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Dossier pédagogique (PDF - 471.1 ko) - Office Départemental de la ...

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DEGAGE, PETIT<br />

Au commencement, il y a l’œuf. Un œuf, plus gros, pas pareil, parmi les autres œufs, tous<br />

bien semb<strong>la</strong>bles. Jusque-là, ça va. Mais, dès l’éclosion, ce<strong>la</strong> se corse. Le petit, différent, fait tâche au<br />

milieu <strong>de</strong> ses frères <strong>de</strong> nid. Et, si «ce n’est pas facile d’être une tâche, ce n’est pas non plus facile<br />

d’être <strong>la</strong> maman d’une tâche». Aussi, c’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> <strong>la</strong> maman, encombrée <strong>de</strong> cette<br />

progéniture bizarre, que tombe <strong>la</strong> sentence : Il faut partir. Loin. C’est le début d’une fuite effrayante,<br />

qui prend vite <strong>la</strong> forme d’un parcours initiatique parsemé d’épreuves et d’expériences : <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>,<br />

l’amitié, l’amour, tout un tas <strong>de</strong> dangers, <strong>la</strong> mort et pire encore, <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix.<br />

Dégage petit ! revisite avec tendresse et lucidité le conte du vi<strong>la</strong>in petit canard ou le drame <strong>de</strong> l’enfant<br />

rejeté ; un spectacle à <strong>la</strong> fois original et intelligent, redoutablement drôle et poétique. Le tout servi par<br />

un grand nom du théâtre jeune public : Agnès Limbos, qui s’entoure d’«objets personnages», <strong>de</strong><br />

décors à roulettes, d’accessoires simples mais plein d’astuces et d’inventivité.<br />

Un texte empli <strong>de</strong> dérision, rendu avec lucidité et crudité<br />

Sur fond <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> rouge, Agnès Limbos p<strong>la</strong>nte ce drame familial avec trois fois rien, un abat-jour,<br />

quelques bocaux, <strong>de</strong>ux tables et un tableau noir. Un décor dépouillé qui va comme un gant à ce texte<br />

faussement naïf, empli <strong>de</strong> dérision, que <strong>la</strong> comédienne a fait sien jusqu’à le rendre totalement<br />

bouleversant dans sa lucidité comme dans sa crudité. Mais cette héritière <strong>de</strong> Raymond Devos sait<br />

aussi que l’humour est <strong>la</strong> politesse du désespoir. Et l’on rit à chaque instant <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> virtuosité <strong>de</strong><br />

l’interprète qui fait feu <strong>de</strong> tous ses talents, <strong>de</strong> clown, <strong>de</strong> danseuse et <strong>de</strong> manipu<strong>la</strong>trice d’objets, pour<br />

nous raconter <strong>la</strong> fragilité, l’abandon, <strong>la</strong> culpabilité, l’instinct maternel et le droit <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong> mort sur<br />

les autres. Il ne s’agit pas d’un Vi<strong>la</strong>in Petit Canard <strong>de</strong> plus, mais d’une histoire <strong>de</strong> théâtre comme on<br />

les aime, sensible et intelligente. Ne manquez pas cette comédienne unique, elle tourne dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier, mais sa présence française est rare !<br />

P<strong>la</strong>n P<strong>la</strong>n :<br />

1. Présentation par <strong>la</strong> Compagnie<br />

2. Autour <strong>de</strong> « Le vi<strong>la</strong>in petit canard »<br />

• Biographie An<strong>de</strong>rsen<br />

• Le vi<strong>la</strong>in petit canard (texte)<br />

3 Quelques pistes <strong>pédagogique</strong>s<br />

I/ Présentation par <strong>la</strong> Compagnie<br />

Si l'on considère que vivent sur cette terre <strong>de</strong>s milliards d'individus, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliards<br />

d'animaux, et <strong>de</strong>s milliards <strong>de</strong> milliards <strong>de</strong> brins d'herbe, si l'on tient compte du nombre <strong>de</strong> rêveurs et<br />

du nombre <strong>de</strong> <strong>la</strong>cs, si l'on se réfère aux saisons, aux intempéries, au calme et à <strong>la</strong> tempête, quelles<br />

chances avions-nous <strong>de</strong> faire se rencontrer à minuit moins le quart, en plein cœur <strong>de</strong> l'hiver sur un <strong>la</strong>c<br />

gelé, un être fragilisé par <strong>la</strong> vie, <strong>de</strong>ux printemps, <strong>de</strong>s pensées noires et g<strong>la</strong>çantes, un homme<br />

généreux vêtu d'un manteau en imitation raton <strong>la</strong>veur, un grand désir d'amour, … ?<br />

Quelles chances ?… Raisonnablement aucune. Utopiquement, quelques-unes.<br />

Théâtralement, toutes !<br />

1


De et par Agnès Limbos d'après Le Vi<strong>la</strong>in petit canard d'An<strong>de</strong>rsen - Avec <strong>la</strong> précieuse col<strong>la</strong>boration <strong>de</strong><br />

Marie Kateline Rutten - Et les précieuses col<strong>la</strong>borations dans les <strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> travail / Danse :<br />

Nicole Mossoux et Martine Godat / Travail d'acteur : Nathanël Harcq, Anne-Marie Loop, Gyu<strong>la</strong> Molnar,<br />

Francesca Bettini - Synthèse : Françoise Bloch - Col<strong>la</strong>boration à <strong>la</strong> réalisation : Sabine Durand -<br />

Création lumière et régie : Marc Lhommel - Costume : Françoise Colpé - Accessoires, décor : Agnès<br />

Limbos, Marc Lhommel, Maurice Van<strong>de</strong>nbroek - Administration : Yves Robic<br />

Le thème<br />

Marie Kateline Rutten m’a parlé un jour d’un rêve récurrent et obsessionnel qu’elle faisait<br />

<strong>de</strong>puis longtemps : un sac contenant un poussin dont il faut prendre soin. Se pose alors le<br />

choix <strong>de</strong> s’en occuper pour qu’il vive ou <strong>de</strong> le <strong>la</strong>isser s’étouffer en l’oubliant (plus ou moins<br />

volontairement) et qu’il meure.<br />

J’ai tout <strong>de</strong> suite percuté sur <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong> ce propos, surtout à notre époque, et je voyais<br />

défiler <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s émotions me traversaient. Je lui ai proposé <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> ce rêve pour<br />

écrire ensemble un spectacle. Je me suis aussitôt mise à rêver, <strong>de</strong> jour comme <strong>de</strong> nuit, et nous<br />

avons commencé à échanger nos rêves, au propre comme au figuré.<br />

Des thèmes ont surgi, fragilité, abandon, instinct maternel, culpabilité, droit <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> mort<br />

sur quelqu’un, et nous ont amenés à chercher les sens (ou l’essence) à travers <strong>de</strong>s textes, <strong>de</strong>s<br />

images, <strong>de</strong>s livres, <strong>de</strong>s citations, <strong>de</strong>s définitions et <strong>de</strong>s symboles, y compris par le biais <strong>de</strong><br />

l’actualité : le petit poussin, l’œuf comme image cliché <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité (il renferme à <strong>la</strong> fois le<br />

ciel et <strong>la</strong> terre), mais aussi comme symbole <strong>de</strong> rénovation périodique <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature) ; couver,<br />

prendre soin <strong>de</strong> quelqu’un <strong>de</strong> <strong>la</strong>id et qu’on n’aime pas…<br />

Je suis alors tombée par hasard sur le conte d’An<strong>de</strong>rsen, « Le vi<strong>la</strong>in petit canard » et, en le<br />

relisant, je m’aperçus que, en plus <strong>de</strong> réveiller en moi toute une partie <strong>de</strong> mon enfance, il<br />

synthétisait admirablement bien notre propos tout en rejoignant l’inconscient collectif (qui n’a<br />

jamais croisé un « vi<strong>la</strong>in petit canard », ou même ne s’est senti exclu comme lui ?).<br />

…. Au matin, les canards sauvages s’envolèrent et ils regardèrent leur nouveau camara<strong>de</strong>.<br />

« D’où viens-tu, drôle <strong>de</strong> type ? » <strong>de</strong>mandèrent-ils, et le petit canard se tourna <strong>de</strong> tout coté en<br />

saluant du mieux qu’il pouvait.<br />

« Tu es réellement <strong>la</strong>id, dirent les canards sauvages, mais ça nous est égal, pour peu que tu<br />

ne te maries pas dans notre famille !... « Le pauvre ! il ne pensait vraiment pas à se marier, il<br />

ne <strong>de</strong>mandait que <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> rester dans les roseaux et <strong>de</strong> boire un peu d’eau du<br />

marais…<br />

De plus, le texte d’An<strong>de</strong>rsen nous ouvre un très riche univers poétique dont <strong>la</strong> transposition<br />

théâtrale nous séduit.<br />

Il faisait si bon à <strong>la</strong> campagne. C’était l’été, les blés étaient jaunes, l’avoine, verte, on avait<br />

mis le foin en meules dans le pré, <strong>la</strong> cigogne y déambu<strong>la</strong>it sur ses longes pattes rouges en<br />

par<strong>la</strong>nt égyptien car elle avait appris cette <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong> sa mère. Autour <strong>de</strong>s champs et <strong>de</strong>s prés,<br />

il y avait <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s forêts et, au milieu <strong>de</strong> ces forêts, <strong>de</strong>s <strong>la</strong>cs profonds. Oh oui ! il faisait<br />

vraiment bon à <strong>la</strong> campagne !<br />

…<br />

Il courut à travers champs et prés, il y avait du vent, il avait du mal à avancer. Vers le soir, il<br />

atteignit une pauvre petite maison <strong>de</strong> paysans ; elle était si misérable qu’elle ne savait pas<br />

2


elle-même <strong>de</strong> quel côté elle s’effondrerait, en sorte qu’elle avait pris le parti <strong>de</strong> rester <strong>de</strong>bout.<br />

Le vent souff<strong>la</strong> si fort autour du caneton qu’il dut se mettre sur <strong>la</strong> queue pour résister. Et ce<strong>la</strong><br />

ne cessait d’empirer.<br />

Nous avons décidé <strong>de</strong> prendre ce conte comme référence pour notre travail et d’en faire une<br />

très très libre interprétation…<br />

Agnès Limbos<br />

II/ Autour du vi<strong>la</strong>in petit canard<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard est rejeté <strong>de</strong> tous à cause <strong>de</strong> son physique. Il en est<br />

réduit à partir pour ne plus subir les moqueries et les coups <strong>de</strong>s autres. Il va<br />

vivre seul car ceux qu'il rencontre ne l'acceptent pas vraiment. Jusqu'au jour où<br />

il va oser aller vers <strong>de</strong>s cygnes : eux ne le chassent pas ; il découvre alors qu'il<br />

est lui-même un cygne majestueux.<br />

BIOGRAPHIE<br />

Hans Christian An<strong>de</strong>rsen<br />

Hans Christian An<strong>de</strong>rsen est né le 2 avril 1805 à O<strong>de</strong>nse. Après <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> son<br />

père en 1816 et le remariage <strong>de</strong> sa mère, il partit seul et presque sans<br />

ressources à Copenhague (1819) pour y chercher fortune. Mais ce fut, au départ<br />

tout du moins, un échec. En 1822, grâce à l'intérêt d'un directeur <strong>de</strong> théâtre,<br />

Jonas Collin, il obtint une bourse qui lui permit <strong>de</strong> suivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s régulières.<br />

Son bacca<strong>la</strong>uréat passé, il commença à publier, à partir <strong>de</strong> 1830. La jeune<br />

réputation d'An<strong>de</strong>rsen lui procura, grâce à l'appui <strong>de</strong> Jonas Collin, une bourse <strong>de</strong><br />

voyage. En 1833 et 1834, il visite <strong>la</strong> France et l'Italie. De retour dans son pays,<br />

An<strong>de</strong>rsen publie, en 1835, le premier fascicule <strong>de</strong>s Contes racontés aux enfants.<br />

Ce recueil connaît un grand succès, il sera suivi d'un autre presque chaque année<br />

(comme par exemple La Petite Sirène, La Petite Fille aux allumettes, Poucette,<br />

Le Vi<strong>la</strong>in Petit Canard, La reine <strong>de</strong>s Neiges). Devenu célèbre, An<strong>de</strong>rsen partagera<br />

son temps entre les voyages et les séjours auprès d'amis influents. Il écrit ainsi<br />

<strong>de</strong>s récits <strong>de</strong> voyages (Reflet d'un voyage dans <strong>la</strong> Harz, 1831), <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong><br />

théâtre (Amour sur <strong>la</strong> tour <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s), <strong>de</strong>s poèmes (Fantaisies et<br />

esquisses, 1831), <strong>de</strong>s romans (L'Improvisateur, 1835 ; Les Deux baronnes, 1848).<br />

3


An<strong>de</strong>rsen et les contes :<br />

L'œuvre essentielle d'An<strong>de</strong>rsen, qui lui valut <strong>la</strong> célébrité mondiale, est<br />

constituée par ses contes. S'inspirant <strong>de</strong>s récits popu<strong>la</strong>ires, empruntant ses<br />

personnages et ses intrigues à <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>, à l'histoire ou à <strong>la</strong> vie quotidienne, il<br />

écrivit 164 contes, dont les quatre premiers furent publiés en 1835. Destinés<br />

aux enfants, ils s'adressent aussi aux adultes par leur imagination poétique et<br />

surtout par le sens moral ou philosophique qui se cache <strong>de</strong>rrière l'anecdote.<br />

