103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Actos<br />
du colloque <strong>2003</strong><br />
Et pour confirmer cela, on se reportera au contenu d'une lettre de<br />
F. Jourdain à Fargue, non datée, mais où le texte (la prise de possession de<br />
la revue La Cocarde par Barrés) permet de proposer comme date approximative<br />
l'automne 1894. Intéressante à plus d'un titre, Jourdain y fait référence<br />
à <strong>Jarry</strong>, à une brouille avec celui-ci, et aux amis de l'époque : Cremnitz,<br />
Thomas, Emile Bernard, duquel il est très proche, ainsi qu'à Gauguin, Barrés,<br />
et au procès <strong>des</strong> Trente (le procès <strong>des</strong> anarchistes, ouvert le 6 août 1894). La<br />
lettre commence par :<br />
« Beau Fargue [après s'être excusé de ne pas avoir écrit plus tôt,<br />
Jourdain poursuit :]<br />
J'attends très prochainement un mot de toi me donnant l'adresse de<br />
Cremnitz et me racontant force histoires et tu as bien plus de choses à<br />
déblagouler [sic] que moi.<br />
L'emploi de mon temps depuis notre séparation?<br />
15 jours à Villiers avec Thomas — 5 jours de folle gaîté — gaîté sans<br />
raison d'ailleurs et que ton rôle d'esthète ne t'eut [sic] peut-être pas permis<br />
d'approuver.<br />
Sache (Horreur) que Thomas dégote Willy pour les calembourgs [sic]<br />
et les à peu près, [...suit la <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> différents lieux de vacances<br />
qui se termine ainsi : ]<br />
Et me voici à Bénerville près Trouville, Calvados, en face la mer, lisant<br />
du Verlaine — Vive la vie, comme disait notre collègue et ami dans la<br />
pièce de Beaubourg.<br />
Que deviens-tu ? Je ne doute pas que tu sois tout à fait remis avec <strong>Jarry</strong><br />
l'Horrible. Donne-moi aussi <strong>des</strong> nouvelles de Cremnitz... Dis moi aussi ce<br />
que peut avoir d'intéressant le tout Paris artistique et mondain.<br />
J'ai reçu une lettre de Bernard. Sur mon conseil il a relu les Paroles<br />
d'un croyant de Lamennais, et il admire comme moi pleinement ce maître<br />
[sic] qu'il y a moins d'un an il traitait de protestant.<br />
« C'est odieux » s'écrie-t-il en parlant du procès <strong>des</strong> Trente qu'il a lu làbas.<br />
Il semble tourner à une anarchie chrétienne modérée qui pourrait bien<br />
devenir très violente. Il me dit aussi qu'il faut faire grand cas du peuple et<br />
respecter quiconque se dévoue à une idée. Il y vient, il y vient !!.... Sa lettre<br />
commence par <strong>des</strong> reproches [...] Ayant lu mon nom au Mercure parmi les<br />
convives d'un diner [sic] où était Gauguin (le banquet Redon aux têtes de<br />
bois) il croit à ma désertion de lui pour passer dans un camp sinon ennemi<br />
du moins hostile pour <strong>des</strong> raisons d'ambitions particulières.<br />
renvoie à une attitude de potache, nous séduit énormément.<br />
De môme que dans Henri Béhar, « La culture potachique à l'assaut du symbolisme »,<br />
Europe, n° 623-624, mars-avril 1981.<br />
25