Mémoire - Strate Collège
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RÉSUMÉ<br />
Le voyage et les moyens de transport sont devenus omniprésents dans<br />
nos sociétés modernes. Dans ce voyage moderne, désormais accessible à<br />
tous, le trajet constitue la première étape d’une aventure aussi bien que sa<br />
conclusion : on va vers un « ailleurs » parfois inconnu, ou bien on retourne<br />
à son quotidien. Notre vécu de ce déplacement influence beaucoup notre<br />
façon de voyager et le souvenir que l’on en gardera.<br />
Ce mémoire tente d’élucider notre manière de percevoir et d’interagir avec<br />
notre environnement pendant les trajets.<br />
Le premier chapitre fait l’objet d’une étude sur le voyage. L’étude<br />
de l’évolution des différents moyens de transport est nécessaire pour<br />
comprendre le cheminement qui a mené au transport collectif moderne.<br />
Depuis le voyage pédestre du troubadour médiéval jusqu’aux Trains à<br />
Grande Vitesse, nous avons recherché plus d’efficacité, donc plus de<br />
vitesse et de rectitude. Cependant cette recherche d’efficacité semble<br />
pouvoir s’opposer à certaines motivations du voyage. Effectivement le<br />
passager moderne souhaite être déplacé d’un point A à un point B, et ce<br />
le plus rapidement possible : le temps est de plus en plus compté dans nos<br />
sociétés modernes. Mais cela occulte certaines fonctions psychologiques<br />
du voyage : la confrontation avec soi-même dans l’inconnu, l’implication<br />
personnelle indispensable à la recherche et à la découverte, le fait de s’égarer.<br />
Le trajet collectif d’aujourd’hui, bien qu’efficace, présente donc certains<br />
déséquilibres. Le transport collectif est devenu un outil banal et évident,<br />
tandis qu’il constituait initialement, pendant la révolution industrielle, une<br />
aventure presque fantastique. Du fait de cette banalisation, le transport peut<br />
se résumer à l’attente de l’arrivée à bon port. Le passager cherche donc à<br />
s’occuper autant que possible, par exemple par des films, et oublie l’objet<br />
principal de son trajet : le mouvement et la découverte.<br />
D’autre part, durant un voyage, et d’autant plus durant un déplacement,<br />
nos perceptions sont exacerbées car nous avons quitté notre environnement<br />
habituel : l’inconnu nous éveille. Nous sommes facilement trompés par<br />
nos perceptions. Le temps, défini dans nos sociétés modernes de manière<br />
métrique, est perçu très aléatoirement : suivant l’activité pratiquée, suivant<br />
un rythme perçu. Nous cessons de prendre en compte notre raison, qui<br />
considère le temps comme un écoulement stable, pour suivre ce que l’on<br />
ressent. De même l’espace est interprété par les mécanismes cognitifs du<br />
cerveau, nous ne contrôlons pas les illusions perçues. On peut en effet avoir<br />
l’impression du déplacement tout en restant immobile. Enfin la perception<br />
des autres est un phénomène aléatoire : le jugement que nous mettons en<br />
place dépend du contexte environnant et de notre état d’esprit initial.<br />
Le transport collectif moderne, pour être efficace, est donc devenu rigide :<br />
nous devons nous plier aux horaires fixes, à la linéarité, et aux réservations<br />
obligatoires ; pourtant nos perceptions sont très malléables et aléatoires.<br />
Il est donc intéressant d’étudier les comportements humains en société,<br />
comportements corrélés avec nos perceptions. En effet on constate un<br />
besoin de se construire un espace propre dans tout espace public ; ces deux<br />
espaces doivent être souples et en interaction. D’une part, un peuple a<br />
besoin de frontières flexibles pour survivre, pouvoir subvenir à ses besoins<br />
lorsque la population augmente, enrichir sa culture. L’exemple de l’île de<br />
Pâques confirme ce besoin de mouvement des populations D’autre part<br />
l’individu a souvent envie de s’isoler partiellement dans un espace public,<br />
de disposer d’un espace propre ouvert sur l’espace public, par le biais de<br />
pages identitaires sur internet ou bien d’écouteurs musicaux. Enfin le confort<br />
correspond en partie à la mobilité, au fait de pouvoir choisir sa position et à<br />
la liberté de pouvoir en changer. Ceci correspond à la souplesse de l’objet,<br />
aussi bien grâce à des matériaux souples que grâce à l’adaptation du produit<br />
à la morphologie de chacun.<br />
Durant un voyage, le trajet ne se contente pas de nous déplacer, il nous<br />
prépare à la rencontre de l’ailleurs, que ce soit une réunion, une activité, un<br />
lieu, il a un rôle propre à jouer. Le transport moderne a été associé, dans le<br />
succès de son efficacité, à un simple outil de déplacement, occultant ainsi<br />
les fonctions et conséquences physiques et psychologiques du voyage. La<br />
rigidité de ces transports semble compromettre la rêverie indissociable de la<br />
découverte et la liberté de mouvement indispensable au confort.<br />
Dans le cadre du transport collectif, l’étude d’un aménagement tenant<br />
davantage compte de nos perceptions et de nos envies de souplesse demeure<br />
donc une perspective intéressante.<br />
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