Afrique noire: sociétés ouvertes - unesdoc - Unesco

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Entretien
OIS A FRANCESCO DI CAST <
Plusieurs théories expliquent lafor¬
mation de la Terre et l'apparition de la
vie. Quelle est celle qui emporte votre
adhésion scientifique?
- Plus que l'origine de la Terre, ce
qui nous intéresse, par rapport aux
problèmes de l'environnement, c'est
l'origine de la vie sur notre planète.
A quel moment celle-ci a-t-elle
surgi? Quels processus ont présidé
à l'évolution biologique? Et dans
quelle mesure sommes-nous en
train d'infléchir ou de détruire cette
tendance évolutive des espèces?
Voilà pour moi les questions-clés.
L'origine de la vie sur la Terre
remonte (à quelques centaines de
millions d'années près) à quatre
milliards d'années. Le riche patri¬
moine d'espèces marines et ter¬
restres qui en est issu, nous l'altérons
à tel point qu'il nous arrive d'anni-
Spécialiste de l'environnement de
renommée mondiale, Francesco di
Castri est actuellement coordonnâ¬
tes des programmes d'environne¬
ment deï Unesco. C'est lui qui a lancé
le célèbre programme MAB (T homme
et la biosphère) de l'Organisation. Il
nous a accordé un long entretien dont
nous commençons icila publication.
hiler en quelques heures le fruit
d'une évolution longue de plusieurs
millions d'années... C'est une des¬
truction irréversible. Si l'on peut, en
effet, rebâtir une ville, parfois même
un monument, il est impossible de
refaire une espèce disparue. C'est
une impossibilité biologique abso¬
lue. Mais évitons à ce propos de
tomber dans le sentimentalisme ou
de rêver... Qu'une espèce disparais¬
se, c'est là un phénomène normal
dans l'histoire de la biosphère. Bien
avant l'extinction spectaculaire des
dinosaures, d'autres espèces avaient
déjà disparu. D'autres demain vont
encore disparaître.
Ce qui est anormal, ce n'est pas la
disparition, mais son rythme actuel.
Rien qu'en un an nous pouvons
détruire, selon certains spécialistes,
jusqu'à 50000 espèces. En temps
normal, celles-ci auraient mis plu¬
sieurs millénaires à s'éteindre. Le
problème, outre ce taux anormale¬
ment élevé de disparition, c'est le
fait que certaines espèces, au rôle
décisif, disparaissent, non pas pour
des raisons biologiques, mais du
fait de l'action de l'homme. Il ne
s'agit pas, par quelque vue de
l'esprit, de vouloir conserver toutes
les espèces, il s'agit d'en garder un
nombre vital. Et en particulier celles
qui tiennent une place fondamen¬
tale dans tous les sites biologiques,
notamment les espèces qui contri¬
buent au fonctionnement des sys¬
tèmes écologiques et à la composi¬
tion de l'atmosphère.
Quelles sont les espèces que vous
jugez d'une importance vitale ?
- Pour bien répondre, il faudrait
d'abord résoudre une immense
inconnue: le nombre exact de
toutes les espèces existantes. Com¬
bien la biosphère en abrite-t-elle?
Les estimations vont de 4 millions à
30 ou 40 millions, chiffre le plus
vraisemblable, ou même 100 mil¬
lions. Or, nous n'en connaissons
peut-être en tout que 10 %... Si bien
lil
Séance de
sensibilisation
des femmes à
l'environnement
au Burkina
Faso.
qu'un grand nombre d'espèces ap¬
paraissent et disparaissent sans que
nous en ayons connu l'existence.
On parle beaucoup aujourd'hui
d'« écologie» et d'« écosystèmes ». Ce
sontdes mots à la mode. Pourriez-vous
en préciser le sens exact ?
- L'écologie, c'est l'étude des
interactions des organismes vivants.
Aussi bien l'interaction de l'homme
et des milieux physiques que celle
des milieux physiques les uns avec
les autres. Ce n'est pas seulement
l'étude des effets qu'a le milieu sur
les organismes, c'est également
celle des interactions de toutes les
espèces. L'homme est une espèce
parmi d'autres, mais, c'est là la dif-