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intro8 verbeterd - Royal Museum for Central Africa

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La pleureuse intervient encore auprès de<br />

l’assistance quand elle est accablée par la fatigue.<br />

Elle-même chante debout toute la nuit (249:197).<br />

Le deuil dure des heures et des heures et, à un<br />

moment donné, les assistants commencent à<br />

sommeiller ou à faire du bruit. Ca risque de gâcher<br />

son chant. Elle intervient donc par des rappels à<br />

l’ordre (111:24 ; 113:10 ; 121:24 ; 149:15 ;<br />

188:79-81 ; 189:32-35 ; 251:99). Elle se lamente<br />

qu’il y a des gens qui viennent seulement pour<br />

manger et dormir (189:32-35).<br />

Un vers qui revient souvent à travers les<br />

mélopées dit que la pleureuse ne chante pas pour<br />

son plaisir : Kimbo tabembila kuwamya ikimbo<br />

bembilo kupamfyo mweo (On ne chante pas une<br />

mélopée pour le plaisir, on chante une mélopée<br />

pour faire souffrir le cœur) (162:52) et encore :<br />

Nebo nshimbila kuwamya nyimbila fye kikonko<br />

kyaba ku mweo (Moi je ne chante pas pour<br />

plaire, je ne chante que pour le chagrin du coeur)<br />

(283:4). Et encore : Ati kimbo kya malilo<br />

takimbila kumanishe kwimbila fye ukupamfyo<br />

mweo (Une mélopée funèbre n’est jamais chantée<br />

par celui qui a tout, on ne la chante que pour<br />

faire souffrir le cœur) (352:15-16).<br />

La pleureuse, en chantant, y met tout son<br />

cœur et déploie un très grand ef<strong>for</strong>t pour entraîner<br />

l’assistance dans le deuil. Elle encourage les<br />

autres à chanter (160:43) et elle invite à bien<br />

chanter (234:7). C’est ainsi qu’elle dira à un<br />

moment donné que son cœur bat (134:35).<br />

Souvent elle se révolte contre la méchanceté des<br />

hommes et du sort en lançant une longue tirade<br />

qui va sans cesse en crescendo. Parfois elle dira<br />

que chanter la mélopée fait peur : Mayo<br />

nafitulapo fyabo mwenso (Maman, je cesse de<br />

chanter la mélopée funèbre, ça fait peur) (210:62<br />

; 353:212). Même si la pleureuse affirme parfois<br />

dans son chant que la mélopée ne se chante pas<br />

rapidement (95:5 ; 325:87), son chant l’entraîne<br />

17<br />

pourtant souvent à des échappées passionnées et<br />

accélérées et elle enchaîne ses plaintes aussi<br />

longtemps que son souffle le lui permet. Et le<br />

plus souvent, son chant n’est pas un doux chant<br />

d’appel à l’espérance, comme prétend Kabemba<br />

(1992 : 11).<br />

Dans d’autres vers, la pleureuse<br />

communique ses appréhensions personnelles :<br />

chanter la mélopée est difficile et elle se sent<br />

incapable (188:1-2 ; 235 : 1-2) ; elle se déclare<br />

maladroite dans son chant (193:45) ; on se mettra<br />

à rire d’elle (55:32-36). Quand elle chante faux<br />

ses accompagnatrices lui demandent en effet de<br />

nettoyer la gorge (128:1 ; 317:226). Elle critique<br />

d’autres pleureuses qui ne chantent pas comme<br />

il le faut (117:70) ou elle remarque amèrement<br />

que les pleureuses ne chantent plus que pour<br />

l’argent (251:80). De son côté elle se permet de<br />

demander d’être payée (169a:16). Elle se plaint<br />

de porter un pagne déchiré (305:13 ; 306:16 ;<br />

317:240-241). Un chantre aveugle comme<br />

Lwamfwe Kasamata ne manque pas de se<br />

plaindre régulièrement de sa cécité, en<br />

s’appliquant une devise : Pa kumfyala<br />

puntapunta mpofu ya mukombo (Pour avoir<br />

donné naissance à moi l’aveugle qui marche à<br />

tâtons à l’aide d’un bâton) (241:311 ; 249:57), à<br />

cause de la difficulté de se trouver une compagne<br />

(247:7).<br />

En contraste avec ce qui précède et en<br />

rapport avec l’accent habituellement grave de<br />

ces mélopées, il est à noter que les pleureuses<br />

se permettent parfois de chanter des vers qui<br />

semblent déplacés dans une chanson de deuil, à<br />

cause de leur trivialité. Elles attaquent les<br />

prostituées (56 ; 290:13,15). Surtout par les<br />

malumbo qui pourraient faire rire l’assistance :<br />

Kuli ndumba muntafwala kifunga (Chez la<br />

prostituée qui ne porte jamais de jupon). Et :<br />

Tapali ndumba muntafula kifunga (Il n’y a pas

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