Mémoire - Strate Collège

Évitons ces chemins. Leur voyage est sans grâces,
Puisqu’il est aussi prompt, sur ses lignes de fer,
Que la flèche lancée à travers les espaces
Qui va de l’arc au but en faisant siffler l’air.
Ainsi jetée au loin, l’humaine créature
Ne respire et ne voit, dans toute la nature,
Qu’un brouillard étouffant que traverse un éclair.
On n’entendra jamais piaffer sur une route
Le pied vif du cheval sur les pavés en feu:
Adieu, voyages lents, bruits lointains qu’on écoute,
Le rire du passant, les retards de l’essieu,
Les détours imprévus des pentes variées,
Un ami rencontré, les heures oubliées,
L’espoir d’arriver tard dans un sauvage lieu.
Typologies du voyage
Le voyage initiatique
La première motivation du déplacement humain a été la survie : avant la
sédentarisation, les chasseurs-cueilleurs sont contraints de suivre le gibier
pour se nourrir. De plus les événements naturels comme les incendies de
forêts, sécheresse, séismes ou inondations le contraignent souvent à la
fuite.
Pendant la préhistoire, les hommes se déplacent dès les premiers homo
erectus. Il ne s’agit pas de migration, mais de se détacher du groupe
existant, pour assurer sa subsistance. Entre deux générations, environ 60km
les séparent d’un point A à un point B. Peu à peu, ils passent d’un continent
à l’autre. Durant l’ère quaternaire, il y a plusieurs vagues de grand froid,
le niveau de la mer est 120m au-dessous du niveau actuel ; les îles et les
continents sont donc reliés : les Îles Britanniques, le Japon, l’Amérique du
Nord et le nord-est de l’Asie.
Le voyage permet donc aux hommes préhistoriques de survivre et de
peupler toute la planète, sans pourtant avoir d’autre moyen de transport que
la marche. L’évolution découle en partie de ces déplacements : l’homme
s’adapte peu à peu aux climats et aux contraintes.
En parallèle, les évolutions démographiques poussent l’homme à
s’approprier de nouveaux territoires. Lorsque la population augmente et
s’enrichit, il conquiert d’autres régions pour subvenir à ses besoins. Les
conquêtes impériales sont la suite logique d’un enrichissement du pays et
d’une organisation sociale stable. Le parcours de l’empire romain suit cette
logique, de même que celui de l’empire de Gengis Kahn.
Mais au-delà de la survie, un individu peut aussi voyager pour lui-même :
pour apprendre et progresser, pour s’enrichir.
18 / 70 Les Destinées, Alfred de VIGNY, strophes 3 et 4
Le Voyage / Survie
19 / 70