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103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

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Actos<br />

du colloque <strong>2003</strong><br />

même que s'élaborent précisément les théories de la transformation métabolique<br />

de la nourriture en énergie, notamment celles de l'échange -le nom dit<br />

tout- calorique (Rùbner, en 1894). Comme le note Phillipe Tissié, sur lequel<br />

je reviendrai, dans La fatigue et l'entraînement physique (1897).<br />

« Le corps humain est une machine qui brûle du charbon en s'usant, il<br />

faut donc lui donner <strong>des</strong> aliments protéiques pour la réparer et <strong>des</strong> aliments<br />

glycogènes pour entretenir la combustion 9. »<br />

Le sucre du sang constituant le principal combustible de cette machine, il<br />

faut donc fournir du sucre qui accroît le pouvoir musculaire et retarde la fatigue,<br />

selon <strong>des</strong> taux diversement calculés (6 à 10 g pour un litre d'eau, selon<br />

Mosso et Paoletti). Il peut être envisagé, voire tentant, d'y joindre <strong>des</strong> substances<br />

excito-motrices (café ou tabac — dont on fait alors grand cas), mais la tentation<br />

doit être aussitôt repoussée, comme le note Tissié à propos <strong>des</strong> « liqueurs<br />

sportives » dans une métaphore savoureuse, très d'époque : elles constituent<br />

un danger en jouant « le rôle d'agent provocateur du système nerveux en<br />

l'obligeant à fonctionner plus fortement. Quand l'émission de force dépasse la<br />

somme <strong>des</strong> réserves physiologiques variant avec chaque sujet, l'excito-moteur<br />

provoque un état pathologique par fatigue du système nerveux »'". On voit<br />

en tous cas que la question de la Perpétuai Motion Food, cet « aliment du<br />

moteur humain qui retarderait indéfiniment, le réparant à mesure, la fatigue<br />

musculaire et nerveuse »", loin d'être de la pure science-fiction, n'est que la<br />

radicalisation d'un sujet brûlant — même si ce n'est que <strong>des</strong> calories- dans le<br />

champ médical de l'époque. Qu'elle soit à base de strychnine — bien que les<br />

premiers « dopés » du peloton y auraient eu recours — et d'alcool ne fait que<br />

répéter et inverser un tabou absolu. Tous ces travaux s'accordant à reconnaître<br />

la nocivité de l'alcool dans ce régime énergétique, une telle interdiction ne<br />

pouvait que pousser à <strong>Jarry</strong> à la provocation.<br />

MAIS plus que <strong>des</strong> solutions, ce que l'époque va produire en masse,<br />

ce sont <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> <strong>des</strong>tinées à mesurer et l'énergie, et la fatigue. Un<br />

<strong>des</strong> exemples les plus connus de ces travaux est le livre d'Angelo Mosso, la<br />

Fatica, traduit en France en 1894. Mosso reprend et définit le ton de l'époque,<br />

avec toujours la même métaphore machinique :<br />

« Notre corps ne peut être assimilé à une locomotive qui brûle une<br />

9. Tissié, Phillipe, La fatigue et l'entraînement physique, Paris, Alcan, 1897, p. 5.<br />

10. /b/d, p. 21.<br />

11. <strong>Jarry</strong>, op. cit, p. 192.<br />

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