La religion<br />

THEMES RECURRENTS DANS LES CONTES D'ANDERSEN<br />

Les contes d'An<strong>de</strong>rsen sont marqués par <strong>la</strong> religion, alors même que l'auteur<br />

n'était pas très pieux, sauf vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> sa vie. L'importance qu'elle y revêt<br />

provient peut-être du fait qu'à l'époque où An<strong>de</strong>rsen écrivait, religion et<br />

littérature étaient les <strong>de</strong>ux sujets dominants dans <strong>la</strong> société danoise.<br />

Dans <strong>la</strong> presque totalité <strong>de</strong>s contes, on retrouve au moins une référence à <strong>la</strong><br />

religion : les prières, <strong>la</strong> messe, <strong>la</strong> confirmation, <strong>de</strong>s passages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible sont<br />

cités, il parle aussi du paradis, <strong>de</strong>s anges, <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort et bien évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> Dieu.<br />

Dieu<br />

Dieu est cité dans un grand nombre <strong>de</strong> contes. An<strong>de</strong>rsen le représente comme le<br />

Tout-puissant, un être contre lequel on ne peut rien. Dieu déci<strong>de</strong> à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s<br />

personnages, il les gui<strong>de</strong>, et eux lui font totalement confiance.<br />

Ce que racontait <strong>la</strong> vieille Jeanne (1872) :<br />

"Tiens - t'en à toi même et à Notre Seigneur."<br />

Le camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> voyage (1835) " Notre Seigneur me viendra toujours en ai<strong>de</strong>. "<br />

Dans ces contes <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Dieu est <strong>la</strong> meilleure. An<strong>de</strong>rsen met en scène <strong>de</strong>s<br />

personnages, qui sous le coup <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère, <strong>de</strong> <strong>la</strong> tristesse se détournent <strong>de</strong> Dieu ;<br />

ils ne comprennent pas pourquoi Il leur fait vivre une telle épreuve, mais ils vont<br />

très vite se rendre compte qu'Il a tout à fait bien agi.<br />

L'enfant dans <strong>la</strong> tombe (1859) : " La volonté <strong>de</strong> Dieu est toujours <strong>la</strong> meilleure "<br />

dit une mère qui vient <strong>de</strong> perdre son enfant ;<br />

La Vierge <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ces (1861) : " Dieu agit au mieux pour nous", dit une jeune fille<br />

dont le fiancé vient <strong>de</strong> mourir.<br />

La Mort<br />

Elle est présente dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s contes. Mais An<strong>de</strong>rsen ne présente pas <strong>la</strong><br />

mort comme une occurrence négative ou un état mauvais, néfaste, il nous <strong>la</strong><br />

4


décrit comme le prolongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie ; celui qui meurt accè<strong>de</strong> à <strong>la</strong> vie éternelle.<br />

Ainsi La Petite Ondine (1835) veut <strong>de</strong>venir humaine pour acquérir une âme<br />

éternelle.<br />

Et les disparus nous atten<strong>de</strong>nt là-haut pour nous accueillir :<br />

La <strong>de</strong>rnière perle (1854) : " A chaque personne chère qui meurt et nous quitte,<br />

nous avons un ami <strong>de</strong> plus au ciel vers qui vont nos désirs. "<br />

La mort apparaît souvent, <strong>de</strong> surcroît, comme un sou<strong>la</strong>gement, une délivrance :<br />

La petite fille aux allumettes (1845) :<br />

" Elles s'envolèrent superbement et joyeusement, haut, très haut et là pas <strong>de</strong><br />

froid, ni <strong>de</strong> faim, ni d'inquiétu<strong>de</strong>...Elles étaient chez Dieu. "<br />

Sous le saule (1853) : " Dieu <strong>la</strong>isse-moi rêver encore. "<br />

Anne-Lisbeth (1859) : " Maintenant je suis dans <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Dieu, et là on est<br />

sauvé. "<br />

An<strong>de</strong>rsen représente <strong>la</strong> mort physiquement, il en fait un personnage concret qui<br />

n'est pas représenté comme quelqu'un <strong>de</strong> mauvais.<br />

L'histoire d'une mère (1848) : <strong>la</strong> mort apparaît sous les traits d'un pauvre<br />

vieil<strong>la</strong>rd. Elle obéit simplement à Dieu, dont elle n'est qu'un émissaire :<br />

" Je ne fais que ce qu'il veut ".<br />

Ole Ferme l'œil (1842) : le frère d'Ole est <strong>la</strong> Mort, Ole le décrit au petit<br />

Hjalmar " : Tu vois il n'a pas du tout l'air aussi méchant que dans les livres<br />

d'images, où il n'est qu'un squelette; non c'est <strong>de</strong> <strong>la</strong> bro<strong>de</strong>rie d'argent qu'il a sur<br />

son costume, ce<strong>la</strong> fait un bel uniforme <strong>de</strong> chasseur; un manteau <strong>de</strong> velours noir<br />

flotte <strong>de</strong>rrière lui : regar<strong>de</strong> comme il court au galop ! " Hjalmar réplique : " Mais<br />

<strong>la</strong> mort est un charmant Ole Ferme l'œil numéro <strong>de</strong>ux, je n'ai pas peur <strong>de</strong> lui. "<br />

Si An<strong>de</strong>rsen représente <strong>la</strong> mort physiquement, Dieu, lui n'est jamais décrit ; il<br />

reste cependant quelqu'un <strong>de</strong> très vivant quoique invisible.<br />

An<strong>de</strong>rsen essaie <strong>de</strong> démystifier <strong>la</strong> mort, il en parle énormément en bien, <strong>la</strong><br />

présentant comme <strong>la</strong> suite logique et normale <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie terrestre : dans <strong>la</strong> lumière<br />

<strong>de</strong> Dieu, elle n'est pas effrayante. Mais peut-être tente-t-il en en par<strong>la</strong>nt<br />

beaucoup, en <strong>la</strong> couchant sur papier, <strong>de</strong> l'apprivoiser et <strong>de</strong> se convaincre luimême.<br />

Confrontation <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison et du sentiment<br />

Dans l'œuvre d'An<strong>de</strong>rsen, plusieurs personnages doivent faire un choix entre <strong>la</strong><br />

raison et le sentiment. An<strong>de</strong>rsen, lui, ne tranche pas vraiment : dans certains<br />

contes le personnage va choisir <strong>la</strong> raison, dans d'autres il choisira le sentiment.<br />

Elle n'était bonne à rien (1853) : l'héroïne a renoncé à l'amour et au bonheur par<br />

raison, pour respecter les convenances. An<strong>de</strong>rsen montre comment les<br />

prétentions et préjugés humains brisent <strong>de</strong>s idylles. Histoire d'une vie gâchée.<br />

La Reine <strong>de</strong>s neiges (1844) : ici le sentiment est plus fort que <strong>la</strong> raison, et c'est<br />

5


lui qui gui<strong>de</strong>ra l'héroïne Gerda pour libérer son ami Kay. Gerda n'a jamais<br />

renoncé à son amour pour Kay, même si parfois elle semble l'oublier un peu, et<br />

malgré les découragements <strong>de</strong>s autres personnages. Gerda pense encore à Kay,<br />

lorsque les autres se sont fait une raison <strong>de</strong> sa disparition ; elle seule va<br />

persévérer, et grâce à son amour, sa bonté et son courage elle retrouvera son<br />

ami.<br />

Ce thème est également présent dans La Petite Ondine : <strong>la</strong> raison voudrait<br />

qu'elle <strong>de</strong>meure comme elle est, mais ce qu'elle désire par <strong>de</strong>ssus tout, c'est une<br />

âme éternelle, elle fera tout pour y parvenir malgré les discours cherchant à <strong>la</strong><br />

dissua<strong>de</strong>r. Le sentiment dans les contes d'An<strong>de</strong>rsen l'emporte finalement bien<br />

souvent sur <strong>la</strong> raison.<br />

Les personnages qui triomphent y parviennent car ils sont restés proches <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nature, sincères et purs.<br />

Personnage mal à l'aise dans l'univers dans lequel il vit<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard (1842) : personnage rejeté par tous à cause <strong>de</strong> son<br />

physique, il en est réduit à partir pour ne plus subir les moqueries et les coups<br />

<strong>de</strong>s autres. Il va vivre seul car ceux qu'il rencontre ne l'acceptent pas vraiment.<br />

Jusqu'au jour où il va oser aller vers <strong>de</strong>s cygnes : eux ne le chassent pas ; il<br />

découvre alors qu'il est lui-même un cygne majestueux.<br />

S'il ne prêche pas pour une société <strong>de</strong> tolérance, ce conte est cependant<br />

optimiste par rapport aux autres abordant le même thème : le vi<strong>la</strong>in petit canard,<br />

après bien <strong>de</strong>s malheurs, finit par trouver sa p<strong>la</strong>ce dans une société à son image,<br />

où il va enfin vivre heureux.<br />

Dans les autres contes, c'est l'inverse qui se produit : l'histoire est celle d'un<br />

personnage parfaitement intégré dans une société, qui a tout pour être heureux<br />

mais qui désire autre chose et va tout faire pour l'obtenir.<br />

La Petite Ondine (1835) : princesse du royaume sous-marin, elle est <strong>la</strong> plus jolie<br />

<strong>de</strong>s six petites sirènes, elle possè<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus jolie voix ; admirée <strong>de</strong> tous, elle<br />

désire cependant une autre vie. Bravant les dangers, et consentant <strong>de</strong> terribles<br />

sacrifices, elle va essayer d'obtenir une âme éternelle à travers un amour humain<br />

qui lui sera refusé, et elle mourra.<br />

La Drya<strong>de</strong> (1868) : heureuse où elle se trouve, elle veut cependant découvrir et<br />

parcourir Paris ; elle pourra le faire à condition que son espérance <strong>de</strong> vie soit<br />

réduite à celle d'un éphémère, elle accepte. Elle visite donc Paris intensément et<br />

meurt.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s contes pessimistes, car ils finissent mal. Cependant les personnages<br />

ne se p<strong>la</strong>ignent jamais, ni ne regrettent leur choix ; ils sont allés jusqu'au bout<br />

<strong>de</strong> leur envie, <strong>de</strong> leur ambition et c'est ce qui est le plus important.<br />

Ces personnages tiennent du narrateur : ils vont droit leur chemin et suivent leur<br />

vocation propre.<br />

6


Jeune homme qui n'a rien pour réussir et à qui <strong>la</strong> chance va sourire<br />

Le briquet (1835) :<br />

Un briquet magique permet à un soldat sans argent <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir riche et <strong>de</strong> voir<br />

ses souhaits réalisés. Il se retrouve roi et épouse une princesse.<br />

Le fils du concierge (1866) :<br />

Un simple fils <strong>de</strong> concierge va se voir offrir <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s par un comte qui le prend<br />

sous son aile ; ainsi il va se faire un nom et une p<strong>la</strong>ce dans le beau mon<strong>de</strong>.<br />

Hans le balourd (1855) :<br />

Histoire d'un niais qui va réussir par sa simplicité originale à gagner le cœur<br />

d'une princesse.<br />

Là encore les héros ressemblent à leur créateur : partis <strong>de</strong> peu, ils sont élus par<br />

le <strong>de</strong>stin, voués à <strong>la</strong> chance.<br />

Le jeune homme éconduit<br />

Les contes où l'on trouve ce thème retracent grosso modo <strong>la</strong> même histoire :<br />

<strong>de</strong>ux enfants, un garçon et une fille grandissent ensemble, ils s'aiment comme<br />

frère et sœur, s'enten<strong>de</strong>nt à merveille, mais un jour ils sont séparés. Quelque<br />

temps plus tard ils se retrouvent, le garçon déc<strong>la</strong>re alors son amour à <strong>la</strong> jeune<br />

fille, mais celle-ci déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire sa vie avec un autre homme.<br />

Le garçon désespéré, fuit, voyage pour oublier.<br />

Sous le saule (1853) : Le héros très épris, déçu par le comportement <strong>de</strong> son<br />

ancienne amie, finit par mourir <strong>de</strong> froid en rêvant d'elle, sous le saule où ils<br />

jouaient si souvent ensemble dans leur enfance.<br />

Ib et <strong>la</strong> petite Christine (1855) : ici ce n'est pas le héros qui meurt mais<br />

l'héroïne. Ayant éconduit Ib, Christine épouse un homme <strong>de</strong> bonne condition,<br />

mais qui ne gère pas son budget ; très vite le couple tombe dans <strong>la</strong> misère et<br />

Christine est abandonnée avec sa fille. Ib <strong>la</strong> rencontre par hasard alors qu'elle<br />

est mourante, elle lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> recueillir et d'élever sa fille, il accepte.<br />

Ce que racontait <strong>la</strong> vieille Jeanne (1872)<br />

Le bonnet <strong>de</strong> nuit du commis au poivre (1858)<br />

Ces contes ont été inspirés à An<strong>de</strong>rsen par sa propre vie sentimentale : plusieurs<br />

fois éconduit, il ne s'est jamais marié.<br />

Sous le saule : dans ce conte le personnage féminin fait carrière dans <strong>la</strong> chanson.<br />

An<strong>de</strong>rsen a lui aussi été amoureux d'une chanteuse, Jenny Lind, qui a repoussé<br />

sans ambages sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage. Chaque fois qu'An<strong>de</strong>rsen tombait<br />

amoureux, <strong>la</strong> jeune femme lui en préférait un autre ; il ne lui en tenait pas<br />

rigueur, et continuait d'entretenir avec elle <strong>de</strong> bonnes re<strong>la</strong>tions.<br />

7


Une vie<br />

An<strong>de</strong>rsen aime écrire l'histoire d'une vie, que ce soit celle d'un être humain ou<br />

légendaire, d'un animal, d'un végétal ou bien encore d'un objet. Il donne vie,<br />

