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Le Cas <strong>de</strong> Sophie K.<br />

Spectacle <strong>de</strong> Jean-François Peyret et Luc Steels<br />

Mise en scène Jean-François Peyret<br />

Scénographie : Nicky Rieti<br />

Musique : Alexandros Markeas<br />

Lumière : Bruno Goubert<br />

Dramaturgie : Marion Stoufflet<br />

Costumes : Cissou Winling<br />

Web : Agnes <strong>de</strong> Cayeux<br />

Avec<br />

Olga Kokorina, Elina Lowensohn, Nathalie Richard, Graham F. Valentine<br />

Création au Festival d’Avignon, La Chartreuse <strong>de</strong> Villeneuve lez Avignon du 9 juillet au 24 juillet 2005.<br />

Représentations au Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot du 26 avril au 27 mai 2006<br />

Contact : Claire Béjanin<br />

Association tf2 – Compagnie Jean-François Peyret<br />

2 bis Square du Croisic, 75015 Paris<br />

T / 00 33 1 45 40 48 36<br />

F / 00 33 1 45 40 32 82


2<br />

I – LE SPECTACLE : LE CAS DE SOPHIE K.<br />

Jean-François Peyret<br />

Il serait tentant d’attribuer au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Harvard, Larry Summers, et à sa gaffe récente sur<br />

les capacités du cerveau féminin à faire <strong>de</strong>s mathématiques, l’idée <strong>de</strong> consacrer un spectacle à<br />

la mathématicienne russe Sophia Kovalevskaïa. L’occasion est presque trop belle <strong>de</strong> tendre<br />

ainsi l’arc entre la Russie arriérée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié du XIXème, entre le combat que<br />

Sophie K dû mener pour se faire reconnaître comme mathématicienne et une <strong>de</strong>s plus<br />

performantes fabriques <strong>de</strong> cerveaux <strong>de</strong> l’Amérique d’aujourd’hui, fille aînée <strong>de</strong> la Science, pour<br />

constater que le fil <strong>de</strong> l’increvable sexisme est ininterrompu. Entre les propos, tenus dans une<br />

<strong>de</strong>s plus brillantes fabriques <strong>de</strong> cerveaux d’aujourd’hui, et ceux, par exemple, <strong>de</strong> Strindberg<br />

révolté à l’idée qu’on nomme Sophie, une femme ! à un poste <strong>de</strong> professeur à l’Université, le<br />

chemin parcouru ne semble pas bien grand, comme si le machisme ordinaire n’était pas le fait<br />

<strong>de</strong> l’ignorant et du fruste mais sommeillait aussi dans les esprits éclairés, à croire qu’il serait<br />

inné…<br />

Ce serait tentant, mais malhonnête puisque notre rencontre avec SK s’est faite autrement, et<br />

beaucoup plus par hasard. Nous étions en effet l’an <strong>de</strong>rnier en train <strong>de</strong> faire un spectacle sur<br />

Darwin lorsque Une Nihiliste, le roman <strong>de</strong> notre mathématicienne parut en français; sur la<br />

quatrième <strong>de</strong> couverture, n’était-il pas indiqué qu’elle avait épousé le traducteur russe <strong>de</strong><br />

Darwin, qu’elle avait rencontré l’auteur <strong>de</strong> L’Origine <strong>de</strong>s espèces ? Cela suffisait pour piquer<br />

notre curiosité et donner l’envie <strong>de</strong> faire entrer la mathématicienne-écrivain dans notre petit<br />

théâtre.<br />

Que le théâtre, ou le roman ou le cinéma soient tentés <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> la vie et l’œuvre <strong>de</strong><br />

cette femme, rien d’étonnant. On dirait qu’elle épouse son époque. De son enfance<br />

d’aristocrate russe ébranlée par le nihilisme, <strong>de</strong> sa fascination pour les idées nouvelles, <strong>de</strong> son<br />

combat pour faire valoir ses droits au savoir à la victoire <strong>de</strong> son féminisme consacrée par sa<br />

chaire en Suè<strong>de</strong> et la reconnaissance <strong>de</strong> son génie mathématique, en passant par la Commune<br />

<strong>de</strong> Paris, par les relations qu’elle entretint avec les plus grands esprits <strong>de</strong> son temps, elle n’a<br />

pas ménagé sa passion et on regrettera seulement qu’elle soit morte si jeune, et n’ait pas<br />

connu la suite <strong>de</strong> cette Histoire si pleine <strong>de</strong> bruits et <strong>de</strong> fureurs. Après tout, en 1917, elle<br />

n’aurait eu que 67 ans. Ainsi ses talents mathématiques ne l’ont pas enfermée dans une tour<br />

d’ivoire ; elle était dans le siècle, et voulut s’y inscrire politiquement en luttant pour<br />

l’émancipation <strong>de</strong>s femmes, mais littérairement aussi en se choisissant écrivain. Bref, pour<br />

revenir aux préoccupations <strong>de</strong> Larry Summers, le cerveau <strong>de</strong> Sophie Kovalevskaïa nous<br />

intéresse.<br />

Il nous intéresse par son caractère amphibie, le côté scientifique et le côté littéraire, et il nous<br />

intéresse d’autant plus que notre théâtre, littéraire par vocation, cherche, <strong>de</strong>puis quelques<br />

années et quelques spectacles à être en résonance avec la science et la technique dont il est le<br />

contemporain, à s’en faire l’écho poétique, si ce n’est pas prétentieux <strong>de</strong> le dire. Qu’on me<br />

2


3 3<br />

permette d’ajouter que cette démarche est, contrairement à une tradition anglo-saxonne plus<br />

riche en ce domaine, assez rare en Europe continentale. Cela signifie aussi que notre intérêt<br />

n’est pas seulement historique mais qu’il nous importait aussi d’examiner l’héritage <strong>de</strong> Sophie<br />

et <strong>de</strong> savoir ce que les scientifiques d’aujourd’hui pouvaient en faire.<br />

Tout ce qui précè<strong>de</strong> explique pourquoi nous avons fait le choix <strong>de</strong> Sophie. Il faut maintenant<br />

dire un mot du comment. Notre démarche n’est délibérément pas imitative, notre esthétique<br />

n’est pas une esthétique <strong>de</strong> la représentation ; nous ne chercherons pas à construire une fable<br />

représentative où le personnage <strong>de</strong> Sophie K. s’incarnerait dans une comédienne bien choisie.<br />

Le théâtre ici n’est pas au service <strong>de</strong> l’illusion biographique : nous avons <strong>de</strong>s doutes, plus que<br />

<strong>de</strong>s doutes, sur la validité (artistique ou non) <strong>de</strong> tout projet biographique, projet d’une intenable<br />

maîtrise <strong>de</strong> la part du biographe qui veut qu’une vie obéisse à un plan, qu’une vie soit <strong>de</strong> part<br />

en part intelligible. Nous ne voulons pas réintroduire sournoisement un déterminisme à qui la<br />

science à cette époque est en train <strong>de</strong> tordre le cou. Nous ne posons pas que la vie <strong>de</strong> cette<br />

femme disparue il y a 125 ans, ni que son œuvre mathématique par nature hors <strong>de</strong>s prises d’un<br />

théâtre peu au fait <strong>de</strong>s équations aux dérivées partielles ou <strong>de</strong>s intégrales abéliennes<br />

dégénérées nous soient intelligibles et que nous pourrions rapprocher Sophie K <strong>de</strong> nous; non,<br />

nous chercherons plutôt à nous approcher d’elle. Ce travail théâtral est un travail d’approche<br />

par les moyens propres du théâtre (trois comédiennes et un comédien en quête <strong>de</strong> Sophie K)<br />

prolongés par l’apport d’autres pratiques artistiques, comme ceux <strong>de</strong> la vidéo, <strong>de</strong> la musique<br />

électro-acoustique et d’internet. Surtout ce spectacle sera l’occasion d’un commerce entre<br />

artistes et scientifiques dont le résultat ne sera pas une conversation académique ou mondaine<br />

mais quelque chose <strong>de</strong> fabriqué en commun: un spectacle.<br />

3


4<br />

LE CAS DE SOPHIE K.<br />

Un projet <strong>de</strong> théâtre<br />

Le Cas <strong>de</strong> Sophie K., spectacle <strong>de</strong> Jean-François Peyret et <strong>de</strong> Luc Steels, naîtra donc <strong>de</strong> la<br />

collaboration d’un metteur en scène et d’un scientifique spécialiste en Intelligence Artificielle.<br />

