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Afrique noire: sociétés ouvertes - unesdoc - Unesco

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A travers lessiècles<br />

ÈME DUIIIiE<br />

Presque universellement répandu, en une multitude de versions différentes, le mythe du Déluge raconte<br />

comment le monde a été détruit et l'humanité anéantie par les eaux, à l'exception de quelques<br />

survivants, appartenant au genre humain et aux différentes espèces d'animaux et de plantes, qui<br />

connaîtront ensuite une vie nouvelle. Parmi les causes principales du Déluge, on retrouve non seulement<br />

les péchés des hommes, mais aussi la décrépitude du monde. C'est donc un mythe ambivalent où la<br />

destruction ouvre la voie à la régénération.<br />

Nous avons choisi de reproduire ici un extrait du récit du Déluge tel qu'il est relaté dans l'Epopée de<br />

Gilgamesh, la plus ancienne de notre histoire, composée en Mésopotamie il y a plus de trente-cinq siècles.<br />

Tout ce qui était clarté devient ténèbres.<br />

Le déluge rapide s'étend sur le pays,<br />

comme dans une bataille, ilfond.<br />

Lefrère ne voit plus sonfrère,<br />

personne ne connaîtplus personne. Dans les deux<br />

les dieux prennent peur du déluge,<br />

ilsfuient, ils montent au ciel du dieuAnu.<br />

Les dieux s'accroupissent comme des chiens, ils se couchent...<br />

La déesse Ishtar se met à crier comme unefemme en travail.<br />

Cyiindre-sceau La souveraine des dieux, dont la voix est belle, pousse des cris :<br />

figurant une « Qu'il se change en boue, cejour<br />

offrande à la oùj'ai proféré de mauvaises paroles dans l'assemblée des dieux.<br />

divinité ( Syrie ). Pourquoi ai-je ditces mauvaises paroles dans l'assemblée des dieux ?<br />

Première Pourquoi ai-je décrété l'assaut, pour la perte de mes gens ?<br />

dynastie de Est-ce que moi vraimentj'ai enfanté mes gens<br />

Babyione afin qu'ils remplissent la mer, tels des poissons infimes ?»<br />

( 18« siècle Les dieux, lesAnunnaki pleurent avec elle.<br />

avant j.-c. ). Les dieux... ils sont assis, pleurant,<br />

leurs lèvres sontfermées.<br />

Sixjours et six nuits le vent souffle<br />

et l'ouragan du déluge s'abat sur le pays.<br />

Au début du septièmejour l'ouragan cesse l'assaut<br />

qu'il avait mené à lafaçon d'une armée.<br />

La mer s'apaisa, la tempête cessa, le déluge pritfin.<br />

Je regardai la mer, le bruit s'était tu,<br />

mais la totalité de l'humanité était changée en boue,<br />

c'était le marécage au-dessus du toit des maisons.<br />

J'ouvris le hublot et la lumière tomba sur majoue.<br />

Je m'affaissai et restai assis en pleurant.<br />

Sur mesjoues mes larmes coulaient.<br />

Je regardais dans toutes directions.<br />

A douze lieues une île émergeait<br />

Au montNizir le vaisseau arriva.<br />

Le mont Nizir accrocha le vaisseau et ne le laissa plus.<br />

Un premierjour. Un deuxièmejour. Le montNizir. De même.<br />

Un troisièmejour. Un quatrièmejour. Le montNizir. De même.<br />

Un cinquièmejour. Un sixièmejour. Le montNizir. De même.<br />

Au début du septièmejour<br />

jefis sortir une colombe etje la lâchai.<br />

La colombe s'en alla mais elle revint.<br />

Jefis sortir une hirondelle etje la lâchai.<br />

Parce qu'il n'y avait pas d'endroit, elle revint.<br />

Jefis sortir un corbeau etje le lâchai.<br />

Le corbeau s'en alla, il vit la baisse des eaux.<br />

Il mangea, il piétina, il croassa, il ne revint pas.<br />

Jefis tout sortir dans toutes les directions, j'offris un sacrifice.<br />

Je disposai une offrande sur le sommet de la montagne.<br />

Sept et septfoyers à encensje plaçai.<br />

A leur base, je broyai roseau, cèdre et myrte.<br />

Les dieux sentirent l'odeur.<br />

Les dieux, comme des mouches, vinrent en groupe<br />

autour du sacrificateur.<br />

Mais dès qu'elle arriva, la souveraine des dieux<br />

agita lesjoyaux, duvres du dieu Anu :<br />

« O dieux ici présents,<br />

de même quejamaisje n'oublie mes colliers de lapis,<br />

cesjours passés, certesj'y penserai,<br />

Je ne les oublieraijamais.<br />

Que les dieux viennent prendre leur part du sacrifice,<br />

mais qu'Enlil ne vienne pas prendre sa part<br />

car Enlil a sans réflexion déchaîné le déluge<br />

et mes gens, il les a voués à la destruction ».<br />

L'épopée de Gilgamesh, trad. G. Conteneau, in Trésor de la poésie<br />

universelle, coll. <strong>Unesco</strong> d'ceuvres représentatives, Gallimard / <strong>Unesco</strong>,<br />

«Gallimard, Paris 1958.<br />

Compagnonsdusoleil<br />

Cette page est puisée dans une anthologie pas comme les autres, inti¬<br />

tulée Compagnons du soleil, qui sera coéditée par I'<strong>Unesco</strong>, les éditions<br />

de la Découverte ( Paris ) et la Fondation pour le progrès de l'Homme.<br />

Cet ouvrage est placé sous la direction de l'historien africain Joseph Kl-<br />

Zerbo, avec la collaboration de Marie-Josephe Beaud. L'idée en revient<br />

au « Groupe deVézelay », groupe international de réflexion composé de<br />

huit personnalités, dont J. Ki-Zerbo.<br />

Il rassemblera, écrit celui-ci, « les textes fondateurs ou significatifs qui,<br />

dans les différentes cultures du monde, témoignent des relations de<br />

l'homme à la nature». Car, ajoute-t-il, «le combat pour la santé de la<br />

nature ne sera pas gagné uniquement à partir de procédures politiques<br />

ou juridiques, de recettes techniques ou fiscales, d'accords internatio¬<br />

naux, si solennels soient-ils, mais aussi par un réveil de la société mue<br />

par des ressorts intimes, qui s'alimentent aux sources puissantes du sym¬<br />

bolique, de l'éthique et de l'esthétique. A l'égard de la nature, l'Homme<br />

doit choisir entre la symbiose et le suicide ».

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