<strong>la</strong>ngage et sentiments humains aux objets et aux animaux, comme dans le genre<br />

traditionnel <strong>de</strong>s fables.<br />

Il décrit soit <strong>la</strong> vie d'un personnage <strong>de</strong> sa naissance à sa mort, soit simplement<br />

une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette vie.<br />

Elle n'était bonne à rien (1853) : dans ce conte, An<strong>de</strong>rsen met en scène une<br />

femme d'un certain âge, dont il nous révèle par <strong>la</strong> suite les conditions <strong>de</strong> vie qui<br />

ont fait d'elle une alcoolique.<br />

Sous le saule (1853) : le début du conte met en scène un garçon et une fille dont<br />

l'enfance nous est racontée ; toujours ensemble, ils vont bientôt se trouver<br />

séparés, <strong>la</strong> jeune fille <strong>de</strong>vant déménager. Quelque temps plus tard, lorsqu'ils se<br />

retrouvent, le jeune homme déc<strong>la</strong>re son amour, mais son amie le repousse<br />

gentiment. Désespéré, il voyage pour oublier ; un jour il <strong>la</strong> revoit mais elle ne le<br />

reconnaît pas. Alors, désemparé, il retourne dans leur vil<strong>la</strong>ge, et sous le saule où<br />

ils jouaient enfants, il va se <strong>la</strong>isser mourir <strong>de</strong> froid.<br />

La vierge <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ces (1863) : An<strong>de</strong>rsen narre l'histoire <strong>de</strong> Rudy ; on y suit toutes<br />

ses aventures <strong>de</strong>puis sa petite enfance jusqu'à sa mort.<br />

Le goulot <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouteille (1858) : ici sont retracées toutes les aventures et les<br />

heures fortes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie d'une bouteille.<br />

La fille du roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase, Le perce-neige, Les souliers rouges, Le lin, Poucette...).<br />

Si An<strong>de</strong>rsen a du goût pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s existences, il aime également<br />

comparer les <strong>de</strong>stins :<br />

Laquelle fut <strong>la</strong> plus heureuse ?(1871) : le conte décrit un rosier dont l'auteur<br />

s'interroge sur le bonheur <strong>de</strong> chaque fleur ; comparant leurs vies, il cherche à<br />

savoir <strong>la</strong>quelle a eu l'existence <strong>la</strong> plus heureuse.<br />

Les cinq d'une cosse <strong>de</strong> pois (1853) : An<strong>de</strong>rsen compare ici l'existence <strong>de</strong> cinq<br />

petits pois d'une même cosse, qui vont connaître <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins bien différents.<br />

Les lumières (1871) : <strong>la</strong> chan<strong>de</strong>lle envie <strong>la</strong> bougie qui est toujours p<strong>la</strong>cée dans <strong>de</strong><br />

l'argent, côtoie le beau mon<strong>de</strong>, dont elle partage le bonheur et les joies, alors<br />

qu'elle-même reste confinée à <strong>la</strong> cuisine. Comble <strong>de</strong> l'ironie, un jour elle est<br />

offerte à une famille pauvre... mais elle va vite s'apercevoir que le bonheur se<br />

trouve parfois où l'on ne pense pas le découvrir.<br />

Importance <strong>de</strong>s femmes<br />

Dans les contes d'An<strong>de</strong>rsen, les femmes tiennent une p<strong>la</strong>ce prépondérante.<br />

Certains sont presque dépourvus <strong>de</strong> personnages masculins.<br />

La Petite Ondine (1835) : les hommes sont pour ainsi dire absents <strong>de</strong> ce conte,<br />

même le prince qui <strong>de</strong>vrait être un personnage important n'a pas d'existence<br />

8


autonome.<br />

La Reine <strong>de</strong>s neiges (1844) : les personnages principaux <strong>de</strong> cette histoire sont<br />

<strong>de</strong>ux enfants, Kay et Gerda. En fait An<strong>de</strong>rsen met vite <strong>de</strong> côté le garçon : Kay va<br />

être enlevé par <strong>la</strong> Reine <strong>de</strong>s neiges et Gerda va partir à sa recherche. Lors <strong>de</strong><br />

cette quête, elle rencontrera essentiellement <strong>de</strong>s personnages féminins ou<br />

femelles (une sorcière, une corneille, une petite fille <strong>de</strong> brigand, une finnoise et<br />

une <strong>la</strong>pone) ; les quelques personnages masculins ou mâles (le renne, l'autre<br />

corneille, le prince) qui émaillent le conte n'ont pas <strong>la</strong> même importance. De plus,<br />

ici comme dans La Petite Ondine, l'héroïne sauve le héros, An<strong>de</strong>rsen inversant<br />

les rôles convenus.<br />

Les femmes jouent souvent un rôle masculin : elles ont du pouvoir, sont fortes (<strong>la</strong><br />

Reine <strong>de</strong>s neiges et <strong>la</strong> Vierge <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ces), portent secours aux hommes.<br />

Enormément <strong>de</strong> contes sont consacrés aux femmes : La petite fille aux<br />

allumettes (1845), L'histoire d'une mère (1848), Elle n'était bonne à rien (1853),<br />

La juive (1856), La petite fille qui marcha sur le pain (1859, Anne-Lisbeth (1859).<br />

A l'intérieur <strong>de</strong> ce thème, on retrouve celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme qui ne peut être mère.<br />

Poucette (1836) et La fille du roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase (1858) : dans ces contes, <strong>de</strong>ux<br />

femmes stériles se retrouvent pourvues d'enfants un peu particuliers : Poucette<br />

est minuscule, et <strong>la</strong> fille du roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase, belle au caractère exécrable le jour,<br />

<strong>de</strong>vient <strong>la</strong> nuit un vi<strong>la</strong>in crapaud très gentil. Mais les mères ne gar<strong>de</strong>ront pas ces<br />

enfants tombés du ciel : Poucette sera enlevée par une grenouille, et <strong>la</strong> fille du<br />

roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase repartira avec sa mère naturelle. Notons encore ici qu'An<strong>de</strong>rsen a<br />

donné à ces femmes <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> sexe féminin.<br />

Esthétisme<br />

An<strong>de</strong>rsen est sensible dans ses contes à <strong>la</strong> beauté, beauté <strong>de</strong>s personnages, <strong>de</strong>s<br />

choses, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Et il sait <strong>la</strong> rendre.<br />

Son sens <strong>de</strong> l'observation très développé nous vaut dans ses récits <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>scriptions fines et précises.<br />

Et les nombreux voyages du conteur lui permettent <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nter <strong>de</strong>s décors riches<br />

et variés.<br />

La nature, à <strong>la</strong>quelle An<strong>de</strong>rsen voue respect et amour, est décrite <strong>de</strong> façon<br />

poétique, enflée parfois d'un brin <strong>de</strong> lyrisme romantique qui fait apparaître <strong>de</strong>s<br />

images évocatrices ; ainsi La Vierge <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ces commence par une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Suisse : " Visitons <strong>la</strong> Suisse, voyons un peu ce superbe pays <strong>de</strong> montagnes, où<br />

les forêts poussent jusqu'en haut <strong>de</strong>s rocs escarpés ; montons sur les champs <strong>de</strong><br />

neige éblouissante, et re<strong>de</strong>scendons dans les prairies vertes où fleuves et<br />

ruisseaux courent en grondant...Au <strong>de</strong>ssus d'eux, les nuages sont souvent<br />

accrochés comme d'épais et lourds ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> fumée aux cimes <strong>de</strong>s montagnes,<br />

tandis qu'au <strong>de</strong>ssous dans <strong>la</strong> vallée, où sont disséminées tant <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> bois<br />

brun, un rayon <strong>de</strong> soleil luit encore et accuse un espace <strong>de</strong> splendi<strong>de</strong> verdure qui<br />

9


semble transparent. "<br />

An<strong>de</strong>rsen nous dresse également <strong>de</strong> jolis portraits <strong>de</strong> personnages, dans <strong>la</strong><br />

tradition poétique du conte :<br />

La Petite Ondine : " Mais <strong>la</strong> plus jeune était <strong>la</strong> plus belle <strong>de</strong> toutes, <strong>la</strong> peau fine<br />

et transparente tel un pétale <strong>de</strong> rose b<strong>la</strong>nche, les yeux aussi bleus que l'océan le<br />

plus profond. "<br />

An<strong>de</strong>rsen met par ailleurs en scène assez souvent <strong>de</strong>s artistes (peintres,<br />

sculpteurs, poètes), dont le beau est par définition <strong>la</strong> spécialité.<br />

Cependant dans Charmant, Hans Christian An<strong>de</strong>rsen insiste sur le fait que le<br />

beau est important mais pas primordial : c'est l'histoire d'un sculpteur qui<br />

épouse une jeune fille très belle avec <strong>la</strong>quelle il ne tar<strong>de</strong> pas à s'ennuyer, et qui<br />

va être séduit en revanche par une amie <strong>de</strong> sa femme, sans beauté mais pleine<br />

d'esprit.<br />

L'objet qui change <strong>la</strong> vie<br />

Les objets magiques, dans les contes d'An<strong>de</strong>rsen comme dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />

autres, changent certes <strong>la</strong> vie, mais pas toujours dans le bon sens : certains<br />

<strong>de</strong>viennent vite <strong>de</strong>s gâche-vie...<br />

Le briquet (1835) : Ici, tout va bien : un soldat va <strong>de</strong>venir riche et puissant grâce<br />

à un briquet magique.<br />

La malle vo<strong>la</strong>nte (1839) : un homme se voit offrir une malle par son ami, comme il<br />

n'a rien à mettre <strong>de</strong>dans il s'y met lui-même, <strong>la</strong> malle l'emmène en Turquie.<br />

Grâce à cette malle il va pouvoir se rendre chez <strong>la</strong> princesse, tenue à l'écart par<br />

son père dans une tour, il va donc passer pour un magicien et obtenir <strong>la</strong> main <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

princesse. Mais un jour avant le mariage, le coffre brûle et voilà notre héros<br />

dans l'incapacité d'aller rejoindre sa fiancée.<br />

Les souliers rouges (1845) : une petite fille très fière <strong>de</strong> ses nouveaux souliers<br />

rouges déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> les porter toujours, même à l'église où ce n'est pas convenable.<br />

Elle ne va plus pouvoir les ôter, jamais ils ne lui <strong>la</strong>isseront <strong>de</strong> répit, elle <strong>de</strong>vra<br />

marcher, courir, danser, jusqu'au jour où, exténuée, elle va aller voir le bourreau<br />

pour qu'il lui coupe les pieds.<br />

Les galoches du bonheur (1838) : quiconque porte ces galoches se trouve à<br />

l'endroit et à l'époque où il voudrait être. Ces galoches vont entraîner les<br />

personnes dans <strong>de</strong>s situations étranges.<br />

Ces objets sont les principaux acteurs du conte, c'est grâce à eux que les<br />

personnages vivent <strong>de</strong>s aventures incroyables, bonnes ou mauvaises.<br />

10


Le merveilleux, le fantastique et le folklore<br />

Comme dans tous les contes, le merveilleux est très présent dans les récits<br />

d'An<strong>de</strong>rsen, notamment celui qui appartient au folklore danois.<br />

Il parle souvent <strong>de</strong>s nixes (petits lutins attachés à chaque maison), <strong>de</strong>s trolls,<br />

<strong>de</strong>s fées, <strong>de</strong>s sorcières, <strong>de</strong>s gargouilles, <strong>de</strong>s elfes, <strong>de</strong>s ondins, <strong>de</strong>s drya<strong>de</strong>s.<br />

Les malédictions sont aussi le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> plusieurs contes :<br />

Les cygnes sauvages (1838)<br />

La fille du roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase (1858)<br />

Les souliers rouges (1845)<br />

Hans Christian An<strong>de</strong>rsen s'est beaucoup inspiré du folklore <strong>de</strong>s pays nordiques,<br />

<strong>de</strong>s croyances, <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s. Ainsi on retrouve plusieurs fois le thème <strong>de</strong>s<br />

cigognes qui apportent les bébés : Les cigognes (1839), Pieter, Peter, Pier (1867),<br />

La fille du roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> vase (1858).<br />

A travers <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s nationales, comme Ogier le Danois (1845), ou <strong>de</strong>s<br />

histoires réelles <strong>de</strong> personnages historiques (le vent raconte l'histoire <strong>de</strong><br />

Val<strong>de</strong>mar Daae et <strong>de</strong> ses filles (1859)), le merveilleux et le fantastique<br />

s'expriment, notamment dans les premiers contes. Par <strong>la</strong> suite, les puissances<br />

mystérieuses vont avoir tendance à s'effacer.<br />

DIFFERENCES ENTRE ANDERSEN, LES FRERES GRIMM ET Charles<br />

Perrault<br />

La première différence rési<strong>de</strong> dans le fait que les frères Jacob et Wilhelm<br />

Grimm et Perrault ont recueilli et transcrit <strong>de</strong>s récits popu<strong>la</strong>ires circu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong><br />

bouche à oreille.<br />

Ces contes ont d'ailleurs inévitablement été modifiés : Charles Perrault a<br />

rationalisé les naïves créations <strong>de</strong> <strong>la</strong> fantaisie popu<strong>la</strong>ire et y a ajouté son<br />

commentaire, les frères Grimm eux, y ont mis une griffe littéraire très<br />

particulière : ils les ont stylisés et interprétés.<br />

An<strong>de</strong>rsen quant à lui se contente d'emprunter <strong>de</strong>s idées aux contes popu<strong>la</strong>ires,<br />

ils lui fournissent un point <strong>de</strong> départ à partir duquel son imagination va se<br />

mettre en marche.<br />

La secon<strong>de</strong> différence est que Charles Perrault et les frères Jacob et<br />

