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<strong>RAPPORT</strong><br />

• III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION<br />

MASSIVE EN MÉDITERRANNÉE 2007 : AU-DELÀ<br />

DE LA MENACE NUCLÉAIRE<br />

Jesús A. Núñez Villaverde et Balder Hageraats<br />

•<br />

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III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE<br />

EN MÉDITERRANÉE 2007 : AU-DELÀ DE LA MENACE<br />

NUCLÉAIRE<br />

Introduction<br />

Jesús A. Núñez Villaverde<br />

Codirecteur de l’Institut d’Études des Conflits<br />

et de l’Action Humanitaire (IECAH), Madrid<br />

Balder Hageraats<br />

Chercheur de l'IECAH<br />

Comme suite de l’effort promu par la Fondation CIDOB, ce troisième<br />

rapport sur Les armes de destruction massive en Méditerranée en 2007 :<br />

au-delà de la menace nucléaire essaye de répondre à l’intérêt suscité<br />

en son sein, depuis déjà de nombreuses années, par les questions de<br />

sécurité et de défense en Méditerranée. De même que dans les deux cas<br />

précédents- Les armes de destruction massive en Méditerranée 2005 :<br />

état de la question et perspectives et Les armes de destruction massive en<br />

Méditerranée 2006 : une menace omnidirectionnelle- le présent rapport<br />

rentre dans le cadre de la série annuelle des Séminaires Internationaux de<br />

Sécurité et de Défense en Méditerranée, organisés depuis 2002 par cette<br />

Fondation, en collaboration avec le Ministère de la Défense espagnol.<br />

En poursuivant selon la décision adoptée à la clôture de la troisième<br />

de ces rencontres, ces pages prétendent offrir, tant à ceux qui participent<br />

directement à ses sessions qu’à la grande communauté nationale<br />

et internationale de sécurité intéressée par les affaires de la région, un<br />

document qui facilite l’analyse d’un des problèmes les plus cuisants de<br />

l’agenda international de sécurité. En même temps, il aspire à promouvoir<br />

le débat et la réflexion due à la menace que représente les arsenaux<br />

et les programmes nucléaires, chimiques, biologiques et de missiles déjà<br />

existants, ainsi que les essais inquiétants des différents acteurs étatiques<br />

et non étatiques pour accéder aux armes de destruction massive (ADM).<br />

Dans ce but, les pages qui suivent cherchent à consolider un effort qui<br />

permet de compter sur des élément d’appui aux décisions politiques et<br />

d’améliorer la connaissance d’une question qui influence, de manière aussi<br />

puissante que négative, sur l’image d’une Méditerranée caractérisée, hier<br />

et aujourd’hui, par son haut niveau d’instabilité. Si, d’un côté, des conflits<br />

violents sont toujours ouverts aussi empoisonnés que l’arabo-israélien ou<br />

l’iraquien, d’un autre côté, il existe différents foyers de tension qui rendent<br />

difficile d’imaginer à moyen terme que puisse s’accomplir l’objectif proclamé<br />

par le Processus de Barcelone de créer un espace euro-méditerranéen de<br />

paix et de prospérité partagée. Au contraire, les principaux signaux qu’émet<br />

la zone montrent une détérioration généralisée, non tant dans le sens Nord-<br />

Sud que le plus complexe Sud-Sud, dans lequel d’idée d’accorder une zone<br />

libre d’armes de destruction massive ne fait que s’éloigner à l’horizon.<br />

•<br />

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Pendant le laps de<br />

temps écoulé depuis<br />

la présentation du<br />

rapport précédent la<br />

préoccupation pour<br />

les ADM dans la zone<br />

méditerranéenne a<br />

continué à augmenter<br />

•<br />

Pendant le laps de temps écoulé depuis la présentation du rapport précédent<br />

(décembre 2006) la préoccupation pour les ADM dans la zone<br />

méditerranéenne- entendue depuis une perspective de sécurité comme<br />

l’espace qui comprend tant l’Union européenne (UE), les Balkans et la<br />

Russie, que le Maghreb, le Proche Orient et le Moyen-Orient, au Sud et<br />

à l’Est- a continué à augmenter. Quand la résolution de la crise occasionnée<br />

par la nucléarisation de la Corée du Nord paraît déjà sur la bonne<br />

voie, l’attention mondiale a été centrée au long de ces mois sur l’évolution<br />

du programme nucléaire iranien et sur les efforts de la communauté<br />

internationale pour éviter que sa continuation ne débouche sur la détention<br />

d’une capacité militaire qui est vue comme déstabilisatrice. Dans ce<br />

sens sont représentés, d’un côté, l’Organisme International de l’Énergie<br />

Atomique (OIEA) et l’Union européenne, surtout au travers du groupe<br />

de pays mené par le Royaume Uni, la France et l’Allemagne- tentant<br />

d’explorer toutes les voies possibles de dialogue et de négociation- et,<br />

d’un autre, le Conseil de Sécurité de l’ONU et des pays comme les États-<br />

Unis et Israël, qui sont arrivé à approuver des sanctions contre le régime<br />

iranien et qui ont augmenté de manière significative leurs messages belliqueux,<br />

comme mécanisme de dissuasion, jusqu’alors sans succès.<br />

Tout ceci se passe dans le cadre d’un improbable processus de non prolifération<br />

d’ADM, quand, depuis la perspective de la sécurité régionale,<br />

la tension reste élevée et, dans certains cas, même plus haute qu’un an<br />

auparavant. Comme le montre nettement le désastre de la situation en<br />

Iraq, soumis à un conflit qui reste sans issue claire et dans lequel aucun des<br />

acteurs s’affrontant n’a la capacité suffisante pour imposer son agenda. Il<br />

convient de dire la même chose du conflit qui oppose les Israéliens à leurs<br />

voisins arabes. À la césure brutale produite sur la scène israélo-palestinienne,<br />

avec l’ajout de la fracture interne palestinienne entre le Mouvement de<br />

Résistance Islamique (Hamas) et l’Autorité Palestinienne contrôlée par le<br />

Fatah, s’ajoute le front libanais, dans lequel on n’a pas su panser les blessures<br />

après le choc de l’été 2006 entre le Parti de Dieu libanais (Hezbollah) et<br />

les Forces Israéliennes de Défense (IDF). Le Liban est aujourd’hui à nouveau<br />

au bord de l’abîme, dans une image qui rappelle celle qui donna naissance<br />

à sa longue et tragique guerre civile. Tandis que la Syrie épuise ses options<br />

au Liban, en tentant d’éviter la perte d’un fief qui a toujours été considéré<br />

comme le sien, et en même temps, en essayant d’échapper à la forte pression<br />

qui est sentie depuis Washington et, encore plus, depuis Tel Aviv.<br />

Bien qu’à un degré très différent, le Maghreb ne peut pas non plus se<br />

considérer comme une région stable. D’un côté le conflit qui affecte le<br />

Sahara Occidental reste sans perspective de solution – bien que, au moins,<br />

les conversations directes ont reprises entre les parties opposées-, ce qui<br />

continue à bloquer toute possible avancée dans l’intégration régionale de la<br />

région (avec l’Union du Maghreb Arabe (UMA) totalement paralysée). D’un<br />

autre côté, la menace terroriste se développe en affectant non seulement<br />

l’Algérie ou le Maroc mais la totalité de la région- et y compris au-delà,<br />

jusqu’à contaminer le Sahel- avec l’augmentation de la crainte qu’inspirent<br />

des deux côtés de la Méditerranée Occidentale des organisations comme Al<br />

Qaeda pour le Maghreb Islamique récemment créée.<br />

Pour ce qui concerne les structures de dialogue et de création de la confiance<br />

initiées il y a déjà des années –tant celles impulsées il y a plus d’une<br />

décade par l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN), dans le cadre<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


du Dialogue OTAN Méditerranée, et par l’Union européenne, à travers le<br />

Processus de Barcelone, comme celle d’ordre sous-régional, avec le groupe<br />

5+5 comme la plus significative- l’équilibre obtenu n’est pas excessivement<br />

optimiste. Aucune d’elles ni séparées ni dans l’ensemble n’ont réussi à réduire<br />

les énormes brèches d’inégalité et le haut degré d’instabilité qui affectent<br />

l’ensemble de la région. Elles n’ont pas non plus servi à éliminer la méfiance<br />

réciproque que dans de larges cercles de l’opinion des deux côtés s’est installée<br />

avec le temps. Elles n’ont pas non plus permis, bien qu’en aucun cas<br />

il ne faille rejeter la responsabilité principale sur ces instances, la réforme<br />

nécessaire des systèmes qui résistent à promouvoir dans leurs territoires<br />

respectifs l’urgence des sociétés ouvertes et pleinement développées dans<br />

le milieu social, politique et économique. Pour ce qui concerne l’effort européen,<br />

et tandis que la Politique Européenne de Voisinage (PEV) prend corps,<br />

une diffuse initiative française commence à poindre à l’horizon, l’Union<br />

Méditerranéenne, qui n’a toujours pas réussi à passer des paroles aux actes<br />

mais qui montre, en définitive, qu’on n’a toujours pas réussi à trouver la formule<br />

adéquate pour gérer les affaires euro-méditerranéennes.<br />

À côté de certains changements concernant la situation de l’année passée,<br />

on constate immédiatement que d’autres facteurs et variables restent pratiquement<br />

inchangés douze mois plus tard. C’est pour cela que, au lieu de<br />

répéter l’analyse de ces pays et thèmes qui, en leurs traits essentiels, n’ont<br />

pas modifié leur profil sur le terrain des ADM, ou qui l’ont seulement fait<br />

ponctuellement, nous avons opté pour renvoyer le lecteur aux deux rapports<br />

précédents, en ajoutant uniquement dans celui-ci (Partie IV) les mises à jour<br />

qu’il fallait faire à partir des données et évaluations effectuées alors. De<br />

cette manière, et avec l’intention déjà annoncée dans le point de départ de<br />

cette série en 2005 de couvrir successivement les divers thèmes qui composent<br />

l’agenda des ADM et qui jusqu’à aujourd’hui n’ont pu être étudiés, il<br />

fut décidé pour cette troisième version de 1) réviser à nouveau la nature de<br />

la menace nucléaire (Partie I), avec une attention spéciale aux facteurs qui<br />

stimulent la prolifération globale croissante dans ce domaine et à la crise<br />

autour du programme nucléaire iranien et à ses répercussions sur la sécurité<br />

régionale ; 2) réaliser une étude régionale détaillée (Partie II) ; et 3) examiner<br />

la situation sur le terrain des missiles associés aux ADM (Partie III). Le rapport<br />

est complété par quelques annexes (Partie V) qui reprennent la liste des acronymes<br />

utilisés au long du texte, une chronologie détaillée du programme<br />

nucléaire iranien cette dernière année et des références bibliographiques et<br />

des sites Internet d’intérêt pour le thème analysé.<br />

Comme toile de fond pour l’analyse reprise ici, il convient de résumer le<br />

panorama général avec un ton de trouble croissant. Dans un scénario de<br />

l’importance que le Maghreb, le Proche et Moyen-Orient ont pour la sécurité<br />

internationale, la prolifération des armes de destruction massive est un<br />

fait incontournable. Avec toute la transcendance que peut avoir un hypothétique<br />

Iran nucléaire, son entrée dans le club ne serait qu’un ajout dans<br />

un panorama déjà hautement déstabilisateur, tant pour les foyers de conflit<br />

qui sont déjà ouverts comme pour le chemin sur lequel sont impliqués divers<br />

acteurs étatiques (et probablement certains non étatique) pour se doter de<br />

ces dispositifs. En plus de cela, on n’a pas pu aboutir à un modèle de gestion<br />

de la sécurité régionale qui évite les deux poids deux mesures, qui génère un<br />

climat de confiance mutuelle pour rompre la spirale relative à l’armement et<br />

qui fait, idéalement, de la Méditerranée une région dans laquelle les différences<br />

peuvent se résoudre par des moyens pacifiques.<br />

Avec toute la<br />

transcendance<br />

que peut avoir un<br />

hypothétique Iran<br />

nucléaire, son entrée<br />

dans le club ne<br />

serait qu’un ajout<br />

dans un panorama<br />

déjà hautement<br />

déstabilisateur<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

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2007 s’est terminé sans<br />

qu’aucune initiative<br />

régionale consistante<br />

sur le terrain de la<br />

prolifération nucléaire<br />

n’ait pu être mise en<br />

marche<br />

•<br />

La menace nucléaire: une pluie incessante<br />

Bien que soumise aux va-et-vient de l’agenda médiatique, avec de<br />

surprenantes apparitions à la une des journaux et des disparitions également<br />

étonnantes, la menace nucléaire est une des constantes les plus<br />

solides de notre monde, depuis sa tragique irruption à Hiroshima et<br />

Nagasaki il y a maintenant déjà soixante ans. Ce n’est pas seulement,<br />

comme parfois le ferait penser l’approche dogmatique de certains, une<br />

hypothèse restreinte à la possibilité qu’un acteur non étatique (un group<br />

terroriste, pour être plus précis) s’approprie du matériel radioactif ou une<br />

arme déjà opérationnelle (volée, achetée ou transférée directement par<br />

ses propriétaires), mais, surtout, une réalité dérivée du risque que représente<br />

les 27 000 armes nucléaires accumulées par l’ensemble exclusif de<br />

pays qui les détiennent et des intentions de ceux qui désirent les imiter.<br />

La situation actuelle est loin d’être apaisante tant que a) il n’y a pas de<br />

signes que ceux qui la possèdent pensent sérieusement à y renoncer, y<br />

compris certains de ceux qui prétendent les convertir en armes de combat;<br />

b) les mécanismes de contrôle sont dépassés par un développement<br />

technologique qui offre plus d’option à la prolifération; et c) des pays<br />

très différents (et, potentiellement, des acteurs non étatiques) succombent<br />

à la tentation d’imiter les puissances nucléaires. Si nous ajoutons à<br />

ce panorama général le processus dans lequel s’est lancé l’Iran, on aura<br />

une idée juste de la gravité de la menace que représentent des armes<br />

capables d’annihiler quelconque vestige de vie humaine sur la planète.<br />

Prolifération nucléaire, l’inquiétude permanente<br />

Une fois de plus, et en tant que signal de frustration à peine voilée, il<br />

faut rappeler ici que 2007 s’est terminé sans qu’aucune initiative régionale<br />

consistante sur le terrain de la prolifération nucléaire n’ait pu être<br />

mise en marche. La Méditerranée reste une zone excessivement militarisée,<br />

tant sur le terrain conventionnel que celui des armes de destruction<br />

massives, et où se maintient une course permanente à l’armement, en ce<br />

compris accélérée maintenant après l’annonce récente de Washington<br />

de réarmer ses partenaires de la région, à commencer par Israël 1 . Dans<br />

ces conditions il est illusoire d’imaginer à l’agenda régional des initiatives<br />

telles que la zone Libre d’Armes Nucléaires (zLAN), tant de fois mise sur<br />

la table des différents cadres internationaux et tant de fois abandonnées<br />

devant le manque de volonté pour explorer cette voie.<br />

Les tendances militaristes qui dominent la région, loin d’augmenter la<br />

sécurité de l’ensemble, restent de manière obsessive centrées sur un<br />

réarmement global qui dérive uniquement sur l’insécurité de chacun. La<br />

confrontation israélo-arabe est, à la différence, le facteur qui contribue<br />

le plus directement à cette dynamique, servant ainsi de justification pour<br />

couvrir d’autres intérêts pour augmenter les capacités sécuritaires contre<br />

les menaces internes et celles provenant des autres voisins.<br />

Un élément additionnel qu’il est intéressant de souligner dans ce sens de<br />

préoccupation est l’effet multiplicateur que l’exemple de l’Iran commence<br />

déjà à inciter. Traditionnellement référence fut faite à la position israélienne,<br />

clairement prolifératrice et en marge de n’importe quelle régulation interna-<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


tionale, sert d’argument à ses voisins pour essayer de justifier leurs intentions<br />

plus ou moins réelles de se doter également de capacités chimiques, biologiques<br />

ou nucléaires - dans cet ordre-, pour pouvoir compenser la nette<br />

supériorité d’un pays qui n’a toujours pas réussi à se faire accepter dans<br />

la région. Sans que ce facteur n’ait perdu de vigueur, c’est maintenant le<br />

programme iranien qui dans une plus grande mesure accélère avec force la<br />

voie prolifératrice dans le monde arabe… et jusqu’en Turquie. Dans sa très<br />

claire recherche de leadership régional, le régime chiite de l’Iran provoque<br />

une crainte croissante parmi ses voisins (musulmans, mais majoritairement<br />

sunnites, et non seulement arabes, mais aussi turcs), qui n’accepteront pas<br />

passivement que Téhéran se dote d’un moyen de dissuasion si puissant. En<br />

conséquence, on commence à entrevoir dans la région des prises de positions<br />

favorables au développement de l’énergie nucléaire qui ouvrent une<br />

porte à de plus grandes déstabilisations dans le futur.<br />

Sur un plan plus général, un autre des facteurs qui contribuent le plus à<br />

expliquer cette pulsion d’armement est le maintient d’une “guerre contre<br />

la terreur”, que Washington s’entête à promouvoir malgré l’évidence de<br />

ses effets contreproductifs, non seulement dans cette région mais sur<br />

l’ensemble de la planète. Dans cette perspective et en ce qui concerne<br />

la prolifération d’ADM, il est incontestable d’observer que l’orientation<br />

principale se tourne clairement vers la contre prolifération – en misant sur<br />

le renfort propre et allié des moyens militaires nécessaires pour détruire<br />

les capacités ou les programmes des adversaires 2 -, au détriment de la<br />

non prolifération – avec une sensation croissante de méfiance quant aux<br />

possibilités de cadres aussi importants que le Traité de Non Prolifération<br />

(TNP) et une critique constante du travail d’inspection de l’OIEA. Cette<br />

tendance déstabilisatrice s’accroît encore plus lorsqu’on constate que<br />

de nouvelles puissances nucléaires doivent suivre le comportement des<br />

États-Unis et réévaluent aussi leur propre stratégie nucléaire, dans le but<br />

de faire de ces armes des instruments à l’usage de combat.<br />

Un dernier élément d’inquiétude en lien avec ce sujet est celui qui affecte<br />

la propre santé du régime en vigueur de non prolifération. Il semble bien<br />

éloigné maintenant le moment où fut décidé la vigueur indéfinie du<br />

TNP (1995) et que fut établi un agenda, qui alors semblait réaliste, pour<br />

rendre plus efficace un instrument qu’il faut tout de même qualifier de<br />

grand succès historique 3 . Après cet événement marquant, qui semblait<br />

inaugurer une nouvelle étape dans le but de libérer le monde un jour des<br />

armes nucléaires, tout a changé rapidement avec l’irruption de l’inde et<br />

du Pakistan dans le club à partir du printemps 1998, le néfaste 11-S, la<br />

crise de la Corée du Nord (se retirant du TNP et faisant explosé son premier<br />

engin à l’automne 2006) et la crise ouverte avec l’Iran.<br />

Vu aujourd’hui, cela donne l’impression que personne ne défend sincèrement<br />

le régime de non prolifération nucléaire. Ceux qui ne le font pas,<br />

manifestement, sont ceux qui ont toujours été en marge de ses stipulations<br />

(Israël, l’Inde et le Pakistan). Les cinq pays qui sont reconnus formellement<br />

en tant que puissances nucléaires ne semblent pas non plus miser dessus<br />

et utilisent le TNP de manière sélective, pour condamner certaines puissances<br />

prolifératrices (tandis qu’elles en appuient d’autres) en oubliant trop<br />

facilement leurs propres obligations de ne pas faciliter le transfert de ces<br />

matériaux à leurs partenaires et, surtout, d’exécuter l’ordre de réduire et<br />

d’éliminer leurs propres arsenaux 4 . Laissant de côté les pays qui se consi-<br />

