elle est capable. L’appétit<br />
<strong>de</strong> croyances que partagent entre<br />
eux les hommes, avec plus ou moins<br />
<strong>de</strong> violence, pose problème. Ils en arrivent<br />
à construire le meilleur comme<br />
le pire, tout en se rendant esclaves <strong>de</strong>s<br />
théories dont ils sont les initiateurs. Enfin,<br />
la question <strong>de</strong> ce qui fon<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />
interroge n’importe quel psychothérapeute,<br />
car il y trouve les paradigmes<br />
qui structurent sa pratique. Cependant,<br />
la complexité <strong>de</strong> ces notions, parce<br />
qu’elle le confronte à sa propre réalité<br />
et aux fon<strong>de</strong>ments épistémologiques<br />
<strong>de</strong> son discours, le frappe facilement<br />
d’aveuglement lorsqu’il côtoie <strong>de</strong>s frontières<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>squelles il ne <strong>de</strong>vrait<br />
pas s’aventurer.<br />
Etre psychothérapeute<br />
Problématiques, pratiques,<br />
enjeux<br />
Coordonné par Serge Ginger,<br />
Edmond Marc, Armen Tarpinian<br />
Préface <strong>de</strong> Pierre Angel<br />
Introduction <strong>de</strong> Michel Meignant<br />
Dunod, 27 €<br />
Comme le montre Pascal-Henri Keller,<br />
le mé<strong>de</strong>cin généraliste accueille le<br />
simple tracas, tout comme « la déprime »,<br />
voire la souffrance massive. A notre<br />
« société mala<strong>de</strong> » en proie à une crise<br />
<strong>de</strong> l’autorité et du sens, donc à l’effondrement<br />
<strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s, Charles Rojzman<br />
propose une « thérapie sociale »<br />
et <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> prévention. Wïlly<br />
Szafran et Léon From, souhaitent que<br />
les personnes formées puissent répondre<br />
aux critères d’expérience, <strong>de</strong><br />
professionnalité et <strong>de</strong> travail sur euxmêmes.<br />
La formation dans le cadre universitaire<br />
ne saurait se résumer à une<br />
accumulation <strong>de</strong> cours fondés sur un<br />
savoir figé. Défendant une approche<br />
complexe, Max Pagès rappelle que le<br />
risque dogmatique, réductionniste<br />
et d’inadéquation par rapport aux attentes<br />
<strong>de</strong>s stagiaires n’épargne d’ailleurs<br />
aucun cursus, qu’il s’inscrive dans le<br />
cadre <strong>de</strong>s instituts <strong>de</strong> formation ou <strong>de</strong><br />
l’université.<br />
De nombreuses associations <strong>de</strong> psychothérapie<br />
ont développé, <strong>de</strong>puis<br />
longtemps, <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> qualité,<br />
auxquelles s’adressent <strong>de</strong>s personnes<br />
riches d’expériences personnelles et<br />
professionnelles qui les prédisposent<br />
à l’exercice <strong>de</strong> ce métier. Il est souhaitable,<br />
comme y invite Serge Ginger, <strong>de</strong><br />
mettre en œuvre <strong>de</strong>s partenariats entre<br />
<strong>de</strong>s formations universitaires et ces<br />
centres <strong>de</strong> formation en psychothérapie.<br />
La cause <strong>de</strong>s psychothérapeutes<br />
est défendue avec talent par les animateurs<br />
<strong>de</strong> la Fédération Française <strong>de</strong><br />
Psychothérapie et Psychanalyse, en<br />
particulier Serge Ginger et Michel Meignant.<br />
La place <strong>de</strong> la psychopatholo-<br />
Lancement <strong>de</strong> la souscription pour une réédition limitée en <strong>de</strong>ux forts<br />
volumes <strong>de</strong>s 3 tomes <strong>de</strong>s « Etu<strong>de</strong>s psychiatriques » <strong>de</strong> Henri Ey<br />
