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Interview avec le Dr. David Hercot sur le - Médecins du Monde

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Aujourd’hui conseil<strong>le</strong>r des grands, il était auprès des plus<br />

pauvres.<br />

<strong>Interview</strong> <strong>avec</strong> <strong>le</strong> <strong>Dr</strong>. <strong>David</strong> <strong>Hercot</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> système de santé congolais.<br />

<strong>David</strong> <strong>Hercot</strong> a coordonné la mission MdM au Kasaï de janvier 2003 à juin 2004.<br />

Il est aujourd’hui spécialiste en politiques internationa<strong>le</strong>s de santé au département « Santé<br />

publique » de l’Institut de Médecine Tropica<strong>le</strong> à Anvers.<br />

Six ans plus tard, il revient <strong>sur</strong> sa mission : « Nous avions remis <strong>le</strong> système de santé en route<br />

après la guerre et réalisé une grande campagne de vaccination <strong>sur</strong> la zone de Tshofa dans <strong>le</strong><br />

Kasaï oriental. Nous distribuions des moustiquaire et faisions de l’é<strong>du</strong>cation à la santé ».<br />

Avez-vous un souvenir particulier ?<br />

DH : Oui, la rénovation de la maternité de l’hôpital de Tshofa [ndlr : el<strong>le</strong> fonctionne toujours et très<br />

bien]. A côté de la maternité, nous avions bâti ce que nous appelions une « maison d’attente ».<br />

Comme <strong>le</strong>s distances étaient très longues, <strong>le</strong>s femmes n’avaient pas <strong>le</strong> temps de <strong>le</strong>s parcourir<br />

entre <strong>le</strong>s contractions et l’accouchement. De plus, <strong>le</strong>urs seuls moyens de locomotion sont la<br />

marche ou <strong>le</strong> vélo, ce qui n’est pas conseillé en fin de grossesse. Alors nous avions construit une<br />

maison où el<strong>le</strong>s pouvaient attendre. Les équipes de terrain y envoyaient <strong>sur</strong>tout <strong>le</strong>s femmes<br />

ayant une grossesse à risque : bassin très étroit, 4 ème accouchement ou plus, cel<strong>le</strong>s qui avaient<br />

déjà eu une césarienne…<br />

Vous avez quitté <strong>avec</strong> quel sentiment ?<br />

DH : J’étais heureux des progrès accomplis. L’approche de MdM y était pour beaucoup : venir en<br />

appui au système, former <strong>le</strong> personnel de santé, fournir des médicaments de qualité, payer des<br />

primes au personnel, primes qui sont pratiquement <strong>le</strong>ur seul salaire. L’argent arrivait vraiment <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> terrain et on avait une assez bonne couverture des besoins.<br />

N’est-ce pas toujours <strong>le</strong> cas ?<br />

DH : Non. En RDC, peu des zones sont appuyées par <strong>le</strong>s ONG. Et la faib<strong>le</strong>sse de l’Etat ne<br />

garantit pas que l’argent arrive <strong>sur</strong> <strong>le</strong> terrain. Dans <strong>le</strong> métier, on dit que l’argent doit al<strong>le</strong>r <strong>du</strong> haut<br />

vers <strong>le</strong> bas (c’est-à-dire <strong>du</strong> Ministère jusqu’au médecin). Actuel<strong>le</strong>ment, c’est l’inverse : une partie<br />

de ce que <strong>le</strong> patient paie finance plus ou moins officiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s services de la province et de<br />

l’Etat central.


Si vous deviez citer deux défis <strong>du</strong> système de santé congolais :<br />

DH : Le premier est évident : réussir la décentralisation. La responsabilité politique de la santé<br />

est passée de l’Etat central aux Provinces mais c’est encore fort <strong>sur</strong> papier. Le second défi est<br />

moins connu et moins partagé par tous : il s’agit d’intégrer <strong>le</strong> secteur de santé privé dans <strong>le</strong><br />

système général. Dans certaines régions et certains secteurs, <strong>le</strong> système de soins de santé est<br />

complètement privatisé. Non par choix politique mais parce que l’Etat est tel<strong>le</strong>ment absent que <strong>le</strong><br />

personnel médical s’organisent eux-mêmes. C’est là que la population va chercher <strong>le</strong>s soins. Il<br />

faut donc intégrer <strong>le</strong> privé dans la réf<strong>le</strong>xion <strong>sur</strong> l’avenir <strong>du</strong> système de santé et travail<strong>le</strong>r <strong>avec</strong> lui.<br />

L’Etat doit prendre cela en compte et arriver à contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> privé comme <strong>le</strong> public.<br />

* Propos recueillis par Pierre Verbeeren, Directeur Général MdM-Belgique.

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