Vu aujourd’hui, cela<br />

donne l’impression que<br />

personne ne défend<br />

sincèrement le régime<br />

de non prolifération<br />

nucléaire<br />

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dèrent ainsi en dehors de cette compétence, et qui se limitent passivement<br />

à figurer comme signataires qui ne gardent pas d’aspiration de leadership<br />

régional et/ou qui ne se sentent pas menacer par d’autres, il reste un grand<br />

nombre de puissances locales et régionales (parmi lesquelles l’Iran semble<br />

aujourd’hui le cas le plus figuratif) qui voient l’arme nucléaire comme un<br />

recours désirable (voire indispensable) pour leurs calculs stratégiques.<br />

En peu de mots “la demande d’armes nucléaires ne diminuera pas tant<br />

que les états qui l’ont déjà continuent d’en faire étalage comme emblèmes<br />

propres d’une grande puissance” 5 . Sur la base du comportement<br />

de ceux qui la possèdent, ceux qui ne veulent pas accepter le statu quo<br />

actuel prétendront sans force (ou sans motivation suffisamment puissante)<br />

augmenter leur poids international, se défendre d’une menace proche<br />

ou compenser la supériorité d’un voisin ayant les engins nucléaires.<br />

Dans la mesure où ce modèle de comportement se consolide, la nécessité<br />

de doter le TNP de plus de contenu perd du souffle parce qu’il ne sert<br />

les intérêts de presque aucun acteur important ou de ceux qui aspirent<br />

en faire partie. Pour modifier cette tendance il serait nécessaire, surtout,<br />

de compter sur des acteurs vraiment convaincus des avantages que comporterait<br />

un monde libre d’armes nucléaires, dans lequel la recherche de<br />

sécurité propre ne se base pas sur l’accumulation de plus et de meilleures<br />

armes. De la même manière il faudrait “dissiper la perception que rendre<br />

l’armement nucléaire illégal est un objectif utopique” 6 .<br />

Dans une revue un minimum réaliste du panorama actuel – et en<br />

reconnaissant que seuls les États-Unis ont la capacité pour assumer un<br />

objectif d’une telle nature -, nous voyons que, dans la pratique, la principale<br />

puissance nucléaire au monde (après celle d’autres qui se cachent<br />

dans une politique de pure suivisme) ne veut ni ne peut le faire. Comme<br />

le démontre sa propre attitude, il semble évident qu’ils préfèrent miser<br />

sur renforcer encore plus leur muscle militaire et que, en conséquence, ils<br />

ne se sentent limités par aucun traité – que ce soit le Traité sur les Missiles<br />

Anti-balistiques (ABM), le TNP ou le Traité jamais ratifié d’Interdiction<br />

Complète des essais Nucléaires (CTBT, en ces sigles anglais) –quand sont<br />

en jeux leurs intérêts nationaux. Mais, même s’ils désiraient le faire, ils ne<br />

le pourraient pas après avoir gaspillé un indiscutable capital politique dans<br />

des épisodes aussi négatifs que la manipulation d’arguments pour lancer<br />

une invasion très critiquée contre l’Iraq (il ne faut pas oublier le faux débat<br />

sur les supposées ADM du régime dictatorial de Saddam Hussein). Arrivés<br />

à ce point, qui peut se fier aujourd’hui en Washington en tant que non<br />

proliférateur et comme défenseur du TNP, de l’OIEA et, en général, de la<br />

légalité internationale dans le domaine de non prolifération? Quel autre<br />

acteur ou instance a la capacité pour mener ce processus?<br />

Le problème découlant de cette situation n’est pas tant qu’il continue à<br />

affaiblir encore plu le régime de non prolifération nucléaire mais que, en<br />

plus, surgissent de nouveaux pays qui se posent ouvertement la question<br />

de la nécessité de réviser leurs positions traditionnellement antinucléaires.<br />

Que la Corée du Sud et, encore plus symbolique et important, le Japon<br />

entrent dans cette dynamique devrait servir comme coup de heurtoir pour<br />

éviter une chute dans l’abîme dont nous nous approchons dangereusement.<br />

Si s’impose le “sauve (et se défend) qui peut”, nous ne pourrons<br />

pas empêcher que se multiplient les risques que ces armes arrivent aux<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


mains indésirables et que, à un quelconque funeste moment, quelqu’un<br />

considère que cela vaut la peine de les utiliser pour atteindre ses objectifs.<br />

A ce qui vient d’être dit il faut ajouter la complication dérivée de<br />

l’essor prévisible de l’énergie nucléaire en tant que voie de sortie<br />

dans un contexte sensibilisé de manière croissante par le processus de<br />

changement climatique dérivé, en grande mesure, de l’utilisation de<br />

combustibles fossiles comme des moteurs de l’économie mondiale (bien<br />

que peut-être pèse plus l’idée que ces derniers vont s’épuiser). Sans<br />

que les problèmes de sécurité ne soient résolus dans le traitement de ce<br />

type de matériels énergétiques – depuis le simple fait que les centrales<br />

nucléaires puissent être vues comme des objectifs préférés pour des<br />

groupes violents de tout type, jusqu’à ce que soit mis en avant le propre<br />

manque de sécurité technique de ces installations et pour la radioactivité<br />

résiduelle des matériaux déjà utilisés et stockés – l’utilisation de l’énergie<br />

nucléaire est, à nouveau, présenté comme la meilleur manière de respecter<br />

le Protocole de Kyoto. Si ce courant d’opinions s’impose, et il y<br />

a assez d’indications que c’est le cas 7 , il est facile d’imaginer qu’en peu<br />

d’années le nombre de 442 réacteurs nucléaires actifs aujourd’hui sur la<br />

planète semblera petit.<br />

Ceci signifie que, aux vues des intérêts géoéconomiques et des avancées<br />

technologiques déjà en marche, il y aura beaucoup plus de difficultés pour<br />

contrôler et réguler l’usage et le transfert d’un matériel aussi sensible. Le<br />

développement de cet imparable processus ne va pas attendre – de fait ce<br />

n’est pas ce qui se passe- qu’il existe des cadres de régulation qui éliminent<br />

tous les problèmes de sécurité prévisibles dès à présent. Si nous ne créons<br />

pas un régime de non prolifération plus efficace, si nous ne dotons pas<br />

l’OIEA de plus de capacité intrusive dans ses inspections, si, en définitive,<br />

nous ne cherchons pas de mécanismes multilatéraux de gestion adaptés à<br />

une réalité qu’il est déjà impossible d’inverser, nous ne pourrons pas être<br />

surpris que notre sécurité, celle de tous, soit encore plus précaire dans un<br />

futur immédiat.<br />

Évaluation de la crise autours du programme nucléaire iranien et<br />

ses répercussions sur la sécurité régionale<br />

Dans notre rapport de 2006 nous affirmions que “une grande partie de la<br />

discussion sur la crise iranienne et sa possible prolifération nucléaire vient<br />

des obstacles que représentent un nombre considérable de suppositions,<br />

converties de manière erronée en faits insoupçonnables de connaissance<br />

communément acceptée”. Un an plus tard, nous pouvons partir du même<br />

fondement 8 , mais avec une différence importante et alarmante dans un<br />

scénario aussi volatil que le Moyen-Orient : le constant échange d’accusations<br />

entre les acteurs principaux, l’évidence que l’Iran suit son programme<br />

nucléaire (y compris l’enrichissement d’uranium), le manque de canaux<br />

effectifs de dialogue, le climat de méfiance absolue…, configurent une<br />

situation hautement explosive, dans laquelle les options militaires ne sont<br />

pas écartées.<br />

Nous nous trouvons à un point où l’accomplissement d’une prophétie<br />

semble inévitable –l’accès iranien aux armes nucléaires-, tandis que toutes<br />

les voies de sortie de la crise par la voie des négociations ne seront pas<br />

Si nous ne créons<br />

pas un régime de<br />

non prolifération<br />

plus efficace nous<br />

ne pourrons pas être<br />

surpris que notre<br />

sécurité, de tous, soit<br />

encore plus précaire<br />

dans un futur immédiat<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

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épuisées. Nous serions donc, faussement, dans une situation dans laquelle<br />

certains semblent obligés à frapper – une fois qu’ils auront constaté l’inefficacité<br />

des pressions et des sanctions-, et les autres poussés à ne pas<br />

rétrocéder- comme unique moyen d’atteindre leur objectif de leadership<br />

régional. Un événement de ce genre ne voudrait pas voir que le régime<br />

iranien utilise son programme nucléaire comme un atout de négociation,<br />

pour atteindre la reconnaissance du rôle de leadership régional convoité,<br />

en même temps comme instrument pour obtenir des garanties de sécurité<br />

interne face à ceux qui désirent la chute iranienne. Il ne faudrait pas non<br />

plus comprendre que ceux qui menacent d’intervention militaire ne sont<br />

pas, au jour d’aujourd’hui, en conditions pour passer des discours aux<br />

faits, non seulement par manque de volonté mais par simple manque de<br />

moyens pour mener un plan d’attaque avec des chances de succès.<br />

Si à cela on ajoute qu’il ne faut pas plus de trois à cinq ans, selon les<br />

sources consultées, pour que l’Iran soit en conditions d’enrichir de l’uranium<br />

à grande échelle 9 , nous pouvons conclure qu’il reste du temps<br />

– bien que chaque partie puisse reconduire le processus vers une solution<br />

satisfaisante... ou au désastre.<br />

Evolution du “Cas Iran” en 2007<br />

L’année 2007 a commencé de la même manière qu’avait terminé l’antérieure:<br />

une augmentation graduelle des tensions quant aux activités<br />

nucléaires iraniennes, avec l’OIEA essayant d’agir en tant qu’intermédiaire<br />

honnête entre les États-Unis et l’Iran. Comme suite à la Résolution<br />

1696 (le 31 juillet 2006) du Conseil de Sécurité de l’ONU, le 23 décembre<br />

2006 le Conseil approuva à l’unanimité la Résolution 1737, qui<br />

inaugurait la séquence de sanctions internationales au régime iranien.<br />

Dans son texte 10 , et après avoir confirmer le manque de volonté des<br />

autorités iraniennes pour arrêter les activités d’enrichissement d’uranium<br />

et de traitement du matériel nucléaire, l’idée fut admise de leur concéder<br />

60 jours pour qu’ils cessent tout action dans ce domaine, comme<br />

condition préalable pour commencer des négociations qui permettent<br />

de résoudre la crise engendrée par leurs manquements antérieurs.<br />

Simultanément, elle imposait des sanctions à des individus et des organismes<br />

iraniens liés au programme nucléaire.<br />

Dans un climat dans lequel se font déjà entendre ouvertement des allusions<br />

à la nécessité d’utiliser la force pour éviter ce qui est considéré<br />

comme totalement inacceptable (la maîtrise iranienne de tout le cycle<br />

nucléaire), les installations de Natanz ont attiré une grande partie de<br />

l’attention internationale au début de cette année. L’objectif principal<br />

de ce cas-ci était de fouiller pour trouver quelle part de vérité il y avait<br />

dans les annonces du régime iranien, et du propre président Mahmud<br />

Ahmadineyad, sur l’entrée en fonction d’une cascade jusque 3.000<br />

centrifugeuses (comme démarche préalable à l’installation de quelques<br />

54.000, objectif final pour atteindre une production à grande échelle).<br />

Bien que ce début d’année ait pu faire penser que la distance avant<br />

d’entrer dans l’étape décisive de la crise se réduisait, les mois suivants<br />

commencèrent à faire place à une nouvelle dynamique: tandis que le<br />

président Ahmadineyad et son gouvernement continuaient avec leur<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


hétorique conflictuelle, l’attitude des États-Unis et de l’Union européenne<br />

semblait perdre en intensité, y compris malgré que ce premier<br />

trimestre se vu compliqué, le 23 mars, avec la capture iranienne de<br />

15 marins britanniques dans des eaux du golfe Persique 11 . En marge<br />

d’autres questions mineures, il y a deux raisons principales qui expliquent<br />

ce changement dans le comportement occidental: le manque d’effectivité<br />

de la stratégie suivie jusqu’à présent et la croissante faiblesse des<br />

États-Unis sur la scène internationale.<br />

Pour ce qui concerne les États-Unis, il semble chaque fois plus indéniable<br />

que la politique récente de la Maison Blanche ajoute à l’idée de retenue<br />

(“containment”) de l’administration antérieure, l’idée que le régime ne tombera<br />

que sous la pression directe et par la force. Quant à l’Union européenne,<br />

sa propre faiblesse en tant qu’acteur extérieur, et surtout le sentiment que<br />

toutes ses possibles offres et propositions sont subordonnées au dernier mot<br />

de Washington, leur enlève du pouvoir de persuasion et d’opérationnalité<br />

aux yeux du régime iranien, peu importe les efforts réalisés.<br />

Tant Mohamed Jatami, avant, comme avec Ahmadineyad, maintenant,<br />

-sans oublié que le véritable pourvoir du régime reste de manière inaltérable<br />

dans les mains du Leader Suprême de la Révolution, Ali Jamenei<br />

–l’Iran a suivi une évolution croissante stratégiquement, jusqu’à se<br />

convertir en une puissance régionale de plus en plus sûre de son destin.<br />

La faiblesse relative de sa politique extérieure est plus liée à la complexité<br />

de son environnement politique interne qu’à n’importe quelle possible<br />

pression venant de l’extérieure. Mais rien de cela ne l’a pas empêché à<br />

maintenir le cap d’une priorité comme celle de se convertir en un pays<br />

nucléaire, définie il y a déjà plus de vingt ans.<br />

Tandis que les États-Unis et l’UE ont participé à un jeu dans lequel ils<br />

n’ont jamais obtenu un accord basique et ils ont mis en avant les indiscutables<br />

fractures du propre Conseil de Sécurité – au sein duquel la<br />

Russie et la Chine ont servi de frein pro-iranien aux requêtes de ceux qui<br />

désiraient adopter des positions plus fortes-, Téhéran a su manier savamment<br />

ses bases. Jouant sur une rhétorique extrémiste – malgré qu’il faille<br />

reconnaître que son discours sur le programme nucléaire reste, en tous<br />

cas, relativement consistent-, accompagné d’actions plus conciliatrices-<br />

comme le fruit d’un calcul réaliste de la relation de forces sur la scène<br />

international et des fractures déjà mentionnée-, les dirigeants iraniens<br />

semblent être sûrs de leur position actuelle. Ceci fait que sa recherche de<br />

reconnaissance internationale et de garanties quant à sa sécurité interne<br />

se manifeste comme une position de force et non de faiblesse.<br />

La seconde des raisons exposées plus haut- la faiblesse des États-Unis – est<br />

directement liée au plus grand poids de l’Iran. Dans un jeu dans lequel les<br />

deux camps (Iran et États-Unis/Israël) cherchent à asseoir leur hégémonie<br />

territoriale, le succès de l’un signifie, invariablement, l’échec pour l’autre,<br />

et dans ce sens le développement des événements récents a clairement<br />

bénéficié à Téhéran. L’échec israélien au Liban, montrant les limites du<br />

pouvoir militaire traditionnel, la montée des chiites et des partis politiques<br />

islamistes dans la région et, manifestement, la grave situation en Iraq et<br />

en Palestine a contribué à ce résultat. L’Iran se sent, pourtant, fortifié dans<br />

la même mesure que se vérifie que les États-Unis et ses partenaires israéliens<br />

n’arrivent pas à imposer leur agenda dans la région.<br />

Jouant sur une<br />

rhétorique extrémiste<br />

les dirigeants iraniens<br />

semblent être sûrs de<br />

leur position actuelle<br />

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•<br />

Un effet additionnel de cette perte notoire de crédibilité de l’actuelle administration<br />

américaine, tant à l’intérieur qu’au niveau international, est que<br />

les alternatives disponibles pour Washington se réduisent encore plus pour<br />

agir contre son rival dans la région. Sans l’appui des principaux pays européens,<br />

des autres puissances des régimes de la région – aucun d’eux garantis<br />

aujourd’hui, sauf des exceptions comme les britanniques, l’Arabie Saoudite<br />

ou la Jordanie – et avec des relations difficiles avec l’OIEA 12 , les possibilités<br />

pour faire face à la montée iranienne dans la région sont chaque fois moindres<br />