Par le biais du frottement avec d’autres arts, voire d’autres technologies que les techniques<br />

proprement théâtrales, le théâtre <strong>de</strong> Jean-François Peyret explore en effet <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> dix<br />

ans les zones frontalières qu’il contribue à créer, entre science et théâtre d’abord, mais aussi<br />

entre ce qui serait résolument du côté du théâtre tel qu’on se le représente et ce qui semblerait<br />

y échapper. Il aménage donc <strong>de</strong>s rencontres où les contours <strong>de</strong> “l’imagination créatrice” sont<br />

appelés à se redéfinir sur le plateau. Rencontres entre artistes et scientifiques certes, mais<br />

aussi (et surtout?) rencontre avec <strong>de</strong>s comédiens, qui nous somment <strong>de</strong> donner corps et<br />

mouvement à <strong>de</strong> telles rêveries.<br />

Ici trois comédiennes, Olga Kokorina, Elina Löwenshon et Nathalie Richard, seront donc<br />

confrontées à Sophia Kovalevskaïa; mathématicienne russe <strong>de</strong> la fin du XIXème siècle,<br />

première femme à obtenir une chaire <strong>de</strong> mathématiques à l’Université; romancière aussi. Et<br />

peut-être plus particulièrement à son cerveau : imagination mathématique, imagination<br />

poétique. “Je comprends votre surprise <strong>de</strong> me voir travailler aussi bien en littérature qu’en<br />

mathématiques. Bien <strong>de</strong>s gens qui n’ont jamais eu l’occasion d’en savoir plus sur les<br />

mathématiques les réduisent à l’arithmétique et les considèrent comme une science sèche et<br />

ari<strong>de</strong>. C’est pourtant la science qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le plus d’imagination”, écrivait-elle à une<br />

correspondante peu <strong>de</strong> temps avant sa mort.<br />

Comment <strong>de</strong>s comédiennes réagissent-elles à la proposition Sophie K. ? Que vont-elles<br />

chercher en elles-mêmes pour jouer ? Loin <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification, peut-on incarner la pensée,<br />

mouvante ? Comment cela traverse-t-il les corps, son corps, trois corps, n corps…?<br />

Un quatrième comédien, l’homme oublié, Graham Valentine, sera déguisé en femme déguisée<br />

en homme – par exemple pour avoir accès aux scènes du music-hall <strong>de</strong> l’époque. Il sera le<br />

témoin <strong>de</strong> la “transformation K” subie par les comédiennes “kovalevskaïamment modifiées”. Un<br />

contre-point. Comme extérieur à cette prise en charge <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa par le théâtre –<br />

sa scène et ses actrices – il se fera le rhapso<strong>de</strong> du spectacle. Une autre façon <strong>de</strong> se retrouver<br />

confronté à l’activité cérébrale, activité créatrice, politique aussi, et féministe <strong>de</strong> SK. Il s’agirait<br />

donc <strong>de</strong> dresser sur la scène le portrait éclaté et changeant d’une femme, cerveau compris !, et<br />

<strong>de</strong> son mon<strong>de</strong>. Univers nihiliste russe – passe Dostoïevski et ses Démons -, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />

mariage la soeur aînée <strong>de</strong> Sophia mais cette <strong>de</strong>rnière quitte Saint Pétersbourg pour Paris,<br />

s’engage dans la Commune et épouse Jaclard pour fon<strong>de</strong>r La Sociale. Univers mathématique<br />

aussi : du développement <strong>de</strong> l’ananlyse mo<strong>de</strong>rne avec Weierstrass à l’intuition par Poincaré <strong>de</strong><br />

la théorie du chaos. Quelles conditions créer les pour qu’un théâtre s’y retrouve, se retrouve<br />

dans cette pensée-là ? Un théâtre peut-il être familier <strong>de</strong> ces questions scientifiques? Il nous<br />

faudra trouver <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> théâtre – comme on dit <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> pensée – pour approcher,<br />

même par métaphore, cette dramaturgie <strong>de</strong> la pensée.<br />

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5 5<br />

1. La scénographie<br />

La scénographie est à considérer d’un point <strong>de</strong> vue qui n’est pas celui du théâtre ou <strong>de</strong> la scène<br />

traditionnelle, ni celui d’une installation contemporaine installée au cœur d’un monument<br />

historique – juxtaposition <strong>de</strong>venue habituelle au fil <strong>de</strong>s ans. Nous tenterons <strong>de</strong> parvenir à une<br />

synthèse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux, c’est-à-dire éviter autant que possible d’une part l’indifférence manifeste<br />

que suscite une scène traditionnelle au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’arche du proscenium, et d’autre part le<br />

manque d’attention <strong>de</strong> l’installation artistique pour les textes théâtraux, le jeu <strong>de</strong>s acteurs et la<br />

mise en scène. Aussi secondaires que ces distinctions scénographiques puissent paraître, elles<br />

font partie du théâtre <strong>de</strong> Jean-François Peyret, qui cherche à re-combiner <strong>de</strong>s disciplines<br />

théâtrales et artistiques d’une façon souvent inattendue, mais toujours vers l'appréciation et la<br />

compréhension <strong>de</strong> textes dont le contenu n'est jamais limité aux frontières littéraires, théâtrales,<br />

ou autres.<br />

2. Un dispositif vidéo<br />

Un dispositif vidéo permettrait en outre <strong>de</strong> démultiplier les scènes et <strong>de</strong> jouer sur le trouble que<br />

peut engendrer la captation en temps réel : où sont les actrices que l’on voit projetées sur le<br />

plateau ; et quand ? Sont-elles vraiment éloignées, ou sont-elles susceptibles d’entrer sur<br />

scène à tout moment, alors même qu’elles semblent si loin <strong>de</strong> notre théâtre? Ou comment se<br />

trouver dans <strong>de</strong>ux, n, lieux à la fois ? Délocalisation. Et si Stockholm n’autorise pas les mêmes<br />

choses que Saint Pétersbourg, une cellule off stage projetée sur le plateau pourrait-elle<br />

permettre à une comédienne, sur scène in abtentia, d’établir un autre rapport aux matériaux<br />

convoqués, aux spectateurs rassemblés (ou dispersés si l’on s’adresse au public à constituer<br />

sur le web – voir infra)? Et le champ <strong>de</strong>s possibles s’ouvre encore si l’on choisit d’explorer<br />

l’écart qui s’ouvre entre l’objectivité <strong>de</strong> la caméra <strong>de</strong> surveillance, (plan fixe et témoin, auquel on<br />

ne saurait échapper, vecteur <strong>de</strong> la continuité d’un lieu donné, assigné, et <strong>de</strong> la flèche du temps<br />

qui se déroule), et l’intimité dévoilée, la mise en scène <strong>de</strong> soi, qu’exhibe la webcam qui<br />

accompagne l’actrice. Autant d’occasions d’explorer et <strong>de</strong> démultiplier les rapports à SK que<br />

construisent les comédiennes et le spectacle, fractal.<br />

3. La musique<br />

La musique <strong>de</strong> ce projet s'articule autour <strong>de</strong> la dualité entre musique instrumentale et musique<br />

synthétique. L'idée serait <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>ux musiques dissemblables et opposées qui<br />

s'écoutent simultanément, qui gar<strong>de</strong>nt leur propre logique <strong>de</strong> comportement dans le temps et<br />

dans l'espace, qui proposent une lecture différente <strong>de</strong> ce qui se passe sur scène. Le son du<br />

piano, l'évocation <strong>de</strong> l'écriture romantique et post-romantique du 19e siècle d'une part, l'univers<br />

<strong>de</strong> synthèse sonore numérique et les différentes textures sonores issues <strong>de</strong>s labos<br />

informatiques formeront les <strong>de</strong>ux matières qui évolueront <strong>de</strong> manière indépendante. Leur<br />

parcours sera organisé par un programme <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s d'interaction :<br />

actions-réactions, impacts-déclenchements, jeux <strong>de</strong> résonances, rencontres et oppositions<br />

rythmiques. Tout une gamme <strong>de</strong> gestes musicaux complémentaires ou antagonistes sera ainsi<br />

déclinée jusqu'à une fusion sonore <strong>de</strong> l'ensemble.<br />

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6<br />

II – LES ATELIERS : premier épiso<strong>de</strong><br />

Centre National <strong>de</strong>s Ecritures du Spectacle à la Chartreuse <strong>de</strong> Villeneuve-lez-Avignon<br />

