103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
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Frédéric Chumbe<br />
I - Le panorama héraldique<br />
LE BLASON est une image peinte ou gravée sur l'écu (ou brodée<br />
sur la bannière) du chevalier, marque de reconnaissance au combat.<br />
Au fil du temps, l'héraldique s'est codifiée, jusqu'à devenir une spécialité<br />
de généalogistes, une galerie de belles images, le siège de prétentions,<br />
justifiées ou non, à la noblesse. Au bout du compte, elle est un carrefour<br />
notionnel : tout à la fois art, langage, code, science, doctrine, théorie, système<br />
(et autres), elle a pour fonction de figurer une entité (famille ou autre)<br />
au moyen de quatre sortes de marques :<br />
— <strong>des</strong> couleurs : « métaux » (or = jaune, argent = blanc) ; « émaux » (quatre<br />
ou cinq, selon les sources 2 : gueules = rouge, azur = bleu, sable - noir,<br />
sinople = vert, avec éventuellement le pourpre) ; « fourrures » (l'hermine et<br />
le vaif) en diverses variantes. Les couleurs, dans la gravure noir/blanc, se<br />
différencient par le <strong>des</strong>sin : points, hachures, zébrures, <strong>etc</strong>. ;<br />
— <strong>des</strong> partitions de l'écu (verticales, horizontales, diagonales diversement<br />
combinées, et parfois d'une complexité byzantine, du fait de filiations,<br />
d'alliances ou de conquêtes territoriales) ;<br />
— <strong>des</strong> pièces honorables (figures géométriques telles que pal, fasce,<br />
giron, pile, cotice, pour ne citer que celles que nous rencontrerons ici). La<br />
pièce honorable peut à l'occasion se faire partition de l'écu ;<br />
— <strong>des</strong> meubles (innombrables objets : artisanaux, minéraux, végétaux,<br />
animaux, humains, plus ou moins stylisés). Ici, tout est possible. Par exemple,<br />
l'Italien Barthélémy Coglione (en italien : couillon) fut autorisé par<br />
René d'Anjou à « porter » par « homonymie » : « écartelé <strong>des</strong> armes d'Anjou<br />
ancien, et d'argent coupé de gueules à trois paires de testicules attachés<br />
de l'un en l'autre » (on verra ci-<strong>des</strong>sous ce que sont les « armes parlantes »).<br />
La langue héraldique, comme toute langue technique, se préoccupe au<br />
premier chef d'exactitude et d'efficacité. À ce titre, la synonymie lui est interdite<br />
: les mots ont un seul sens, et chacun est le seul à le détenir. Elle n'est<br />
pas faite pour exprimer, mais pour décrire et expliquer. Il ne saurait y avoir<br />
d'herméneutique héraldique. Blasonner se réduit à combiner diversement<br />
<strong>des</strong> termes puisés dans un corpus limité, répartis, si l'on veut bien, en un<br />
lexique et une syntaxe.<br />
D'une part, le vocabulaire est composé de mots rares ou disparus, comme<br />
otelle, alérion, saffre, redorte, gumène, <strong>etc</strong>. ; ou de mots du langage courant,<br />
mais pris dans <strong>des</strong> acceptions complètement inédites, tels vol, brisure,<br />
rampant, sommé, versé, massacre, rustre, diffamé, <strong>etc</strong>. On est bien obligé<br />
de recourir à <strong>des</strong> ouvrages comme le Dictionnaire <strong>des</strong> termes du Blason,<br />
de Rietstap, qui nous servira ici, principalement.<br />
2. Le nombre de ces émaux serait porté à une quinzaine au cours du temps.<br />
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