13 . Au contraire, il est chaque jour plus irréfutable que la communauté<br />

internationale – en compris bien entendu les États-Unis- a besoin de la collaboration<br />

iranienne pour faire face aux défis régionaux de sécurité. Dans la<br />

recherche de solutions pour l’Iraq, dans la conformation d’un cadre régional<br />

de sécurité dans le golfe Persique et dans la lutte contre le terrorisme international,<br />

Téhéran devient en fin de comptes un partenaire inéluctable.<br />

Tout ceci, en synthèse, confère aux autorités iraniennes une grande marge<br />

de manoeuvre pour continuer plus avant avec son agenda et, appliqué à<br />

ce cas, pour continuer son programme nucléaire sans trop d’interférences<br />

externes. Ajoutés à l’argument réitéré sans fin que son objectif est, strictement,<br />

de doter le pays de sources énergétiques alternatives à celles qu’il<br />

a déjà grâce à sa richesse en pétrole et en gaz, des activités qui laissent<br />

la porte ouverte aux développement militaires futurs restent sur le fil du<br />

rasoir. Dans ce sens, le président Ahmadineyad a annoncé, en mars 2007,<br />

que l’Iran avait commencé la construction d’une nouvelle installation<br />

nucléaire (avec une capacité de 360Mw) à Darkhovin et, le mois suivant,<br />

il ajouta que les installations à Natanz avaient déjà la capacité de produire<br />

de l’uranium enrichi à niveau industriel 14 .<br />

L’approbation à l’unanimité de la résolution 1747, de la part du Conseil de<br />

Sécurité de l’ONU, le 24 mars 15 , n’a même pas semblé modifier sa trajectoire<br />

dans aucun sens perceptible. Dans celle-ci il fut à nouveau exigé que<br />

l’Iran cesse toutes ses activités d’enrichissement et de reproduction dans un<br />

délai de maximum 60 jours et les sanctions ont été élargies à de nouveaux<br />

acteurs (la banque d’Etat Sepah et les dirigeants du Corps de gardes de la<br />

Révolution Islamique), en même temps que lui fut imposé un embargo sur<br />

les armes et que furent fermées les voies d’accès aux crédits à l’exportation<br />

de biens iraniens. D’autre part, elle offre à l’Iran de suspendre les sanctions<br />

si Téhéran suspend ses activités d’enrichissement et de reproduction. Si<br />

avant cette date l’unique geste conciliateur iranien avait été la proposition<br />

annoncée de la bouche de son principal négociateur d’alors, Ali Lariyani 16 ,<br />

d’établir un moratoire de 30 jours pour suspendre simultanément les sanctions<br />

et les activités nucléaires, après cette nouvelle résolution aucun geste<br />

substantiel ne fut perçu qui permette de débloquer le processus et le plan<br />

diplomatique.<br />

Face à cette position iranienne, encore aujourd’hui la communauté internationale<br />

continue de croire formellement dans l’option diplomatique pour<br />

résoudre la crise, autant que Washington prétend convaincre les autres<br />

membres du Conseil de Sécurité de l’ONU de la nécessité d’approuver<br />

une nouvelle Résolution. Au milieu de messages qui ne cachent pas leur<br />

bellicisme, d’autres acteurs comme la Russie essayent de mettre les atouts<br />

dans leur jeu, tachant de ne pas se brouiller avec leurs clients iraniens 17 et<br />

de maintenir leur image formelle de défenseur de la légalité internationale.<br />

Ainsi une troisième vague de sanctions fut rejetée, prévue pour durer plus<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


que les précédentes, et, bien plus, le lancement d’une attaque militaire<br />

pour les conditions minimales actuellement (novembre 2007).<br />

Il faudrait conclure qu’on n’a toujours pas réussi à agencer adéquatement<br />

les pièces pour arriver à débloquer la crise dans un futur immédiat. Depuis<br />

l’extérieur de fortes résistances se manifestent (quand ce n’est pas un rejet<br />

authentique, comme c’est le cas de Washington, Tel Aviv et y compris Riad)<br />

pour accepter comme irrémédiable que l’Iran se soit converti déjà en leader<br />

régional. Pour consolider cette position, Téhéran peut croire qu’il a besoin<br />

de l’accès à l’énergie nucléaire (civile et, probablement, militaire) et ceci est<br />

précisément ce qu’il essaye d’éviter maintenant, en lui imposant l’interdiction<br />

de l’enrichissement d’uranium (activité, comme c’est bien connu, permise à<br />

n’importe quel signataire du TNP, comme c’est le cas de l’Iran). Il s’agit, qu’on<br />

le veuille ou non, d’une stratégie fragile dans la mesure où on prétend imposer<br />

à l’Iran de renoncer à quelque chose qui est parfaitement légal. Créer une<br />

exception à la norme générale 18 et, de plus, vouloir la fixer comme condition<br />

préalable à toute négociation ne semblent pas être des bases suffisamment<br />

consistantes pour mobiliser la communauté internationale (et encore moins<br />

l’Iran) au-delà de là où les équilibres de pouvoir actuels le permet.<br />

Une esquisse chronologique des événements les plus importants de la<br />

période analysée ici (d’octobre 2006 à octobre 2007) peut être consultée<br />

en Annexe V.2.<br />

Contamination de climat de sécurité nucléaire<br />

On comprend aisément les préoccupations qu’un possible arsenal<br />

nucléaire iranien provoque dans un pays comme Israël, qui jusqu’à<br />

maintenant se félicite du monopole nucléaire dans la région. Mais aussi<br />

pour les autres voisin régionaux et pour la communauté internationale<br />

dans son ensemble cela présente un problème non des moindres, dérivé<br />

du processus généralisé de prolifération mondiale et du cas particulier<br />

iranien: il existe aujourd’hui une plus grande insécurité nucléaire par<br />

manque de contrôle étatique. De fait, la plus grande menace qu’il faut<br />

imaginer de nos jours, si finalement l’Iran acquiert un arsenal militaire,<br />

ne serait pas son usage volontaire de la part du régime (trop conscient<br />

des règles du jeu sur ce terrain et du véritable rôle des armes nucléaires<br />

en tant qu’élément dissuasif par excellence et comme signe de prestige),<br />

mais la possibilité que survienne un cataclysme par accident ou à cause<br />

de l’accès de groupes terroristes à ces armes.<br />

Déjà dans le rapport de 2006 nous avions conclu que ce qui se passe dans<br />

la région peut déclencher l’apparition de nouveaux réseaux illicites qui trafiquent<br />

avec ces matériaux (l’exemple du pakistanais Abdel Qadeer Khan<br />

est encore plus récent) ou qui facilitent l’accès d’acteurs non étatiques<br />

à ce genre d’armes. De même nous affirmions que “il est important de<br />

souligner que ce dernier ne serait pas imputable directement au régime<br />

iranien; au contraire, il est improbable que n’importe quel État soit intéressé<br />

à partager son “trésor national avec des acteurs difficiles de contrôler.<br />

La raison de cet hypothétique croissance serait bien plus les imperfections<br />

des systèmes actuels de non prolifération et de contre prolifération- insuffisamment<br />

dotés pour éviter l’émergence de nouveaux États nucléaires et,<br />

encore plus, pour assurer la transparence, la sécurité et le maintient des<br />

Depuis l’extérieur,<br />

de fortes résistances<br />

se manifestent pour<br />

accepter comme<br />

irrémédiable que l’Iran<br />

se soit converti déjà en<br />

leader régional<br />

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•<br />

arsenaux existants et des matériaux plus sensibles de la technologie appliquée<br />

à ce domaine.” Un an plus tard, il semble important de rappeler<br />

que nous n’avons pas de meilleurs outils pour éviter que cette hypothèse<br />

puisse se convertir en une sombre réalité.<br />

L’Iran ne ressent pas la nécessité de l’approbation occidentale pour<br />

continuer son chemin vers l’énergie nucléaire. Mais, du à la frustration<br />

dont il souffre pour ne pas être respecté et reconnu en tant qu’acteur<br />

avec qui il faut nécessairement compter, au moins, pour gérer les affaires<br />

régionales, il sera difficilement disposé à collaborer avec la communauté<br />

internationale pour un problème qui nous affecte tous. En même temps,<br />

par effet combiné des réticences iraniennes et des attaques de certains<br />

pays importants, l’OIEA rencontre des difficultés croissantes pour accomplir<br />

ses tâches d’inspection sur le terrain. De cette façon, les essais pour<br />

développer plus et de meilleurs canaux de coopération augmentent la<br />

transparence autour des arsenaux et programmes nucléaires et, dans le<br />

cas qui nous occupe, en lien avec l’Iran et son programme nucléaire.<br />

Dans cette ambiance de méfiance et de désintérêt dans la coopération<br />

internationale, tout programme nucléaire – civil ou militaire, iranien<br />

ou n’importe quel autre – passe par être considéré, par définition,<br />

comme une menace pour la sécurité. Et ceci est le cas non tant par<br />

crainte de déchaînement d’une guerre entre états, mais pour les possibles<br />

accidents ou convoitises privées impossibles de contrôler ou gérer.<br />

Le secrétisme absolu, l’intention d’esquiver les règles et le manque de<br />

transparence, combinés à la volonté explicite d’obtenir des avantages<br />

par tous les moyens, alimentent les trafics illicites et rendent difficile l’indispensable<br />

travail d’inspection que, par exemple, le TNP recommande à<br />

l’OIEA. Dans le cas iranien, ce problème est encore plus grave à cause de<br />

son caractère peu démocratique (par rapport à la possibilité de contrôle<br />

public sur ce que décident et font les différentes instances de pouvoir) et<br />

de la complexité interne d’un pays dans lequel il est difficile d’arriver à<br />

concilier les agendas des acteurs avec des orientations qui ne convergent<br />

pas toujours. La lutte permanente pour prévaloir sur un autre ne rend<br />

pas facile d’ajuster les orientations émanant de la hiérarchie religieuse,<br />

avec celle de certains personnages politiques ou avec la classe militaire. Il<br />

faut imaginer, par conséquent, que les divergences qui sont perçues sur<br />

un plan général se déplacent aussi au programme nucléaire, ce qui augmente<br />

la crainte du degré de contrôle qui peut être exercé en la matière.<br />

Le fait que, étant donnée les conditions dans lesquelles il faut imaginer<br />

que s’est développé ce programme, l’Iran dépend toujours plus de fournisseurs<br />

peu ou pas recommandables pour continuer son programme<br />

n’est pas fait pour apaiser les inquiétudes. D’autre part, on ne peut pas<br />

non plus dire que ses sources officielles (des entreprises russes et le gouvernement<br />

chinois, principalement) soient un modèle de transparence.<br />

Tant pour les pays voisins que pour les autres, ces faits constituent une préoccupation<br />

qui devraient mener à une réévaluation globale de leur politique<br />

envers Téhéran. Sous de nombreux aspects, le “cas Iran” n’est pas très<br />

différent des autres défis de sécurité de nos jours, en ce que la pensée géostratégique<br />

du siècle passé est en train de perdre de sa vigueur rapidement.<br />

Au lieu de l’effort dédié quasi exclusivement à contenir le pouvoir militaire<br />

d’un possible rival, il semble bien plus conseillé de s’occuper de créer un<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


environnement régional et global de sécurité, qui mette en jeu une vision à<br />

long terme des capacités très diverses et multilatérales. Bien que ce soit une<br />

répétition de ce qui a déjà été dit antérieurement, en ce qui concerne l’Iran,<br />

une voie alternative pour réduire la menace que peu représenter sa dérive<br />

actuelle serait celle de lui offrir des garanties de sécurité interne (comme<br />

cela semble avoir été le cas pour la Corée du Nord) et l’acceptation de son<br />

importance comme acteur principal dans la région. Sauf que nous pensons<br />

que le statu quo régional puisse se maintenir indéfiniment, nettement favorable<br />

aux intérêts occidentaux, qui prétendent maintenir le contrôle de la<br />

région sans tenir compte de Téhéran.<br />

L’impact dans la région<br />

En ce qui concerne les ADM, l’incertitude quant aux véritables ambitions<br />

et à la portée réelle du programme nucléaire iranien est le principal facteur<br />

perturbateur du climat de sécurité régional au jour d’aujourd’hui.<br />

Israël se sent chaque fois moins sûr de sa propre position – en partie à<br />

cause de la situation dans les Territoires Palestiniens et au Liban, mais particulièrement<br />

à cause de la possibilité de perdre son monopole nucléaire<br />

dans la région. Ces derniers temps il s’est intéressé à faire comprendre<br />

qu’il n’admettrait pas la nucléarisation de l’Iran et, avec les États-Unis,<br />

c’est l’acteur le plus enclin à lancer un coup de force pour l’éviter.<br />

Pour sa part, l’Arabie Saoudite et, en bonne mesure, le reste des pays à<br />

majorité sunnite de la région ne semblent pas disposés à accepter passivement<br />

la consolidation du leadership d’un régime chiite. Certains d’entre<br />

eux diffusent des rumeurs sur de supposées décisions de mise en marche<br />

de leurs propres programmes nucléaires, dirigés vers Téhéran (dans un<br />

objectif, vain, de paralyser leur programme) et, surtout, à Washington<br />

(pour essayer de provoquer une réaction américaine effective qui freine<br />

ce qui est aussi considéré comme inacceptable). D’autres préfèrent activer<br />

directement leurs propres alliés en Iran et dans certains endroits où se fait<br />

sentir son influence, pour créer des problèmes au régime iranien et, de<br />

cette manière, le forcer à réévaluer son agenda de domination.<br />

Il est probable que ce soit la Turquie et l’Egypte les deux pays qui peuvent<br />

envisager la situation, bien qu’ils le nient publiquement, avec le moins<br />

d’inquiétude. Si finalement Téhéran fait ce qui est considéré comme le<br />

plus prévisible (arriver à dominer le cycle nucléaire) ils verraient leur désir<br />

s’accomplir, bien que d’une voie détournée, de mettre fin à la longue<br />

période de monopole israélien. Bien que dans le fond ce ne soit une<br />

bonne nouvelle pour aucun des deux, ni le gouvernement turque actuel<br />

– qui semble être en plein processus de réévaluation de ses relations stratégiques<br />

avec Tel Aviv (et avec Washington), qui leur ont causé plusieurs<br />

problèmes avec le monde arabe-, ni le gouvernement égyptien sont ceux<br />

qui vont le plus s’inquiéter à court et à moyen terme de la montée perse.<br />

De fait, il y a des indices que l’Egypte pourrait être en train d’appuyer en<br />

secret Téhéran, avec l’idée de créer un contrepoids face à Israël 19 , Bien<br />

qu’il semble difficile d’imaginer qu’il soit disposer à renoncer à sa campagne<br />

en faveur de la création d’une zone libre des armes nucléaires en<br />

Méditerranée, pour s’embarquer dans un programme nucléaire qui finisse<br />

par lui conférer la possession de ce type d’armement.<br />

Des pays à majorité<br />

sunnite de la région ne<br />

semblent pas disposés<br />

à accepter passivement<br />

la consolidation du<br />

leadership d’un régime<br />

chiite<br />

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La perception de ce processus même par d’autres pays extérieurs à la<br />

région varie énormément. Tandis que pour son voisin pakistanais le processus<br />

ne cause pas de notable inquiétude (les liens de collaboration<br />

en matière nucléaire entre les deux pays sont bien connus depuis des<br />

années), pour la Russie l’impact parait supportable. Ce n’est pas par<br />

hasard que Moscou est le constructeur du principal projet nucléaire iranien<br />

(la centrale de Bushehr) et un fournisseur important d’armes (y compris un<br />

système moderne de missiles antiaériens destiné à protéger précisément<br />

cette centrale). Parmi ses calculs pour récupérer l’influence perdue ces<br />

quinze dernières années on trouve la création de plus de problèmes aux<br />

États-Unis – s’embourbant et à la limite de ses capacités dans les scénarios<br />

iraquiens et afghans-, en même temps qu’elle travaille à maintenir le<br />

processus sous un certain contrôle (elle n’arrête pas de fournir le combustible<br />

promis pour la centrale iranienne et insiste sur la future obligation<br />

iranienne de renvoyer en retour à la Russie le matériel nucléaire déjà utilisé<br />

dans cette centrale). Dans ce jeu dangereux, Moscou comprend qu’il peut<br />

améliorer ses options pour ouvrir de nouveaux espaces à une zone de<br />

commerce dans laquelle elle est bien située, augmenter sa présence dans<br />

une région d’importance particulière géoéconomique comme le Moyen-<br />

Orient et provoquer une modification du statu quo, au moins dans le<br />

cadre régional, qui peut lui être rentable dans le futur.<br />

La perception américaine est très différente. Ce que l’Iran prétend remettre<br />

en questions, de manière frontale, est un cadre régional contrôlé par<br />

Washington depuis des décennies. Un contrôle qui s’est basé sur une<br />

présence directe et sur un appui à des régimes qui ont accepté leur subordination<br />

presque sans aucune discussion. Ce qui était également le cas<br />

iranien, jusqu’au déchaînement de la révolution en 1979. Depuis lors, la<br />

dérive des nouveaux responsables politiques iraniens a avancé progressivement<br />

vers une remise en question directe de certains des régimes de la<br />

région et du leadership des États-Unis. A côté d’autres décisions, le programme<br />

nucléaire suppose, si il arrive à son terme, la consolidation de l’Iran<br />

en tant que leader régional, et par conséquent, l’émergence d’un nouveau<br />

jeu, avec de nouvelles règles, qui puissent laisser Washington, Tel Aviv et<br />