Une équipe <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> vingt spécialistes sous la ccordination <strong>de</strong> P. Belzeaux,<br />
avec la collaboration exceptionnelle <strong>de</strong> P. Noel, J. Garrabé, RM Palem, M.<br />
<strong>de</strong> Boucaud, ont réalisé la nouvelle présentation avec citations <strong>de</strong> marge et<br />
in<strong>de</strong>x inédits pour cet ouvrage majeur clinique et <strong>de</strong> psychopathologie,<br />
creuset <strong>de</strong> la psychiatrie française et au confluent <strong>de</strong> la psychiatrie mondiale.<br />
Au prix <strong>de</strong> lancement exceptionnel <strong>de</strong> 112 euros pour près <strong>de</strong> 1800p.!<br />
Exemples <strong>de</strong> quelques sous chapitres :<br />
Rêve et psychopathologie • Psychanalyse et thérapeutique • Classification<br />
naturelle ou nomenclatures statistiques • Pour une approche non catégorielle<br />
<strong>de</strong> la catatonie, <strong>de</strong>s impulsions, <strong>de</strong> l’angoisse... • Pour une validation<br />
<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> passages entre les psychoses... • La subversion du Surréalisme<br />
et <strong>de</strong> Dada n’est pas une perversion • Kierkegaard et l’angoisse du possible<br />
• Hei<strong>de</strong>gger et le rien <strong>de</strong> l’angoisse • Exhibitionnisme, Suici<strong>de</strong>, Délire <strong>de</strong> Négation,<br />
Jalousie morbi<strong>de</strong>, Mégalomanie, etc. • Binswanger et la fuite <strong>de</strong>s<br />
idées dans la Manie. Minkowski et le temps vécu dans la Mélancolie. • Neurophysiopathologie<br />
<strong>de</strong>s émotions, J. Delay et la psychose maniaco-dépressive<br />
• Mayer-Gross et la <strong>de</strong>structuration <strong>de</strong> l’espace du corps dans les Bouffées<br />
délirantes • Dostoïevski et la psychose épileptique du cas Jean-Pierre •<br />
J.P. Sartre et la confusion <strong>de</strong>s espaces vécus • Rencontre d’une patiente <strong>de</strong><br />
Bonneval avec J. Lacan • Husserl et Hei<strong>de</strong>gger.<br />
Renseignements et inscription par internet au http://www.ey.asso.fr<br />
Par écrit au CERCLE DE RECHERCHE ET D’EDITION HENRI EY<br />
2 Rue Léon Dieudé, 66000 Perpignan - Tél.-fax. 04 68 34 34 12 soir<br />
patrice.belzeaux@wanadoo.fr<br />
gie dans l’exercice <strong>de</strong>s psychothérapies<br />
et dans la formation fait l’objet <strong>de</strong> différentes<br />
contributions, comme celle<br />
d’Edmond Marc se référant à Freud et<br />
Jaspers, ou celle <strong>de</strong> Pierre Canouï qui<br />
s’appuie sur l’œuvre <strong>de</strong> Paul Diel.<br />
Les questions du diagnostic, <strong>de</strong>s limites<br />
du DSM-IV ou <strong>de</strong> la Classification internationale<br />
<strong>de</strong>s maladies, <strong>de</strong> l’évaluation<br />
et <strong>de</strong>s stratégies thérapeutiques<br />
sont traitées (Eric Champ, Serge Ginger,<br />
Isabelle Crespelle, Lucien Tenenbaum,<br />
Nicole Attali). En analysant un cas, Alain<br />
Delourme propose plusieurs <strong>de</strong>scriptions<br />
psychopathologiques en se référant<br />
à différents points <strong>de</strong> vue théoriques.<br />
La polémique suscitée par la<br />
publication, en 2004, du rapport Inserm<br />
sur « L’évaluation <strong>de</strong>s psychothérapies<br />
» a montré la nécessité <strong>de</strong> développer<br />
<strong>de</strong>s recherches cliniques et<br />
épidémiologiques faisant appel à <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s privilégiant la dimension<br />
qualitative (Edmond Marc).<br />
Les barrières entre les écoles <strong>de</strong> pensées<br />
ont eu tendance à s’abaisser, du<br />
moins sur le plan international. Il en<br />
est <strong>de</strong> même sur le plan <strong>de</strong>s pratiques.<br />
