103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Actes
du colloque 2003
deux férus de littérature, de poésies, et d'art en général. Très vite grands
amis, ils cherchent, et avec eux leurs camarades d'Henri-IV Edouard Julia et
Claudius-Jacquet, à connaître Paris et ce qui est « nouveau ». Ils se passionnent
pour les petites revues « d'avant-garde », et visitent les expositions de
peinture où se trouve la créativité, là ou sont les Impressionnistes, Cézanne,
Van Gogh, Gauguin, et les Nabis. Les salons battent alors leur plein : celui des
Champs-Elysées, des Indépendants, de la Rose + Croix chez Durand-Ruel...
En juin, Jarry échoue pour la seconde fois à son concours d'entrée à
l'E.N.S., et il ne semble pas, mais l'on ne s'est guère interrogé là-dessus, que
Fargue ait passé la première partie du baccalauréat comme il aurait dû.
À la rentrée de 1892-93, Jarry se réinscrit en Rhétorique supérieure (pour
la troisième fois), tandis que pour Fargue la situation est plus confuse. Son
inscription à Henri-IV en octobre 92, redoublant, lui aussi, sa classe de rhétorique
(l rc) est maintenant avérée. Nous avons pu retrouver dans les archives
Fargue une photo de classe" où Fargue figure, prise dans la cour d'Henri-
IV en 1892-93. Celle-ci est bien différente de celle qui fut publiée naguère
par le Collège de 'Pataphysique et, évidemment, Jarry ne figure pas dessus
puisqu'il n'était pas dans la même classe. L'ambiguïté a longtemps été entretenue
du fait que Fargue disait avoir suivi certains cours, notamment celui
de Bergson, avec Jarry, A. Thibaudet, L. Laloy, etc. En fait, on sait par le livre
d'André Chaumeix, Le Lycée Henri-IV, que les élèves de différentes sections
pouvaient être regroupés pour certains cours magistraux ou conférences,
et que les élèves étaient nommés à cette occasion « vétérans et nouveaux ».
Jarry faisait partie de la première catégorie et Fargue de la seconde. On va
voir que Fargue emploiera ce terme dans une de ses lettres à Jarry.
Cependant au printemps 1893, en pleine année scolaire, Fargue est retiré
du lycée par ses parents et envoyé en Allemagne, à Cobourg, en séjour d'étude
pour le reste de l'année scolaire. Il semble qu'une double cause soit à l'origine
de cette brusque interruption dans les études. En publiant les lettres de
Cobourg de Fargue à Jarry et à ses parents, Jean-Paul Goujon a montré que
le problème était, aux yeux du père, Léon Fargue, d'une part les fréquentations
de son fils, et en particulier Jarry, d'autre part un différend important
avec l'administration du lycée 9. Et ces lettres disent beaucoup : ainsi, en pre-
8. Cf. L. de Freitas, « Les archives L.-P. Fargue », op. cit. ; la photo présentée par le
Collège de 'Pataphysique, où ce n'est nullement Fargue à côté de Jarry, l'était dans
l'Expojarrysition (n° 162) et a été publiée notamment dans Peintures, gravures et
dessins d'Alfred Jarry, op. cit.
9. On peut avancer (les recherches sont en cours, nous attendons les preuves) que le
problème était lié à l'état civil et au nom d'inscription de Léon-Paul — celui-ci ne fut en
effet reconnu par son père qu'en juin 1892 et, légalement, il devait antérieurement porter
le nom de sa mère : Aussudre.
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