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103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

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Actes<br />

du colloque <strong>2003</strong><br />

tre le pont du chemin de fer. Au hasard <strong>des</strong> flâneries et <strong>des</strong> cafés, nous<br />

le découvrîmes un jour, Alfred <strong>Jarry</strong> et moi-même. Il finit, non sans réfléchir,<br />

par nous emmener dans son atelier. Il ne devait pas tarder d'ailleurs<br />

à faire notre portrait chacun à notre tour. Il m'avait représenté, moi, avec<br />

la barbe en pointe que je portais alors, devant une fenêtre où défilait un<br />

chemin de fer empêtré d'une fumée lourde comme le panache d'un chevalier...<br />

Je ne sais ce qu'est devenu ce portrait, qu'il ne m'avait d'ailleurs<br />

pas donné. Il avait coutume de dire, à cette époque : « Nous avons quatre<br />

grands écrivains : M. Octave Mirbeau, M. <strong>Jarry</strong>, M. Fargue et M. Prudent-<br />

Dervillers. » (Ce dernier était le conseiller municipal du quartier.) » 33.<br />

Tel qu'il le raconte dans cet extrait, on voit que Fargue associe <strong>Jarry</strong> d'emblée<br />

à sa rencontre avec Henri Rousseau, et nous apprenons que le peintre fit<br />

également son portrait, tout comme celui de <strong>Jarry</strong>. Mais nous y reviendrons.<br />

On a vu que Fargue visita avant de partir à Cobourg le Salon <strong>des</strong><br />

Indépendants de 1893 et conseilla dans sa lettre à <strong>Jarry</strong> de le visiter mais on<br />

ne sait si l'un ou l'autre y remarquèrent spécialement les toiles de Rousseau.<br />

Quoiqu'il en soit, il semble que <strong>Jarry</strong> et Fargue rencontrèrent celui-ci au cours<br />

de ce printemps 1894 puisque une lettre 34 de Rousseau à <strong>Jarry</strong> du 26 juin 1894,<br />

la seule connue, atteste déjà de leur relation amicale, le Douanier s'occupant<br />

du déménagement de <strong>Jarry</strong> et souhaitant « une bonne santé aux chevaliers<br />

de la palette », groupe dans lequel on peut sans doute inclure Fargue !<br />

Originaire comme <strong>Jarry</strong> de Laval, bien que beaucoup plus âgé que lui<br />

puisque né en 1844, Rousseau connaissait en effet la famille et notamment le<br />

père de <strong>Jarry</strong> dont il fut le condisciple et se retrouvait là avec un « païs », ce<br />

qui ne pouvait encore que les rapprocher. Et en effet, dès la lettre de juin 94,<br />

on découvre que Rousseau commence aussitôt le fameux portrait de <strong>Jarry</strong><br />

qui sera exposé l'année suivante (1895) au Salon <strong>des</strong> Indépendants sous l'appellation,<br />

ô ironie, de Portrait de Madame A.J.<br />

Les cheveux longs de <strong>Jarry</strong> avaient induit le rédacteur du catalogue en<br />

erreur, et seule une <strong>des</strong>cription de cette toile dans la revue L'Idée moderne^<br />

permet justement de s'en faire une idée puisque, d'après Apollinaire 36, le<br />

tableau fut en partie brûlé et détruit par <strong>Jarry</strong> lui-même. <strong>Jarry</strong>, vêtu de noir et<br />

assis, était entouré d'un hibou et d'un caméléon, dont la langue allant à son<br />

33. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris, Gallimard, 1939, rééd. «L'Imaginaire», 1993,<br />

pp. 146-153.<br />

34. Noël Arnaud, Alfred <strong>Jarry</strong>, La Table Ronde, 1974, p. 112.<br />

35. Louis Lormel, « Les Indépendants », L'Idée Moderne, 15 avril 1895 et Gustave Coquiot,<br />

Les Indépendants (1884-1920), Paris, 1920.<br />

36. G. Apollinaire, « Le Douanier », Les Soirées de Paris, n° 20,15 janv. 1914, repris dans :<br />

Il y a, Messein éd., 1925, p. 152.<br />

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