Riad, à côté d’autres, dans une situation beaucoup moins confortable.<br />

Tous, en définitive, se préoccupent pour les répercussions du possible<br />

désordre d’un processus qui atteint des niveaux de tension encore plus<br />

hauts, dans la mesure où l’Iran continue d’avancer vers la maîtrise complète<br />

du cycle nucléaire, tandis que la communauté internationale ne trouve<br />

pas de méthode efficace pour le freiner et que les débats se succèdent<br />

sur de possibles plans d’attaque contre le territoire iranien. Tout ceci sans<br />

oublier que, dans ce climat de transparence nulle, il puisse se produire un<br />

accident ou un détournement de matériel nucléaire dans des mains moins<br />

disposées à accepter les règles du jeu nucléaire toujours complexes.<br />

Des pointes d’espoir<br />

Même en étant conscients de la gravité de la crise, nous comprenons<br />

qu’elle n’a pas encore atteint un point de non retour, par ce qu’il faut<br />

supposer que, si réellement il existe une volonté politique dans les deux<br />

camps, il est toujours possible d’accommoder les intérêts en jeu pour<br />

atteindre un accord sans nécessité d’arriver à des solutions de force brute.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Actuellement on peut voir un certain optimisme, pas réellement fondé,<br />

sur l’effectivité de la diplomatie après le succès apparent en Corée du<br />

Nord quant à son programme nucléaire. Ce serait une erreur de penser<br />

que ce qui s’est passé là-bas pourrait être automatiquement applicable à<br />

la situation que pose l’Iran, étant donné que la situation des deux pays,<br />

tant interne qu’externe, est simplement incomparable. Cependant, la possibilité<br />

de profiter des éléments que le cas coréen a mis en avant pointe à<br />

l’horizon comme moteur de recherche de solution.<br />

Le premier de ceux-ci est en lien avec la faiblesse structurelle de l’économie<br />

iranienne. Bien que l’Iran soit, manifestement, un pays beaucoup plus<br />

prospère économiquement que la Corée du Nord, elle doit faire face à une<br />

crise économique qui affecte un pourcentage important de la population,<br />

ce qui provoque des critique et un mal être croissant contre le régime. De<br />

même cela génère des situations aussi paradoxales que le fait que, malgré<br />

qu’il soit un producteur de pétrole et de gaz à niveau mondial, il continue<br />

à faire preuve d’une importante dépendance de l’extérieur en produits<br />

raffinés et distillés. En résumé, et bien qu’au niveau de la conjoncture les<br />

prix mondiaux de ces produits semblent lui être favorable, il sait qu’il n’a<br />

pas assez avec ses propres potentiels financiers et technologiques pour<br />

faire face aux demandes d’un plus grand bien-être de sa population et<br />

pour exploiter pleinement ses immenses richesses pétrolières et gazières.<br />

Le pays a besoin d’investissements étrangers et de collaboration technologique<br />

à un degré bien plus haut qu’actuellement. C’est dans ce plan que<br />

peuvent être imaginées de grandes possibilités pour trouver un accord qui<br />

satisfasse les intérêts des parties s’affrontant aujourd’hui.<br />

Le deuxième élément à considérer après l’expérience coréenne est l’importance<br />

qu’a pour la résolution de la crise l’implication d’autres acteurs<br />

régionaux avec des intérêts sur le sujet et avec des canaux de communication<br />

directs avec l’Iran. La Chine, en plus d’être un partenaire industriel de<br />

l’Iran, a déjà fait savoir sa préoccupation au sujet du programme iranien.<br />

La Russie a en ses mains des éléments très substantiels pour faire pencher<br />

la balance dans un sens ou un autre, et même le Pakistan aurait beaucoup<br />

à apporter à une stratégie de résolution pacifique du problème. Sur ces<br />

bases, les États-Unis et l’UE devraient réorienter leurs efforts pour créer<br />

une dynamique multilatérale qui rendraient possible une coordination<br />

entre ces pays, comme alternative à l’actuelle réévaluation suivant les discours<br />

et les actions antagonistes de Washington et de Téhéran.<br />

Les Armes chimiques et biologiques: une base stratégique<br />

au XXIème Siècle?<br />

Jusqu’à un certain point il semble logique qu’une attention médiatique<br />

et investigatrice significative soit dédiée au thème des armes chimiques<br />

et biologiques – la vision d’un groupe terroriste international employant,<br />

par exemple, du gaz sarin dans un centre métropolitain est un des<br />

soucis de tout responsable politique et des responsables de la sécurité<br />

nationale et internationale. Cependant, d’un point de vue stratégique,<br />

et sans dévaloriser d’un iota son potentiel destructeur, il faut reconnaître<br />

qu’elles ont perdu une grande part de leur valeur historique en tant<br />

qu’armes d’usage possible dans le champ de bataille et sur le terrain de<br />

la dissuasion, comme celui qui est supposé pour les ADM dans les calculs<br />

Si réellement il existe<br />

une volonté politique<br />

dans les deux camps,<br />

il est toujours possible<br />

d’accommoder les<br />

intérêts en jeu pour<br />

atteindre un accord sans<br />

nécessité d’arriver à des<br />

solutions de force brute<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

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194<br />

•<br />

d’affrontement entre les acteurs nationaux. De fait, bien que de nombreux<br />

pays de la Méditerranée continuent de maintenir des arsenaux<br />

chimiques et biologiques- et vraisemblablement continuent d’investiguer<br />

dans ces domaines (voir Tableau 2), l’idée s’impose que leur existence et<br />

leur possible usage pendant une hypothétique guerre leurs crée beaucoup<br />

plus de dangers que d’avantages.<br />

En d’autres mots, il n’existe pas de fondement cohérent pour maintenir<br />

ces armes. De ceci découle que, au lieu de continuer à insister sur l’immoralité<br />

de son usage, il serait beaucoup plus profitable que la communauté<br />

internationale prête plus d’attention au débat sur la logique de leur existence.<br />

Aucun gouvernement national en méditerranée ne bénéficie<br />

aujourd’hui de l’existence d’arsenaux de ce genre et ce seul facteur, par lui<br />

seul, présente une claire opportunité d’arriver à sa complète élimination.<br />

Le cadre international actuel dans ce domaine est défini par la<br />

Convention des Armes chimiques (CWC, en ses sigles anglais) et la<br />

Convention des Armes Biologiques et Toxiques (BTWC), qui aspirent à<br />

l’éradication mondiale de ces genres d’armes. Bien que les deux aient<br />

réussi à maintenir un rythme soutenu d’application (le Tableau 4 reprend<br />

les résultats les plus remarquables), cependant, dans la pratique des<br />

facteurs qui rendent difficile leur mise en œuvre existent encore et des<br />

risques perdurent que filtre le risque de sa prolifération. Il faut souligner,<br />

entre autres, le risque découlant des prévisions reprises dans leurs textes<br />

respectifs, qui créent une zone d’ombres sur ce que signifie « arsenaux »<br />

et « capacités » 20 . Un deuxième problème provient du fait que, en<br />

marge de l’importance intrinsèque de ce thème, d’autres priorités ou<br />

d’autres agendas de négociation internationale s’établissent qui finissent<br />

par provoquer des résultats très différents de ceux originalement poursuis<br />

par ces Conventions (cédant la place dans des aspects déterminés<br />

et au contraire certaines réussites dans d’autres domaines). De même,<br />

la contamination permanente du thème nucléaire rend difficile la réalisation<br />

de plus d’avancées en la matière. La vision traditionnelle de ces<br />

engins comme les “armes nucléaires des pauvres” provoque de facto<br />

une plus grande résistance au désarmement, de la part de ceux qui veulent<br />

continuer à maintenir une certaine idée de l’équilibre, illusoire en<br />

tous cas, face aux puissances nucléaires qu’ils perçoivent comme menaçantes<br />

(le cas israélo-arabe est, certainement le plus évident). Un dernier<br />

élément à considérer dans le même sens est le mauvais exemple que des<br />

puissances comme les États-Unis ou la Russie transmettent au reste de la<br />

communauté internationale avec leur comportement 21 .<br />

Tout ceci, en résumé, se traduit par ce que, malgré les apparences, il y<br />

a toujours beaucoup de pays qui ne sont pas disposés à payer le prix<br />

diplomatique ou économique nécessaire pour atteindre un monde libre<br />

d’armes chimiques ou biologiques.<br />

Prolifération chimique et biologique en Méditerranée<br />

Pour ce qui concerne la région, et comme on le peut le voir dans le<br />

tableau 2, la situation par pays est variée, tant en ce qui concerne son<br />

degré d’accomplissement des deux Conventions (voir Tableau 5) que son<br />

propre effort proliférateur dans ces mêmes domaines (voir Tableau 2).<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Dans les armes chimiques, la Libye, la Syrie et l’Iran ont des programmes<br />

connus, bien que dans le cas libyen il faut souligner la coopération avec<br />

les États-Unis et le Royaume Uni pour démanteler ses capacités depuis<br />

trois ans. De plus, il semble probable que tant l’Egypte 22 que Israël aient<br />

encore quelque programme militaire en marche dans ce terrain, tandis<br />

que se maintiennent les doutes sur le comportement de l’Algérie et de<br />

l’Arabie Saoudite. Israël a bien signé la CWC, mais sans arriver encore à<br />

la ratifier, tandis que l’Egypte, l’Iraq 23 , le Liban et la Libye ne l’ont même<br />

pas signé.<br />

Pour ce qui concerne les armes biologiques, il n’existe aucun pays qui<br />

admette avoir des arsenaux actifs, bien que nombreux sont ceux qui<br />

figuraient traditionnellement comme pays ayant développé des programmes<br />

dans ce domaine (depuis l’Egypte et l’Iran, en passant par<br />

l’Algérie, Israël et la Syrie). La majorité ont signé et ratifié la BTWC, mais<br />

certains ne sont pas arrivés à cette dernière étape (comme l’Egypte et la<br />

Syrie) et d’autres n’ont même pas apposé leur signature (comme Israël<br />

et la Mauritanie).<br />

Dans le panorama international actuel il y a des raisons évidentes de<br />

relations publiques pour éviter d’apparaître comme un pays qui a opté<br />

pour entrer ouvertement dans le jeu biologique. Cependant, il y a divers<br />

pays en Méditerranée qui au minimum maintiennent leur intérêt pour<br />

explorer les possibilités des ces armes. La Convention pour son interdiction<br />

laisse la porte ouverte à l’investigation et au développement civile et<br />

pacifique de techniques associées à son usage, ce qui rend possible une<br />

déviation vers des fins militaires, étant donné qu’il n’y a aucune provision<br />

spécifique qui permette de détecter, contrôler ou vérifier si ce pas a été<br />

finalement franchi. De plus, les installations nécessaires pour l’investigation<br />

et la production de possibles armes biologiques sont apparemment<br />

moins complexes et, dès lors, plus faciles à cacher ou déguiser que, par<br />

exemple, d’autres dédiées au développement de capacités nucléaires.<br />

Au jour d’aujourd’hui, les trois pays qui apparaissent liés de manière<br />

récurrente à de possibles programmes de production de ces armes sont<br />

l’Iran, Israël et la Syrie.<br />

La menace des armes chimiques et biologiques<br />

Une des raisons qui explique la préoccupation continue quant à la prolifération<br />

des armes biologiques est celle que suscite la possibilité, aussi<br />

lointaine qu’elle puisse paraître maintenant, que de futures avancées<br />

technologiques finissent par convertir en réalité les théories actuelles de<br />

contrôle sur les fonctions basiques de l’être humain, à partir des options<br />

qu’ouvre l’ingénierie génétique. À cela s’ajoute celle qui émane du<br />

possible transfert de capacités entre les États et des groupes non gouvernementaux<br />

(terroristes, plus spécialement). Au contraire de ce qui se<br />

passe avec les armes nucléaires, pour les armes biologiques il est très difficile<br />

d’identifier avec précision son origine, comme produit de quelque<br />

laboratoire spécifique de quelque pays concret. Cette circonstance rend<br />

potentiellement plus réelle l’hypothèse d’un transfert de ce type, depuis<br />

un État national (avec ou sans consentement explicite du gouvernement)<br />

à un groupe violent, au pouvoir d’échapper à l’accusation de culpabilité<br />

et, donc, à la représaille prévisible.<br />

Dans le panorama<br />

international actuel il y<br />

a des raisons évidentes<br />

de relations publiques<br />

pour éviter d’apparaître<br />

comme un pays qui<br />

a opté pour entrer<br />

ouvertement dans le<br />

jeu biologique<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

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196<br />

•<br />

Bien qu’il ne faille pas laisser de côté le panorama sombre que dessinent<br />

certains développements possibles de la technologie appliquée à<br />

ce domaine, actuellement ses possibilités ressortent plus du monde de<br />

la science fiction que de ce que nous analysons ici. En synthèse, il est<br />

très probable que l’usage des armes biologiques et chimiques réelles<br />

qui existent aujourd’hui ajoute un avantage tactique substantiel à son<br />

propriétaire et, sur un plan stratégique, les deux restent éclipsées par les<br />

armes nucléaires. D’un autre côté, y compris à petite échelle son usage<br />

est abondamment complexe, comme il fut mis en lumière avec des<br />

échecs réitérés de la secte Aum Shinrikyo (Vérité Suprême) 24 , dans son<br />

essai de semer la panique et la destruction dans le cadre de son agenda<br />

de violence développée au Japon, bien qu’elle avait plus qu’assez de ressources<br />

financières et techniques pour faire avancer ses plans.<br />

Comme nous l’avons déjà signalé antérieurement, les armes chimiques<br />

ont beaucoup d’aspects en commun avec les biologiques, spécialement<br />

en ce qui concerne son “usage dual” et la “traçabilité” pour identifier<br />

l’origine de sa fabrication et, donc, la responsabilité ultime de son<br />

usage. De même ils partagent une mauvaise image, qui alimente encore<br />

plus le secrétisme et le manque de transparence qu’ont d’autres catégories<br />

d’armement, compliquant ainsi autant la possibilité de scrutin<br />

publique sur celles-ci comme la nécessaire réponse de la communauté<br />

internationale pour atteindre son contrôle et, encore mieux, sa disparition.<br />

En tous cas, bien que les armes chimiques soient plus étendues<br />

que d’autres ADM, fondamentalement pour des raisons techniques<br />

(elles sont à la portée de beaucoup plus d’acteurs avec une technologie<br />

et des ressources économiques moyennes), son usage militaire reste un<br />

exercice hautement compliqué et, en conséquence, très improbable (en<br />

marge de ce qui est considéré comme réellement décisif, comme c’est le<br />

cas avec les armes nucléaires, pour le cours d’un conflit violent).<br />

Bien que l’impact de l’usage d’armes chimiques et biologiques puisse être<br />

très grave, tant en termes de victimes directes que ses effets psychologiques<br />

au sein de la population affectée, d’un point de vue étatique il y a<br />

aujourd’hui peu de raisons stratégiques pour investir de grands moyens<br />

dans ces programmes. Son efficacité tactique – tenant compte de la complexité<br />

de son usage et du risque résultant pour les propres troupes –est<br />

très réduite, surtout en comparaison avec des alternatives conventionnelles.<br />

Son importance stratégique n’est pas non plus grande, comme l’ont<br />

démontrés les différentes guerres dans lesquelles elles ont été utilisées (ni<br />

la première guerre Mondiale ni celle dans laquelle se sont affronté l’Iraq et<br />

l’Iran dans les années 80 n’arrivèrent à changer la dynamique du conflit).<br />

Enfin, son effet dissuasif est minime ou inexistant.<br />

Par conséquent, l’idée que ces armes soient une alternative peu chère aux<br />

armes nucléaires n’est tenable en aucun cas: tandis qu’elles fonctionnent<br />

comme un outil de dissuasion absolue en terme de conflit étatique, les<br />

armes chimiques et biologiques ont été simplement une alternative de plus<br />

dans le champ de bataille. Dans un monde globalisé, dans lequel la pression<br />

de l’opinion publique et d’autres acteurs est chaque fois plus décisive pour<br />

résoudre avec succès n’importe quel conflit violent, le coût d’utiliser ces<br />

armes dans un conflit “chaud” va toujours surmonter n’importe quel bénéfice<br />

potentiel en relation avec l’ennemi direct. Cet argument vaut aussi – et<br />

de manière encore plus convaincante – à l’échelle domestique, comme l’a<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


montré, par exemple, l’essai raté de Saddam Hussein pour contrôler sa propre<br />

population kurde avec l’emploi massif d’armes chimiques en 1988.<br />

Au contraire, les acteurs non étatiques, pour qui l’opinion publique a<br />

moins ou aucune importance, peuvent voir des bénéfices à l’usage de<br />

ce type d’armes, tant dans des situations de combat – par exemple,<br />

hypothétiquement, dans un nouvel affrontement entre le Hezbollah et<br />

Israël – comme pour des attaques terroristes. Même ainsi, l’argument<br />

déjà mentionné pour le cas des armes nucléaires est d’application, il<br />

est pourtant difficile d’imaginer un scénario dans lequel il y ait des gouvernement<br />

disposés à offrir ces possibilités tactiques à des groupes en<br />

dehors de son propre contrôle (dans le cas du Hezbollah, par exemple,<br />

il faut conclure que l’usage des armes chimiques de la part de la milice<br />

chiite causerait un dommage immense à la Syrie et/ou à l’Iran).<br />

Dans le cas d’activités terroristes à échelle internationale, il n’est pas<br />

facile d’imaginer qu’il y ait un État – bien que peut-être il puise il y avoir<br />

des éléments au sein de l’appareil gouvernemental – disposé à assumer<br />

le coût de se voir impliqué directement dans une attaque de ce genre.<br />

Malgré qu’il soit certain, comme nous l’argumentions plus haut, que la<br />

possibilité de vérifier l’origine de ces armes n’est pas aussi immédiate<br />

que dans le cas des armes nucléaires, il est improbable qu’il y ait un<br />

gouvernement actuel –le régime des talibans en Afghanistan étant une<br />

claire exception – disposé à investir de sérieux moyens seulement pour<br />

fournir à des groupes terroristes quelque chose qui entraîne autant de<br />

risques pour la sécurité national de ce même état.<br />

En parallèle, le risque de perdre le contrôle du processus continue à<br />

augmenter aussi, résultant d’une avancée technologique imparable<br />

qui facilite précisément que des groupes terroristes puissent arriver à<br />

envisager son usage dans des cas déterminés. De fait, il semble qu’au<br />

plus faible sont ses avantages dans le champ de bataille classique, au<br />

plus son attrait est grand pour les terroristes. L’apparition de la “terreur<br />

radiologique”, par exemple, montre clairement combien les armes développées<br />

au travers de programmes gouvernementaux peuvent finir par<br />

être utilisées par des groupes en dehors du contrôle étatique 25 .<br />

En définitive, malgré que l’importance stratégique des armes nucléaires<br />

restent un facteur décisif dans les calculs actuels de sécurité et de<br />

défense mondiale et, dès lors, il est difficile d’imaginer un monde libre<br />

de ces outils de destruction massive, il y a de réelles possibilités d’arriver<br />