Depuis quelques années, Jean-François Peyret travaille à faire dans l’espace <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong>s<br />

discours qui lui sont traditionnellement étrangers, par l’exploration, notamment, <strong>de</strong>s frontières<br />

entre les imaginaires scientifiques et les imaginaires artistiques.<br />

Les invités scientifiques participent au projet à différents sta<strong>de</strong>s et montreront comment la<br />

science peut interagir avec l’art et le théâtre.<br />

Un premier workshop a d’ores et déjà eu lieu du 28 février au 5 mars 2005. Un second est<br />

prévu entre du 21 au 23 avril.<br />

1. Première rencontre autour <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaia / 28 fevrier – 5 mars 2005<br />

PEYRET, Jean-François (metteur en scène)<br />

STEELS, Luc (spécialiste en intelligence artificielle)<br />

BRAIBANT, Sylvie (journaliste, sociologue, TV5)<br />

DAHAN, Amy (directrice <strong>de</strong> recherche au CNRS, directrice-adjointe du centre Alexandre Koyré.<br />

Spécialiste <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s sciences et <strong>de</strong>s milieux mathématiques dans leur contexte politique<br />

et culturel)<br />

DETRAZ, Jacqueline (professeur <strong>de</strong> mathématiques à l'Université <strong>de</strong> Marseille et spécialiste<br />

<strong>de</strong> l'œuvre mathématique <strong>de</strong> Sonia Kovalevskaïa)<br />

DULLIN, Holger (docteur en physique au département <strong>de</strong>s sciences et <strong>de</strong>s mathématiques à<br />

l’Univérsite <strong>de</strong> Loughborough Gran<strong>de</strong> Bretagne, spécialiste du sujet <strong>de</strong> Kovalevski)<br />

VENTURELLI, Andrea (enseignant-chercheur, Less Systèmes Dynamiques Génériques en<br />

topologie C1, Laboratoire d'Analyse non Linéaire et <strong>de</strong> Géométrie, Département <strong>de</strong><br />

Mathématiques à l’Université d’Avignon)<br />

KOKORINA, Olga (comédienne)<br />

RICHARD, Nathalie (comédienne)<br />

Comment créer les conditions qui nous permettraient, entre chaos et déterminisme, <strong>de</strong><br />

comprendre quelque chose du mon<strong>de</strong> mathématique <strong>de</strong> SK ? Et plus profondément, quelque<br />

chose <strong>de</strong> son imaginaire mathématique, du fonctionnement <strong>de</strong> sa pensée, engagée entre<br />

mathématiques et littérature ?<br />

Tout en ayant cette préoccupation théâtrale à l’esprit : quel serait le théâtre contemporain <strong>de</strong><br />

ces questions ?<br />

Il nous faudrait trouver <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> pensée, approcher, même par métaphore, cette<br />

dramaturgie <strong>de</strong> la pensée qui fut la sienne, sa façon <strong>de</strong> chercher.<br />

C’est dans cette perspective que se sont organisées ces premières rencontres à la Chartreuse,<br />

mettant en présence chercheurs, comédiennes et metteur en scène, et nous donnant par là<br />

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7 7<br />

l’occasion <strong>de</strong> comprendre un parcours, une démarche scientifique – ceux <strong>de</strong> SK ; mais aussi <strong>de</strong><br />

voir le travail <strong>de</strong> la pensée, les effets <strong>de</strong> la pensée sur <strong>de</strong>s corps – ceux <strong>de</strong> nos invités,<br />

revenant avec nous sur les pas <strong>de</strong> SK !<br />

Amy Dahan, épistémologue, enseignante à l’EHESS, a commencé par réinscrire les travaux <strong>de</strong><br />

Sophia Kovalevskaïa dans leur perspective historique : SK travaille au moment où, avec<br />

Poincaré, s’élabore ce qui <strong>de</strong>viendra la théorie du chaos. C’est-à-dire qu’elle participe à la<br />

remise en question <strong>de</strong> l’antagonisme indépassable entre ordre et désordre. S’attachant à <strong>de</strong>s<br />

problèmes classiques <strong>de</strong> mécanique céleste, Sophia Kovalevskaïa travaille en effet sur la<br />

rotation d’un corps soli<strong>de</strong> autour d’un point fixe : la toupie, cas particulier du problème <strong>de</strong> n<br />

corps à quoi s’attachait aussi Poincaré. Et c’est là qu’elle fait exploser le cadre <strong>de</strong> pensée<br />

idéaliste du déterminisme absolu <strong>de</strong> Laplace (l’auteur <strong>de</strong> chevet <strong>de</strong> son enfance). Sophia<br />

Kovalevskaïa prouve en effet qu’en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> trois cas <strong>de</strong> trajectoires calculables, le reste <strong>de</strong>s<br />

équations du mouvement <strong>de</strong> la toupie n’a pas <strong>de</strong> solution. Cela parce que la variation, même<br />

infime, <strong>de</strong>s conditions initiales du mouvement, entraîne l’imprédictibilité du système. Le<br />

chaos peut donc surgir au sein <strong>de</strong> systèmes relativement simples, puisqu’il suffit <strong>de</strong> trois corps<br />

pour introduire un telle complexité <strong>de</strong> trajectoires que l’on se retrouve confronté à <strong>de</strong><br />

l’imprédictible.<br />

Sylvie Braibant, journaliste pour TV5, spécialiste d’Elisabeth Dimitrieff et <strong>de</strong>s « femmes<br />

nouvelles dans la Russie ancienne », est revenue sur le nihilisme russe, et plus<br />

particulièrement sur son versant féministe, dont semble relever assez exemplairement le trajet<br />

<strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa.<br />

Avec Andrea Venturelli, physicien à l’Université d’Avignon, nous sommes revenus sur <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> mécanique céleste tels qu’ils se posent encore aujourd’hui : c’est le problème <strong>de</strong><br />

n corps qu’abordaient Poincaré et Sophia Kovalevskaïa, ou comment calculer la trajectoire <strong>de</strong> n<br />

corps soumis à l’attraction générale en même temps qu’à l’attraction réciproque que chacun <strong>de</strong><br />

ces n corps exerce sur tous les autres.<br />

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8<br />

Andrea Venturelli et Luc Steels<br />

Holger Dullin / La Toupie <strong>de</strong> Kovalevskaia<br />

C’est en physicien qu’Holger Dullin, mathématicien spécialiste <strong>de</strong> systèmes chaotiques, et<br />

notamment du travail <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa sur la toupie, s’est penché sur les équations <strong>de</strong><br />

Sophia Kovalevskaïa. Pour ce faire, il a donc choisi d’abor<strong>de</strong>r le mouvement <strong>de</strong> la toupie non<br />

pas du point <strong>de</strong> vue analytique qui était celui <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa, élève <strong>de</strong> Weierstrass à<br />

l’heure où se fondait l’analyse mo<strong>de</strong>rne, mais du point <strong>de</strong> vue géométrique. C’est-à-dire qu’il<br />

s’est attaché au mouvement <strong>de</strong> la toupie lui-même, et non pas à sa mise en équation. Ainsi la<br />

visualisation <strong>de</strong> ses trajectoires <strong>de</strong>vient possible.<br />

Jacqueline Détraz, mathématicienne spécialiste en analyse complexe, enseignante à<br />

l’Université <strong>de</strong> Marseille et co-fondatrice <strong>de</strong> l’Association Femmes et Mathématiques, est aussi<br />

l’éditrice <strong>de</strong>s Souvenirs d’Enfance <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa chez Belin. Elle a donc fait avec<br />

nous <strong>de</strong>s va-et-vient dans la vie <strong>de</strong> Sophia Kovalevskaïa, traversant son engagement<br />

mathématique, littéraire et politique.<br />

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9 9<br />

Jacqueline Détraz, Olga Kokorina, Marion Stoufflet<br />

2. Deuxième rencontre / 21, 22 et 23 avril 2005<br />

PEYRET, Jean-François (metteur en scène)<br />

STEELS, Luc (spécialiste en Intelligence Artificielle)<br />

NUNEZ, Rafael (spécialiste du geste mathématique)<br />

LOWENSOHN, Elina (comédienne)<br />

Rafael Nunez est professeur au Département <strong>de</strong> sciences cognitives <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />

californie, San Diego. Il travaille <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 10 ans sur les systèmes cognitifs, et plus<br />

particulièrement sur la nature et l’origine <strong>de</strong>s concepts mathématiques. Il est co-auteur avec,<br />

Walter J. Freeman <strong>de</strong> « Reclaiming Cognition : The Primacy of Action, Intention, and<br />

Emotion » .<br />

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10<br />

III– RENCONTRES AVEC LE PUBLIC PENDANT LE FESTIVAL<br />

D’AVIGNON …<br />

Centre National <strong>de</strong>s Ecritures du Spectacle à la Chartreuse <strong>de</strong> Villeneuve-lez-Avignon<br />

À travers la figure <strong>de</strong> la mathématicienne Sophie Kovalevskaïa, la compagnie tf2 continue un<br />

travail d’exploration pendant la création du spectacle <strong>de</strong> Jean-François Peyret et Luc Steels : Le<br />