Wilhelm Grimm cherchent à faire passer un message. Pour eux le conte doit<br />

être moralisateur, il se termine d'ailleurs c<strong>la</strong>irement chez Perrault par une,<br />

voire <strong>de</strong>ux, "moralités". Ils ont souvent modifié le texte initial qu'ils jugeaient<br />

cruel et immoral.<br />

11


An<strong>de</strong>rsen lui, ne cherche en aucun cas à être moralisateur, certes ses contes<br />

véhiculent un message, mais celui-ci est flou, voilé.<br />

Ce<strong>la</strong> vient peut-être du fait que chez An<strong>de</strong>rsen il n'y a pas d'opposition<br />

bien/mal, alors que celle-ci est présente dans tous les contes <strong>de</strong> Charles<br />

Perrault et Grimm.<br />

An<strong>de</strong>rsen ne met pas en scène <strong>de</strong> mauvais personnages, il n'y a pas vraiment<br />

<strong>de</strong> méchants, il y a <strong>de</strong>s bons et <strong>de</strong>s moins bons : "Connais les hommes, même<br />

dans les méchants rési<strong>de</strong> une partie <strong>de</strong> Dieu, une partie qui vaincra et qui<br />

éteindra le feu <strong>de</strong> l'enfer", dit <strong>la</strong> morte dans Une histoire. Contrairement aux<br />

ouvrages <strong>de</strong> Grimm et <strong>de</strong> Charles Perrault où les méchants sont vraiment<br />

méchants et réellement punis (Barbe-bleue, <strong>la</strong> sorcière <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nche-Neige<br />

meurent), les "moins bons" d'An<strong>de</strong>rsen sont simplement oubliés.<br />

CONCLUSION<br />

" Ma vie est un joli conte, marqué par <strong>la</strong> chance et le succès. " H.C. An<strong>de</strong>rsen, Le<br />

conte <strong>de</strong> ma vie (1855).<br />

An<strong>de</strong>rsen, qui pensait <strong>de</strong>venir chanteur ou danseur et se produire sur une scène<br />

<strong>de</strong>vant un public, était convaincu dès l'adolescence qu'il serait un jour célèbre.<br />

En fait, si ses premiers ouvrages lui ont apporté déjà une jolie notoriété, ce sont<br />

véritablement ses contes qui l'ont popu<strong>la</strong>risé. Lorsqu'il n'était pas directement<br />

confronté au public, il se faisait un p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> lire ou <strong>de</strong> raconter ses récits<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s assemblées d'amis et connaissances.<br />

Malgré un certain nombre d'échecs, Hans Christian ne s'est jamais découragé, et<br />

sa persévérance, jointe à son talent, a donné l'œuvre que nous connaissons.<br />

Les Contes, traduits en 80 <strong>la</strong>ngues, sont assez magiques pour fasciner presque<br />

tous les publics <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. Ils font naître <strong>de</strong>s résonances à tous les âges <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vie, et petits et grands s'y retrouvent.<br />

Aujourd'hui, plus d'un siècle après sa mort, Hans Christian An<strong>de</strong>rsen reste, à<br />

travers cette partie <strong>la</strong> plus heureuse et <strong>la</strong> plus riche <strong>de</strong> son œuvre, l'un <strong>de</strong>s<br />

auteurs les plus lus du mon<strong>de</strong> entier.<br />

12


TEXTE :<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard<br />

Comme il faisait bon dans <strong>la</strong> campagne! C'était l'été. Les blés étaient dorés,<br />

l'avoine verte, les foins coupés embaumaient, ramassés en tas dans les prairies,<br />

et une cigogne marchait sur ses jambes rouges, si fines et si longues et c<strong>la</strong>quait<br />

du bec en égyptien (sa mère lui avait appris cette <strong>la</strong>ngue-là).<br />

Au-<strong>de</strong>là, <strong>de</strong>s champs et <strong>de</strong>s prairies s'étendaient, puis <strong>la</strong> forêt aux grands arbres,<br />

aux <strong>la</strong>cs profonds.<br />

En plein soleil, un vieux château s'élevait entouré <strong>de</strong> fossés, et au pied <strong>de</strong>s murs<br />

poussaient <strong>de</strong>s bardanes aux <strong>la</strong>rges feuilles, si hautes que les petits enfants<br />

pouvaient se tenir tout <strong>de</strong>bout sous elles. L'endroit était aussi sauvage qu'une<br />

10 épaisse forêt, et c'est là qu'une cane s'était installée pour couver. Elle<br />

commençait à s'ennuyer beaucoup. C'était bien long et les visites étaient rares les<br />

autres canards préféraient nager dans les fossés plutôt que <strong>de</strong> s'installer sous les<br />

feuilles pour caqueter avec elle.<br />

Enfin, un oeuf après l'autre craqua. « Pip, pip », tous les jaunes d'oeufs étaient<br />

vivants et sortaient <strong>la</strong> tête.<br />

- Coin, coin, dit <strong>la</strong> cane, et les petits se dégageaient <strong>de</strong> <strong>la</strong> coquille et regardaient<br />

<strong>de</strong> tous côtés sous les feuilles vertes. La mère les <strong>la</strong>issait ouvrir leurs yeux très<br />

grands, car le vert est bon pour les yeux.<br />

- Comme le mon<strong>de</strong> est grand, disaient les petits.<br />

Ils avaient bien sûr beaucoup plus <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce que dans l'oeuf.<br />

- Croyez-vous que c'est là tout le grand mon<strong>de</strong> ? dit leur mère, il s'étend bien<br />

loin, <strong>de</strong> l'autre côté du jardin, jusqu'au champ du pasteur - mais je n'y suis jamais<br />

allée.<br />

« Etes-vous bien là, tous ? »<br />

Elle se dressa. « Non, le plus grand oeuf est encore tout entier. Combien <strong>de</strong><br />

temps va-t-il encore falloir couver ? J'en ai par-<strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> tête. »<br />

Et elle se recoucha <strong>de</strong>ssus.<br />

- Eh bien! Comment ça va ? <strong>de</strong>manda une vieille cane qui venait enfin rendre<br />

visite.<br />

- Ça dure et ça dure, avec ce <strong>de</strong>rnier oeuf qui ne veut pas se briser. Mais<br />

regar<strong>de</strong>z les autres, je n'ai jamais vu <strong>de</strong>s canetons plus ravissants. Ils ressemblent<br />

tous à leur père, ce coquin, qui ne vient même pas me voir.<br />

- Montre-moi cet oeuf qui ne veut pas craquer, dit <strong>la</strong> vieille. C'est, sans doute, un<br />

oeuf <strong>de</strong> din<strong>de</strong>, j'y ai été prise moi aussi une fois, et j'ai eu bien du mal avec<br />

celui-là. Il avait peur <strong>de</strong> l'eau et je ne pouvais pas obtenir qu'il y aille. J'avais<br />

beau courir et crier. Fais-moi voir. Oui, c'est un oeuf <strong>de</strong> din<strong>de</strong>, sûrement. Laissele<br />

et apprends aux autres enfants à nager.<br />

- Je veux tout <strong>de</strong> même le couver encore un peu, dit <strong>la</strong> mère. Maintenant que j'y<br />

13


suis <strong>de</strong>puis longtemps.<br />

- Fais comme tu veux, dit <strong>la</strong> vieille, et elle s'en al<strong>la</strong>.<br />

Enfin, l'oeuf se brisa.<br />

- Pip, pip, dit le petit en rou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>hors.<br />

Il était si grand et si <strong>la</strong>id que <strong>la</strong> cane étonnée, le regarda.<br />

- En voilà un énorme caneton, dit-elle, aucun <strong>de</strong>s autres ne lui ressemble. Et si<br />

c'était un dindonneau, eh bien, nous allons savoir ça au plus vite.<br />

Le len<strong>de</strong>main, il faisait un temps splendi<strong>de</strong>. La cane avec toute <strong>la</strong> famille<br />

s’approcha du fossé. Plouf ! Elle sauta dans l'eau. Coin ! Coin ! Commanda-telle,<br />

et les canetons plongèrent l'un après l'autre, même l'affreux gros gris.<br />

- Non, ce n'est pas un dindonneau, s'exc<strong>la</strong>ma <strong>la</strong> mère. Voyez comme il sait se<br />

servir <strong>de</strong> ses pattes et comme il se tient droit. C'est mon petit à moi. Il est même<br />

beau quand on le regar<strong>de</strong> bien. Coin ! Coin : venez avec moi, je vous conduirai<br />

dans le mon<strong>de</strong> et vous présenterai à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s canards. Mais tenez- vous<br />

toujours près <strong>de</strong> moi pour qu'on ne vous marche pas <strong>de</strong>ssus, et méfiez-vous du<br />

chat.<br />

Ils arrivèrent à l'étang <strong>de</strong>s canards où régnait un effroyable vacarme. Deux<br />

familles se disputaient une tête d'anguille. Ce fut le chat qui l'attrapa.<br />

- Ainsi va le mon<strong>de</strong> ! dit <strong>la</strong> cane en se pourléchant le bec.<br />

Elle aussi aurait volontiers mangé <strong>la</strong> tête d'anguille.<br />

- Jouez <strong>de</strong>s pattes et tâchez <strong>de</strong> vous dépêcher et courbez le cou <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> vieille<br />

cane, là-bas, elle est <strong>la</strong> plus importante <strong>de</strong> nous tous. Elle est <strong>de</strong> sang espagnol,<br />

c'est pourquoi elle est si grosse. Vous voyez qu'elle a un chiffon rouge à <strong>la</strong> patte,<br />

c'est <strong>la</strong> plus haute distinction pour un canard. Ce<strong>la</strong> signifie qu'on ne veut pas <strong>la</strong><br />

manger et que chacun doit y prendre gar<strong>de</strong>. Ne mettez pas les pattes en <strong>de</strong>dans,<br />

un caneton bien élevé nage les pattes en <strong>de</strong>hors comme père et mère. 65<br />

Maintenant, courbez le cou et faites coin !<br />

Les petits obéissaient, mais les canards autour d'eux les regardaient et<br />

s'exc<strong>la</strong>maient à haute voix :<br />

- Encore une famille <strong>de</strong> plus, comme si nous n'étions pas déjà assez. Et il y en a<br />

un vraiment affreux, celui-là nous n'en voulons pas.<br />

Une cane se précipita sur lui et le mordit au cou.<br />

- Laissez le tranquille, dit <strong>la</strong> mère. Il ne fait <strong>de</strong> mal à personne.<br />

- Non, mais il est trop grand et mal venu. Il a besoin d'être rossé.<br />

- Elle a <strong>de</strong> beaux enfants, cette mère ! dit <strong>la</strong> vieille cane au chiffon rouge, tous<br />

beaux, à part celui-là : il n'est guère réussi. Si on pouvait seulement<br />

recommencer les enfants ratés !<br />

- Ce n'est pas possible, Votre Grâce, dit <strong>la</strong> mère <strong>de</strong>s canetons ; il n'est pas beau<br />

mais il est très intelligent et il nage bien, aussi bien que les autres, mieux même.<br />

J'espère qu'en grandissant il embellira et qu'avec le temps il sera très présentable.<br />

Elle lui arracha quelques plumes du cou, puis le lissa :<br />

14


- Du reste, c'est un mâle, alors <strong>la</strong> beauté n'a pas tant d'importance.<br />

- Les autres sont adorables, dit <strong>la</strong> vieille. Vous êtes chez vous, et si vous trouvez<br />

une tête d'anguille, vous pourrez me l'apporter.<br />

Cependant, le pauvre caneton, trop grand, trop <strong>la</strong>id, était <strong>la</strong> risée <strong>de</strong> tous. Les<br />

canards et même les poules le bouscu<strong>la</strong>ient. Le dindon - né avec <strong>de</strong>s éperons - et<br />

qui se croyait un empereur, gonf<strong>la</strong>it ses plumes comme <strong>de</strong>s voiles. Il se<br />

précipitait sur lui en poussant <strong>de</strong>s glouglous <strong>de</strong> colère. Le pauvre caneton ne<br />

savait où se fourrer. La fille <strong>de</strong> basse-cour lui donnait <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> pied. Ses<br />

frères et soeurs, eux-mêmes, lui criaient :<br />

- Si seulement le chat pouvait te prendre, phénomène !<br />

Et sa mère :<br />

- Si seulement tu étais bien loin d'ici !<br />

C'en était trop ! Le malheureux, d'un grand effort s'envo<strong>la</strong> par- <strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> haie, les<br />

petits oiseaux dans les buissons se sauvaient à tire d'aile.<br />

«Je suis si <strong>la</strong>id que je leur fais peur», pensa-t-il en fermant les yeux.<br />

Il courut tout <strong>de</strong> même jusqu'au grand marais où vivaient les canards sauvages.<br />

Il tombait <strong>de</strong> fatigue et <strong>de</strong> chagrin et resta là toute <strong>la</strong> nuit.<br />

Au matin, les canards en voyant ce nouveau camara<strong>de</strong> s'écrièrent :<br />

- Qu'est-ce que c'est que celui-là ?<br />

Notre ami se tournait <strong>de</strong> droite et <strong>de</strong> gauche, et saluait tant qu'il pouvait.<br />

- Tu es affreux, lui dirent les canards sauvages, mais ce<strong>la</strong> nous est bien égal<br />

pourvu que tu n'épouses personne <strong>de</strong> notre famille.<br />

Il ne songeait guère à se marier, le pauvre ! Si seulement on lui permettait <strong>de</strong><br />

coucher dans les roseaux et <strong>de</strong> boire l'eau du marais.<br />

Il resta là <strong>de</strong>ux jours. Vinrent <strong>de</strong>ux oies sauvages, <strong>de</strong>ux jars plutôt, car c'étaient<br />

