103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Laurent de Freitas
Entrant dans la cathédrale de Bruxelles je tombe sur... P. N. Roinard!
Et son allure est maintenant celle d'un proscrit. [...]
Cela m'amuserait de voir la Cocarde depuis que Barrés s'en est
emparé. Tu serais tout à fait chouette en m'en envoyant un n° ou deux.
Amicalement à toi. »
Ainsi on le voit Fargue et Jarry se sont éloignés durant l'été 94, mais tout
ce petit monde gravite autour des mêmes revues, des mêmes lieux d'exposition,
autour des mêmes préoccupations esthétiques et littéraires. Les deux
amis ne peuvent manquer de se rencontrer. Leurs goûts sont très proches,
notamment pour la peinture où leurs critiques citent les mêmes noms.
Néanmoins il ne semble pas s'être « remis avec Jarry l'Horrible », selon les
termes de Jourdain, et l'on ne les perçoit plus « associés » comme auparavant.
Henri Rousseau, Douanier !
FARGUE de son côté publie en octobre dans le Mercure une critique de Vers
de Francis Jammes, et il donne encore à la fin de l'année à L'Art littéraire
une dernière critique sur le livre Presque les doigts aux clefs de Paul FortM. Jarry a pour sa part le plaisir de voir paraître aux éditions du Mercure de
France son premier livre Les Minutes de sable mémorial, et de lancer avec
Gourmont la revue d'estampes L'Ymagier. Mais en novembre il doit partir à
Laval pour son service militaire. Fargue, lui, reste à Paris et semble se lier à ce
moment à Henri J.-M. Levet et André Lebey.
Néanmoins il est encore deux personnes qui vont à nouveau réunir
Fargue et Jarry durant les années 1895-97. La première est le poète Paul Fort
qui les fera collaborer tous deux, probablement sans qu'ils se rencontrent,
à ses propres livres, les Ballades,** sous forme de dessins ou bois gravés.
Enfin la deuxième personne, qui nous intéresse plus particulièrement, est le
peintre Henri Rousseau.
Concernant la rencontre avec le Douanier Rousseau, on dispose d'un texte
de Fargue paru dans le chapitre « Montparnasse » du Piéton de Paris :
« Je ne saurais terminer cette promenade dans Montparnasse sans rappeler
que la première lampe qui s'alluma pour éclairer ce quartier désormais
célèbre dans le monde entier fut une vieille lampe à barbe, celle du
Douanier Rousseau, qui habitait vers 1895 à l'avenue du Maine, tout con-
31. L.-P. Fargue, « Vers de F. Jammes », Le Mercure de France, n° 58, octobre 1894, p. 81
et « Presque les doigts aux clefs de Paul Fort », UArt littéraire, nouvelle série, n°11-12,
3° année, nov-déc. 1894, pp. 184-185.
32. Paul Fort, Ballades, Éditions du Livre d'Art et de l'Épreuve, 1896.
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