Cas <strong>de</strong> Sophie K., dans le cadre <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce offerte par la Chartreuse <strong>de</strong> Villeneuve-lez-<br />

Avignon. Des manifestations sont prévues, avec <strong>de</strong>s scientifiques et <strong>de</strong>s comédiens. Il ne<br />

s’agira pas <strong>de</strong> conférences, ni <strong>de</strong> colloques, mais d’une rencontre dans un espace commun, la<br />

scène.<br />

1. Ce soir, on improvise !<br />

du dimanche 17 au mardi 20 juillet 05<br />

Autour <strong>de</strong> Jean-François Peyret, trois « invités » : un biologiste, Alain Prochiantz, un chercheur<br />

en Intelligence Artificielle, Luc Steels, un philosophe, Peter Sloterdijk, et une scène comme<br />

laboratoire, ainsi que trois comédiens comme expérimentateurs, ou comme instruments <strong>de</strong><br />

recherche. Pendant trois jours, chacun <strong>de</strong>s invités travaillera avec les comédiens qui<br />

improviseront à partir <strong>de</strong>s matériaux, qui ne seront pas forcément « dramatiques », proposés<br />

par les différents intervenants. Le geste sera plus proche <strong>de</strong> la « manipulation » scientifique, du<br />

geste du chercheur. On ne sera pas tenu d’imiter. Juste expérimenter.<br />

Autour d’Alain Prochiantz participeront Miroslav Radman et Jean-Clau<strong>de</strong> Weill (ce qui nous<br />

permettrait <strong>de</strong> revenir sur la transgenèse). Avec Luc Steels, nous inviterons Rafael Nunez (qui<br />

aura déjà travaillé avec nous en amont, pour la préparation du spectacle).<br />

Les trois principaux participants, Alain Prochiantz, Luc Steels et Peter Sloterdijk seront présents<br />

à ces trois soirées, consacrées au cerveau, et qui se déclineront comme suit :<br />

Weill)<br />

- le cerveau vian<strong>de</strong> (Alain Prochiantz avec Miroslav Radman et Jean-Clau<strong>de</strong><br />

- le cerveau machine ? (Luc Steels avec Rafael Nunez)<br />

- le cerveau organe <strong>de</strong> la clairière (Peter Sloterdijk)<br />

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11 11<br />

2. Sophie K. matériau : work/playshop<br />

du lundi 11 au samedi 16 juillet.<br />

Par ailleurs, mais dans le même esprit, <strong>de</strong> jeunes comédiens seront conviés à participer à un<br />

work/playshop autour <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> Sophie Kovalevskaia, fille <strong>de</strong> général russe, féministe,<br />

nihiliste, communiste, première femme au mon<strong>de</strong> docteur en mathématiques.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> matériaux à explorer donc, avec les moyens du comédien, sa technique.<br />

Durant une semaine, ces comédiens cristalliseront certaines configurations parmi <strong>de</strong>s<br />

matériaux hétérogènes. Qu’est-ce qui fait qu’un énoncé a priori non fictionnel ou non<br />

dramatique va provoquer l’imagination du comédien ? Comment un énoncé peut quitter son<br />

statut <strong>de</strong> vérité philosophique ou scientifique et <strong>de</strong>venir un élément poétique et créer du<br />

sensible ? Les comédiens auront aussi à leur disposition un dispositif technique qui permettra<br />

un croisement <strong>de</strong>s pratiques artistiques issues <strong>de</strong>s nouvelles technologies, tel que la vidéo ou<br />

le réseau internet. Les répétitions seront ouvertes au public quelques heures par jour et<br />

donneront lieu à une présentation lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière séance.<br />

Ces séances se dérouleront sous la direction <strong>de</strong> Nicolas Bigards (metteur en scène), avec la<br />

participation <strong>de</strong> Jean-François Peyret, qui se laisseront la liberté <strong>de</strong> faire participer d’autres<br />

(jeunes) metteurs en scène à l’expérience.<br />

3. Les salons <strong>de</strong> la Boulangerie<br />

La scène, donc, comme « laboratoire poétique » tel que le désirait déjà Clau<strong>de</strong>l <strong>de</strong> son théâtre.<br />

Pour prolonger ces travaux, <strong>de</strong>s rencontres seront organisées avec <strong>de</strong>s metteurs en scène<br />

présents au Festival d’Avignon (Olivier Py, Pascal Rambert ou Jean-Lambert Wild, par exemple<br />

…) autour du thème <strong>de</strong> la mise en scène comme expérimentation. Il faudrait entrer en scène,<br />

non comme on entre en religion mais comme on entrerait par effraction dans le rêve <strong>de</strong><br />

d’Alembert et voir surgir du « grand sédiment » textuel une chaîne improbable <strong>de</strong> formes<br />

inattendues, là où « il n’y a aucune différence entre un homme <strong>de</strong> science qui veille et un<br />

philosophe qui rêve ».<br />

En effet, comment opérer encore la synthèse <strong>de</strong> l’expérience poétique d’un mon<strong>de</strong> réduit aux<br />

fragmentations propositionnelles d’une vérité scientifique ? La scène expérimentale<br />

apparaissant alors comme le creuset <strong>de</strong> l’imaginaire à la fois scientifique et artistique, <strong>de</strong><br />

l’expérience seule comme art inchoatif. Pour que l’on ne vienne plus au théâtre y chercher une<br />

opinion <strong>de</strong> plus sur le mon<strong>de</strong> mais où celui-ci puisse s’offrir comme expérience du sensible.<br />

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12<br />

IV – LE SITE , SK CONNECTEE ON OFF<br />

Proposition réseau <strong>de</strong> Agnès <strong>de</strong> Cayeux<br />

Un projet développé en partenariat avec l’ENST<br />

La plasticienne du réseau interroge le plateau <strong>de</strong> théâtre comme un objet <strong>de</strong> réalité et présente<br />

sur le web sa nouvelle création SK connectée ON OFF, une série <strong>de</strong> vues vidéo et audio, un<br />

flux continu autour <strong>de</strong> ceux qui s’intéressent à Sofia Kovalevskaïa. La création questionne<br />

l’internaute, cet autre spectateur, sur le regard porté à l’écran <strong>de</strong> l’ordinateur connecté.<br />

1. Dispositif, le temps ON et le temps OFF <strong>de</strong> SK connectée :<br />

SK connectée ON<br />

SK connectée ON est une scène live qui se déroule sur le web du premier jour <strong>de</strong>s répétitions<br />

du spectacle <strong>de</strong> théâtre au <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong>s représentations. Du 3 mai 2005 au 24 juillet 2005.<br />

SK connectée OFF<br />

SK connectée off est une scène qui se rejoue sur le web en hors temps du spectacle <strong>de</strong><br />

théâtre. Toutes les données vidéos, 80 jours x 24 heures <strong>de</strong> flux vidéo sont archivées et mises<br />

à disposition sur le site SK connectée.<br />

Le dispositif OFF s’attache plus spécifiquement à la mémoire <strong>de</strong>s flux continus <strong>de</strong> données. Le<br />

flux vidéo, le flux sonore et le flux textuel sont stockés respectivement sur notre serveur.<br />

L’internaute a accès à la mémoire <strong>de</strong>s données grâce à une sélection temporelle.<br />

Cette partie OFF du projet SK connectée restera en ligne pendant une année.<br />

Le spectacle se rejouant au Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot du 26 avril au 27 mai 2006,<br />

l’expérience OFF se clôturera le <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong>s représentations à Paris.<br />

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2. Dispositif, le site :<br />

vues sur l’objet théâtral (à gauche) : flux vidéo et sonore en temps réel, 24h/24, 80 journées,<br />

<strong>de</strong> Chaillot à Avignon.<br />

webcam du visiteur (à droite) : le visiteur qui l’accepte peut connecter sa webcam et se<br />

laisser regar<strong>de</strong>r. Il s’offre à travers ce dialogue visuel aux autres internautes.<br />

la question au visiteur (texte inscrit sur la vidéo <strong>de</strong> gauche) : « Que regar<strong>de</strong>z-vous ? ». Au<br />

clic sur la question, une pop up s’ouvre et l’internaute peut répondre dans une zone <strong>de</strong> texte<br />

appropriée.<br />

les réponses <strong>de</strong>s visiteurs (texte positionné sous les <strong>de</strong>ux vidéos) : les contributions <strong>de</strong>s<br />

internautes sont affichées une à une et sélectionnables par le numéro du visiteur (liste <strong>de</strong>s<br />

numéros disponible sous le texte). Le visiteur lit l’écrit <strong>de</strong> l’autre.<br />

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Vues sur l’objet théâtral<br />

