Mémoire - Strate Collège
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Moyens de Transport<br />
Autrefois déplacement individuel<br />
Les premiers voyageurs sont les ménestrels et troubadours, les marchands<br />
ambulants, les écuyers à la recherche d’un seigneur, se déplaçant à pied ou<br />
à cheval. Au-delà de leur fonction d’amuseurs et de guerriers, ces premiers<br />
voyageurs répandent les nouvelles à travers les régions. En effet avant<br />
l’arrivée des moyens de communication tels que la poste sous Louis XIV,<br />
l’échange d’informations est nécessairement associée au voyage.<br />
D’autre part le voyage pédestre est une action et une initiative personnelles :<br />
on se déplace, on choisit son trajet, on se confronte au chemin. Les premiers<br />
marchands ambulants du Moyen-Age sont d’ailleurs appelés les « pieds<br />
poudreux ». Le voyageur d’autrefois, en plus de la fatigue physique de la<br />
marche ou de l’équitation, peut facilement être victime des difficultés du<br />
trajet : le mauvais temps, les loups, les bandits de grands chemins. Les<br />
déplacements en diligence, qui se développent après la Renaissance,<br />
impliquent également des étapes dans les auberges, les calèches s’embourbent<br />
dans les ornières des chemins boueux, les essieux se brisent : le trajet reste<br />
aléatoire et l’arrivée à bon port hypothétique.<br />
Jusqu’à la révolution industrielle, le voyage est donc une épreuve difficile : le<br />
voyageur n’est jamais certain d’arriver en temps et en heure à destination.<br />
La révolution industrielle et les voyages<br />
extraordinaires<br />
La révolution industrielle au XIXème siècle voit naître les transports collectifs<br />
tels que les trains et les paquebots.<br />
Le déplacement devient alors nettement plus rapide. Un trajet parcouru à<br />
pied ou à l’aide d’une force animale (cheval) reste parcouru à une vitesse<br />
humaine. Mais se déplacer à l’allure d’un chemin de fer au XIXème prend<br />
un sens surnaturel, d’autant plus que la plupart des passagers ignorent les<br />
principes moteurs de la machine à vapeur. Du fait de la vitesse des premières<br />
locomotives, très importante par rapport à l’allure d’un cheval, les notions<br />
de distance et de durée changent. Le monde commence à se rétrécir : on<br />
quitte l’échelle humaine pour l’échelle industrielle.<br />
« C’était comme un grand corps, un être géant couché en travers de la<br />
terre, la tête à Paris, les vertèbres tout le long de la ligne, les membres<br />
s’élargissant avec les embranchements, les pieds et les mains au Havre<br />
et dans les autres villes d’arrivée. Et ça passait, ça passait, mécanique,<br />
triomphal, allant à l’avenir avec une rectitude mécanique, dans l’ignorance<br />
volontaire de ce qu’il restait de l’homme, aux deux bords, cachés et toujours<br />
vivaces, l’éternelle passion et l’éternel crime. » *<br />
Les repères du voyageur évoluent considérablement avec l’ère industrielle<br />
du fait de la vitesse et de l’aspect collectif dans un espace clos, mais aussi du<br />
fondement mécanique des nouveaux moyens de locomotion. Il y a désormais<br />
un clivage, une frontière entre la région traversée et le moyen de transport.<br />
« À ce moment, le train passait dans sa violence d’orage, comme s’il eût tout<br />
balayé devant lui. La maison trembla, enveloppée d’un coup de vent.»*<br />
Le déplacement à pied ou à cheval est supporté par un organisme vivant,<br />
donc une structure souple. Les articulations et les tendons amortissent les<br />
cahots du chemin. Au contraire, le trajet industriel repose sur une structure<br />
mécanique, particulièrement rigide. Jusqu’à la Renaissance, l’élaboration<br />
des constructions se base sur l’expérience, l’intuition, l’expérimentation au<br />
moyen de maquettes et de règles empiriques. La révolution industrielle<br />
a introduit la technologie et la physique dans cette discipline; à partir<br />
du XVIIIème les structures peuvent être calculées et leur comportement<br />
mécanique prévu analytiquement. Cette évolution permet le développement<br />
d’une grande variété de nouvelles solutions structurelles, et d’engins<br />
beaucoup plus impressionnants.*<br />
* L’art des structures, d’Aurelio Mutonni et Pierre-Alain Croset, Presses<br />
Polytechniques, p5.<br />
* La bête humaine, Emile ZOLA, édition Livre de Poche p 89<br />
12 / 70 Le Voyage / Déplacement Individuel<br />
Le Voyage / Nouveaux Repères<br />
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