<strong>de</strong>s mâles, il n'y avait pas longtemps qu'ils étaient sortis <strong>de</strong> l'oeuf et ils étaient<br />

très désinvoltes.<br />

- Ecoute, camara<strong>de</strong>, dirent-ils, tu es <strong>la</strong>id, mais tu nous p<strong>la</strong>is. Veux-tu venir avec<br />

nous et <strong>de</strong>venir oiseau migrateur ? Dans un marais à côté il y a quelques<br />

charmantes oiselles sauvages, toutes <strong>de</strong>moiselles bien capables <strong>de</strong> dire coin, coin<br />

(oui, oui), et <strong>la</strong>id comme tu es, je parie que tu leur p<strong>la</strong>iras.<br />

Au même instant, il entendit Pif ! Paf !, les <strong>de</strong>ux jars tombèrent rai<strong>de</strong>s morts<br />

dans les roseaux, l'eau <strong>de</strong>vint rouge <strong>de</strong> leur sang. Toute <strong>la</strong> troupe s'égail<strong>la</strong> et les<br />

fusils c<strong>la</strong>quèrent <strong>de</strong> nouveau.<br />

Des chasseurs passaient, ils cernèrent le marais, il y en avait même grimpés dans<br />

les arbres. Les chiens <strong>de</strong> chasse couraient dans <strong>la</strong> vase. P<strong>la</strong>tch ! P<strong>la</strong>tch ! Les<br />

roseaux vo<strong>la</strong>ient <strong>de</strong> tous côtés ; le pauvre caneton, épouvanté, essayait <strong>de</strong> cacher<br />

sa tête sous son aile quand il vit un immense chien terrifiant, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue pendante,<br />

les yeux étince<strong>la</strong>nts. Son museau, ses <strong>de</strong>nts pointues étaient déjà prêts à le saisir<br />

quand - K<strong>la</strong>p ! Il partit sans le toucher.<br />

- Oh! Dieu merci! Je suis si <strong>la</strong>id que même le chien ne veut pas me mordre.<br />

Il se tint tout tranquille pendant que les plombs siff<strong>la</strong>ient et que les coups <strong>de</strong><br />

fusils c<strong>la</strong>quaient.<br />

15


Le calme ne revint qu'au milieu du jour, mais le pauvre n'osait pas se lever, il<br />

attendit encore <strong>de</strong> longues heures, puis quittant le marais il courut à travers les<br />

champs et les prés, malgré le vent qui l'empêchait presque d'avancer.<br />

Vers le soir, il atteignit une pauvre masure paysanne, si misérable qu'elle ne<br />

savait pas elle-même <strong>de</strong> quel côté elle avait envie <strong>de</strong> tomber, alors elle restait<br />

<strong>de</strong>bout provisoirement. Le vent siff<strong>la</strong>it si fort qu'il fal<strong>la</strong>it au caneton s'asseoir sur<br />

sa queue pour lui résister. Il s'aperçut tout à coup que l'un <strong>de</strong>s gonds <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />

était arraché, ce qui <strong>la</strong>issait un petit espace au travers duquel il était possible <strong>de</strong><br />

se glisser dans <strong>la</strong> cabane. C'est ce qu'il fit.<br />

Une vieille paysanne habitait là, avec son chat et sa poule. Le chat pouvait faire<br />

le gros dos et ronronner. Il jetait même <strong>de</strong>s étincelles si on le caressait à<br />

rebrousse-poil. La poule avait les pattes toutes courtes, elle pondait bien et <strong>la</strong><br />

femme les aimait tous les <strong>de</strong>ux comme ses enfants.<br />

Au matin, ils remarquèrent l'inconnu. Le chat fit «chum» et <strong>la</strong> poule fit<br />

«cotcotcot ».<br />

- Qu'est-ce que c'est que ça ! dit <strong>la</strong> femme.<br />

Elle n'y voyait pas très c<strong>la</strong>ir et crut que c'était une grosse cane égarée.<br />

« Bonne affaire, pensa-t-elle, je vais avoir <strong>de</strong>s oeufs <strong>de</strong> cane. Pourvu que ce ne<br />

soit pas un mâle. Nous verrons bien. »<br />

Le caneton resta à l'essai, mais on s'aperçut très vite qu'il ne pondait aucun oeuf.<br />

Le chat était le maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison et <strong>la</strong> poule <strong>la</strong> maîtresse. Ils disaient: « Nous<br />

et le mon<strong>de</strong> », ils pensaient bien en être <strong>la</strong> moitié, du mon<strong>de</strong>, et <strong>la</strong> meilleure. Le<br />

caneton était d'un autre avis, mais <strong>la</strong> poule ne supportait pas <strong>la</strong> contradiction.<br />

- Sais-tu pondre ? Demandait-elle.<br />

- Non.<br />

- Alors, tais-toi.<br />

Et le chat disait :<br />

- Sais-tu faire le gros dos, ronronner ?<br />

- Non.<br />

- Alors, n'émets pas <strong>de</strong>s opinions absur<strong>de</strong>s quand les gens raisonnables parlent.<br />

Le caneton, dans son coin, était <strong>de</strong> mauvaise humeur ; il avait une telle nostalgie<br />

d'air frais, <strong>de</strong> soleil, une telle envie <strong>de</strong> glisser sur l'eau. Il ne put s'empêcher d'en<br />

parler à <strong>la</strong> poule.<br />

- Qu'est-ce qui te prend, répondit-elle. Tu n'as rien à faire, alors tu te montes <strong>la</strong><br />

tête. Tu n'as qu'à pondre ou à ronronner, et ce<strong>la</strong> te passera.<br />

- C'est si délicieux <strong>de</strong> glisser sur l'eau, dit le caneton, si exquis quand elle vous<br />

passe par-<strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> tête et <strong>de</strong> plonger jusqu'au fond !<br />

- En voilà un p<strong>la</strong>isir, dit <strong>la</strong> poule. Tu es complètement fou. Deman<strong>de</strong> au chat, qui<br />

est l'être le plus intelligent que je connaisse, s'il aime glisser sur l'eau ou plonger<br />

<strong>la</strong> tête <strong>de</strong>dans. Je ne parle même pas <strong>de</strong> moi. Deman<strong>de</strong> à notre hôtesse, <strong>la</strong> vieille<br />

paysanne. Il n'y a pas plus intelligent. Crois-tu qu'elle a envie <strong>de</strong> nager et d'avoir<br />

<strong>de</strong> l'eau par-<strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> tête ?<br />

- Vous ne me comprenez pas, soupirait le caneton.<br />

16


- Alors, si nous ne te comprenons pas, qui est-ce qui te comprendra ! Tu ne vas<br />

tout <strong>de</strong> même pas croire que tu es plus malin que le chat ou <strong>la</strong> femme ... ou moimême<br />

! Remercie plutôt le ciel <strong>de</strong> ce qu'on a fait pour toi. N'es-tu pas là dans<br />

une chambre bien chau<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s gens capables <strong>de</strong> t'apprendre quelque chose ?<br />

Mais tu n'es qu'un vaurien, et il n'y a aucun p<strong>la</strong>isir à te fréquenter. Remarque que<br />

je te veux du bien et si je te dis <strong>de</strong>s choses désagréables, c'est que je suis ton<br />

amie. Essaie un peu <strong>de</strong> pondre ou <strong>de</strong> ronronner !<br />

- Je crois que je vais me sauver dans le vaste mon<strong>de</strong>, avoua le caneton.<br />

- Eh bien! Vas-y donc.<br />

Il s'en al<strong>la</strong>.<br />

L'automne vint, les feuilles dans <strong>la</strong> forêt passèrent du jaune au brun, le vent les<br />

faisait voler <strong>de</strong> tous côtés. L'air était froid, les nuages lourds <strong>de</strong> grêle et <strong>de</strong> neige,<br />

dans les haies nues les corbeaux croassaient kré ! kru ! krà ! oui, il y avait <strong>de</strong><br />

quoi grelotter. Le pauvre caneton n'était guère heureux.<br />

Un soir, au soleil couchant, un grand vol d'oiseaux sortit <strong>de</strong>s buissons. Jamais le<br />

caneton n'en avait vu <strong>de</strong> si beaux, d'une b<strong>la</strong>ncheur si immaculée, avec <strong>de</strong> longs<br />

cous ondu<strong>la</strong>nts. Ils ouvraient leurs <strong>la</strong>rges ailes et s'envo<strong>la</strong>ient loin <strong>de</strong>s contrées<br />

g<strong>la</strong>cées vers le midi, vers les pays plus chauds, vers <strong>la</strong> mer ouverte. Ils vo<strong>la</strong>ient<br />

si haut, si haut, que le caneton en fut impressionné; il tournait sur l'eau 185<br />

comme une roue, tendait le cou vers le ciel ... il poussa un cri si étrange et si<br />

puissant que lui- même en fut effrayé.<br />

Jamais il ne pourrait oublier ces oiseaux merveilleux ! Lorsqu'ils furent hors <strong>de</strong><br />

sa vue, il plongea jusqu'au fond <strong>de</strong> l'eau et quand il remonta à <strong>la</strong> surface, il était<br />

comme hors <strong>de</strong> lui-même. Il ne savait pas le nom <strong>de</strong> ces oiseaux ni où ils<br />

s'envo<strong>la</strong>ient, mais il les aimait comme il n'avait jamais aimé personne. Il ne les<br />

enviait pas, comment aurait-il rêvé <strong>de</strong> leur ressembler...<br />

L'hiver fut froid, terriblement froid. Il lui fal<strong>la</strong>it nager constamment pour<br />

empêcher l'eau <strong>de</strong> geler autour <strong>de</strong> lui. Mais, chaque nuit, le trou où il nageait<br />

<strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus petit. La g<strong>la</strong>ce craquait, il avait beau remuer ses pattes,<br />

à <strong>la</strong> fin, épuisé, il resta pris dans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce.<br />

Au matin, un paysan qui passait le vit, il brisa <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> son sabot et porta le<br />

caneton à <strong>la</strong> maison où sa femme le ranima.<br />

Les enfants vou<strong>la</strong>ient jouer avec lui, mais lui croyait qu'ils vou<strong>la</strong>ient lui faire du<br />

mal, il s'é<strong>la</strong>nça droit dans <strong>la</strong> terrine <strong>de</strong> <strong>la</strong>it éc<strong>la</strong>boussant toute <strong>la</strong> pièce ; <strong>la</strong> femme<br />

criait et levait les bras au ciel. Alors, il vo<strong>la</strong> dans <strong>la</strong> baratte où était le beurre et,<br />

<strong>de</strong> là, dans le tonneau à farine. La paysanne le poursuivait avec <strong>de</strong>s pincettes ;<br />

les enfants se bouscu<strong>la</strong>ient pour l'attraper... et ils riaient ... et ils criaient.<br />

Heureusement, <strong>la</strong> porte était ouverte ! Il se précipita sous les buissons, dans <strong>la</strong><br />

neige molle, et il y resta anéanti.<br />

Il serait trop triste <strong>de</strong> raconter tous les malheurs et les peines qu'il dut endurer en<br />

ce long hiver. Pourtant, un jour enfin, le soleil se leva, déjà chaud, et se mit à<br />

briller. C'était le printemps.<br />

Alors, soudain, il éleva ses ailes qui bruirent et le soulevèrent, et avant qu'il pût<br />

17


s'en rendre compte, il se trouva dans un grand jardin plein <strong>de</strong> pommiers en fleurs.<br />

Là, les li<strong>la</strong>s embaumaient et leurs longues branches vertes tombaient jusqu'aux<br />

fossés.<br />

Comme il faisait bon et printanier ! Et voilà que, <strong>de</strong>vant lui, sortant <strong>de</strong>s fourrés<br />

trois superbes cygnes b<strong>la</strong>ncs s'avançaient. Il ébouriffaient leurs plumes et<br />

nageaient si légèrement, et il reconnaissait les beaux oiseaux b<strong>la</strong>ncs. Une<br />

étrange mé<strong>la</strong>ncolie s'empara <strong>de</strong> lui.<br />

- Je vais voler jusqu'à eux et ils me battront à mort, moi si <strong>la</strong>id, d'avoir l'audace<br />

<strong>de</strong> les approcher ! Mais tant pis, plutôt mourir par eux que pincé par les canards,<br />

piqué par les poules ou par les coups <strong>de</strong> pied <strong>de</strong>s filles <strong>de</strong> basse-cour !<br />

Il s'é<strong>la</strong>nça dans l'eau et nagea vers ces cygnes pleins <strong>de</strong> noblesse. A son<br />

étonnement, ceux-ci, en le voyant, se dirigèrent vers lui.<br />

- Tuez-moi, dit le pauvre caneton en inclinant <strong>la</strong> tête vers <strong>la</strong> surface <strong>de</strong>s eaux.<br />

Et il attendit <strong>la</strong> mort.<br />

Mais alors, qu'est-ce qu'il vit, se reflétant sous lui, dans l'eau c<strong>la</strong>ire ? C'était sa<br />

propre image, non plus comme un vi<strong>la</strong>in gros oiseau gris et lourdaud ... il était<br />

<strong>de</strong>venu un cygne !!!<br />

Car il n'y a aucune importance à être né parmi les canards si on a été couvé dans<br />

un oeuf <strong>de</strong> cygne !<br />

Il ne regrettait pas le temps <strong>de</strong>s misères et <strong>de</strong>s épreuves puisqu'elles <strong>de</strong>vaient le<br />

conduire vers un tel bonheur ! Les grands cygnes b<strong>la</strong>ncs nageaient autour <strong>de</strong> lui<br />

et le caressaient <strong>de</strong> leur bec.<br />

Quelques enfants approchaient, jetant du pain et <strong>de</strong>s graines. Le plus petit<br />

