103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
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L'Étoile-Absinthe<br />
tournées <strong>103</strong>-<strong>104</strong><br />
entre l'œil et le spermatozoaire pose un<br />
épineux problème à l'herméneutique,<br />
car elle est sans doute trop féconde en<br />
interprétations possibles (comme celle<br />
de l'œil et du sexe féminin chez Bataille<br />
et Bellmer).<br />
Reste à déterminer pourquoi l'encre<br />
et les yeux sont pailletés. Il est vrai que<br />
pour les yeux cette <strong>des</strong>cription est assez<br />
courante; Jules Huret, admirant son<br />
interlocuteur Octave Mirbeau, parle de<br />
« son œil vert pailleté d'or, comme strié »<br />
(Enquête sur l'évolution littéraire, 1891).<br />
Sauf erreur ou omission, cette observation<br />
n'a jamais été faite à propos de <strong>Jarry</strong>.<br />
Quant à l'encre pointillée d'or, on sait<br />
qu'il en existait de déjà préparée (voir la<br />
note dans l'édition du Cymbalum). On<br />
pouvait aussi rendre ses écrits plus chatoyants<br />
en utilisant, comme J.H. Fabre,<br />
« du sable à sécher l'écriture, du sable<br />
bleu semé de paillettes dorées de mica »<br />
(Souvenirs entomologiques, première<br />
série (1879), chapitre 18).<br />
Voilà pour les faits.<br />
Les yeux de Faustroll sont d'encre car<br />
il est livre, et ils sont d'or comme ceux<br />
<strong>des</strong> hiboux dans le bestiaire de <strong>Jarry</strong>.<br />
Le hibou à <strong>des</strong> « besicles d'or » (O. C. I,<br />
p. 179), et ses « mamelles d'or » sont les<br />
yeux du « nyctalope aux caves cymbales<br />
» (p. 225), qui voit plus que dans la<br />
nuit puisque <strong>Jarry</strong> fait de lui le prophète<br />
de la mort (p. 179). Rappelons que, dans<br />
le deuxième <strong>des</strong> « Lieds funèbres », les<br />
yeux <strong>des</strong> hiboux qui ont « souvent fixé »<br />
la mandragore « resteront d'or » éternellement,<br />
car tout ce qui touche cette plante<br />
« se transmute en or ». Mieux encore,<br />
dans sa plainte, la mandragore promet<br />
que son pouvoir pourra être transféré à<br />
d'autres : « Des paillettes d'or couvriront<br />
154<br />
tes dalles », assure-t-elle. Nous pouvons<br />
conclure, au péril d'un syllogisme, que les<br />
yeux <strong>des</strong> hiboux sont comme les paupières<br />
de la mandragore qui sont « faites de pierres<br />
qui, philosophales, versent <strong>des</strong> flots<br />
d'or ». Et les yeux de Faustroll sont alors<br />
comme ceux de <strong>Jarry</strong>, qui dégangue l'or<br />
du monde, dans <strong>des</strong> écrits-spermatozoï<strong>des</strong><br />
qui iront enfanter. <strong>Jarry</strong>, comme Faustroll,<br />
comme le hibou, comme Breton, cherche<br />
l'or du temps, tout simplement.<br />
Paul Edwards<br />
Marie de Régnier<br />
et Jean de Tinan<br />
IL SEMBLERAIT que Marie de<br />
Régnier et Jean de Tinan se soient<br />
rendus au Théâtre de l'Œuvre pour voir<br />
Ubu Roi, et qu'ils auraient apprécié ; du<br />
moins c'est la leçon que nous tirons de<br />
cette dédicace à Marie sur un exemplaire<br />
de Penses-tu réussir!, Mercure de<br />
France, 1897, vu à l'exposition « Marie<br />
de Régnier » à l'Arsenal en avril 2004 :<br />
« Respectueusement offert à<br />
Madame H. de Régnier<br />
en témoignage de notre<br />
admiration commune<br />
pour La « Marche<br />
de Ubu-Roi »<br />
Jean de Tinan<br />
Paul Edwards<br />
Les avatars de la gidouille<br />
« Il [Homais] s'éprit d'enthousiasme<br />
pour les chaînes hydro-électriques<br />
Pulvermacher; il en portait une luimême<br />
; et, le soir, quand il retirait son