Du premier jour <strong>de</strong>s répétitions au Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot au <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong>s<br />

représentations à la Chartreuse lez Avignon, l’œil <strong>de</strong> la webcam suit, poursuit l’objet théâtral.<br />

De la fabrication <strong>de</strong> cet objet jusqu’à sa représentation, la scène <strong>de</strong> théâtre est prétexte à une<br />

autre scène, celle du web. Ce flux vidéo est retransmis en temps réel et continu sur le site<br />

Internet SK connectée ON.<br />

Que se passe-t-il pour l’internaute lorsqu’il ne se passe rien ? Que peut-il attendre, lui <strong>de</strong>vant<br />

l’écran d’un ordinateur où l’image quitte un statut représentatif et se définit en un flux continu <strong>de</strong><br />

données vidéo ? Nous présenterons le huis-clos <strong>de</strong>s répétitions comme une scène du web, où<br />

l’intérêt <strong>de</strong> l’internaute se porterait sur ce hors champ privé dans ces comédiennes éprouvent<br />

leur métier et se questionnent sur la figure <strong>de</strong> Sofia Kovalevskaïa.<br />

Webcam du visiteur<br />

SK connectée est un objet réseau autonome, envisagé comme une nouvelle scène du web où<br />

la fiction se construit et se déconstruit à travers la présence, le regard et les écrits <strong>de</strong><br />

l’internaute. SK connectée engage une nouvelle forme <strong>de</strong> narration attachée au médium<br />

Internet. SK connectée est une proposition, une tentative d’écriture pour le web dont les<br />

matériaux qui la constitue opèrent d’un principe <strong>de</strong> saisi, <strong>de</strong> délocalisation ou <strong>de</strong><br />

désynchronisation <strong>de</strong>s acteurs d’une matière vivante : celui d’un spectacle en cours <strong>de</strong><br />

fabrication qui se donne(ra) pendant et après l’expérience. SK connectée questionne le statut<br />

<strong>de</strong> l’image sur ce médium Internet et en interroge la fonction <strong>de</strong> mémoire.<br />

La question au visiteur<br />

Que regar<strong>de</strong>z-vous ?<br />

Les internautes sont présents en temps réel sur le site internet. Avec ou sans webcam, ils<br />

peuvent se connecter et regar<strong>de</strong>r, mais aussi écrire. La participation est anonyme et libre. Eux<br />

construisent ensemble la fiction SK à laquelle ils désirent s’adonner.<br />

Les réponses <strong>de</strong>s visiteurs<br />

La véritable fiction est celle que les internautes modéliseront ensemble à travers leurs écrits. Ce<br />

à quoi ils seront témoins est le temps qui passe. Ce sont eux qui désigneront le geste comme<br />

action, qui inventeront aux événements une succession probable, qui <strong>de</strong>ssineront une<br />

psychologie <strong>de</strong>s « personnages ». Ce sont eux aussi qui ponctueront le temps <strong>de</strong> repères<br />

fictifs.<br />

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3. Petits extraits <strong>de</strong> flux vidéo<br />

Flux vidéo : jour x, il est 7h00, les répétitions n’ont pas encore débutées, la webcam est<br />

déposée dans le hall du Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot, le soleil se lève sur le ciel <strong>de</strong> Paris et<br />

quelques travailleurs marchent d’un pas décidé au pied <strong>de</strong> la Tour Eiffel (…) il est 8h00, une<br />

personne passe <strong>de</strong>vant l’oeil <strong>de</strong> la webcam dans le hall du théâtre. Elle s’affère à son travail,<br />

celui <strong>de</strong> préparer l’espace public (…) Il est 10h00, la webcam suit <strong>de</strong>s personnes qui entrent<br />

dans une salle. C’est le visage <strong>de</strong> Nathalie Richard, l’une <strong>de</strong>s trois comédiennes, que l’œil <strong>de</strong> la<br />

webcam a choisi <strong>de</strong> suivre aujourd’hui, elle sourit furtivement, puis porte un gobelet <strong>de</strong><br />

plastique blanc à ses lèvres. Sa moue désigne une température trop élevée ou bien un café<br />

trop serré. La bouche <strong>de</strong> la comédienne croque ensuite un gâteau, <strong>de</strong> ceux qui ont l’air si<br />

beurrés. (…) Il est 11h00, une page <strong>de</strong> papier cache une partie du visage <strong>de</strong> la comédienne qui<br />

lit une lettre. Il est 12h00, la comédienne lit encore, un journal cette fois et elle rit, aux éclats.<br />

(…) Il est 13h00, plus rien ne se passe. Des livres, <strong>de</strong>s pages sont posés sur une table. (…) Il<br />

est 14h00, la webcam montre une scène où les comédiennes, texte à la main lisent, lèvent le<br />

regard, se sourient. L’une d’entre elles tombent, l’autre la relève, elles s’embrassent et<br />

s’échangent leurs textes. Il est 15h00, <strong>de</strong>s personnes sont groupées sur une scène, elles font<br />

<strong>de</strong>s gestes circulaires <strong>de</strong> leur bras. Le même geste.<br />

Flux vidéo : jour y, il est 7h00, la webcam est déposée dans la Chapelle ouverte <strong>de</strong> la<br />

Chartreuse. La vue est celle d’une <strong>de</strong>s pièces du plasticien Absalon exposée ici. (…)Il est<br />

10h00, un homme petit dépose un sac sur une chaise et en sort un cahier, puis il y écrit <strong>de</strong>s<br />

chiffres, <strong>de</strong>s signes. Lui lève son regard et agite ses bras, ses mains <strong>de</strong>ssinent <strong>de</strong>s courbes.<br />

(…) Il est 11h00, les visiteurs réèls <strong>de</strong> la Chartreuse contourne l’oeuvre du plasticien, la frôle<br />

parfois.<br />

Flux vidéo : jour z, il est 7h00, le ciel. (…) Il est 10h00, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> personnes s’engagent<br />

dans une allée. L’œil <strong>de</strong> la webcam les suit. Puis, et après quelques couloirs voûtés, <strong>de</strong>s<br />

escaliers <strong>de</strong> pierre, l’œil <strong>de</strong> la caméra longe les murs d’une cellule. Une ouverture dans la pierre<br />

là haut laisse une lumière passer. Quelques personnes touchent la pierre. Leurs regards<br />

scrutent l’endroit. L’œil <strong>de</strong> la caméra contourne la pièce. Celle d’une cellule <strong>de</strong> moine <strong>de</strong> la<br />

Chartreuse.<br />

Intention :<br />

Ces trois extraits <strong>de</strong> flux vidéo ne construisent pas <strong>de</strong> scénario.<br />

Nous avons fait le choix d’une caméra unique et mobile afin <strong>de</strong> restituer le suivi permanent<br />

dans ce quasi huis-clos du plateau <strong>de</strong> théâtre en <strong>de</strong>venir. L’œil <strong>de</strong> la caméra sera subjectif et se<br />

portera sur ce que l’on aime observer, regar<strong>de</strong>r indépendamment d’un rapport à l’objet et à sa<br />

structure narrative.<br />

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16<br />

Si la scène du web est envisagée ici comme un espace privilégié <strong>de</strong> rencontre avec l’autre,<br />

c’est aussi parce que nous pouvons la faire s’approcher du vivant, le saisir dans un principe <strong>de</strong><br />

sensorialité.<br />

Enfin, tous les flux sont stockés : vidéo, sonore et textuel. Les internautes pourront ainsi<br />

voir/revoir, lire/relire, entendre/réentendre. L’accès à la consultation <strong>de</strong> ces données participe<br />

du processus d’auto-construction <strong>de</strong> la fiction.<br />

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LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 1.<br />

Sophie Kovalevskaïa (Moscou 1850- Stockholm 1891)<br />

Première femme membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> Russie, première femme titulaire<br />

d’une chaire à l’Université (<strong>de</strong> Stockholm), Sophia Kovalevskaïa est considérée comme l’une<br />

<strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s mathématiciennes <strong>de</strong> son temps. En 1888, elle se voit remettre à Paris le prix<br />

Bordin Élève <strong>de</strong> Weierstrass, elle établit les premiers résultats significatifs dans le domaine <strong>de</strong>s<br />

équations différentielles partielles. Elle participe au comité <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> Acta Mathematica.<br />