à mobiliser la volonté politique de la communauté internationale pour<br />

éliminer ces types d’armes au sein de la catégorie des ADM. Parmi les<br />

principales raisons pour se faire il faut souligner que :<br />

• Elles sont difficiles à manier sur le champ de bataille<br />

• D’un point de vue stratégique, elles ne garantissent pas la survie de l’État<br />

• Elles ont un impact relativement mineur pendant la guerre<br />

• Le coût politique/diplomatique de son usage est très élevé, et en<br />

contraste avec les armes nucléaires, elles n’ont pas un caractère dissuasif<br />

suffisant pour prévenir l’éclatement d’une guerre.<br />

• Le risque d’accident ou l’accès à des groupes non gouvernementaux<br />

est très élevé et, dès lors, les risques augmentent pour le propriétaire<br />

originel des armes de souffrir d’une représaille.<br />

Il est difficile d’imaginer<br />

un scénario dans<br />

lequel il y ait des<br />

gouvernement disposés<br />

à offrir ces possibilités<br />

tactiques à des groupes<br />

en dehors de son<br />

propre contrôle<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

197


198<br />

•<br />

Ébauche d’une sortie encourageante<br />

La possibilité d’obtenir des armes chimiques et biologiques, dans un<br />

processus à portée mondiale qui aurait une grande importance en<br />

Méditerranée, est aujourd’hui une option réaliste. Et le moteur d’une<br />

étape de ces dimensions n’est pas tellement la peur que provoquent ces<br />

armes, mais bien au contraire, le manque de crainte: les bénéfices stratégiques<br />

pour tout propriétaire de maintenir ces arsenaux ne seraient pas<br />

suffisants pour justifier les coûts qu’il faudrait supporter si les puissances<br />

régionales et la communauté internationale augmentent la pression derrière<br />

cet objectif. Pour la communauté internationale, l’importance de<br />

les éliminer du scénario méditerranéen serait principalement véhiculée<br />

par la crainte que représente un terrorisme international capable d’obtenir<br />

ces armes. Pour l’ensemble de la région en elle-même, l’élimination<br />

de ces types d’ADM contribuerait de manière considérable à l’amélioration<br />

du climat de confiance et de coopération, aujourd’hui faiblement<br />

développées.<br />

D’autre part, les programmes d’investigation dans ces domaines présentent<br />

une plus grande complexité, non seulement parce qu’ils affectent<br />

des activités de nature strictement civile et commerciale, orientés vers<br />

un usage pacifique des avancées atteintes, mais aussi parce que certains<br />

acteurs signalés dans la zone – comme Israël et l’Iran par exemple –veulent<br />

maintenir de manière permanente la possibilité de rentrer de nouveau<br />

dans le jeu dans le cas où se produisent des avancées technologiques<br />

qui comprennent des avantages pour leurs stratégies respectives ou,<br />

encore plus préoccupant, si ils détectent que le contraire acquiert certains<br />

avantages dans ce domaine. Même ainsi, il est faisable d’améliorer la coopération<br />

dans ce domaine, au moins en ce qui concerne l’augmentation<br />

de la transparence et de la coopération des activités reliées.<br />

Les bases sur lesquelles peuvent se fonder un processus de désarmement<br />

total de ces armes sont déjà établies par l’ensemble de normes et règles<br />

accordées sur ces thèmes pendant la dernière décennie 26 . A ceci il faut<br />

ajouter ce qui est repris dans la Sixième Conférence de Révision de la<br />

BTWC, célébrée en 2006 27 , assumant qu’il s’agit d’accords relativement<br />

modestes, mais avec une claire orientation d’espoir.<br />

À un niveau plus général, cependant, le grand défi pour la communauté<br />

internationale serait de profiter du fait que ces armes n’aient déjà plus la<br />

même importance stratégique que dans des périodes antérieures pour<br />

établir un authentique consensus international quant à sa complète<br />

éradication. Menée par les principaux pays occidentaux, la communauté<br />

internationale devrait être disposée à payer un prix élevé, tant économiquement<br />

que diplomatiquement, pour atteindre l’objectif final en<br />

vainquant les véritables résistances qui se manifestent encore chez différents<br />

acteurs internationaux. En marge d’autres problèmes de sécurité<br />

internationale, il serait hautement conseillé d’éviter que le haut niveau<br />

de désaccord dans d’autres terrains (comme ce qui affecte l’Iran) finisse<br />

par bloquer les possibilités de sortie qu’on aperçoit maintenant dans la<br />

sphère chimique et biologique. Pour cela il serait également nécessaire<br />

que l’antagonisme actuel entre les États-Unis et l’Iran, par exemple, ne<br />

se portage à pratiquement toutes les conférences multilatérales. Comme<br />

malheureusement c’est ce qui se passe dernièrement.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Contre cette aspiration joue le fait que, à l’instant même, on n’octroie<br />

pas la priorité nécessaire, et dès lors, on court le risque que la fenêtre<br />

actuelle d’opportunité finisse par se fermer à court terme si d’autres<br />

dynamiques continuent à alimenter la tension. Étant donné que l’usage<br />

étatique de ces armes est chaque fois moins probable, les pays qui sont<br />

encore impliqués dans la prolifération chimique ou biologique ne le font<br />

pas par nécessité absolue, mais parce qu’ils ne perçoivent pas de raisons<br />

et stimulants suffisants pour arrêter de le faire. Pour provoquer un<br />

tournant en lien avec ce sujet, il faut que la communauté internationale<br />

assume l’objectif en tant que priorité à son agenda, répète qu’il y aura<br />

des coûts diplomatiques pour ceux qui ne coopèrent pas et offre des<br />

stimulants importants pour qu’il y ait un intérêt à s’impliquer dans le<br />

processus de désarmement. Les mécanismes pour y arriver existent déjà;<br />

ce qu’il faut maintenant c’est ne pas laisser passer l’opportunité.<br />

En plus de signer les deux Conventions et d’exécuter l’obligation de<br />

détruire les arsenaux et fermer ls programmes, d’autres pas nécessaires<br />

pour consolider un processus avec de réelles possibilités de réussite<br />

sont: a) atteindre l’adhésion universelle à ces Convention; b) éliminer<br />

les zones grises qui cachent des prétentions d’échapper à la lettre et à<br />

l’esprit des ces normes; c) améliorer les mécanismes de contrôle et d’inspection<br />

pour éviter que des acteurs non étatiques intéressés à avoir ces<br />

matériaux puissent réussir à les posséder; et d) renforcer la législation<br />

nationale des signataires, avec la création d’autorités nationales qui servent<br />

de point de liaison et de collaboration internationale pour éviter les<br />

usages indésirables des arsenaux ou des programmes qui existent encore<br />

ou qui puissent être conçus.<br />

Missiles: le quatrième type d’arme de destruction massive<br />

A la différence de ce qui se passe avec les armes chimiques ou biologiques,<br />

et malgré qu’ils soient fréquemment oubliés dans certaines analyses d’urgence,<br />

les programmes militaires de missiles sont des pièces clés de toute<br />

stratégie d’ADM. Ce qui importe avec ce vecteur de lancement primordial,<br />

mais pas unique 28 est, en fonction de ses différentes portées, la capacité de<br />

projection de pouvoir octroyé à ceux qui les possèdent. Ils accumulent un<br />

pouvoir significatif avec des charges conventionnelles, mais ils acquièrent<br />

leur valeur stratégique maximum lorsqu’ils transportent une tête nucléaire,<br />

chimique ou biologique. C’est pour ce motif que les programmes de missiles<br />

génèrent tant d’inquiétude dans l’agenda de sécurité méditerranéen,<br />

bien qu’il est connu que, tant au niveau international que régional, les tentatives<br />

de limiter leur prolifération sont faibles si pas inexistantes.<br />

Dans le cadre défini par la “guerre préventive” émanant de Washington<br />

des concepts déjà employés pendant la guerre Froide, comme celui<br />

d’attaques “préventives” ont à nouveau joué un rôle principal. Dans<br />

une tentative forcée de cette approche préoccupante, qui permettrait<br />

de devancer une menace hypothétique en lançant un coup avant que<br />

celle-ci ne vienne à se matérialiser, Israël l’a déjà utilisé, par exemple en<br />

2003, dans son attaque à un supposé camp terroriste en Syrie. Un autre<br />

élément à prendre en considération pour comprendre l’importance internationale<br />

croissante concédés à ces artefacts est le lent développement<br />

du système de défense stratégique américain (connu populairement<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

199


200<br />

On perçoit une<br />

inquiétude croissante<br />

face à l’intérêt<br />

manifeste pour<br />

s’approprier ces armes<br />

et pour les ostensibles<br />

difficultés pour<br />

mettre le holà à sa<br />

prolifération<br />

•<br />

comme bouclier antimissiles), qui accélère encore plus la tentative<br />

d’autres acteurs pour obtenir l’amélioration de ces engins pour augmenter<br />

leur portée et capacité de charge et pour surpasser les possibles<br />

systèmes antimissiles conçus pour les détruire.<br />

Dans un processus jusqu’à aujourd’hui imparable on perçoit une inquiétude<br />

croissante face à l’intérêt manifeste pour s’approprier ces armes et<br />

pour les ostensibles difficultés pour mettre le holà à sa prolifération. En<br />

définitive, tout programme d’ADM requiert un développement parallèle<br />

de systèmes de livraison, parmi lesquels les missiles – principalement balistiques,<br />

mais chaque fois plus les célèbres missiles de croisière – restent<br />

les plus représentatifs. Tandis que à échelle planétaire des pays comme le<br />

Pakistan, l’Inde, la Chine et le Japon sont en plein processus d’actualisation<br />

de leurs capacités de missiles de croisière d’attaque à terre (LACM,<br />

dans ses sigles anglais), dans la Méditerranée le monopole d’Israël dans<br />

cette catégorie d’armes est très ouvertement menacé par des programmes<br />

similaires en Iran. Téhéran n’essaye pas seulement de pourvoir à ses<br />

propres nécessités, mais a déjà commencé à renforcer ses alliés, comme<br />

ça a été vérifié récemment avec la fourniture d’une nouvelle génération<br />

de missiles, y compris d’avions non pilotés, au groupe libanais Hezbollah.<br />

Malgré qu’avec la globalisation et les nouvelles technologies les possibilités<br />

de diffusion de connaissance et d’information offrent de nouvelles<br />

possibilités pour le développement de nouveaux genres d’armes, les programmes<br />

de missiles restent encore une aire à portée d’un groupe choisi<br />

de pays. Le développement des LACM iraniens, par exemple, dépend<br />

quasi pour la totalité du débit d’information et de matériaux reçu de<br />

sources russes, chinoises, nord coréennes, allemandes et françaises. y<br />

compris Israël, qui a une importante capacité propre pour la recherche<br />

et la production de missiles, a un programme de missiles balistiques de<br />

portée moyenne, avec le Jéricho -3 avec la version plus récente 29 , qui<br />

est basé sur les connaissances transférées depuis l’entreprise française<br />

Dassault (dans le cas de Jéricho – 1) et du gouvernement américain (en<br />

ce qui concerne Jéricho – 2; qui est similaire au MgM – 31 Pershing).<br />

Dans les autres cas qu’il faut mentionner dans la région, les missiles qu’il<br />

peut il y avoir dans les arsenaux militaires sont le résultat de l’acquisition<br />

directe d’un producteur étranger.<br />

Le fait que cette dépendance du marché international pour le développement<br />

de missiles na pas mené à de meilleurs systèmes de contrôle,<br />

pour éviter sa prolifération, a comme origine la manière avec laquelle on<br />

a voulu comprendre la propre nature de ces armes. Traditionnellement<br />

on a préféré les voir comme des armes conventionnelles, de telle<br />

manière que leur emmagasinage et fabrication n’ont pas reçu l’attention<br />

publique ni diplomatique qui a été octroyé à d’autres modalités<br />

d’armes non conventionnelles. Dans ce sens il n’y a pas eu un grand<br />

effort pour définir mieux les zones d’ombres qui ont permis le trafic<br />

régulier de matériel (des parties et des sous composants) et des systèmes<br />

complets au long des décennies. Ici comme dans d’autres terrains, se<br />

sont entremêlés des intérêts commerciaux avec des politiques, orientés<br />

vers le renforcement de régimes alliés, tandis qu’on tâchait de fermer<br />

la porte aux autres. En d’autres mots, au lieu d’obéir à un sincère élan<br />

de non prolifération, on a agit à l’excès avec des critères sélectifs, moins<br />

préoccupés par le risque intrinsèque que suppose la prolifération de ces<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


systèmes d’armes que pour éviter qu’elles ne tombent dans des mains<br />

non fiables pour les intérêts du producteur ou du vendeur.<br />

En tous cas, ces dernières années il y a eu diverses tentatives pour renforcer<br />

le régime de non prolifération pour des missiles et leurs technologies<br />

associées. Cette dynamique fut impulsée, du moins en partie, par la<br />

conviction que les missiles sont des éléments essentiels de la prolifération<br />

des ADM. Mais ce fut l’accélération notoire dans la diffusion des nouvelles<br />

technologies appliquées à ce domaine après la fin de la guerre Froide et,<br />

surtout, la préoccupation des programmes nucléaires de pays comme la<br />

Corée du Nord et de l’Iran, qui ont provoqué cette nouvelle orientation 30 .<br />

Le résultat le plus visible jusqu’à aujourd’hui de cette volonté, en 1999, fut<br />

la mise en marche du régime de Contrôle de la Technologie des Missiles<br />

(MTCR, dans ses sigles anglais), dans lequel s’additionne les efforts de<br />

34 pays pour éviter la diffusion incontrôlée de ces engins et la technologie<br />

associée (le Tableau 6 reprend la liste de ses membres et ses objectifs<br />

principaux). En novembre 2002 le travail réalisé dans ce cadre permit<br />

l’approbation du Code de Conduite de La Haye contre la Prolifération de<br />

Missiles Balistiques, qui intègre 119 membres et qui établit des restrictions<br />

similaires au MLTCR, bien que plus larges et moins strictes. Curieusement,<br />

bien que le MCTR serve autant pour les missiles de croisière que pour les<br />

balistiques, le Code de Conduite de 2002 ne mentionne pas ceux de croisière,<br />

ce qui, volontairement ou non, a contribuer à conférer une certaine<br />

légitimité à l’acquisition de LACM ces dernières années 31 .<br />

Capacités en missiles israéliennes<br />

Israël (voir le Tableau 3) a le programme de missiles le plus avancé de<br />

toute la région méditerranéenne – excepté la France – basé en grande<br />

mesure sur la collaboration étroite qu’elle maintient avec les États-Unis<br />

– pour le transfert de moyens, de technologie et d’armes-, mais sans<br />

oublier qu’elle possède déjà une grande capacité propre en tant que<br />

producteur et exportateur. Les deux éléments centraux de son programme<br />

sont les missiles Jéricho déjà mentionnés et les sous-marins équipés<br />

de missiles de croisière (SLCM) Popeye Turbo et Harpoon, avec la capacité<br />

de transporter des têtes nucléaires, ce qui lui confère, dès lors, une<br />

capacité de “deuxième coup”.<br />

À l’image de ce qui se passe pour son programme nucléaire, le secrétisme<br />

est aussi une marque d’identité dans tout ce qui affecte son<br />

programme de missiles et au volume et aux caractéristiques de son<br />

arsenal. En se basant dès lors sur des estimations, il semble exister un<br />

large consensus sur l’existence de quelques 50 Jéricho 2, avec une<br />

portée entre 1.500 et 4.000 kms. On suppose aussi que le Jéricho<br />

3 est déjà opérationnel et que sa portée atteindrait les 7.800km, il<br />

aurait sous son champ d’action tous les objectifs stratégiques possibles<br />

convoités par Israël.<br />

En plus, en intime coopération avec les États-Unis, Israël a développé le<br />

Arrow, capable – du moins en théorie – de détruire des missiles balistiques<br />

du type Scud ou des similaires en plein vol, ce qui le convertit en<br />

un des programmes antimissiles les plus avancés de la planète.<br />

Israël a le programme<br />

de missiles le<br />

plus avancé de<br />

toute la région<br />

méditerranéenne<br />

excepté la France<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

201


202<br />

Après Israël, le<br />

programme iranien<br />

de missiles est, sans<br />

aucun doute, le plus<br />

remarquable de la<br />

région<br />

•<br />

De manière similaire à ce qui se fait en Iran, l’objectif principal du programme<br />

de missiles et nucléaire d’Israël reste la défense de son intégrité<br />

territoriale. Cela explique que ces systèmes d’armes sont principalement<br />

pensés pour répondre à des nécessités de défense et pas tellement d’attaque.<br />

