103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Laurent de Freitas
« Suggérer au lieu de dire, faire dans la route des phrases un carrefour
de tous les mots » 40.
Et puis le goût et la pratique du dessin et de la peinture, du bois gravé, le
goût de l'estampe, l'attrait pour l'image, tout cela est un fond commun aux
deux amis. Fargue hésite un moment entre la peinture et écrire, il peint à
Pont Aven, donne des bois gravés à Paul Fort, et continuera toute sa vie à
peindre et à dessiner.
Jarry, au cours de sa brève existence, montrera toujours son attrait pour
l'image, la représentation symbolique, notamment au travers de L'Ymagier
et de Perbindérion, mais aussi des bois qu'il gravera pour ses livres, des
Minutes à Ubu, sans parler de la marionnette d'Ubu ou du Théâtre des
Pantins.
Mais c'est aussi probablement la peinture, à travers l'affaire Filiger, qui va
déclencher l'éloignement de Fargue et de Jarry. Pour la période 1895-97, l'absence
quasi totale de documents directs et le silence de Fargue et Jarry semblent
prouver qu'ils ne se voient plus, même s'il leur arrive de se côtoyer, au
Mercure de France, à l'Œuvre, ou à la rédaction du Centaure. La séparation
est consommée au moment où vont paraître Les Minutes de sable mémorial
et Tancrède.
Laurent de Freitas
40. À ce sujet, voir l'article de : Henri Béhar, « la culture potachique à l'assaut du
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symbolisme », op. cit., pp. 20-21 notamment.