Et mène aussi <strong>de</strong>s activités littéraires, tant comme critique que comme auteur : elle s’essaie au<br />

roman, au théâtre, et publie ses Souvenirs d’enfance.<br />

Sophie (Korin-Kurkovskaya) Kovalevsky grandit dans un milieu social privilégié, parmi les<br />

meilleures familles russes. Son père était général et propriétaire terrien ; sa mère, la fille d’un<br />

astronome russe renommé, une musicienne accomplie. Ses premiers souvenirs en matière <strong>de</strong><br />

mathématiques remontent aux récits que lui faisait un oncle autodidacte : “c’est lui, par<br />

exemple, qui me parla le premier <strong>de</strong> la quadrature du cercle, <strong>de</strong>s asymptotes, et si le sens <strong>de</strong><br />

ses paroles me restait incompréhensible, elles frappaient mon imagination et m’inspiraient pour<br />

les mathématiques une sorte <strong>de</strong> vénération, comme pour une science supérieure, mystérieuse,<br />

ouvrant à ses initiés un mon<strong>de</strong> nouveau et merveilleux.”<br />

Alors qu’elle avait onze ans, “il fallut réparer la maison familiale” et poser <strong>de</strong> nouvelles tentures<br />

dans toutes les pièces. Mais le papier manqua pour la chambre <strong>de</strong> Sophie : “pendant bien <strong>de</strong>s<br />

années, ma chambre resta inachevée, le mur simplement tendu <strong>de</strong> feuilles lithographiées <strong>de</strong>s<br />

cours d’Ostrogradski sur le calcul intégral et différentiel, jadis achetées par mon père étudiant.<br />

(…) Je me rappelle avoir passé <strong>de</strong>s heures entières <strong>de</strong>vant ce mur mystérieux, cherchant à<br />

déchiffrer quelques phrases isolées et à retrouver l’ordre dans lequel ces feuilles <strong>de</strong>vaient se<br />

suivre. Cette contemplation prolongée et quotidienne finit par graver dans ma mémoire l’aspect<br />

matériel <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> ces formules, et le texte, quoique incompréhensible au moment<br />

même, laissa une trace profon<strong>de</strong> dans ma mémoire.”<br />

Sophie et sa soeur aînée faisaient partie <strong>de</strong> l’intelligentsia nihiliste ; elles croyaient au pouvoir<br />

qu’aurait l’éducation <strong>de</strong> hâter une révolution pacifique visant à renverser les structures sociales<br />

tsaristes, améliorant ainsi le lot <strong>de</strong> l’humanité – femmes comprises ! Les universités russes<br />

étant interdites aux femmes, le seul recours était <strong>de</strong> partir étudier en Suisse ou en Allemagne.<br />

Mais en dépit du désir véhément que manifestait Sophie <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir mé<strong>de</strong>cin ou chimiste<br />

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(“d’être utile”), il était hors <strong>de</strong> question pour sa famille <strong>de</strong> laisser partir une jeune fille seule à<br />

l’étranger. Aussi contracta-t-elle, <strong>de</strong> conserve avec sa soeur, un mariage blanc : en 1868, elle<br />

épousait Vladimir Kovalevsky, jeune paléontologue traducteur <strong>de</strong> Darwin. Ils partirent tous <strong>de</strong>ux<br />

pour Hei<strong>de</strong>lberg, où Sophie se consacra aux mathématiques, parvenant à obtenir l’autorisation<br />

d’assister à <strong>de</strong>s cours dont, là aussi, l’accès était interdit aux femmes. Quant à sa soeur, en<br />

mal d’action révolutionnaire, elle partit pour Paris où germait la Commune.<br />

Après <strong>de</strong>ux années passées à Hei<strong>de</strong>lberg, Sophie rejoignit Berlin, munie <strong>de</strong> recommandation à<br />

l’attention <strong>de</strong> Weierstrass. Pourtant à Berlin, la règle semblait absolument incontournable : il<br />

était impossible pour une femme <strong>de</strong> pénétrer à l’université. La légen<strong>de</strong> veut que lorsque Sophie<br />

vint trouver Weierstrass, celui-ci lui soumit <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong>stinés à ses étudiants les plus<br />

avancés dans leur travail, souhaitant ainsi la décourager. Mais elle les résolut rapi<strong>de</strong>ment, et<br />

ses solutions étaient si claires et originales qu’il accepta <strong>de</strong> lui donner <strong>de</strong>s leçons particulières ;<br />

et il en vint rapi<strong>de</strong>ment à la considérer comme l’une ses étudiantes les plus brillantes et<br />

prometteuses.<br />

En 1874, Sophie présentait trois mémoires (!) : l’un sur la forme <strong>de</strong>s anneaux <strong>de</strong> Saturne ; le<br />

<strong>de</strong>uxième sur les elliptiques intégrales ; le troisième établissant un théorème pionnier pour la<br />

théorie générale <strong>de</strong>s équations différentielles partielles. Et puisque qu’il était inenvisageable<br />

d’obtenir le moindre diplôme à Berlin, Weierstrass la présenta à l’université <strong>de</strong> Göttingen, où les<br />

candidats étrangers étaient autorisés à soutenir leur mémoire in abstentia. C’est ainsi qu’elle<br />

<strong>de</strong>vint Docteur en philosophie <strong>de</strong>s mathématiques en juillet 1874. Épuisés par ces quatre<br />

années <strong>de</strong> travail intensif, les Kovalevski retournèrent alors en Russie. Sophie ne pouvant<br />

accé<strong>de</strong>r à un poste d’enseignement, elle se tourna vers l’écriture, <strong>de</strong>vint critique <strong>de</strong> théâtre et<br />

journaliste scientifique pour une revue <strong>de</strong> Saint Petersbourg, et se mit à travailler à un roman.<br />

Pendant six ans, elle ne fit pas <strong>de</strong> mathématiques. Ils eurent une fille, tentèrent <strong>de</strong> faire fortune<br />

et <strong>de</strong> créer une université pour les femmes, se lancèrent dans <strong>de</strong>s spéculations financières.<br />

Mais ils se ruinèrent. Et Vladimir se suicida en 1883.<br />

En 1880, Sophie avait commencé à se remettre aux mathématiques et elle publia un article qui<br />

fut salué jusque chez les mathématiciens russes conservateurs. Mittag-Leffler, un ancien<br />

étudiant <strong>de</strong> Weierstrass, fut impressionné si vivement qu’il se battit trois ans durant contre les<br />

obstacles qui se dressaient sur le chemin d’une femme en voie <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir professeur en Suè<strong>de</strong><br />

– où l’on considérait que les femmes mariées n’avaient pas besoin <strong>de</strong> travailler. Dans le même<br />

temps, Sophie séjourna à Paris où elle rencontra <strong>de</strong>s mathématiciens renommés, tel Poincaré<br />

ou Hermite. Finalement, elle obtint un poste à l’Université <strong>de</strong> Stockholm en 1883, d’abord à titre<br />

provisoire, puis, au vu du succès <strong>de</strong> ses cours, elle fut titularisée pour cinq ans. Elle <strong>de</strong>vint en<br />

même temps rédactrice pour la revue Acta Mathematica. Sa carrière atteignit son apogée en<br />

1888 lorsqu’elle reçut le prix Bordin, prix remis par la prestigieuse Académie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong><br />

Paris. Le prix lui fut décerné pour son mémoire Sur le Problème <strong>de</strong> la Rotation d’un Corps<br />

Soli<strong>de</strong> autour d’un Point Fixe : à la suite <strong>de</strong> Euler et Lagrange, elle établissait le troisième cas<br />

<strong>de</strong> stabilité pour ces systèmes dynamiques complexes.<br />

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19 19<br />

Elle <strong>de</strong>vint membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> Russie en 1889, titre purement honorifique<br />

néanmoins, puisque, en tant que femme, elle n’était conviée à aucune assemblée <strong>de</strong> cette<br />

Académie, pas plus qu’elle n’était autorisée à enseigner en Russie ; mais son poste à<br />

l’université <strong>de</strong> Stockholm se mua en un poste à vie.<br />

Entre 1888 et 1891, en sus <strong>de</strong> ses activités mathématiques, elle écrivit <strong>de</strong>ux romans, collabora<br />

avec la soeur <strong>de</strong> Mittag-Leffler à <strong>de</strong>ux pièces <strong>de</strong> théâtre, et écrivit <strong>de</strong> nombreux articles.<br />

Sophie mourut prématurément en 1891, <strong>de</strong>s suites d’une pneumonie. Le ministre <strong>de</strong> l’intérieur<br />

<strong>de</strong> Russie estima alors qu’on avait prêté trop d’attention à “une femme qui, en fin <strong>de</strong> compte,<br />

n’était qu’une Nihiliste.”<br />

Mais elle est la seule femme mathématicienne qui ait un timbre à son effigie en Russie… Et<br />

presque cent ans après sa mort, un cratère sur la lune fut baptisé d’après son nom.<br />

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LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 2.<br />

L’équipe artistique<br />

Jean-François Peyret est metteur en scène, auteur, traducteur et universitaire (Sorbonne<br />