En tous cas, et à la différence de ce que l’Iran a fait du moins<br />

jusque maintenant, Israël a démontré avoir une interprétation particulière<br />

de ce que signifie la défense de son intégrité territoriale, comme<br />

elle l’a démontré en différentes occasions dans lesquelles elle a lancé des<br />

opérations préventives ou “préemptives” contre certains de ses voisins.<br />

Capacités en missiles iraniennes<br />

Après Israël, le programme iranien de missiles est, sans aucun doute,<br />

le plus remarquable de la région (voir Tableau 3). Son effort continu<br />

– économique, technologique et politique – est le résultat de sa propre<br />

expérience historique (comme accumulée après son affrontement<br />

avec l’Iraq entre 1980 et 1988), de son ardeur pour renforcer ses<br />

capacités de leadership régional et de la volonté de garantir sa sécurité<br />

territoriale. Ses calculs actuels semblent considérer comme très<br />

improbable une guerre ouverte déclenchée par ses principaux rivaux<br />

militaires – en première instance Israël et les États-Unis-, spécialement<br />

après l’échec israélien au Liban et la difficile situation de Washington<br />

en Iraq et en Afghanistan. Au contraire, ce qu’ils perçoivent comme la<br />

menace la plus probable est une attaque “préemptive” contre ses installations<br />

militaires ou énergétiques.<br />

En conséquence, une étape indispensable pour faire face à cette hypothèse<br />

est de développer une capacité de défense efficace et, en même<br />

temps, de représaille contre ceux qui pourraient arriver à l’attaquer. Sur ce<br />

point, et étant donné la supériorité aérienne reconnue de ses opposants,<br />

les missiles se convertissent en un instrument de grande importance. Bien<br />

que la possibilité de compter sur des moyens de représaille ne garantisse<br />

pas totalement la propre sécurité, au moins un armement nucléaire, sert<br />

pour compliquer les plans de toute attaquant potentiel. Peut-être sur<br />

base de cette explication pouvons nous comprendre la récente acquisition<br />

iranienne à la Corée du Nord de 18 missiles BM25, avec ses lanceurs mobiles<br />

qui, avec leurs 2.500km de portée, peuvent menacer tout pays de la<br />

région, y compris certains d’Europe continentale.<br />

Le noyau du programme iranien est formé de la série Shahab, avec le<br />

Shahab – 3 comme la version opérationnelle la plus avancée. Sa dernière<br />

version (Shahab 3ER) a une portée de 2000 Km, ce qui signifie qu’il peut<br />

atteindre Ankara, Alexandrie ou Sanaa sans avoir besoin de lance missiles<br />

mobiles. De fait, il existe des rapports non confirmés qui laissent comprendre<br />

que l’Iran est en train d’investir dans la construction de silos pour ses<br />

missiles, au lieu d’opter pour les traditionnelles plateformes mobiles 32 .<br />

En mars 2006, l’Iran révéla qu’il avait déjà le missile balistique de portée<br />

moyenne Fajr -3 (MIRV), c’est-à-dire, avec la capacité de surmonter<br />

certains systèmes de défenses antimissiles. Il faut interpréter le développement<br />

de cette nouvelle arme comme une réponse aux récents<br />

programmes israéliens et américains, spécialement au bouclier antimissiles<br />

déjà mentionné.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Pour conclure que, de la même manière qu’Israël essaye de justifier sa<br />

position par ces engins, l’Iran prétend expliquer tous ses mouvements<br />

dans ce domaine pour des raisons défensives. Dans la pratique, les deux<br />

pays ont des moyens pour se défendre de ses adversaires, mais aussi<br />

pour les attaquer si cela était sa volonté à un moment déterminé. Une<br />

course à l’armement imparable est ainsi alimentée qui augmente l’instabilité<br />

du Moyen-Orient et qui ne semble pas avoir de fin à court terme.<br />

D’autres capacités en missiles dans la Méditerranée<br />

La revue de la région de ce point de vue montre que s’accumulent<br />

de considérables, et très variées, arsenaux de missiles et que, devant<br />

l’inexistence ou l’inefficience des mécanismes contre sa prolifération (la<br />

Turquie est l’unique membre de la zone qui soit intégré dans le MTCR),<br />

divers programmes sont en marche pour les améliorer. En plus de ceux<br />

déjà analysés séparément, il faut souligner parmi les pays les plus actifs<br />

sur ce plan la Syrie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite (voir le Tableau 3), non<br />

seulement pour leurs programmes relativement avancés mais particulièrement<br />

pour les liens qui se sont établis avec le programmes d’Israël et<br />

de l’Iran.<br />

La Syrie semble coopérer avec la Corée du Nord et l’Iran pour le développement<br />

de son Scud-B de courte portée. Selon Israël, elle a réalisé<br />

un essai en février de cette année, bien que ceci n’ait pas été confirmé<br />

par des sources indépendantes 33 . De même, il y a des indices que la<br />

Syrie a compté sur l’appui iranien pour améliorer ses missiles de courte<br />

portée en provenance de Chine DF-11 et DF-15. D’autres transferts<br />

détectés seraient ceux du missile russe de plus petite portée FROg-7 et<br />

le Misagh-1, une copie iranienne d’une copie chinoise du missile portable<br />

terre air américain FIM-92 Stinger. D’un autre côté, elle serait aussi<br />

en train de développer de nouvelles capacités pour ses missiles Scud en<br />

essayant d’acquérir le Iskander-E (SS-X-26) russe 34 .<br />

Si c’est le cas, la Syrie aurait aujourd’hui la capacité de frapper en tout<br />

point sur le territoire israélien, ce qui permettrait de continuer se stratégie<br />

duelle: dissuader Israël (ou hypothétiquement, les États-Unis) d’une<br />

attaque et rester une menace pour Tel Aviv, dans son ardeur de devenir<br />

un acteur important dans le panorama du Proche Orient.<br />

Il ne semble pas exagéré à ce niveau de lier le programme syrien de missiles<br />

avec le Hezbollah et sa lutte contre Israël. De fait, la Syrie a laissé<br />

entendre qu’elle a appris du conflit récent entre Israël et son allié libanais,<br />

et qu’elle réforme ses tactiques pour mieux faire face à un rival qui,<br />

militairement, reste très supérieur. Comme l’a démontré le conflit entre<br />

le Hezbollah et les IDF israéliens pendant l’été 2006, les missiles peuvent<br />

contribuer de manière décisive à rééquilibrer une situation de départ<br />

d’indiscutable infériorité militaire, et de là que la Syrie- aussi très inférieure<br />

à son rival israélien – semble augmenter son intérêt pour se doter<br />

de plus de capacités de missiles. En tous cas, il ne convient pas d’analyser<br />

le cas syrien comme si il était uniquement présenté en fonction de ce<br />

que Israël signifie, mais il faut comprendre que Damas a aussi la logique<br />

de préoccupation pour garantir la survie du régime et pour tenter de<br />

rester vu comme un acteur important de la région.<br />

La revue de la<br />

région montre que<br />

s’accumulent de<br />

considérables, et très<br />

variées, arsenaux de<br />

missiles<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

203


204<br />

Tandis que des<br />

avancées substantielles<br />

ont été réalisées dans<br />

le domaine de la<br />

non prolifération, les<br />

preuves se multiplient<br />

de l’intérêt notable<br />

et généralisé pour se<br />

réarmer<br />

•<br />

La situation de l’Egypte est évidemment très différente, mais étant<br />

donné ses ressources économiques et technologiques elle a aussi la<br />

possibilité d’être un acteur significatif dans le domaine des missiles<br />

balistiques. Cette option a été jouée pendant des décennies à travers<br />

sa coopération avec la Corée du Nord, principalement pour développer<br />

ses missiles Scud-B et Scud –C, se basant sur les missiles nord coréens<br />

Hwasong 5 et 6. Cependant, l’intense pression des États-Unis semble<br />

avoir fait de l’effet et au jour d’aujourd’hui tout indique que cette voie<br />

de collaboration s’est fermée, bien que l’Egypte continue des développements<br />

propres dans ce domaine<br />

Malgré qu’il n’y ait pas d’indication qu’un changement immédiat ou<br />

radical ne se produise dans se stratégie, il est clair que l’Egypte maintienne<br />

son intention d’être un acteur important parmi le scénario<br />

méditerranéen. Conscient de compter sur un arsenal de missiles adéquat<br />

est une pièce centrale pour y aspirer, il est prévisible qu’elle maintienne<br />

ouvertes ses options pour améliorer ses capacités dans ce domaine, probablement<br />

de la main de partenaires moins problématiques aux yeux de<br />

Washington.<br />

En de nombreux aspects, la situation de l’Arabie Saoudite est semblable<br />

à celle de l’Egypte: elle doit équilibrer ses aspirations régionales et<br />

d’autodéfense avec sa délicate relation avec Washington. Loin de pouvoir<br />

compter sur des moyens propres qui garantissent sa sécurité dans<br />

un environnement aussi tendu que celui du Moyen-Orient, Riad a opté<br />

depuis des décennies pour se réfugier sous le parapluie de protection<br />

que lui offre le leader mondial. En tous cas, c’est un des principaux<br />

acheteurs d’armes de la planète et, dans la mesure où elle aspire aussi<br />

à être vue comme un référent régional, son intérêt a été croissant pour<br />

acquérir et développer ses propres plans d’armement en marge de son<br />

protecteur historique. Dans ce sens, ses importants moyens économiques<br />

lui permettent d’explorer de nouvelles voies qui le mènent, à côté<br />

de son intérêt notoire pour entrer dans le champ nucléaire, de se doter<br />

de plus et de meilleurs missiles balistiques et de croisière. Il n’y a pas,<br />

au-delà des arsenaux déjà connus (voir Tableau 3), de données concrètes<br />

sur ces plans, mais il faut imaginer que la préoccupation croissante<br />

inspirée par l’émergence de l’Iran en tant que nouveau leader régional<br />

et la perception que l’appui américain puisse s’affaiblir à court terme,<br />

stimule la réaction saoudienne.<br />

Cette revue de la situation régionale et le comportement de certains des<br />

pays le plus importants dans ce domaine, ne peuvent que s’achever par<br />

un signe de préoccupation. Tandis que des avancées substantielles ont<br />

été réalisées dans le domaine de la non prolifération, les preuves se multiplient<br />

de l’intérêt notable et généralisé pour se réarmer, devant ce qui<br />

est perçu comme un scénario en décomposition et avec la probabilité<br />

croissante de nouveaux éclatements de violence. Dans cette dynamique<br />

autiste, dans laquelle chacun doit se préoccuper uniquement de soimême,<br />

la sortie habituelle est celle d’augmenter les capacités militaires,<br />

en croyant que, de cette manière, la sécurité propre augmente aussi. Un<br />

chemin erroné dans lequel les pays de la région sont depuis longtemps,<br />

sans avoir appris à cheminer vers d’autres voies.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Données et nouvelles réalités 35<br />

Analyses de pays<br />

Le tableau 1 reflète une vision générale des nouvelles et év´nements en<br />

2006 et 2007.<br />

Arabie<br />

Saoudite<br />

Egypte<br />

Iran<br />

Israël<br />

Libye<br />

Syrie<br />

Turquie<br />

Tableau 1: Nouvelles sélectionnées 2006/2007<br />

2006 2007<br />

Rumeurs quant au début d’un possible programme nucléaire en 2003<br />

S’est déclaré intéresser par un programme nucléaire civil en décembre<br />

2006.<br />

Signe avec les États-Unis un accord de coopération pour éviter le<br />

trafic nucléaire dans ses eaux.<br />

Le “cas Iran” est transféré au Conseil de Sécurité.<br />

Continue à refuser la suspension de ses activités d’enrichissement<br />

d’uranium.<br />

Etend ses capacités de missiles jusqu’à atteindre les 550 unités<br />

Continue de baser une grande partie de sa politique nucléaire sur<br />

la menace que suppose d’Iran.<br />

Le premier ministre, Ehud Olmert, affirme dans une interview que<br />

Israël est une “puissance nucléaire”<br />

Signe des accords avec les États-Unis, la Russie et la France en<br />

lien avec la production d’énergie nucléaire civile.<br />

Réclame la signature du TNP de la part d’Israël.<br />

Cherche l’appui étranger pour substituer les Scud-B.<br />

Au plan national, et en comptant qu’un an n’est pas beaucoup de temps<br />

pour que se produisent des changements radicaux dans un domaine<br />

comme celui des ADM, la situation des pays de la région se synthétise<br />

dans les pages suivantes.<br />

Algérie<br />

L’Algérie dispose d’un réacteur nucléaire de 15Mw (Al Salam), qui doit<br />

probablement être réévalué à 40Mw. Est membre de la Convention<br />

des Armes Chimiques, mais sans intégrer la Convention des Armes<br />

Biologiques et Toxiques.<br />

Arabie Saoudite<br />

Bien qu’il n’y ait pas eu de nouvelles concrètes sur de possibles développements<br />

de programmes d’ADM pendant la dernière année, les<br />

messages de Riad augmentent sur l’opportunité d’un programme<br />

nucléaire pour augmenter son niveau de sécurité nationale (conscients<br />

de la faiblesse structurelle de ses moyens militaires et de son excessive,<br />

et de plus en plus gênante, dépendance du parapluie que lui fournit<br />

Spéculations quant à un intérêt à accélérer son programme nucléaire<br />

Plan pour construire un réacteur nucléaire de1.000Mw à Al-Dabah (en<br />

10 ans), et trois autres réacteurs de 600Mw (pour 2020).<br />

Construit les 95% du réacteur de Bushehr, malgré que sa finalisation soit<br />

retardée par des problèmes financiers supposés.<br />

Suspension de 22 projets d’aide nucléaire technique à l’Iran comme conséquences<br />

des sanctions du Conseil de Sécurité.<br />

Plans d’atteindre les 54.000 centrifugeuses, bien que pour le moment<br />

on estime qu’il y en ait 3.000 installées.<br />

Améliore le SPyDER, adopte le Iron Dome, essaye le Arrow; tous des systèmes<br />

de défense antimissiles.<br />

Bombardement des installations syriennes qui font prétendument partie<br />

d’un programme nucléaire secret.<br />

Maintient sa politique de renon aux ADM.<br />

Washington congèle les activités américaines de trois organisations<br />

gouvernementales syriennes qu’il accuse de prolifératrices d’ADM.<br />

L’agence nucléaire turque annonce la première installation nucléaire civile<br />

turque entre 2012 et 2015, et des plans pour en construire deux de plus.<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

205


206<br />

•<br />

Washington). Pour ce qu’on en sache, n’a pas de capacité propre pour<br />

arriver à produire ses propres armes, bien qu’il soit probable que- à travers<br />

le financement de programmes nucléaires dans d’autres pays- elle<br />

ait reçu de l’information sur la technologie nécessaire pour cela et sur les<br />

possibles voies d’accès pour l’importation de composantes ou d’armes,<br />

si à un moment telle décision serait prise.<br />

A la fin de 2006 furent diffusés diverses déclarations de personnes<br />

éminentes du royaume sur l’intérêt national de mettre en marche un<br />

programme nucléaire civil. Bien que sans arriver à établir une connexion<br />

directe avec le problème iranien, il semblait évident que les rumeurs<br />

essayaient de montrer, au moins, l’anxiété que le développement de son<br />

voisin chiite provoqua par ceux qui se perçoivent eux-mêmes comme le<br />

principal référent du monde sunnite.<br />

En décembre 2006, les membres du Conseil de Coopération du golfe<br />

– qui comprend l’Arabie Saoudite- maintinrent des réunions avec une<br />

équipe de l’OIEA sur de possibles plans de développement d’un programme<br />

nucléaire civil conjoint. Il faut aussi se rappeler que des canaux<br />

de communication sur ce thème sont toujours ouverts avec la Russie, le<br />

Pakistan et y compris la Corée du Nord 36 .<br />

Égypte<br />

L’intention de l’Égypte de récupérer son programme nucléaire est chaque<br />

fois plus fondée. Le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Hasan<br />

younes, affirma en mars 2007 que le pays était en train de former du<br />

personnel, de préparer les infrastructures basiques et chercher des<br />

lieux pour le projet, dont l’objectif est d’établir 10 centrales nucléaires<br />

génératrices d’électricité dans le pays. En même temps, il déclara qu’il<br />

y avait des plans pour construire une centrale nucléaire de 1.000Mw à<br />

Al-Dabah, et vraisemblablement trois autres centrales de 600Mw. On<br />

estime que la première sera prête dans une dizaine d’années, et les trois<br />

autres avant 2020. Jusqu’à présent, l’Égypte n’a pas manifesté son intérêt<br />

à s’embarquer dans un programme d’enrichissement d’uranium.<br />

La communauté internationale n’a pas reçu négativement la décision<br />

égyptienne de reprendre son programme nucléaire. Les États-Unis, la<br />

France et Israël ne le considèrent pas comme une menace à la prolifération,<br />

tant qu’elle ne poursuive pas d’enrichissement d’uranium, et la<br />

Russie, la Chine, les États-Unis ont déjà manifesté leur intérêt à s’impliquer<br />

dans le projet.<br />

younes a insisté sur le bon accueil que les plans égyptiens ont dans<br />

la communauté internationale, avec 8 billions de livres égyptiennes<br />

(quelques 1.000 millions d’euros) investis dans le secteur énergétique<br />

pendant l’année fiscale 2006-2007. La Banque Mondiale, pour sa part,<br />

déclara en mars 2007 sa disponibilité pour financer tout programme<br />

nucléaire égyptien qui soit pacifique, et la Russie et l’Égypte sont arrivées<br />

à un accord de principe de collaborer dans ce domaine. En tous<br />

cas, l’OIEA a déjà affirmé qu’il fallait à l’Égypte au minimum dix ans pour<br />

pouvoir disposer de capacité nucléaire.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Pendant ce temps, le régime égyptien continue d’actualiser ses capacités<br />

antimissiles, au travers de contrat avec Raytheon Co. De même, cette<br />

fois-ci avec Boeing, elle est en processus d’augmenter ses systèmes de<br />

SM-1, SHORAD et Skygard “Aumoun”.<br />

Iran<br />

En marge du programme nucléaire, qui attire toute l’attention mondiale,<br />

l’Iran a essayer avec succès le missile antiaérien sophistiqué de courte<br />

portée Tor-M1 – qui dispose de 29 unités acquises auprès de la Russie-,<br />

et le missile de croisière SSN4 (Raad)- qui atteint des objectifs situés à<br />

300km de distance, peut porter des têtes de guerre jusqu’à 500kg de<br />

poids et voler à basse altitude, en évitant de cette manière les radars et<br />

les moyens de type électronique.<br />

Il affirma aussi avoir essayer un lance-roquettes, en insistant en tous cas<br />

que son objectif ultime n’est pas de lancer des missiles, mais des satellites<br />

commerciaux en orbite 37 . Le Pentagone affirma, au contraire, que<br />

ce lancement est l’étape antérieure pour que l’Iran développe un Missile<br />

Balistique intercontinental (ICBM), avec capacité d’atteindre la côte<br />

américaine, et estime qu’il sera près pour 2015. Apparemment 38 l’Iran a<br />

réussi à convertir un de ses missiles Shahab-3 en un lanceur de satellites.<br />