Théoriciens, universitaires, chercheurs<br />
et cliniciens ont écouté et appris les uns<br />
<strong>de</strong>s autres. La prise en compte <strong>de</strong>s données<br />
<strong>de</strong>s neurosciences est <strong>de</strong> plus en<br />
plus fréquente ainsi que la reconnaissance<br />
du bien fondé <strong>de</strong> la chimiothérapie<br />
dans certaines indications, comme<br />
le confirment Willy Szafran et Léon<br />
From. Les recherches menées sur l’efficacité<br />
<strong>de</strong>s psychothérapies mettent<br />
en évi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong> facteurs<br />
communs indépendants d’un système<br />
théorique particulier. Ces facteurs communs,<br />
comme le montre Nicolas Duruz,<br />
incluent la qualité <strong>de</strong> l’alliance <strong>de</strong><br />
travail thérapeutique, les compétences<br />
relationnelles du thérapeute et son expérience,<br />
ou la volonté <strong>de</strong> changement<br />
du patient. Maridjo Graner montre que<br />
les différences <strong>de</strong> terminologie couvrent<br />
une communauté <strong>de</strong> contenu et<br />
<strong>de</strong> sens. Charles Gellman, témoignant<br />
<strong>de</strong> l’évolutivité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s, Conrad<br />
Lecomte et Annette Richard, espérant<br />
l’émergence d’une psychothérapie pleinement<br />
relationnelle, proposent <strong>de</strong><br />
dépasser les mythes idéalisateurs du<br />
thérapeute expert, neutre et objectif<br />
ou, à l’inverse, celui du thérapeute empathique,<br />
comme celui décrit par Carl<br />
Rogers, pour promouvoir un thérapeute<br />
retrouvant sa subjectivité en puisant<br />
ses ressources dans l’expérience réfléchie<br />
<strong>de</strong> sa propre vulnérabilité. L’accent<br />
est également mis par Armen Tarpinian<br />
sur les retombées culturelles et<br />
sociales, voire anthropologiques, <strong>de</strong> la<br />
psychothérapie, à partir <strong>de</strong> ses concepts<br />
et <strong>de</strong>s pratiques qu’elle inspire.<br />
Freud... en liberté<br />
Yvon Brès<br />
Ellipses<br />
Ce livre n’est ni une présentation <strong>de</strong><br />
Freud, ni une interprétation, ni même<br />
un libre parcours dans son œuvre, mais<br />
une série <strong>de</strong> rencontres. Il n’y est pas<br />
question du freudisme en général, mais<br />
<strong>de</strong> Freud à propos <strong>de</strong> la jalousie, <strong>de</strong>s<br />
amours infantiles, <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong>, ou encore<br />
<strong>de</strong> points précis <strong>de</strong> son œuvre :<br />
son rapport à Robertson Smith, les coupures<br />
tendancieuses <strong>de</strong> l’édition <strong>de</strong><br />
1950 <strong>de</strong>s lettres à Fliess, la lecture lacanienne<br />
<strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « Chose ».<br />
L’école, comment ça marche ?<br />
Maternelle-Elémentaire<br />
Petit gui<strong>de</strong> à l’usage <strong>de</strong>s parents<br />
Fabienne Messica<br />
Nouvelle édition actualisée<br />
La Découverte, 10 €<br />
Ce gui<strong>de</strong> donne une information sur<br />
l’école maternelle et élémentaire : inscription,<br />
règlement intérieur, frais, assurances,<br />
cycles d’apprentissage,<br />
<strong>de</strong>voirs, notes, santé, cantine, étu<strong>de</strong>,<br />
activités extrascolaires... Il se veut également<br />
une ai<strong>de</strong> quand les choses ne<br />
se passent pas aussi bien que qu’on<br />
peut le souhaiter : conflit avec un enseignant,<br />
difficultés <strong>de</strong> l’enfant, violences,<br />
racisme, grèves, etc.<br />
N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006