Nouvelle, Paris III). De 1984 à 1994, il dirige le Sapajou Théâtre avec Jean Jourdheuil.<br />

Ensemble, ils confectionnent - écriture, traduction et mise en scène - une quinzaine <strong>de</strong><br />

spectacles <strong>de</strong>puis Le rocher la lan<strong>de</strong> la librairie, d'après Montaigne (Théâtre <strong>de</strong> la Commune<br />

d'Aubervilliers, 1982) jusqu'à Shakespeare Les sonnets. (Théâtre <strong>de</strong> la Bastille, 1989, MC93-<br />

Bobigny 1990), Lucrèce la Nature <strong>de</strong>s choses, (MC93-Bobigny, 1990 et 1991), Le Loup et les<br />

sept Blanche Neige, MC93- Bobigny, 1993, sans oublier la traduction et la création <strong>de</strong> bon<br />

nombre <strong>de</strong> textes <strong>de</strong> Heiner Müller (Heiner Müller-De l'Allemagne, Odéon 1983; Paysage sous<br />

surveillance (Bobigny, 1987), La Route <strong>de</strong>s chars (MC93- Bobigny, 1988) et Le cas Müller<br />

(Festival d'Avignon, 1991). En 1994, avec Sophie Loucachevsky, il réalise et anime le Théâtre-<br />

Feuilleton au Théâtre <strong>de</strong> l’Odéon : écriture et mise en scène d’une série <strong>de</strong> spectacle (Qui<br />

moi ? d’après Kafka). En 1995, il fon<strong>de</strong> une nouvelle compagnie, tf2, Compagnie Jean-<br />

François Peyret et se lance dans le cycle du Traité <strong>de</strong>s passions à la MC93- Bobigny (octobre<br />

1995 - printemps 2000) qui s’achève par l’épilogue sur la poésie d’Au<strong>de</strong>n au Théâtre <strong>de</strong> la<br />

Bastille.<br />

Traité <strong>de</strong>s passions<br />

- Spectacle préparatoire, dans le cadre du festival "Mettre en scène" <strong>de</strong> Rennes, sous le titre :<br />

Le cri <strong>de</strong> (la) Méduse - une étu<strong>de</strong>, TNB (Rennes), 1995.<br />

- Traité <strong>de</strong>s passions 1 (Descartes/Racine), MC93 - Bobigny, 1995<br />

- Traité <strong>de</strong>s passions 2 (Notes pour une pathétique), MC93 - Bobigny, 1996.<br />

- Traité <strong>de</strong>s passions 3 ou Des asters pour Charlotte, MC93-Bobigny 1996.<br />

- Un Faust - Histoire naturelle (Traité <strong>de</strong>s passions 4), texte Jean-François Peyret et Jean-<br />

Didier Vincent, MC93 - Bobigny et Théâtre National <strong>de</strong> Bretagne (Rennes),1998.<br />

- Turing-Machine, MC 93,1999.<br />

- Histoire naturelle <strong>de</strong> l’esprit (suite et fin), MC93 - Bobigny, TNB (Rennes), TNT (Toulouse),<br />

2000.<br />

- Projection privée/Théâtre public / sur <strong>de</strong>s poèmes <strong>de</strong> W.H. Au<strong>de</strong>n, Théâtre <strong>de</strong> la Bastille,<br />

2000.<br />

En 2002, il met en chantier, avec Alain Prochiantz, un nouveau projet : le Traité <strong>de</strong>s formes<br />

- La Génisse et le Pythagoricien : Théâtre National <strong>de</strong> Strasbourg (Avril-Mai 02) et<br />

Théâtre <strong>de</strong> Gennevilliers (Nov-Dec 02)<br />

- Des Chimères en automne ou l’impromptu <strong>de</strong> Chaillot (Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot,<br />

automne 2003)<br />

- Les Variations Darwin (Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot, 2004 ; Théâtre National <strong>de</strong><br />

Strasbourg, Théâtre du Port <strong>de</strong> la Lune, Théâtre <strong>de</strong> Caen, 2005 )<br />

Depuis octobre 2003, Jean-François Peyret est metteur en scène en rési<strong>de</strong>nce à l’Ircam<br />

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21 21<br />

Derniers ouvrages parus : Trois traités <strong>de</strong>s passions. Théâtre Typographique, 1998, Faust -<br />

Une histoire naturelle <strong>de</strong> Jean-François Peyret et Jean-Didier Vincent. Odile Jacob, 2000, La<br />

Génisse et le Pythagoricien <strong>de</strong> Jean-François Peyret et Alain Prochiantz, Odile Jacob, 2002<br />

Luc Steels a étudié la linguistique à Anvers et l'informatique aux États-Unis. En 1983, il <strong>de</strong>vient<br />

professeur en informatique à l'université <strong>de</strong> Bruxelles et directeur du laboratoire <strong>de</strong> recherches<br />

sur l'Intelligence Artificielle. En 1996, il fon<strong>de</strong> le laboratoire <strong>de</strong> recherches en informatique <strong>de</strong><br />

Sony à Paris. Luc Steels donne <strong>de</strong>s conférences dans <strong>de</strong> nombreuses universités dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier, a produit une série télévisuelle <strong>de</strong> vulgarisation scientifique et publié bon nombre<br />

<strong>de</strong> livres. Il intervient sur <strong>de</strong> nombreux sujets - linguistique, biologie, informatique, Intelligence<br />

Artificielle - et a souvent collaboré avec <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> théâtre et d'arts plastiques (Capc musée<br />

<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, Musée d'Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris, Biennale <strong>de</strong> Venise, 2003).<br />

Alexandros Markeas, compositeur, est né en 1965 à Athènes, il étudie le piano et l'écriture<br />

au Conservatoire National <strong>de</strong> Grèce. Il poursuit ses étu<strong>de</strong>s et obtient les premiers prix <strong>de</strong> piano<br />

et <strong>de</strong> musique <strong>de</strong> chambre au Conservatoire National Supérieur <strong>de</strong> Paris. Il donne <strong>de</strong> nombreux<br />

concerts en soliste et en formation <strong>de</strong> chambre. Parallèlement, il se consacre à la composition.<br />

Il continue ses étu<strong>de</strong>s au Conservatoire <strong>de</strong> Paris, dans les classes d'écriture, d'analyse et <strong>de</strong><br />

composition avec Guy Reibel, Michael Levinas, Marc-André Dalbavie et Laurent Cuniot, et<br />

obtient les premiers prix <strong>de</strong> contrepoint, fugue et composition, discipline dont il suit le cycle <strong>de</strong><br />

perfectionnement. Il est aussi sélectionné pour suivre le cursus annuel <strong>de</strong> composition et<br />

d'informatique musicale <strong>de</strong> l'Ircam.<br />

Cherchant à enrichir son travail au contact <strong>de</strong> différents domaines d'expression (texte, théâtre,<br />

arts plastiques), il s'intéresse au théâtre musical, à la musique pour l'image, ainsi qu'à la<br />

composition pédagogique. En 1999, il gagne le prix <strong>de</strong> Rome ce qui lui permet <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>r<br />

comme pensionnaire à l'Académie <strong>de</strong> France à Rome à la Villa Médicis <strong>de</strong> jusqu’en 2001. Ses<br />

pièces sont jouées en France et à l'étranger par divers ensembles : l'Ensemble<br />

Intercontemporain, Court-Circuit, L'Itinéraire, TM+, le quatuor Habanera, les Jeunes Solistes,<br />

l'Orchestre philharmonique <strong>de</strong> Radio France, etc, et sont éditées aux Editions Gérard Billaudot.<br />

Nicky Rieti, scénographe, est né aux Etats-Unis en 1947. Il a étudié l’histoire <strong>de</strong> l’art et<br />

l’architecture à l’Université <strong>de</strong> Yale. Il vit et travaille en France <strong>de</strong>puis 1972 comme<br />

scénographe pour le théâtre et l’opéra. Il a travaillé pour les principaux établissements parisiens<br />

et nationaux : La Comédie Française, l’Odéon, l’Opéra Bastille, le Théâtre National <strong>de</strong> Chaillot,<br />

le Théâtre National <strong>de</strong> la Colline, la MC93 <strong>de</strong> Bobigny, le Théâtre <strong>de</strong> Genevilliers, les opéras <strong>de</strong><br />

Lausanne, Lyon, Strasbourg, Nancy et Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Il a également travaillé pour la Scala <strong>de</strong> Milan, le Welsh and Scottish National Operas et le<br />

Bayerisches Staatschauspiel, le Franckfurt Schauspiel, et le Théâtre National <strong>de</strong> Catalogne.<br />

