103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Daniel Zinszncr
monde un archéoptéryx, ce qui, paradoxalement pour l'époque est d'une
grande nouveauté.
Découvert en 1861, il comble d'aise les évolutionnistes puisqu'il présente
des caractères reptiliens et aviaires et permet d'inférer que les oiseaux
actuels ont pour ancêtres un rameau dinosaurien. D'autres vestiges ont
depuis augmenté la série, de tailles variables, du titanoptère au ptérodactyle,
mêlant écailles et plumes, becs et mâchoires... La Mère Ubu (Tout Ubu,
Livre de poche, p. 252) ne cache pas son enthousiasme :
« C'est lui le bel oiseau, le coco! Je
le reconnais. »
Et elle fournit des précisions qui
ont toutes les chances de provenir
d'une encyclopédie ou d'une revue
de vulgarisation scientifique (qui
resteraient à identifier) :
« Il a bien toujours (mais il grandira!)
— 0 m 25 de long, 0 m 30
avec les pattes allongées, 0 m 05 de
diamètre, 0 m 25 d'envergure, 0 m
08 d'oneilles, 0 m 04 de queue. Il
peut voler dans les airs. »
Le Père Ubu (op. cit., p. 253),
lui, accumule les références et fait
du rejeton un véritable carrefour
zoologique :
« Nous sommes père d'un bel
L'archéoptéyx oiseau, cornegidouille! Il nous
paraît préhistorique, croisé vampire-archéoptéryx,
ichtyornis, avec de nombreuses qualités des chéiroptères,
léporides, rapaces, palmipèdes, pachydermes et porcins! Nous
regrettons presque de ne l'avoir point nous-même engendré. »
C'est à un véritable safari à travers la nomenclature ou l'index d'un traité
d'histoire naturelle que se livre le Père Ubu, tout à fait en accord avec son
côté vandale. L'allusion aux chauves-souris (vampire et chéiroptère) est
intéressante : la « trompe » du volatile de la gravure pourrait très bien être
destinée à aspirer le sang frais plutôt que le nectar... Mais le P. U. en rajoute
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