29.06.2013 Views

Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie

Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie

Octobre - Nervure Journal de Psychiatrie

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

2<br />

LIVRES<br />

La psychologie et la<br />

phrénologie comparées<br />

Adolphe Garnier<br />

Avec une introduction <strong>de</strong> Serge<br />

Nicolas<br />

L’Harmattan, 35 €<br />

Parmi les philosophes universitaires<br />

français <strong>de</strong> la première moitié du XIX e<br />

siècle, Adolphe Garnier a été un <strong>de</strong>s<br />

premiers à réagir contre l’influence <strong>de</strong><br />

la phrénologie. Frappé du dédain <strong>de</strong>s<br />

phrénologues envers les psychologues,<br />

il pensait que seule la psychologie peut<br />

déterminer les qualités primitives et fondamentales<br />

<strong>de</strong> l’âme. Avant d’assigner<br />

le siège d’une faculté, il faut avoir constaté<br />

son existence par l’observation psychologique.<br />

La psychologie et la phrénologie<br />

comparées (1839) est dédié à<br />

son maître Théodore Jouffroy. Au début<br />

<strong>de</strong> l’ouvrage Garnier rappelle que<br />

la phrénologie se compose <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parties<br />

bien distinctes : elle recherche, au<br />

moyen <strong>de</strong> l’observation, les facultés<br />

constitutives <strong>de</strong> l’espèce humaine ; elle<br />

essaie, par l’observation physique, <strong>de</strong><br />

rapporter chaque faculté à une partie<br />

du cerveau qui en <strong>de</strong>vient le siège et<br />

l’organe. Gall, qui voulait réunir ces<br />

<strong>de</strong>ux sciences, avait donné à cet ensemble<br />

le nom <strong>de</strong> physiologie du cerveau.<br />

Pour Garnier, Gall a échoué dans<br />

sa tentative car il n’a pas développé sa<br />

psychologie sur <strong>de</strong> bonnes bases. C’est<br />

dans ce contexte qu’il donne une nouvelle<br />

division <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> l’âme subdivisées<br />

en facultés intellectuelles ; facultés<br />

affectives ; faculté motrice ; faculté<br />

<strong>de</strong> vouloir. Cette classification sera ultérieurement<br />

développée dans l’ouvrage<br />

au titre évocateur : Traité <strong>de</strong>s facultés<br />

<strong>de</strong> l’âme (1852) qui <strong>de</strong>viendra le livre<br />

<strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la psychologie spiritualiste<br />

française du XIX e siècle.<br />

Gui<strong>de</strong> Clinique <strong>de</strong> thérapie<br />

comportementale et cognitive<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Ovi<strong>de</strong> Fontaine<br />

et <strong>de</strong> Philippe Fontaine<br />

Editions Retz<br />

Cet ouvrage propose un bilan actualisé.<br />

Dans sa première partie, il effectue un<br />

tour d’horizon historique et prospectif<br />

<strong>de</strong>s savoirs et <strong>de</strong>s savoir-faire développés<br />

avec une mise en perspective<br />

sous <strong>de</strong>s angles inédits. La secon<strong>de</strong> partie<br />

présente, pour chacun <strong>de</strong>s troubles<br />

les plus fréquemment rencontrés, une<br />

revue <strong>de</strong>s connaissances puis une psychothérapie<br />

« en action » effectuée par<br />

<strong>de</strong>s spécialistes francophones (Belgique,<br />

France, Québec, Suisse). Chaque auteur,<br />

dans son chapitre, après une brève revue<br />

<strong>de</strong>s connaissances théoriques actuelles<br />

sur la pathologie envisagée, décrit<br />

son parcours avec un patient tout<br />

au long d’une thérapie. Le chapitre se<br />

clôt sur une discussion concrète sur le<br />

cas présenté. Alors que la bibliographie<br />

a été volontairement réduite au minimum<br />

nécessaire à l’objectivation <strong>de</strong>s<br />

éléments théoriques avancés, <strong>de</strong>s lectures<br />

sont recommandées.<br />

Vagabondages psy... il<br />

importe d’avoir <strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s<br />

Albert Le Dorze<br />

L’Harmattan<br />

Non seulement Albert Le Dorze choisit<br />

pour titre <strong>de</strong> son livre « vagabondages<br />

psy » mais, <strong>de</strong> plus, dans la quatrième<br />

<strong>de</strong> couverture, il emploie les verbes<br />

« vagabon<strong>de</strong>r » et « musar<strong>de</strong>r », cherchant<br />