Pour Jean-François Peyret, il a conçu les scénographies <strong>de</strong>s productions suivantes :<br />

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22<br />

Théâtre Feuilleton (série <strong>de</strong> spectacles divers) - Traité <strong>de</strong>s Passions 1, 2 et 3 - Un Faust,<br />

Histoire Naturelle, <strong>de</strong> J.-F. Peyret et J.-D. Vincent (d’après Goethe) - Histoire Naturelle <strong>de</strong><br />

L’Esprit (Suite et Fin), <strong>de</strong> Jean-François Peyret - Projection Privée, Théâtre Public - La<br />

Genisse et Le Pythagoricien (d’après les Métamorphoses d’Ovi<strong>de</strong>) <strong>de</strong> J.-F. Peyret et Alain<br />

Prochiantz - Chimères en Automne <strong>de</strong> J.-F. Peyret et A. Prochiantz - Les Variations Darwin <strong>de</strong><br />

J.-F. Peyret et A. Prochiantz<br />

Agnès <strong>de</strong> Cayeux, web dramaturge, a dédié une partie <strong>de</strong> ses recherches sur la façon dont<br />

les gens utilisent le réseau web. Elle s’est interrogée sur la place du corps dans un<br />

environnement réseau et la production numérique. Ses projets tentent <strong>de</strong> montrer comment les<br />

utilisateurs se perçoivent à travers l’interface web, comment ils utilisent leur clavier et leur<br />

souris. Elle a également développé <strong>de</strong> nouveaux outils <strong>de</strong> communication, confrontant espaces<br />

réels et espaces virtuels. Agnes <strong>de</strong> Cayeux participe à <strong>de</strong> nombreuses expositions et festivals :<br />

Centre Georges Pompidou, Theatre <strong>de</strong> Paris Villette, Zeppelin Festival, Centre Culturel<br />

Contemporain <strong>de</strong> Barcelone.<br />

Son projet « In My Room » est exposé au Flash Festival 2005 ( Centre Georges Pompidou)<br />

Paris, à La Nuit Blanche 2005 à Paris, et est produit par Arte France.<br />

Agnes <strong>de</strong> Cayeux travaille avec la Compagnie tf2 <strong>de</strong>puis 2000 afin <strong>de</strong> mettre en perspective les<br />

relations possibles entre le plateau et le réseau (www.tf2.asso.fr)<br />

Nicolas Bigards, collaborateur artistique, né en 1971, a suivi une formation <strong>de</strong> comédien au<br />

Conservatoire du X ème arrondissement (Paris) et une licence d'Étu<strong>de</strong>s Théâtrales à la<br />

Sorbonne-Nouvelle.<br />

En 2003, il met en scène Manuscrit Corbeau <strong>de</strong> Max Aub à la MC93 -Bobigny. En 2001, il co-<br />

réalise avec Jean-François Peyret Le vol au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'océan, pièce radiophonique <strong>de</strong> Bertolt<br />

Brecht et Turing Machine -1999 à la MC93. Il met en scène La <strong>de</strong>rnière toilette <strong>de</strong> S. d'après Le<br />

Banquet <strong>de</strong> Platon - 1999, Tendre Marie d'après Marivaux et Michèle Rozenfarb - 1997,<br />

J'avance en poésie, récital québécois.<br />

Il a été l'assistant et/ou dramaturge <strong>de</strong> Jean-François Peyret sur <strong>de</strong> nombreuses mises en<br />

scène : La Génisse et le Pythagoricien - 2002, Histoire naturelle <strong>de</strong> l'esprit, et Projection privée /<br />

Théâtre public. Sur <strong>de</strong>s poèmes d'Au<strong>de</strong>n - 2000, Un Faust - Histoire naturelle - 1998, Traité <strong>de</strong>s<br />

passions III (Traité <strong>de</strong>s couleurs), Traité <strong>de</strong>s passions II (Notes pour une pathétique) - 1996,<br />

Traité <strong>de</strong>s passions Descartes/Racine - 1995. Dramaturge sur Le Lépreux <strong>de</strong> la cité d'Aoste <strong>de</strong><br />

Xavier <strong>de</strong> Maistre, assistant sur Monotapa ou les Bêtes <strong>de</strong> scène, Pièces en dix minutes <strong>de</strong><br />

Djuna Barnes, <strong>de</strong>ux spectacles du Miroir Ouvert - 1994, <strong>de</strong> W. Znorko sur La cité cornu avec<br />

Bruno Boëglin – 1990.<br />

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OLGA KOKORINA<br />

LE CAS DE SOPHIE K / ANNEXE 3.<br />

La distribution<br />

Olga Kokorina est née en 1978 à Khabarousvsk en Russie. Elle étudie au Centre National <strong>de</strong><br />

Théâtre d’Irkousk. Elle arrive à Paris en 1998 après avoir suivi une formation <strong>de</strong> clown en<br />

Suisse à l’Ecole Dimitri Vercho. A Paris elle suit une formation à l’ESAD (Ecole Superieur d’Art<br />

Dramatique).<br />

En 2004, elle tient le rôle <strong>de</strong> Sofia Alexandrovna dans le Génie <strong>de</strong> la Forêt <strong>de</strong> Tchekhov, mis en<br />

scène par Roger Planchon.<br />

ELINA LÖWENSOHN<br />

Elina Löwensohn est née en Roumanie à Bucarest en 1967 et y a vécu jusqu’à 14 ans, âge<br />

auquel elle s’installe à New-York. Elina Löwensohn étudie le théâtre à l’Université du Michigan<br />

et à la Playwright Horizon School <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> New-York.<br />

Le réalisateur Hal Hartley la découvre la fait jouer dans La Théorie <strong>de</strong> l’Achèvement avec<br />

William Sage en 1991. Simple Men suit dès 1992, film dans lequel Elina tient le rôle titre d’une<br />

jeune femme <strong>de</strong> Long Island. Dès lors cette collaboration ne cessera plus.<br />

Pendant les 10 <strong>de</strong>rnières années, elle apparaît également dans <strong>de</strong>s films d’auteur américain et<br />

français. Elle poursuit sa collaboration au théâtre avec le metteur en scène Travis Preston<br />

<strong>de</strong>puis une dizaine d’années, ainsi qu’avec Richard Foreman.<br />

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NATHALIE RICHARD<br />

Nathalie Richard commence sa carrière par la danse et le théâtre. Après une année <strong>de</strong><br />

chorégraphie à New York et une collaboration avec Karol Armitage (Drastic Classism), elle<br />

entre au Conservatoire d'Art Dramatique <strong>de</strong> Paris en 1983. Elle débute au cinéma en 1986 par<br />

un rôle <strong>de</strong> coiffeuse dans Gol<strong>de</strong>n Eighties <strong>de</strong> Chantal Akerman. Mais c'est sa rencontre avec<br />

Jacques Rivette qui est déterminante pour sa carrière cinématographique. La Ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s quatre<br />

inaugure en 1988 une collaboration <strong>de</strong> trois films avec Jeanne la Pucelle, les prisons (1994) et<br />

Haut bas fragile (1995), sur lequel elle participe également à l'écriture. Elle débute en même<br />

temps au théâtre en 1986 avec « Leurre H », une création <strong>de</strong> la compagnie 14-18 présentée au<br />

Festival du Printemps du Théâtre et qui obtiendra le prix spécial du jury ainsi que celui du<br />

public : elle travaillera avec <strong>de</strong>s metteurs en scène tels que Yves Beaunesnes, Laurent Pelly,<br />

Clau<strong>de</strong> Stratz, André Engel, Jean-Clau<strong>de</strong> Fall, Hans Peter Cloos. C’est sa troisième<br />

collaboration avec Jean-François Peyret après « Faust, une histoire naturelle » et « Projection<br />

Privée / Théâtre Public ».<br />

GRAHAM F. VALENTINE<br />

Après avoir étudié le théâtre à Paris, Graham F. Valentine a travaillé <strong>de</strong> nombreuses années au<br />

théâtre, au cinéma et a pris part à <strong>de</strong> nombreux projets européens, par exemple avec Deborah<br />

Warner sur « King Lear » et « The Good person of Sichuan », avec Clau<strong>de</strong> Régy « La Terrible<br />

Voix <strong>de</strong> Satan » et « Chutes » et avec Graham Vick sur « Un Rè in Ascolto ».<br />

En 1999, Graham Valentine jouait le rôle titre dans « Punch et Judy » <strong>de</strong> Birtwistle.<br />

Depuis 2000 il fait partie <strong>de</strong> la Schauspielhaus <strong>de</strong> Zurich.<br />

Il est associé <strong>de</strong>puis 20 années au travail <strong>de</strong> Christoph Marthaler.<br />

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