S'écria : - Oh! Il y en a un nouveau.<br />

Et tous les enfants <strong>de</strong> s'exc<strong>la</strong>mer et <strong>de</strong> battre <strong>de</strong>s mains et <strong>de</strong> danser en appe<strong>la</strong>nt<br />

père et mère.<br />

On <strong>la</strong>nça du pain et <strong>de</strong>s gâteaux dans l'eau. Tous disaient : « Le nouveau est le<br />

plus beau, si jeune et si gracieux. » Les vieux cygnes s'inclinaient <strong>de</strong>vant lui.<br />

Il était tout confus, notre petit canard, et cachait sa tête sous l'aile, il ne savait<br />

lui-même pourquoi. Il était trop heureux, pas du tout orgueilleux pourtant, car un<br />

grand coeur ne connaît pas l'orgueil. Il pensait combien il avait été pourchassé et<br />

haï alors qu'il était le même qu'aujourd'hui où on le déc<strong>la</strong>rait le plus beau <strong>de</strong> tous!<br />

Les li<strong>la</strong>s embaumaient dans <strong>la</strong> verdure, le chaud soleil étince<strong>la</strong>it.<br />

Alors il gonf<strong>la</strong> ses plumes, leva vers le ciel son col flexible et <strong>de</strong> tout son<br />

coeur comblé il cria: «Aurais-je pu rêver semb<strong>la</strong>ble félicité quand je n'étais que<br />

le vi<strong>la</strong>in petit canard »<br />

18


III/ Quelques pistes <strong>pédagogique</strong>s.<br />

A/ Des ouvrages<br />

• Analyse <strong>de</strong> Le cygne argenté Michaël Morpurgo (IA du Val <strong>de</strong> Marne)Éditeur : Ecole<br />

<strong>de</strong>s loisirs, collection kaléidoscope<br />

Présentation générale :<br />

Album <strong>de</strong> 40 pages non numérotées - format 28,5 x 24 – Traduit <strong>de</strong> l’ang<strong>la</strong>is<br />

Histoire : Un enfant passe tout son temps à pêcher sur un <strong>la</strong>c. Il aperçoit un cygne<br />

femelle qui se pose sur l’eau. L’enfant va se passionner pour l’oiseau, l’observer,<br />

apprendre à le connaître et à l’aimer infiniment. Le cygne va construire son nid avec un<br />

mâle et mettre au mon<strong>de</strong> cinq petits. Un jour, une renar<strong>de</strong> affamée attaque le nid, par<br />

nécessité pour nourrir ses petits. Le garçon va alors entendre « le chant du cygne » qui<br />

annonce sa mort. Il ne récupérera qu’une plume en souvenir, qu’il gar<strong>de</strong>ra toute sa vie.<br />

La vie continue selon les lois <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Une autre femelle se posera sur le <strong>la</strong>c, par une<br />

nuit étoilée.<br />

Personnages : L’enfant – les cygnes (en particulier <strong>la</strong> femelle) – le renard<br />

Les lieux : Un <strong>la</strong>c - <strong>de</strong>s régions nordique<br />

Epoque : Actuelle<br />

Choix narratifs :<br />

Récit écrit à <strong>la</strong> 1ère personne à l’imparfait et au passé simple<br />

Hymne à <strong>la</strong> nature te à <strong>la</strong> cause animale.<br />

Vocabu<strong>la</strong>ire riche, proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie.<br />

Temporalité :<br />

L’enfant raconte son vécu d’il y a 5 ans.<br />

Il s’adresse au lecteur d’une manière très intime.<br />

Il confie au lecteur son désir d’enfant : Gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> plume du cygne toute sa vie.<br />

Il se projette comme il projette aussi l’histoire du couple reconstruit : « Ils sont toujours<br />

ensemble ».<br />

Thèmes et valeurs :<br />

La vie – l’amour – l’attachement <strong>de</strong> l’enfant à l’animal.<br />

La mort : inéluctable, dans <strong>la</strong> nature et par extension : le parcours <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie à <strong>la</strong> mort et<br />

le retour à <strong>la</strong> vie. L’idée <strong>de</strong> l’acceptation et <strong>de</strong> l’espoir.<br />

Re<strong>la</strong>tion texte / image :<br />

L’illustration est très belle et réaliste. Un aspect cotonneux, duveteux. La couleur<br />

dominante est le bleu avec <strong>de</strong>s tonalités plus ou moins appuyées donnant l’effet d’un<br />

brouil<strong>la</strong>rd.<br />

La <strong>de</strong>rnière illustration est très colorée avec <strong>de</strong>s teintes chau<strong>de</strong>s è et dans le ciel, une<br />

étoile qui se reflète dans l’eau du <strong>la</strong>c.<br />

19


· Le bleu représente le froid <strong>de</strong>s pays nordiques et le froid annonciateur d’une violence à<br />

venir : <strong>la</strong> mort du cygne. La mort annoncée par « le chant du cygne » sous <strong>la</strong> lune.<br />

· Il y a <strong>la</strong> prédominance du cygne dans toutes les illustrations et en particulier : le<br />

déploiement <strong>de</strong>s ailes.<br />

· Sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière illustration: présence d'une étoile<br />

Dans <strong>la</strong> mythologie nordique, le cygne est un Dieu qui ne meurt jamais. Son chant au<br />

moment <strong>de</strong> mourir annonce le passage vers un ailleurs; <strong>la</strong> mort n'est pas définitive.<br />

- Les ailes sont le symbole <strong>de</strong> l'élévation céleste. A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'album, une étoile illumine le<br />

ciel symbole du retour à <strong>la</strong> vie.<br />

- Le brouil<strong>la</strong>rd omniprésent (dans <strong>la</strong> mythologie celte représente. le passage entre réel et<br />

irréel).<br />

Spécificité et intérêt <strong>de</strong> l'album:<br />

C'est un album qui peut se lire comme un documentaire sur le déroulement du cycle <strong>de</strong><br />

vie animale ne <strong>la</strong>issant pas <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce à l'action mais aussi comme une poésie, une o<strong>de</strong>, un<br />

hymne à <strong>la</strong> nature.<br />

Les pistes <strong>pédagogique</strong>s:Conseils préa<strong>la</strong>bles pour <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>pédagogique</strong><br />

Récit rétrospectif<br />

1 album ou 2 <strong>de</strong> format 28,5 x 24 pour <strong>la</strong> solennité <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation collective<br />

.1 format plus petit par élève<br />

Le texte est raconté, en mettant en évi<strong>de</strong>nce les illustrations et en y incluant <strong>de</strong>s<br />

symboles <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie Celte :« Le cygne, un dieu qui ne meurt jamais »Ce qui<br />

amène pour <strong>la</strong> partie orale, à un débat collectif sur <strong>la</strong> vie, <strong>la</strong> mort, <strong>la</strong> perte d’un être cher,<br />

l’espoir.<br />

A l’écrit, mettre en parallèle : les évènements et le traitement <strong>de</strong>s couleurs dans les<br />

illustrations, sur un ligne du temps :<br />

-> Apparition du cygne, douceur <strong>de</strong> vivre, <strong>la</strong> formation du couple <strong>de</strong> cygnes, douceur<br />

<strong>de</strong>s couleurs, mais non loin, l’horizon s’obscurcit, les couleurs s’embrument, <strong>la</strong> mort, <strong>la</strong><br />

solitu<strong>de</strong> et l’espoir :<br />

A nouveau, apparition d’un cygne sur le <strong>la</strong>c<br />

-> Éternel cycle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

Lecture individuelle :<br />

2ème séance : De <strong>la</strong> lecture fusionnelle à <strong>la</strong> lecture experte<br />

On tentera <strong>de</strong> cerner le cheminement symbolique <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns :<br />

- Gros p<strong>la</strong>ns, p<strong>la</strong>ns lumineux<br />

- Omniprésence du bleu<br />

- Présence d’autres animaux dans l’album : les gardiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<br />

On relèvera <strong>la</strong> spécificité lexicale qui sacralise le cygne, qui admet l’inéluctable mort pour<br />

<strong>la</strong> survie (adjectifs qualificatifs, phrases complexes, passé simple, phrase <strong>de</strong> type<br />

exc<strong>la</strong>matif)<br />

=> F<strong>la</strong>sh sur l’O.R.L<br />

20


La recherche <strong>de</strong>s temps : leur connotation, différences entre les évènements qui durent<br />

(<strong>de</strong>scriptions et habitu<strong>de</strong>s) et brutalité, soudaineté <strong>de</strong>s évènements.<br />

Verbes d’actions, très expressifs et rapi<strong>de</strong>s.<br />

Approfondir le travail sur <strong>la</strong> ponctuation<br />

A l’écrit : Travail poétique et mise en voix à effet d’Hymne ou d’O<strong>de</strong> Þ en mettant en<br />

avant et comme modèles, les très belles poésies <strong>de</strong> <strong>la</strong> page <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, puis <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1ère<br />

page du récit ainsi que <strong>la</strong> 11ème page qui évoque le chant du cygne.<br />

En parallèle, travail d’expression p<strong>la</strong>stique Þ le déploiement <strong>de</strong>s ailes.<br />

- Observer et reproduire le déploiement <strong>de</strong>s ailes avec un aspect duveteux, cotonneux<br />

- Chorégraphie possible sur un thème <strong>de</strong>s oiseaux<br />

- Ecoutes musicales<br />

3ème séance :<br />

On présentera tout ce qui se rapporte aux notions <strong>de</strong> respect et d’amour infinis dans les<br />

re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> l’homme à l’animal ainsi que celle <strong>de</strong> l’impuissance face à <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<br />

(travail oral).<br />

4ème séance :<br />

Ecouter lire :<br />

On pourra y associer <strong>de</strong>s contes, <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s œuvres musicales à valeur culturelle<br />

autour du thème du cygne :<br />

=> Le <strong>la</strong>c <strong>de</strong>s cygnes <strong>de</strong> TCHAÏKOWSKI<br />

=> Tristan et Isol<strong>de</strong> <strong>de</strong> Richard WAGNER<br />

La Mise en réseau :<br />

La petite marchan<strong>de</strong> d'allumettes (An<strong>de</strong>rson)<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard (An<strong>de</strong>rsen)<br />

Le rôle du renard dans La Fontaine<br />

Loup Rouge ( Karl Friedrich Waechter)<br />

L'Oeil du Loup (Daniel Pennac) pour <strong>la</strong> rencontre enfant / animal<br />

Pour un petit chien gris (Ivan Mauffret)<br />

Œuvres musicales :<br />

Le Lac <strong>de</strong>s Cygnes <strong>de</strong> Tchaï<strong>ko</strong>wski<br />

Tristan et Isol<strong>de</strong> <strong>de</strong> Richard Wagner (mort d'Isol<strong>de</strong> qui chante comme un cygne)<br />

• Analyse <strong>de</strong> Okilélé <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Ponti<br />

http://www.ac-creteil.fr/crdp/telemaque/document/ponti02.htm<br />

Extrait : Le rejet <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence<br />

Cet album, dont le titre Okilélé est remarquable par <strong>la</strong> phonétique<br />

quenellienne du nom <strong>de</strong> son personnage principal, est construit sur <strong>la</strong><br />

même ambiguïté que celle que l'on trouve dans Le Vi<strong>la</strong>in Petit Canard. Ces<br />

<strong>de</strong>ux héros sont déc<strong>la</strong>rés affreux par les autres personnages du récit et par<br />

21


le narrateur, alors qu'ils apparaissent simplement différents et même plutôt mignons aux yeux <strong>de</strong>s lecteurs.<br />

Okilélé avec sa trompe n'est en réalité pas plus <strong>la</strong>id que sa famille au nez rond et n'a rien à leur envier. Ce qui<br />

compte alors est <strong>la</strong> perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence par les autres personnages. P<strong>la</strong>cé d'emblée sous le signe d'une<br />

<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur manifeste par cette exc<strong>la</strong>mation peu f<strong>la</strong>tteuse concernant son i<strong>de</strong>ntité, Okilélé ne peut par <strong>la</strong> suite<br />

échapper à l'image dévalorisée <strong>de</strong> celui dont <strong>la</strong> différence n'est pas acceptée. Il en vient ainsi à se percevoir tel<br />

qu'on le dit, et le lecteur jouant le jeu se <strong>la</strong>isse entraîner aussi vers cette interprétation.<br />

Mais c'est avant même sa naissance qu'Okilélé semble avoir été touché par le sort d'une façon néfaste : son œuf<br />

vert est tout cabossé, peut-être signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> " malformation " à venir, tout comme l'œuf <strong>de</strong> cygne gris du vi<strong>la</strong>in petit<br />

canard annonçait déjà <strong>la</strong> différence parmi les œufs <strong>de</strong> canards. Inconscient tout d'abord <strong>de</strong> cette différence<br />

insupportable pour sa famille - même <strong>la</strong> peluche <strong>de</strong> sa soeur en est effarée - il croit baigner dans l'amour familial<br />

alors qu'il est repoussé par sa mère dès ses premiers é<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> tendresse. Jusqu'au jour où, première prise <strong>de</strong><br />

conscience douloureuse dans son existence, le miroir <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison lui renvoie son reflet se mordant les doigts<br />

d'une telle vision d'horreur. Okilélé se trouve être à lui-même aussi effrayant dans sa différence que le prétend<br />

son entourage.<br />

Tout au long du récit, Okilélé semble attiré par <strong>de</strong>s personnages ou <strong>de</strong>s objets qui, comme lui, possè<strong>de</strong>nt une<br />

trompe ou quelque chose qui y ressemble : Gradusse et son petit " moi ", le dragon, <strong>la</strong> princesse, l'oiseaufontaine<br />

