103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Laurent de Freitas
De celui-ci il remarqua notamment le tableau La Guerre qu'il décrira
à sa manière:
« [...] De curieux H. Rousseau : La guerre sur l'horizontalité hérissé de
son cheval effrayé, par-dessus le cadavre translucide d'axolotls [...] »
Lin mois plus tard, introduit à son tour à la revue Les Essais d'art libre, Jarry
revient sur ce même tableau :
« De Henri Rousseau, surtout La Guerre. Elle passe effrayante laissant
partout le désespoir, les pleurs, la ruine. De ses comme péroniers
le cheval tend dans le prolongement effaré du cou sa tête de danseuse,
les feuilles noires peuplent les nuages mauves et les décombres courent
comme des pommes de pins, parmi les cadavres aux bords translucides
d'axolotls, étiquetés de corbeaux au bec clair. »
On sait par ailleurs que ce tableau marqua assez Jarry pour qu'il en reproduise
peu après une lithographie, exécutée par un ami de Rousseau, le peintre
Louis Roy, dans L'Ymagier 14 .
Mais avant de nous intéresser au Douanier, revenons aux rencontres et
publications des deux amis au printemps 1894. Pour ce qui est de leurs affinités
artistiques, les sommaires que nous venons de feuilleter des nombreuses
critiques qu'ils publièrent durant ce premier semestre 1894 ont suffisamment
montré leur goût commun. Pour les rencontres, c'est une période fertile,
et particulièrement riche en projets et nouveautés. Après L'Art littéraire
et Les Essais d'art libre, les jeunes gens cherchent à s'introduire dans le
milieu du Mercure de France. Ce sera chose faite par l'entremise de Marcel
Schwob. Très vite Fargue et Jarry se lient avec Gourmont et échafaudent,
on l'a vu, le projet d'un livre d'étrennes. Tous deux assistent aux mardis du
Mercure animés par Rachilde, et seront invités bientôt chez Mallarmé. Jarry
achète quelques actions du Mercure à Vallette, et lui propose son drame qui
deviendra, après avoir changé de titre, Haldernablou, lequel sera publié en
juillet 25. Fargue fait également son entrée au sommaire du Mercure, ce même
mois, par une critique de Premières lueurs sur la colline de P. Fort.
24. L'Ymagier, n° 2, janvier 1895.
25. Alfred Jarry, « Haldernablou », Le Mercure de France, n° 55, juillet 1894.
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