peut-être par ces mots légers à minorer<br />

la portée <strong>de</strong> son ouvrage qui ne serait<br />

que le reflet <strong>de</strong> l’itinéraire, sans<br />

gran<strong>de</strong> embûche, d’un psychiatre clinicien,<br />

parfois enseignant et écrivain à<br />

ses heures. Il indique peut-être, par ces<br />

choix sémantiques, qu’il ne veut aucune<br />

inféodation à un quelconque dogme<br />

théorique et qu’il préfère rendre compte<br />

<strong>de</strong> son seul itinéraire réflexif, marqué<br />

par l’érudition et un savoir pluridisciplinaire.<br />

Il affirme peut-être ainsi qu’il<br />

estime son expérience clinique primordiale<br />

et que la praxis prévaut sur la<br />

théorie. Mais il faut, avec le Docteur Le<br />

Dorze, se méfier <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces et l’on<br />

trouve une historiette, préambule au<br />

chapitre intitulé « la clinique, <strong>de</strong> la sensation<br />

au concept », dans laquelle il raconte<br />

une dispute entre <strong>de</strong>s professionnels<br />

enfin réconciliés quand « le<br />

notable estimé <strong>de</strong> la psychiatrie et <strong>de</strong> la<br />

psychanalyse » (p.61) laisse tomber cette<br />

remarque mainte fois répétée : « c’est<br />

la clinique qui compte... il faut se laisser<br />

gui<strong>de</strong>r par la clinique » (p61). Il confie sa<br />

perplexité face à l’usage quasi oraculaire<br />

du mot « clinique » dont l’effet est<br />

immédiat : « (...) clôture du hourvari... clinique<br />

sacrée, sacrée clinique » (p61).<br />

Et la perplexité <strong>de</strong> ses lecteurs est au<br />

moins aussi gran<strong>de</strong> que la sienne quand<br />

il fait immédiatement suivre, dans le,<br />

titre <strong>de</strong> son livre, le terme « vagabondages<br />

» d’une phrase qui semble, sinon<br />

le contredire, au moins s’y opposer : « il<br />

importe d’avoir <strong>de</strong>s certitu<strong>de</strong>s ». Cette apparente<br />

inconciliabilité récèle-t-elle sa<br />

véritable intention ? les vagabondages<br />

n’empêcheraient pas les certitu<strong>de</strong>s et,<br />

pour le Docteur Le Dorze, ils sembleraient<br />

même les fon<strong>de</strong>r, les certitu<strong>de</strong>s<br />

n’étant possibles qu’à ceux qui consentent<br />

à musar<strong>de</strong>r. Albert Le Dorze ne se<br />

contente pas <strong>de</strong> la clinique psychiatrique<br />

ou psychanalytique et, au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> ses patients, ceux qu’il rencontre<br />

dans la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> son cabinet<br />

ou à travers leurs productions littéraires<br />

(comme Catherine M. à laquelle<br />

il consacre un chapitre), il s’intéresse au<br />

contexte social, politique voire artistique<br />

dans lesquels ces mêmes patients ten-<br />

N°7 - TOME XIX - OCTOBRE 2006<br />

tent <strong>de</strong> vivre (<strong>de</strong> survivre). On <strong>de</strong>vine<br />

que si ses choix politiques influencent<br />

sa clinique, ils sont aussi gran<strong>de</strong>ment<br />

influencés pu son métier et par son savoir.<br />

En acceptant <strong>de</strong> se laisser surprendre<br />

par ses rencontres avec ses patients,<br />

mais également avec un texte<br />

théorique ou avec une œuvre d’art, il<br />

érige les vagabondages en nécessité<br />

éthique. Les imprévus <strong>de</strong> la clinique et<br />

<strong>de</strong> la vie ne l’effrayent pas ; bien plus,<br />

ils constituent les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> sa pratique.<br />

Pour les affronter, il sait qu’il lui<br />

faut un savoir soli<strong>de</strong> (les certitu<strong>de</strong>s) mais<br />

non fermé, structurellement inachevé.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!