à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> robinet et même l'évier <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine. Comme si, adhérant malgré lui à l'image qu'on lui<br />

renvoie, il sentait que ces personnages qui présentent une similitu<strong>de</strong> avec son appendice nasal participent <strong>de</strong> sa<br />

vraie nature et constituent sa véritable famille. Il est d'ailleurs difficile <strong>de</strong> penser qu'il est le fils <strong>de</strong> sa mère,<br />

puisque possédant <strong>de</strong>s mamelles <strong>de</strong> mammifères, celle-ci ne <strong>de</strong>vrait pas pondre <strong>de</strong>s oeufs<br />

Petit être à trompe qui découvre qu'il s'est trompé sur lui-même et sur les autres, sa première réaction est <strong>de</strong><br />

tenter <strong>de</strong> dissimuler sa vraie nature et <strong>de</strong> rentrer ainsi dans <strong>la</strong> norme. Il se fabrique un masque, qu'il abandonne<br />

très vite car sa trompe en dépasse, renforçant un sentiment d'étrangeté qui inspire encore plus d'effroi que son<br />

vrai visage. Il ne réussit donc pas à modifier son statut <strong>de</strong> vi<strong>la</strong>in petit canard et n'existe auprès <strong>de</strong> ses parents<br />

qu'à travers le rejet. Les premiers temps <strong>de</strong> sa vie sont ainsi marqués par <strong>la</strong> négation <strong>de</strong> son existence.<br />

• La montagne aux trois questions (IA 84)<br />

Descriptif physique <strong>de</strong> l’ouvrage<br />

Auteur TANAKA Béatrice d’après un conte popu<strong>la</strong>ire vietnamien.<br />

Illustrateur JIANG-HONG Chen, Editeur Albin Michel Jeunesse Collection<br />

Petits contes <strong>de</strong> sagesse<br />

Forme littéraire Conte<br />

Note <strong>de</strong> présentation Ministère :<br />

Un jeune homme très <strong>la</strong>id entreprend l’ascension d’une montagne merveilleuse<br />

pour y apprendre <strong>de</strong> trois génies <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> sa disgrâce. Mais, oubliant sa<br />

préoccupation personnelle, ce sont finalement les questions dont ses «<br />

passeurs » l’ont chargé qu’il pose. Il re<strong>de</strong>scend, dénoue leur malheur grâce aux<br />

réponses obtenues, et finit par rencontrer l’amour et le succès malgré une<br />

<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur maintenant acceptée. Ce conte merveilleux s’inscrit dans toute <strong>la</strong><br />

tradition transculturelle <strong>de</strong>s questions posées aux divinités, illustrée par Les<br />

Plumes du dragon, par exemple. Il sera intéressant <strong>de</strong> mettre au jour<br />

cette tradition par un travail <strong>de</strong> mise en réseau.<br />

Le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur peut solliciter <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s élèves et permettre<br />

d’opposer le motif ici illustré <strong>de</strong> l’intelligence et <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté morale, comme dans<br />

Riquet à <strong>la</strong> Houppe <strong>de</strong> Perrault, à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur provisoire, comme dans Le<br />

Vi<strong>la</strong>in Petit Canard d’An<strong>de</strong>rsen. On peut aussi mettre en valeur le motif du<br />

dépouillement, du renoncement à <strong>la</strong> puissance, qui amène à une conquête<br />

plus intime et rend, du coup, possible l’accès à une puissance mesurée.<br />

Le livre vaut aussi par <strong>la</strong> construction progressive d’un univers étouffant,<br />

composé <strong>de</strong> terre, d’air et d’eau, avant que s’allume in fine le feu du regard <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

22


ien aimante. Les illustrations inspirées <strong>de</strong>s maîtres orientaux <strong>de</strong>s techniques<br />

d’encre ajoute à cette atmosphère.<br />

La comparaison avec d’autres titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> collection permettra <strong>de</strong> mieux définir<br />

ce qu’est un « conte <strong>de</strong> sagesse ».<br />

Axes <strong>de</strong> travail possibles : En lecture * En écriture A l’oral *<br />

Dispositifs <strong>pédagogique</strong>s possibles<br />

Première proposition :<br />

Un conte se raconte. L’élève qui l’a lu peut le raconter à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Et si plusieurs<br />

élèves l’ont lu, ces élèves peuvent raconter ce conte ensemble (moins d’anxiété à<br />

plusieurs). L’enseignant peut aussi raconter (ou lire) une autre version <strong>de</strong> ce<br />

conte.<br />

- Les encres <strong>de</strong> Chine<br />

On peut regar<strong>de</strong>r ensemble les tableaux <strong>de</strong> Chen Jiang Hong. On peut aussi<br />

regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s estampes japonaises (Hokusaï) et lire “ Le vieux fou <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin ” <strong>de</strong><br />

F. P<strong>la</strong>ce. C’est un mon<strong>de</strong> extrême-oriental très graphique que nous découvrons<br />

avec ce petit livre.<br />

Deuxième proposition :<br />

Un seul exemp<strong>la</strong>ire suffit et fera l’objet d’une unique séance.<br />

a) Découverte <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1ère <strong>de</strong> couverture :<br />

- Que peut être un conte <strong>de</strong> sagesse : hypothèses<br />

- Hypothèse <strong>de</strong> mise en re<strong>la</strong>tion du titre et <strong>de</strong>s 3 personnages.<br />

- Hypothèse sur l’origine du conte à partir <strong>de</strong> l’illustration.<br />

b) Découverte <strong>de</strong> <strong>la</strong> 4ème <strong>de</strong> couverture. Lien possible entre les personnages et<br />

les trois génies.<br />

Confirmation <strong>de</strong> l’origine du conte : Asie<br />

c) Lecture à haute voix par le maître du début du conte jusqu’à <strong>la</strong> page 10. Pause<br />

pour anticipation <strong>de</strong> suites possibles.<br />

d) Lecture silencieuse ; trois groupes d’élèves, chaque groupe recevant un <strong>de</strong>s<br />

trois passages correspondant aux trois rencontres.<br />

Groupe 1 : page 10 “ Un soir……. ” jusqu’à <strong>la</strong> page 14 “ continuant son voyage ”<br />

Groupe 2 : page 14 “ Le sentier …. ” jusqu’à <strong>la</strong> page 17 “ … le len<strong>de</strong>main à l’aube.<br />

Groupe 3 : page 17 “ La montagne…. ” Jusqu’à <strong>la</strong> page 22 “ …. En signe d’adieu. ”<br />

Chaque groupe raconte en essayant <strong>de</strong> se dégager du texte.<br />

Page 2 sur 2<br />

La réflexion portera sur <strong>la</strong> chronologie <strong>de</strong>s évènements. Comment <strong>la</strong> vérifier ?<br />

e) Le maître lit à haute voix les trois étapes et continue jusqu’à <strong>la</strong> page 29 “ …. Il<br />

commence sa <strong>de</strong>scente. ”<br />

Pause pour interprétation et anticipation orale <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du récit.<br />

f) Lecture à haute voix <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du conte et débat “ philosophique ”(<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur<br />

physique et beauté intérieure, renoncement, générosité, sagesse…).<br />

Mise en réseaux possibles<br />

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Avec d’autres ouvrages <strong>de</strong> <strong>la</strong> liste<br />

Sagesse : Le poil <strong>de</strong> <strong>la</strong> moustache du tigre – Albin Michel<br />

Philosophique : Le génie du pousse-pousse – Mi<strong>la</strong>n (altruisme, amitié, générosité)<br />

Avec d’autres ouvrages hors liste<br />

Contes Jeannot le malchanceux, d’Evelyne Reberg (d’après un conte libanais).<br />

Sagesses et malices <strong>de</strong> Nasreddine, le fou qui était sage – Albin Michel<br />

Sagesses et malices <strong>de</strong> <strong>la</strong> Perse – Albin Michel<br />

Les philo-fables – Michel Piquemal –Albin Michel<br />

Thème : <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard – An<strong>de</strong>rsen<br />

Riquet à <strong>la</strong> houppe - Perrault<br />

Du même auteur Un cheval b<strong>la</strong>nc n’est pas un cheval : cinq énigmes chinoises<br />

Dragon <strong>de</strong> feu, Je ne vais pas pleurer ! La légen<strong>de</strong> du cerf-vo<strong>la</strong>nt Zhong-Kui<br />

La Mythologie chinoise - C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Helft,<br />

Sur le même thème Les trois questions – Didier DUFRESNE - d’après <strong>la</strong> tradition<br />

chinoise, ill. Bruno Pilorget, F<strong>la</strong>mmarion (Père Castor)<br />

Boîte à outils complémentaires pour l’enseignant<br />

Sur l’auteur Béatrice Tanaka, née en Roumanie, brésilienne d’adoption, vit à Paris<br />

et porte un nom japonais.<br />

Elle se considère comme “ terrienne ” et “ passeuse <strong>de</strong> contes ”. Elle a publié une<br />

quarantaine <strong>de</strong> livres pour <strong>la</strong> jeunesse dont Le Trésor <strong>de</strong> l’homme, La Farandole<br />

1971 ; Bouffe Boeuf et bang !, Vif Argent 1985 ; Trois sorcières, Syros 1988.<br />

Bibliographie + Biographie sur http://www.ricochet-jeunes.org<br />

Sur l’illustrateur Chen Jiang Hong, illustrateur et peintre chinois, vit à Paris. Il a<br />

publié à l’école <strong>de</strong>s Loisirs Un cheval b<strong>la</strong>nc n’est pas un cheval, 1995 ; La légen<strong>de</strong><br />

du cerf-vo<strong>la</strong>nt, 1997. Il utilise une technique traditionnelle à l’encre <strong>de</strong> Chine sur<br />

papier <strong>de</strong> riz. Il expose régulièrement au Lotus Rouge, à Paris.<br />

Bibliographie + Biographie sur http://www.ricochet-jeunes.org<br />

Site <strong>de</strong> Chen Jiang Hong : http://lotusrouge.free.fr<br />

Rédacteur <strong>de</strong> cette fiche : Groupe départemental « Littérature <strong>de</strong> jeunesse »<br />

Vaucluse.<br />

• Liste d’ouvrages émanant du CRDP <strong>de</strong> Toulouse<br />

Accepter les différences<br />

Livres à lire et "à discuter"<br />

Accepter toutes les différences<br />

Homme <strong>de</strong> couleur. Ruillier Jérôme. Bilboquet. Cycle 1<br />

/Cycle 2<br />

- Un Noir est noir, <strong>de</strong> sa naissance à sa mort. Le B<strong>la</strong>nc, qui est<br />

rose à sa naissance, rouge au soleil, bleu au froid ou vert <strong>de</strong>vant <strong>la</strong><br />

peur l’appelle homme <strong>de</strong> couleur ! Un conte africain plein<br />

d’humour et <strong>de</strong> poésie sur <strong>la</strong> différence, qui bouscule les idées<br />

reçues.<br />

24


Le vi<strong>la</strong>in petit canard. An<strong>de</strong>rsen, Hans Christian. Cycle 1<br />

/Cycle 2<br />

- Il existe <strong>de</strong> nombreuses éditions <strong>de</strong> ce conte d’An<strong>de</strong>rsen où un<br />

petit canard, rejeté dès sa naissance parce qu’il est différent <strong>de</strong>s<br />

autres, part à <strong>la</strong> recherche d’amis qui l’accepteront tel qu’il est.<br />

Lili. Lacor Agnès, Le Gac Gwen. Thierry Magnier. Cycle 1<br />

- Un enfant décrit sa petite sœur mongolienne dont les gens ont<br />

un peu peur alors qu’elle est douce et caline. Un album simple et<br />

émouvant.<br />

Mina <strong>la</strong> fourmi. Chapouton Anne-Marie. Père Castor-<br />

F<strong>la</strong>mmarion. Les Mini Castor. Cycle 1<br />

- Mina n’a que 5 pattes. Les fourmis ouvrières <strong>la</strong> rejettent avec<br />

pitié, <strong>la</strong> reine <strong>la</strong> repousse avec mépris. Mais Minna,<br />

courageusement, va montrer qu’elle peut être utile. L’album<br />

présente, dans un style accessible aux jeunes enfants, <strong>la</strong> difficile<br />

insertion <strong>de</strong>s handicapés dans <strong>la</strong> société.<br />

Des Français comme moi. FAS. Gallimard Jeunesse. Cycle<br />

2 /Cycle 3<br />

- Tous Français, et poutant si différents ! Des enfants, originaires<br />

<strong>de</strong> Gua<strong>de</strong>loupe, Nouvelle-Calédonie ou Polynésie en témoignent.<br />

Celui qui est nouveau. Petit Olivier, Héliot Éric. Petit à petit.<br />

Mine <strong>de</strong> rien. Cycle 2<br />

- Quand on est nouveau à l’école <strong>la</strong> vie n’est pas facile. Puis peu à<br />

peu les autres vous acceptent et vous intègrent dans leur groupe.<br />

Des enfants comme moi. Kin<strong>de</strong>rsley Barnabas et<br />

Anabel. Gallimard Jeunesse/Unicef. Cycle 2 /Cycle 3<br />

- La vie <strong>de</strong> 36 enfants venant <strong>de</strong> pays différents. Chaque enfant<br />

présente sa famille, son école, ses amis, sa nourriture, ses jeux.<br />

Emeline qui voit tout. Coran Pierre. Casterman. Je<br />

commence à lire. Cycle 2 /Cycle 3<br />

- L’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite Emeline, non-voyante, racontée dans une<br />

édition bi-graphique, écriture visuelle et écriture braille. Pour que<br />

tous les enfants, voyants et non-voyants, se retrouvent dans les<br />

mêmes c<strong>la</strong>sses, et apprennent à lire...et à vivre ensemble.<br />

La géante Solitu<strong>de</strong>. Hoest<strong>la</strong>ndt Jo, Novi Nathalie. Syros<br />