Ceci suppose de passer de véhicules lanceurs d’une seule étape (comme<br />

le Shahab-3) à un autre de deux ou trois étapes (technologiquement<br />

plus complexe). Si ceci est confirmé, et il existent de nombreux signes<br />

que cela est le cas, Téhéran aurait réussi un sérieux coup de théâtre<br />

puisque, en définitive, l’unique différence entre un lanceur de satellites<br />

et un ICBM est, simplement, le genre de charge qui est installé à bord.<br />

Israël<br />

La position d’Israël reste dans la même ligne que dans les années antérieures,<br />

bien que avec un rôle, si c’est possible, plus actif qu’avant. La<br />

déclaration –ou vraisemblablement, le lapsus – du Premier Ministre,<br />

Ehud Olmert, en décembre passé – reconnaissant que Israël est une<br />

puissance nucléaire – n’a pas changé ni sa traditionnelle politique d’ambiguïté<br />

calculée, ni le comportement de ses voisins.<br />

En septembre 2007 des documents furent diffusés 39 qui indiqueraient<br />

que le pays cherchait à se réserver une position d’exception dans le régime<br />

international de non prolifération, tandis qu’elle continue à renforcer<br />

ses liens avec des fournisseurs de technologies et de matériaux nucléaires.<br />

Dans le même mois, Israël a attaqué des installations en territoire<br />

syrien qui, selon ce qu’il a finalement reconnu informellement quelques<br />

semaines après, avait pour objectif de freiner son programme nucléaire<br />

supposé. Cette action, en plus d’être un avertissement pour ses adversaires<br />

régionaux, peut être interprété comme une nouvelle approche<br />

israélienne pour renforcer sur la scène internationale son profile comme<br />

un acteur engagé dans la lutte contre la prolifération; tout ceci en marge<br />

de ce qui parait improbable que la Syrie soit en train de développer un<br />

programme nucléaire de grande portée.<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

207


208<br />

La position d’Israël<br />

reste dans la même<br />

ligne que dans les<br />

années antérieures,<br />

bien que avec un rôle,<br />

si c’est possible, plus<br />

actif qu’avant<br />

•<br />

En général, Israël, qui combine ses propres capacités avec le soutien<br />

qu’il reçoit d’autres pays, reste basé sur la politique de développement<br />

de son arsenal nucléaire dans sa propension de compter sur un élément<br />

radical de dissuasion, et une punition hypothétique, comme un dernier<br />

recours face à de possibles scénarios de destruction de l’État dans ses<br />

affrontements régionaux, et, chaque fois plus, dans sa perception de ce<br />

qu’il considère aujourd’hui comme sa principale menace : l’Iran. Ainsi<br />

s’explique, par exemple, que l’effort principal dans sa recherche se centre<br />

sur le développement de systèmes de protection contre missiles et no<br />

sur le développement de nouveaux missiles de plus grande portée. Dans<br />

ce sens, en novembre 2006, Israël annonça m’amélioration du SPyDER,<br />

un système de protection antiaérienne qui peut intercepter maintenant<br />

des menaces de moyenne portée et, en février 2007, approuva le système<br />

de défense contre des missiles de courte portée Iron Dome dont<br />

on estime qu’il sera terminé en 24 mois. Le même mois il essaya avec<br />

succès (en utilisant des simulation du missile balistique iranien Shahab –<br />

3) le système de défense antiaérienne Arrow, capable d’intercepter des<br />

missiles à une altitude bien supérieure à celle de systèmes antérieurs, ce<br />

qui permet un deuxième essai dans le cas où le premier échoue. Dans<br />

son ensemble ces trois systèmes sont pensés pour défendre Israël de<br />

menaces aussi différentes que celle que représentent que les fusées rudimentaires<br />

palestiniennes Qassam ou les iraniennes zelzal, pour laquelle il<br />

faut augmenter le nombre de systèmes antimissiles Arrow 2 avec l’idée<br />

de les déployer dans tout le pays 40 .<br />

Sur le plan diplomatique, Israël a signé cette année la Convention des<br />

Nations Unies pour la Répression des Actes de Terrorisme Nucléaire et,<br />

sur le plan purement militaire, le département de Défense des États-Unis<br />

a prorogé pour cinq autres années son appui au système israélien de<br />

défense déjà mentionné Arrow.<br />

Comme point additionnel de cette stratégie de défense, en mars 2007,<br />

la Force Aérienne Israélienne (FAI) présenta une nouvelle version de son<br />

véhicule aérien non piloté, le Heron, avec une autonomie de 30 heures<br />

à une vitesse de 225 kilomètres par heure et une altitude de 10.000<br />

mètres, ce qui lui fournit une portée de 6.700 kilomètres et, dès lors,<br />

la possibilité de couvrir la totalité du territoire d’Iran et le reste de ses<br />

voisins de Moyen-Orient. Pour le moment, l FAI a déjà reçu 8 Heron et<br />

l’Inde a signé un accord pour en acquérir 50 autres.<br />

De même, le 20 mars 2007, Israël mena des exercices militaires en réaction<br />

à une hypothétique attaque simultanée de missiles contre divers<br />

points du pays. Dans l’opération furent impliqués la police et toutes les<br />

forces de sécurité et de secours, y compris des soldats, des pompiers,<br />

des ambulances, des fonctionnaires gouvernementaux et du personnel<br />

sanitaire. L’opération avait pour objectif central de montrer les leçons<br />

apprises dans la confrontation violente qui eut lieu l’été 2006 entre le<br />

Hezbollah et les forces israéliennes.<br />

Libye<br />

Libye maintient sa politique de renon aux ADM. Dans ce sens, l’Organisation<br />

pour l’interdiction des Armes Chimiques étendit le terme limite, à<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


l’enrichissement libyen, pour la destruction de l’arsenal d’armes chimiques<br />

de Catégorie 1 41 , jusqu’au 31 décembre 2010. De même, l’OPAQ<br />

s’est installé en Libye pour détruire les armes de Catégorie 2 42 aussitôt<br />

que possible et, en tous cas, pas plus tard que le 30 décembre 2011.<br />

En contraste avec ce processus, cependant, en juin 2007 la Libye refusa<br />

de respecter l’accord, malgré qu’elle fût parvenue à un accord avec les<br />

États-Unis pour détruire son arsenal. Il semble évident qu’il n’y a pas de<br />

volonté libyenne de ne pas respecter ce qui est établi, mais plutôt des<br />

raisons ponctuelles de nature économique.<br />

D’un autre côté en avril 2007, le ministre des Affaires Extérieures affirma<br />

que l’Agence de l’Énergie Atomique russe coopérait avec la Libye pour<br />

le développement de l’usage pacifique de n’énergie nucléaire, particulièrement<br />

à des fins médicales.<br />

Maroc<br />

Le Maroc fait partie du TNP et ses agissements dans ce domaine se<br />

limitent à une récente demande pour construire un petit réacteur de<br />

recherche nucléaire, avec l’autorisation du gouvernement des États-Unis,<br />

et l’annonce de son intérêt à commencer la construction d’une centrale<br />

nucléaire, comme expliqué plus haut.<br />

On ne lui connaît pas non plus d’arsenaux d’armes chimiques et biologiques.<br />

D’autre part, il figure comme État signataire de la BTWC et a aussi<br />

signé mais pas ratifié la CWC.<br />

Syrie<br />

Tandis que la Syrie continue d’insister, d’un côté, qu’elle n’est pas impliquée<br />

dans un programme nucléaire et qu’elle n’a aucune intention de se<br />

convertir en une puissance nucléaire, d’un autre côté, elle insiste qu’elle<br />

pourrait se voir obligée de suivre ce chemin comme unique alternative<br />

pour faire face au haut niveau de consommation national d’énergie (à<br />

un rythme qui augmente de 10% chaque année) et à la chute de ses<br />

limites de réserves pétrolifères.<br />

A côté des problèmes dérivants de l’existence supposée d’un programme<br />

nucléaire, la Syrie se trouve en un moment encore plus délicat en<br />

conséquence à sa détention d’armes chimiques. Si cet arsenal a été créé<br />

à son moment pour des raisons de sécurité nationale ; maintenant sa<br />

simple détention constitue un facteur de conflit dans la mesure où ses<br />

ennemis se sentent menacé par cela ; il semble évident que l’abandon<br />

de ces programmes aiderait au régime et au pays à améliorer sa sécurité<br />

; cependant, il est difficile d’imaginer qu’une telle décision arrive à<br />

se produire après l’effort réalisé au fil des années.<br />

D’un point de vue analytique, il semblerait prudent que Damas réexamine<br />

ses priorités et évalue si le maintien de son arsenal chimique<br />

compense le risque de subir des attaques de plus grande quantité de ce<br />

qu’elle a subi le 6 septembre 2007 passé et les coûts 43 .<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

209


210<br />

A côté des problèmes<br />

dérivants de l’existence<br />

supposée d’un<br />

programme nucléaire,<br />

la Syrie se trouve en un<br />

moment encore plus<br />

délicat en conséquence<br />

à sa détention d’armes<br />

chimiques<br />

•<br />

En ce qui concerne le développement des missiles, la presse israélienne<br />

affirma en janvier 2007 que la Syrie avait essayé le Scud D, un missile<br />

balistique de courte portée (700 kilomètres) qui aurait dan son rayon<br />

d’action tout point du territoire israélien. Aussi, selon des sources de l’intelligentsia,<br />

la Syrie serait en train de développer des nouvelles capacités<br />

pour le reste de son arsenal de missiles Scud en essayant d’acquérir le<br />

Iskander-E (SS-X-26) russe.<br />

Turquie<br />

La Turquie annonça cette année ces plans pour la construction de trois<br />

installations pour la génération d’énergie nucléaire, avec une capacité<br />

totale de 5.000 Mw, pour un coût global de quelques 5.400 millions<br />

d’euros et qui devraient être opérationnels entre 2012 et 2015.<br />

Malgré que la crainte croissante générée par le programme nucléaire<br />

iranien ait contaminé le débat national sur la nécessité de réagir à ce qui<br />

est perçu comme une menace, il n’y a aucune preuve que Ankara ait<br />

décidé de mettre en marche n’importe que type de programme nucléaire<br />

militaire.<br />

Tableaux<br />

Tableau 2: Situation globale des pays méditerranéens en ADM<br />

Pays Biologiques Chimiques Nucléaires Missiles Balistiques<br />

Arabie Saoudite Aucune Aucune? Recherche Oui<br />

Algérie Recherche Développement? Recherche Non<br />

Egypte Développement? Réserves Recherche Oui<br />

Iran Développement Déploiement Développement Oui<br />

Israël Capacité de production Capacité de production Déploiement Oui<br />

Jordanie Aucune Aucune Aucune Non<br />

Liban Aucune Aucune Aucune Non<br />

Libye Terminé Terminé Terminé Oui<br />

Maroc Aucune Aucune Aucune Non<br />

Mauritanie Aucune Aucune Aucune Non<br />

Syrie Développement? Déploiement Recherche Oui<br />

Tunisie Aucune Aucune Aucune Non<br />

Turquie Aucune Aucune Aucune Oui<br />

yémen Aucune Aucune? Aucune Oui<br />

Légende :<br />

- Capacité de Production: Capable de produire des ADM, sans avoir produit des quantités significatives.<br />

- Déploiement : Armes nucléaires, chimiques ou biologiques intégrées dans leurs forces armées et opérationnelles.<br />

- En Développement: Activités pour développer leur capacité de production.<br />

- Recherche : Activité à double usage (civiles, bien que possible d’être utilisées à des fins militaires)<br />

- Terminé : Production dans le passé. A démantelé l programme et ses munitions.<br />

- ? rapports ou données non concluantes<br />

Sources : Center for Nonproliferation Studies (CNS), Jaffee Center for Strategic Studies) JCSS<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Tableau 3: Programmes de missiles sélectionnés<br />

Pays Missile Quantité Portée (Km) Charge (Kg)<br />

Irán<br />

Israël<br />

Syrie<br />

Shahab-1 (Shehab-1, Hwasong-5, Scud-B) 200-300 320 1.000<br />

Shahab-2 (Shehab2, Hwasong-6, Scud-C) 100-150 500 1.000<br />

Shahab-3 (Shehab-3, Nodong) 25-100 1.000 1.000<br />

Shahab-4 1-2 prototype 2.000 1.000<br />

Shahab-5 (ICBM) 10.000 1.000<br />

Tor-M1 29 Courte portée -<br />

SSN4 (Raad) 1 300 500<br />

Lance (SRBM) 130 450<br />

Jéricho I (SRBM) ~50 500-650 450-500<br />

Jéricho II (MRBM) ~50 1.500 1.000<br />

Jéricho III (IRBM) en développement 4.800 inconnu<br />

Popeye (SLCM) 200-350 200<br />

Harpoon (SLCM) 120 200-220<br />

SS-21 (Scarab) 200 70 160<br />

Scud-B (SS-1C, R-17 Elbrus) 200 300 1.000<br />

Scud-C (Hwasŏng-6) 60-120 500-600 1.000<br />

Scud-D? (Nodong 1) 700 1.000<br />

Arabie Saoudite DF3-A/CSS-2 50-120 2.200 2.000<br />

- ?: Rapport ou données non concluantes<br />

Sources: globalSecurity.org, fas.org, SIPRI<br />

Convention Année Résultats ressortis<br />

BTWC 1972<br />

Tableau 4: Résumé du cadre de la BTWC et de la CWC<br />

Actuellement 158 pays (avec 16 en plus dont la ratification est pendante) ont signé le compromis pour interdire le<br />

développement, la production et l’emmagasinage d’armes biologiques et toxiques.<br />

1ª CR 1980 Réaffirmation du compromis des membres.<br />

2ª CR 1986 Début des systèmes de vérification et des mesures de création de confiance.<br />

3ª CR 1991 Expansion des mesures de création de confiance.<br />

4ª CR 1996 Nouveaux protocoles de vérification.<br />

5ª CR 2001<br />

6ª CR 2006<br />

CWC 1993<br />

1ª CR 2003<br />

2ª CR 2008 -<br />

Sans déclaration finale à cause du veto des États-Unis. Accord sur des réunions annuelles pour renforcer la convention<br />

quant à ses mécanisme d’action en matière de sécurité, réponses internationales contre son possible usage<br />

illégal et altérations liées, renfort des institutions pour la détection et réaction et un code de conduite pour la communauté<br />

scientifique.<br />

Récupération de la “dynamique positive”, perdue après l’échec de la 5ème CR. Accord sur les étapes suivantes à<br />

discuter- bien que non négocier- divers aspects de la Convention.<br />

182 membres, engagés à interdire le développement, la production et l’emmagasinage d’armes chimique, et à<br />

coopérer avec des mécanismes de vérification et de contrôle.<br />

Evaluation des mécanismes existants et réaffirmation de la volonté politique à travers deux documents finaux:<br />

Déclaration Politique et Document de Révision.<br />

Légende :<br />

BTWC: Convention sur l’interdiction du développement, production et emmagasinage d’armes biologiques et toxiques sur leur destruction<br />

CR: Conférence de Révision.<br />

CWC: Convention sur l’interdiction du développement, la production, l’emmagasinement et l’usage d’armes chimique sur leur destruction.<br />

Sources: www.opbw.org; www.opcw.org<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

211


212<br />

•<br />

Tableau 5 : Participation des pays méditerranéens à la BTWC et la CWC<br />

1972 1973 1974 1975 1979 1982 1984 1993 1995 1996 1997 1998 2000 2001 2002 2004 2007<br />

Arabie Saoudite SIN RAT SIN DEP<br />

Algérie* SIN DEP SIN RAT<br />

Egypte* SIN SPF<br />

Iran* SIN RAT SIN DEP<br />

Israël* SIN SPF<br />

Jordanie SIN RAT DEP**<br />

Liban SIN RAT SPF<br />

Libye APR SIN DEP<br />

Maroc* SIN SIN DEP RAT<br />

Mauritanie* SIN DEP SPF<br />

Syrie* SIN SPF<br />

Tunisie* SIN RAT SIN DEP<br />

Turquie* SIN RAT SIN DEP<br />

yémen SIN RAT SIN DEP<br />

Autres acteurs méditerranéens<br />

États-Unis* SIN RAT SIN DEP<br />

France* APR SIN DEP<br />

Royaume Uni* SIN RAT SIN DEP<br />

Légende :<br />

* = Membre de la Conférence sur le Désarmement de l’ONU<br />

** = Déposé comme instrument d’adhésion.<br />

SIN – Signé; RAT – Ratifié; APR – Approuvé; DEP – Déposé; SPF – Sans Participation Formelle.<br />

BTWC: Convention sur l’interdiction du développement, production et emmagasinage des armes biologiques et toxiques et sur leur destruction<br />

CWC: Convention sur l’interdiction du développement, production, emmagasinage et usage d’armes chimiques et sur leur destruction<br />

Sources: www.opbw.org; www.opcw.org<br />

Membres<br />

Objectifs<br />

Tableau 6 : Données basiques du MTCR<br />

Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Brésil, Canada, Danemark, Espagne, États-<br />

Unis, Fédération Russe, Finlande, France, grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Japon, Luxembourg,<br />

Norvège, Nouvelle zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume Uni, République Tchèque, République<br />

de Corée, Afrique du Su, Suisse, Suède, Turquie et Ukraine.<br />

Limiter la diffusion de technologie et systèmes – missiles avec un minimum de 500kg de charge et<br />

300km de portée de véhicules aériens non pilotés (UAV) utilisés comme vecteurs de lancement des armes<br />

nucléaires.<br />

Coopération et transparence dans le commerce lié.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Annexes<br />

