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103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

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Frédéric Chanibe<br />

par M. Arrivé (O. C. I, p. 1135). Car on pourrait assez facilement transposer<br />

l'alphabet entier dans <strong>des</strong> figures héraldiques. Or, <strong>Jarry</strong> se contente de<br />

trois : le chef contrepalé (formule héraldiquement absurde : le « tau » serait<br />

préférable, et ne serait d'ailleurs pas hors sujet), le trescheur et le pairie<br />

deviennent les trois lettres majuscules ci-<strong>des</strong>sus. Les trois formes géométriques<br />

du blason sont trois « graphèmes », qui s'unissent pour constituer un<br />

« morphème ». C'est l'inverse <strong>des</strong> lettrines ornées <strong>des</strong> manuscrits du Moyen-<br />

Âge, où le graphème se fait paysage, visage, <strong>etc</strong>. <strong>Jarry</strong> prend l'image à la lettre.<br />

Mais ce faisant, curieusement, il réinjecte une dose de double articulation<br />

du signe dans un domaine qui en est théoriquement dépourvu. Il s'agit<br />

bien de confondre les plans.<br />

Dispositif héraldique de l'Acte<br />

L'Acte héraldique occupe évidemment, de fait et de droit, une place de<br />

choix dans notre étude, entre autres à cause de son intitulé. Il comporte<br />

douze blasonnements, inaugurant autant de scènes, dont ils décrivent (si l'on<br />

peut dire) le dispositif scénique. Les douze scènes se déroulent sur fond de<br />

couleurs héraldiques : le noir (sable) aux scènes i et n, puis x et xn ; le vair<br />

(fourrure en bleu et blanc), aux scènes m à vu ; enfin, le pourpre à la scène vin,<br />

le rouge (gueules) à la scène ix et l'or (jaune) à la scène xi. Nous nous abstiendrons,<br />

sur ce dispositif de couleurs, de toute hypothèse interprétative.<br />

En dehors de la scène vm, César-Antechrist attend l'Acte dernier pour<br />

prendre la parole en tant que personnage. Ici, il n'apparaît que dans les<br />

blasonnements <strong>des</strong> scènes m à vu, qui l'associent donc au fond de vair, et qui<br />

le désignent par sa position : successivement « en chef, d'or et carnation »,<br />

puis simplement « en chef», puis « couché » à la fin de la scène iv. Enfin, il<br />

est « en fasce abaissée ». Il apparaît encore, implicitement, dans l'expression<br />

« aux MÊMES ». Le « chef » et la « fasce » sont <strong>des</strong> figures horizontales. Qu'il<br />

s'agisse du « chef » (tiers supérieur de l'écu) ou de la « fasce abaissée » (tiers<br />

médian de l'écu, disposé plus bas que la normale), César-Antechrist est, de<br />

toute façon, « couché ». Ce terme invite à ne pas chercher trop loin l'origine<br />

de 1' « erreur » de blasonnement à la scène îx.<br />

Ensuite, les éléments héraldiques du décor eux-mêmes, en tant que motifs,<br />

s'animent : « À chaque mouvement <strong>des</strong> Hérauts porteurs de torches-tulipes<br />

bleues, le fond de vair déplacé, glace qui craque, se disloque et choque en<br />

arpèges de cloches. » Là encore, <strong>Jarry</strong> prend au pied de la lettre le vocabulaire<br />

du blason. À la scène vi, même animation : «Au BATON-A-PHYSIQUE,<br />

pal ou fasce de gueules, roulant sur ses extrémités. ». Pal ou fasce 24 : voilà<br />

l'identité <strong>des</strong> contraires. Cette formule, héraldiquement absurde, est délibérée.<br />

Le vertical est l'horizontal, et vice-versa, et la double figure figée est<br />

24. Voir aussi le raisonnement d'Ibicrate, O. C. I, pp. 729-730.<br />

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