Jeunesse. Cycle 2<br />

- La géante Solitu<strong>de</strong> est une enfant géante arrivée par hasard dans<br />

notre petit mon<strong>de</strong> terrestre. Rejetée <strong>de</strong> tous, elle finit par entrer<br />

dans <strong>la</strong> mer et y former une île, refuge pour tous ceux qui<br />

souhaitent <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>. Un album poétique sur <strong>la</strong><br />

différence et l’incompréhension.<br />

Poussin noir. Elliott Rascal, Elliott Peter. Pastel. Cycle 2<br />

- Poussin noir naît au milieu <strong>de</strong> poussins jaunes dans une<br />

couveuse. Tous choisissent les fermiers comme parents, sauf<br />

Poussin noir qui veut trouver une famille <strong>de</strong> sa couleur. Deux loups<br />

noirs l’atten<strong>de</strong>nt...<br />

Timothée, un élève différent. Roque Josiane, Wens<br />

Isaac. Roque éditeur. Cycle 2 /Cycle 1<br />

- Timothée est un petit garçon autiste. A l’école son comportement<br />

déroute les autres élèves, mais ... L’album présente un enfant<br />

autiste intégré dans une école maternelle.<br />

Vivre ensemble les différences. Bayard jeunesse. Gui<strong>de</strong><br />

pour un enfant citoyen. Cycle 3<br />

- Trois histoires <strong>de</strong> vie quotidienne et trois jeux-test amorcent une<br />

réflexion pour comprendre que chacun naît avec ses différences et<br />

a son rôle à jouer dans <strong>la</strong> société.<br />

Enfants d’ailleurs, racontés aux enfants d’ici. Laffon<br />

Caroline, Laffon Martine. De <strong>la</strong> Martinière Jeunesse. Cycle 3<br />

- Un très bel album pour découvrir comment vivent les enfants <strong>de</strong><br />

différents pays, leur cuisine, leurs vêtements, leur <strong>la</strong>ngue. Pour<br />

25


L'éditeur<br />

mieux connaître les autres et mieux les comprendre.<br />

Lettres à qui vous savez. Debry Hervé, Merlin Christophe<br />

ill. Casterman. Romans Casterman : dix et plus. Cycle 3<br />

- Un garçon <strong>de</strong> 10 ans atteint du sida raconte, sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong><br />

lettres, ses difficultés à l’approche <strong>de</strong> Noël. Jérémy nous <strong>la</strong>isse<br />

découvrir <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die qui l’habite ainsi que <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong>s autres<br />

face à celle-ci.<br />

Mon drôle <strong>de</strong> petit frère. Laird Elizabeth, Brown Ken<br />

ill. Gallimard Jeunesse. Folio junior. Cycle 3<br />

- Le jour où Ben est né, <strong>la</strong> vie d’Anna, une adolescente <strong>de</strong> 13 ans,<br />

se trouve transformée. Elle fait le récit émouvant <strong>de</strong> l’amour<br />

qu’elle porte à ce petit frère trisomique au milieu du désarroi<br />

familial.<br />

Mon grand petit frère. Peskine Brigitte. Bayard Jeunesse. Les<br />

romans <strong>de</strong> Je bouquine. Cycle 3<br />

- Vincent est jaloux <strong>de</strong> son grand frère Xavier. Mais sa vie est<br />

bouleversé par <strong>la</strong> méningite <strong>de</strong> Xavier qui fait <strong>de</strong> ce frère un<br />

handicapé physique et mental. Une histoire touchante et<br />

douloureuse.<br />

Vivre ensemble filles et garçons. Bayard jeunesse. Gui<strong>de</strong> pour un<br />

enfant citoyen. Cycle 3<br />

- « Pour découvrir et apprendre à mieux connaître cet autre, d’un autre sexe,<br />

à <strong>la</strong> fois si proche et si différent <strong>de</strong> soi. »<br />

Et nous ? <strong>de</strong> Dorothée <strong>de</strong> Monfreid, L’école <strong>de</strong>s Loisirs, 2006 dès 4<br />

ans<br />

Quand Madame Coincoin voit éclore ses sept œufs, elle n’a d’yeux que<br />

pour le <strong>de</strong>rnier né, son « petit canard chéri », le seul à qui elle donne un<br />

prénom. Les six autres ? Trop vi<strong>la</strong>ins à son goût. Ils ont beau essayer <strong>de</strong><br />

se faire aimer <strong>de</strong> leur mère, rien n’y fait. Bien heureusement,<br />

l’intervention <strong>de</strong> leur père redonnera le sens <strong>de</strong>s réalités à Madame<br />

Coincoin, un peu penau<strong>de</strong> d’avoir ainsi rejeté ses petits…<br />

L’attachement maternel, les rivalités enfantines et le rôle du père sont<br />

habilement évoqués dans cette fable familiale en apparence bien<br />

anecdotique, et pourtant marquée au coin du bon sens. Les plus jeunes<br />

lecteurs s’amuseront <strong>de</strong> l’inversion concoctée par l’auteure (qui détourne<br />

évi<strong>de</strong>mment l’histoire du Vi<strong>la</strong>in petit canard) et les plus grands liront<br />

beaucoup d’autres choses entre les lignes… B. Longre (nov. 2006)<br />

B/ Quelques activités<br />

Une première activité pourrait être <strong>de</strong> faire lire le conte par plusieurs<br />

élèves en leur distribuant chacun un morceau ; <strong>de</strong> ce premier échange : qui lit tel<br />

passage ? Qui fait <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> ? On pourra accé<strong>de</strong>r à un premier sens après mise<br />

en commun. Ce pourrait être le lieu <strong>de</strong> mettre en lumière le schéma narratif et<br />

<strong>de</strong> comparer avec d’autres contes connus afin <strong>de</strong> voir si ce schéma se retrouve<br />

ailleurs.<br />

En fonction du niveau et du travail envisagé, on pourrait aussi envisager <strong>de</strong><br />

donner le conte en désordre (du plus simple ,3 parties, au moins aisé, les<br />

26


diverses parties du schéma narratif) et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux élèves, par groupe, <strong>de</strong><br />

remettre en ordre le conte. Une fois remis en ordre, on pourrait procé<strong>de</strong>r à un<br />

questionnaire, oral ou écrit, qui aurait divers axes possibles :<br />

I/<br />

• A quel type <strong>de</strong> texte avons-nous à faire?<br />

• A quel genre appartient-il ?<br />

Les réponses pourraient faire l’objet d’un tableau qui dégagerait <strong>la</strong> typologie <strong>de</strong>s<br />

textes étudiés en c<strong>la</strong>sse.<br />

II/<br />

• Quels sont les indices qui vous ont aidés à remettre ce texte dans<br />

l’ordre ? Le repérage <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation initiale peut se faire grâce aux temps<br />

(imparfait), aux indications spatiotemporelles (imprécisions) ; celui <strong>de</strong><br />

l’élément déclencheur par le changement <strong>de</strong> temps (passé simple et<br />

présence d’un « déictique » enfin à comparer à « un jour, tout à coup,<br />

soudain…) Enfin, on pourra continuer ainsi avec les différentes parties du<br />

schéma narratif.<br />

• On pourrait en « Maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue » s’intéresser à <strong>la</strong> conjugaison <strong>de</strong><br />

l’imparfait voire du passé simple (ébauche), au repérage du dialogue (tiret,<br />

passage à <strong>la</strong> ligne, verbes <strong>de</strong> paroles, temps du dialogue…)<br />

D’autres activités pourraient tourner <strong>de</strong> mots comme « discrimination »,<br />

« différence », « rejet » …Le Téléthon, encore récent,ainsi que <strong>la</strong> journée du 10<br />

décembre, serviraient aussi <strong>de</strong> point d’accroche.<br />

On pourrait commencer par un remue-méninges autour <strong>de</strong> ces mots et inscrire au<br />

tableau les propositions <strong>de</strong>s élèves. Ensuite, par groupes, on pourrait envisager<br />

<strong>de</strong> produire un panneau illustrant les mots et/ou thèmes retenus : cette<br />

production pourrait se faire à l’ai<strong>de</strong> poèmes, <strong>de</strong> peintures, <strong>de</strong> productions<br />

d’écrits, <strong>de</strong> compte rendus <strong>de</strong> lecture d’albums, <strong>de</strong> paroles <strong>de</strong> chansons (Cf. Lili<br />

<strong>de</strong> P. Perret, par exemple), <strong>de</strong> recherches sur Internet (listes <strong>de</strong> sites<br />

prédéfinis à consulter<br />

Dans un second temps, on pourrait peut-être envisager <strong>de</strong>s actions réelles ou<br />

virtuelles à mettre en p<strong>la</strong>ce, afin soit <strong>de</strong> dénoncer, soit <strong>de</strong> réduire les marques<br />

<strong>de</strong> discrimination (en fonction <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong>s élèves). Le travail engagé<br />

autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> dénonciation peut être le lieu d’ébaucher ce qu’est un argument, un<br />

slogan et donc donner lieu à une production.<br />

Enfin, peut-être envisager une ou plusieurs séances en arts p<strong>la</strong>stiques autour du<br />

thème : Guernica, Chagall (ci-<strong>de</strong>ssous…)<br />

27


Chagall, La crucifixion b<strong>la</strong>nche.<br />

Œuvre engagée qui dénonce le régime stalinien, les exactions nazies…La Crucifixion<br />

B<strong>la</strong>nche : est une œuvre engagée <strong>de</strong> Chagall. Il y dénonce le régime La Crucifixion<br />

B<strong>la</strong>nche : est une œuvre engagée <strong>de</strong> Chagall. Il y dénonce le régime et l'oppression<br />

dont les juifs sont victimes.<br />

28


DOSSIER PEDAGOGIQUE DU SPECTACLE « LE VILAIN PAS BEAU »<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie Courte Echelle<br />

(Au regard <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> l’école primaire)<br />

Références au socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences (Encart – B. O. n° 29 du 20 juillet 2006)<br />

5 – La culture humaniste<br />

…« La culture humaniste contribue à <strong>la</strong> formation du jugement, du goût et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité.<br />

Elle enrichit <strong>la</strong> perception du réel, ouvre l’esprit à <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s situations humaines, invite à <strong>la</strong> réflexion sur<br />

ses propres opinions et sentiments et suscite <strong>de</strong>s émotions esthétiques…<br />

Elle se nourrit <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> l’éducation artistique et culturelle.<br />

En donnant <strong>de</strong>s repères communs pour comprendre, <strong>la</strong> culture humaniste participe à <strong>la</strong> construction du sentiment<br />

d’appartenance à <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s citoyens, ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> formation d’opinions raisonnées, prépare chacun à <strong>la</strong><br />

construction <strong>de</strong> sa propre culture et conditionne son ouverture au mon<strong>de</strong> ».<br />

C<br />

Y<br />

Domaines Références aux programmes En amont : <strong>de</strong>s clés pour permettre<br />

l’entrée dans le spectacle<br />

Situations pédagogiq<br />

s’inscrire dans un pro<br />

29


C<br />

L<br />

E<br />

2<br />

Maîtrise du<br />

<strong>la</strong>ngage et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

française<br />

Education<br />

artistique<br />

« Le théâtre peut offrir l’occasion<br />

d’un projet plus é<strong>la</strong>boré. Il peut en<br />

être <strong>de</strong> même avec <strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges <strong>de</strong><br />

textes en prose ou en vers…<br />

…La littérature jeunesse offre <strong>de</strong> très<br />

nombreux exemples <strong>de</strong> pastiches et <strong>de</strong><br />

détournements… »<br />

Arts visuels<br />

« 2- Les compositions p<strong>la</strong>stiques<br />

…Si l’école maternelle a donné à<br />

l’enfant l’occasion <strong>de</strong> jouer avec <strong>de</strong>s<br />

objets et <strong>de</strong>s formes et lui a permis <strong>de</strong><br />

découvrir qu’on pouvait les détourner,<br />

les activités du cycle 2 l’incitent à<br />

transformer avec une intention <strong>de</strong> plus<br />

en plus explicite une chose en une<br />

autre : déstructurer les objets,<br />

reprendre <strong>de</strong>s formes connues et les<br />

agencer, isoler un fragment et associer<br />

Apports culturels<br />

Lire :<br />

- le conte traditionnel « Le vi<strong>la</strong>in petit<br />

canard » d’An<strong>de</strong>rsen,<br />

- <strong>de</strong>s contes détournés,<br />

- <strong>de</strong>s albums illustrés avec <strong>de</strong>s objets<br />

détournés,<br />

- <strong>de</strong>s albums sur <strong>la</strong> différence, sur<br />

l’exclusion.<br />

Présenter <strong>de</strong>s œuvres d’artistes<br />

détournant <strong>de</strong>s objets.<br />

Productions collectives o<br />

- Ecrire un texte en détou<br />

- Illustrer un texte av<br />

détournés<br />

30


C<br />

Y<br />

C<br />

L<br />

E<br />

2<br />

<strong>de</strong>s éléments d’origines différentes en<br />

variant les moyens d’assemb<strong>la</strong>ge. Les<br />

ressources et les objets <strong>de</strong> l’environnement<br />

sont reconnus comme <strong>de</strong>s<br />

réservoirs <strong>de</strong> matières et <strong>de</strong> formes sur<br />

lesquelles l’élève peut intervenir<br />

(réemploi, recyc<strong>la</strong>ge, montage,<br />

col<strong>la</strong>ge, assemb<strong>la</strong>ge, agencement,<br />

instal<strong>la</strong>tion…). »<br />

(*) Pour information : Exposition Olivier Thiébaut du 13 octobre 2007 au 5 janvier 2008 à <strong>la</strong><br />

Médiathèque d’Argentan<br />

31

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