Liste d’acronymes<br />

ABM Traité sur les Missiles Anti-Balistiques.<br />

ADM Armes de Destruction Massive<br />

BTWC Convention d’Armes biologiques et Toxiques (Biological and<br />

Toxins Weapons Convention).<br />

CTBT Traité d’Interdiction Complète des Essais Nucléaires<br />

(Comprehensive Test Ban Treaty).<br />

CWC Convention des Armes Chimiques (Chemical Weapons<br />

Convention).<br />

ICBM Missile Balistique Intercontinental (Intercontinental Ballistic<br />

Missile).<br />

IDF Forces Israéliennes de Défense (Israeli Defense Forces).<br />

IRBM Missile Balistique de Portée Intermédiaire (Intermediate-Range<br />

Ballistic Missile).<br />

LACM Missile de Croisière d’Attaque à Terre (Land Attack Cruise<br />

Missiles).<br />

MIRV Véhicule de Réentrée Multiple et Indépendante (Multiple<br />

Independently Targetable Re-entry Vehicle).<br />

MLRS Système de Lance-roquette Multiple (Multiple Launch Rocket<br />

System).<br />

MRBM Missile Balistique de Portée Moyenne (Médium-Range Ballistic<br />

Missile).<br />

MTCR Régime de Contrôle de Technologie des Missiles (Missile<br />

Technology Control Regime).<br />

OIEA Organisme International de l’Énergie Atomique.<br />

ONU Organisation des Nations Unies.<br />

OPAQ Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques<br />

OTAN Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.<br />

PEV Politique Européenne de Voisinage.<br />

SLBM Misile Balistiqe Lancé depuis Sous-marin (Submarine-Launched<br />

Ballistic Missile).<br />

SLCM Misile de croisière Lancé depuis Sous-marin (Submarine-<br />

Launched Cruise Missile).<br />

SRBM Missile balistique de Courte Portée (Short-Range Ballistic<br />

Missile).<br />

SSBN Sous-marin Nucléaire doté de Missiles Balistiques (Ballistic<br />

Missile Submarine).<br />

TNP Traité de Non-prolifération des armes nucléaires<br />

UE Union Européenne<br />

UMA Union du Magreb Arabe.<br />

UVA Véhicle aérien non habité (Unmanned Aerial Vehicle).<br />

ZLAN zone libre d’Armes Nucléaires.<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

213


214<br />

•<br />

Chronologie du programme nucléaire d’Iran (octobre 2006/octobre<br />

2007)<br />

28/10/2006. L’Iran confirma qu’elle a mis en fonctionnement une<br />

deuxième cascade de centrifugeuses pour l’enrichissement d’uranium. .<br />

23/11/2006. Mohamed El Baradei dit qu’il reste encore diverses questions<br />

pendantes avant de pouvoir dire qu’il n’existe pas d’activités<br />

nucléaires « non déclarées » en Iran.<br />

23/12/2006. La Résolution 1737 du Conseil de Sécurité de l’ONU est<br />

approuvée à l’unanimité. Elle impose des sanctions contre l’Iran après<br />

qu’il n’ait pas arrêté son enrichissement d’uranium comme l’exigeait la<br />

Résolution 1696.<br />

06/02/2007. L’Iran continuait l’installation de 3.000 centrifugeuses à<br />

Natanz, contre l’ultimatum du conseil de Sécurité de l’ONU. L’objectif<br />

final est l’installation de 54.000 centrifugeuses.<br />

10/02/2007. L’OIEA suspend la moitié de ses projets d’assistance technique<br />

à l’Iran. C’est une réaction contre le manque de coopération de<br />

Téhéran et dépend de l’approbation du comité de l’organisme.<br />

22/02/2007. L’OIEA publiait son rapport pour le Conseil de Sécurité<br />

sur les activités nucléaires de l’Iran. Il soutient que Téhéran a accéléré<br />

l’enrichissement d’uranium au lieu de respecter l’ultimatum du conseil.<br />

Il contient aussi de l’information sur la construction continue d’installations<br />

nucléaires, les activités sur les installations de Natanz et l’expansion<br />

du nombre de centrifugeuses.<br />

06/03/2007. le chef de l’agence atomique iranienne, gholam Reza<br />

Aghazadeh, déclara que l’Iran a commencé la construction d’une nouvelle<br />

installation nucléaire à Darkhovin. Elle aura une capacité de 360<br />

Mw.<br />

09/03/2007. Le comité de l’OIEA approuva la suspension de 22 projets<br />

d’assistance nucléaire à l’Iran. Cela fait partie de l’imposition de sanctions<br />

de la part du Conseil de Sécurité de l’ONU.<br />

21/03/2007. La construction du réacteur nucléaire à Bushehr semble<br />

être arrêté après le retrait de techniciens et d’ingénieurs de la part de<br />

la Russie. La Russie allègue qu’il y a un retard dans les payements de la<br />

part de Téhéran.<br />

24/03/2007. La Résolution 1747 est adopté unanimement au Conseil de<br />

Sécurité de l’ONU. Elle impose des sanctions contre l’Iran y compris en<br />

commerce d’armes et des moyens financiers.<br />

09/03/2007. Le président Mahmud Ahmadineyad annonça que l’Iran a<br />

la capacité de produire du combustible nucléaire à niveau industriel.<br />

23/04/2007. Des officiels russes déclarèrent que, par manque de fonds<br />

iraniens pour faire face aux payements pendants, le réacteur de Bushehr<br />

ne pourra pas être opérationnel avant l’été 2008.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


15/05/2007. L’Iran refusa le « plan suisse » pour arrêter son enrichissement<br />

d’uranium en échange d’une suspension des sanctions de l’ONU<br />

envers le pays.<br />

25/07/2007. L’Iran avertit qu’il considérait des « sanctions illégales » - en<br />

menaçant de se retirer du TNP- la suite des sanctions de l’Onu en réaction<br />

contre son programme nucléaire.<br />

27/08/2007. L’OIEA publia un document élaboré pour l’Iran sur la coopération<br />

entre l’organisme et Téhéran.<br />

02/09/2007. Mahmud Ahmadineyad annonça que l’Iran a atteint des<br />

objectifs importants pour son programme nucléaire et a 3.000 centrifugeuses<br />

opérationnelles pour l’enrichissement d’uranium.<br />

11/10/2007. L’Iran dit qu’elle a remis de l’information sur ses centrifugeuses<br />

lors d’une réunion avec l’OIEA. De plus elle exprime son espoir<br />

sur la viabilité d’un plan suisse pour faciliter le dialogue entre l’Iran et la<br />

communauté internationale.<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

215


216<br />

•<br />

Sources des tableaux et autres sites liés d’intérêt<br />

Sigle Nom Site Web<br />

ACA Arms Control Organization www.armscontrol.org<br />

OPBW Biological and Toxin<br />

Weapons Convention www.opbw.org<br />

CNS Center for Non proliferation<br />

Studies http://cns.miis.edu<br />

CDI Center for Defense Information www.cdi.org<br />

CTBTO Preparatory Commission for<br />

the Comprehensive Nuclear-<br />

Test-Ban Treaty Organization www.ctbto.org<br />

FAS Federation of American<br />

Scientists www.fas.org<br />

global Security.org www.globalsecurity.org<br />

OIEA Organisme International<br />

de l'Énergie Atomique www.iaea.org<br />

IMF International Monetary Fund www.imf.org<br />

ISIS Institute for Science and<br />

International Security www.isis-online.org<br />

NTI Nuclear Threat Initiative www.nti.org<br />

OPAQ Organisation for the<br />

Prohibition of Chemical<br />

Weapons www.opcw.org<br />

SIPRI Stockholm International<br />

Peace Research Institute www.sipri.org<br />

The Bulletin of<br />

Bulletin the Atomic Scientists www.thebulletin.org<br />

UNTD United Nations Treaty<br />

Database http://untreaty.un.org<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE


Notes<br />

1. Pour un premier aperçu sur le sujet, Jesús A. Núñez, “Vente d’armes, stabilité et démocratie au<br />

Moyen-Orient”, El Pais, 9 août 2007<br />

2. Si en 1981 Israël a accompli cette tâche, en détruisant ce qui aurait été le premier réacteur nucléaire<br />

iraquien Osirak, maintenant (le 6 septembre de cette année) tout indique que leurs avions de<br />

combat ont fait de même en territoire syrien.<br />

3. Obtenir que cinq puissances nucléaires s’engagent à réduire, voir éliminer, leurs arsenaux et que le<br />

reste des 188 signataires renoncent à acquérir une capacité si extraordinaire que le nucléaire.<br />

4. La grande Bretagne est l’unique membre de ce groupe exclusif qui a osé, du moins en termes<br />

théoriques, développer une vision qui pose la question du renon aux arsenaux qu’elle possède.<br />

5. Ainsi l’analyse avec précision george Perkovich dans “The End of the Nonproliferation regime?”,<br />

Current History, novembre 2006.<br />

6. Commission sur les Armes e Destruction Massive (2007): les armes d la terreur; libérant le monde<br />

des armes nucléaires, chimiques et biologiques, UNESCO Etxea/Association pour les Nations Unies<br />

en Espagne.<br />

7. Il suffit de signaler, dans la région, la décision que le Maroc a fait connaître en mars de construire<br />

une centrale nucléaire (dont le contrat comprend, pour le moment, des entreprises russes, américaines<br />

et françaises) ou l’accord signé par le Liban avec les États-Unis, également en mars, pour<br />

reprendre le développement des activités nucléaires à des fins pacifiques.<br />

8. Dans le cadre d’une rencontre des pays membres de l’OIEA, son directeur, l’égyptien Mohamed El<br />

Baradei, assura que malgré les quatre années utilisées à inspecter les ambitions nucléaires de l’Iran,<br />

son organisation est incapable d’assurer de manière irréfutable que le programme nucléaire iranien<br />

soit de nature pacifique. USA Today, 5 mars 2007.<br />

9. Ce point ne serait, dans le pire des cas, pas plus qu’une étape intermédiaire, bien qu’importante,<br />

du processus pour acquérir une capacité militaire opérationnelle sur le terrain nucléaire des années<br />

plus tard.<br />

10. http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/gEN/N06/681/45/PDF/N0668145.pdf?OpenElement<br />

11. Ils furent libérés treize jours après leur détention, comme un “cadeau de Paque” dans les termes<br />

du propre président Ahmadineyad, qui n’a pas hésité à mener cette courte crise pour récupérer<br />

le rôle principal face à ses rivaux internes, très critiques avec sa gestion et encore plus devant les<br />

mauvais résultats des alliés du président aux élections municipales de décembre passé.<br />

12. Le 7 juillet 2007, Mohamed El Baradei avertit- selon la BBC – contre « les nouveaux fous qui veulent<br />

bombarder l’Iran”, http://news.bbc.co.uk/2/hi/programmes/nuclear_detectives/6707457.stm<br />

13. Ainsi semble le montrer l’impact minime des sanctions probables jusqu’à présent au sein du<br />

Conseil de Sécurité de l’ONU.<br />

14. Malgré que tout indique que la quantité de centrifugeuses installées n’est pas encore celle nécessaire<br />

pour atteindre ce point et que, au contraire, les problèmes techniques se succèdent pour<br />

atteindre un rendement optimal de celles déjà connectées.<br />

15. http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/gEN/N07/281/43/PDF/N0728143.pdf?OpenElement<br />

16. Après plusieurs essais infructueux de démission, il abandonna finalement son rôle le 20 octobre<br />

2007 et fut substituer par Saeed Jlili, jusqu’alors vice ministre des affaires extérieures pour l’Europe<br />

et l’Amérique.<br />

17. Il est intéressant d’observer le jeu de Moscou, en tant que principal fournisseur du réacteur de<br />

Buhsher, pour ne pas perdre l’équilibre, conservant ses liens avec Téhéran mais, dans la pratique,<br />

repoussant à plusieurs reprises le calendrier d’entrée de l’ensemble de l’oeuvre et, spécialement, le<br />

combustible nucléaire pour débuter la production.<br />

18. Qui, de fait, fonctionna pendant la période 2003-05, quand l’Iran répondit positivement à la<br />

demande de l’Allemagne, la France et la grande Bretagne pour entrer dans les négociations.<br />

19. D. Dassa Kaye & F.M. Wehrey (2007): “A Nuclear Iran: The Reactions of Neighbours”, Survival, 49<br />

(2), pp.111-118.<br />

20. Il reste difficile de distinguer entre les raisons scientifiques et les activités militaires, comme le<br />

démontre clairement les ambiguïtés du General Purpose Criterion de la CWC, selon lequel sont<br />

interdits tous les produits “chimiques toxiques et leurs précurseurs, exceptés ceux dédiés à des<br />

buts non interdits par cette Convention, toujours en genre et quantités consistantes avec de tels<br />

objectifs”.<br />

21. Il suffit de se souvenir que, sur le terrain des armes chimiques, les deux accumulaient, au moment<br />

de l’entrée en vigueur de la CWC (1997), 98% de celles qui existaient au niveau mondial.<br />

Aujourd’hui (2007), avec l’horizon du compromis acquis que en avril 2012 il ne doit plus exister<br />

aucune arme chimique, les États-Unis ont détruit seulement 40% de leur arsenal et la Russie uniquement<br />

20%.<br />

22. L’Egypte a un clair profile proliférateur dans ce domaine. Il est suffisamment prouvé qu’il utilise des<br />

bombes de gaz mostaza durant la guerre du yémen, entre 1963 et 1967. Il semble aussi probable<br />

que, juste avant la guerre du yom Kippour (1973), elle ait transféré des armes chimiques à la Syrie.<br />

23. C’est un pays qui a eu des arsenaux et des programmes de développement dans ce domaine et qui<br />

les a utilisés dans le contexte de sa guerre contre l’Iran (1980-1988) et contre sa propre population<br />

kurde. Dans l’actualité (novembre 2007) il négociait avec l’Organisation pour l’Interdiction des<br />

Armes Chimiques (OPAQ) son intégration dans le processus international.<br />

JESúS A. NúñEz VILLAVERDE y BALDER HAgERAATS<br />

•<br />

217


218<br />

•<br />

24. Après dix tentatives ratées, son unique attaque “réussie” fut celle effectuée en juillet 1995, en<br />

utilisant du gaz sarin dans le métro de Tokyo.<br />

25. J. Acton, M. Brooke Rogers & P. D. zimmerman (2007): “Beyond the Dirty Bomb: Re-thinking<br />

Radiological Terror”, Survival, 49(3), pp.151-168.<br />

26. Pour un résumé actuel de la situation voir graham S. Pearson (2006): “The Importance of<br />

Implementation of the general Purpose Criterion of the Chemical Weapons Convention”, Kemijau<br />

Industri, 55(10), 413-422, http://knjiznica.irb.hr/hrv/kui/vol55/broj10/413.pdf. Ainsi que Nicholas A.<br />

Sims (2007): “The Future of Biological Disarmament: New Hope After the Sixth Review Conference<br />

of the Biological Weapons Convention”, The Non Proliferation review, 14(2), http://cns.miis.edu/<br />

pubs/npr/vol14/142toc.htm<br />

27. http://www.opbw.org/rev_cons/6rc/6rc_press.htm<br />

28. Il faut aussi inclure dans ce chapitre différents types d’avions de combat, des véhicules aériens non<br />

pilotés (UAV, dans ses sigles anglais), des véhicules spatiaux et des vecteurs terrestres aussi classiques<br />

que les célèbres « sac à dos nucléaires » ou les mines nucléaires.<br />

29. Probablement opérationnel depuis 2005.<br />

30. C’est une donnée choquante qui ne semble pas avoir beaucoup de préoccupation pour la combinaison<br />

de missiles avec des armes chimiques ou biologiques, bien que ce fut cette combinaison<br />

exactement celle qui causa l’augmentation de l’intérêt pour la prolifération des missiles à échelle<br />

mondiale après les attaques de l’Iraq contre Israël avec des missiles Scud, en 2003. Sans fondement<br />

clair pour cela, la vision qui associe les armes biologiques et chimiques au terrorisme semble<br />

s’imposer, tandis que les missiles tendent à être lié presque en exclusivité avec les armes nucléaires.<br />

31. Ainsi le comprend, avec une vision critique et préoccupée Dennis M. gormley, dans « Missile<br />

Defence Myopia: Lessons from the Iraq War,” Survival, vol. 45, no. 4 (Winter, 2003-04), pp. 61-86.<br />

32. Comme le reprend Uzi Rubin dans “The global range of Iran’s ballistic missile program”, Jerusalem<br />

Issue Brief V. 5, N. 26, 20 juin 2006, Jerusalem Center for Public Affairs.<br />

33. “Israeli media says Syria has tested Scud,” Agence France Presse, 2 février 2007.<br />

34. Selon le Nuclear Threat Initiative (www.nti.org).<br />

35. Les auteurs désirent reconnaître la contribution de Júlia Viladomat dans l’élaboration de cette partie<br />

du rapport.<br />

36. Les contacts avec ces deux derniers pays semblent être une conséquence d’opérations financières<br />

réalisées pendant la décennie précédente.<br />

37. Il est probable qu’il s’agisse d’un Taepodong-2 nord coréen, auquel on a simplement changé la<br />

peinture extérieure et le drapeau, mais dans ce cas cela montrerait le niveau de collaboration avec<br />

la Corée du Nord (et avec le Pakistan) et la volonté de faire un saut dans ces dimensions de la part<br />

du régime iranien.<br />

38. Aviation Week &Space Technology, 26 janvier 2007.<br />

39. george Jahn, Israel Seeks Exemption From Atomic Rules, Associated Press, 25 septembre 2007.<br />

40. Actuellement il existe deux séries déployées, une au sud et un autre au nord. La troisième série<br />

pourrait se déployer près du complexe nucléaire de Dimona.<br />

41. Armes basées sur des substances chimiques “schedule 1” (calendrier 1). Sont désignées comme<br />

« haut risque », et comprennent le sarin et le VX.<br />

42. Armes basées sur des substances chimiques de “non-schedule 1” (non calendrier 1). Elles sont<br />

conçues comme « risque significatif », et comprend le phosgène.<br />

43. Comme elle le matérialisa le 4 janvier 2007, quand Washington décida de congeler les actifs<br />

américains de 3 organisations gouvernementales syriennes, accusées de prolifératrices d’armes de<br />

destruction massive.<br />

III <strong>RAPPORT</strong> SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE EN MÉDITERRANÉE 2007 :<br />

AU-DELÀ DE LA MENACE NUCLÉAIRE

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