103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

articles quand il s'agit d'établir le bilan
officiel ou public des études jarryques. Il
est difficile de procéder autrement dans
un contexte universitaire, mais il n'est
pas farfelu d'avouer que, au contraire, on
peut être plus influencé, plus hanté, plus
inspiré par un article que par la substance
de plusieurs livres entiers, et que
c'est souvent une simple phrase qui peut
stimuler une nouvelle lecture, ou un nouveau
travail de recherche. Parfois même,
c'est une phrase de Jarry même qui peut
permettre de recentrer tout l'œuvre. Il
est vrai qu'une thèse qui proposerait
une synthèse du « style Jarry » serait a
priori d'un grand intérêt. Mais est-il nécessaire
que cela fasse la longueur d'un
livre ? Certes, la preuve de la pertinence
d'une hypothèse englobant toute l'écriture
de Jarry passera par la vérification
de l'hypothèse face à chaque texte, aussi
la synthèse sera-t-elle plus mémorable
car monumentale, mais vu qu'une telle
étude s'adresse à ceux qui ont toute l'œuvre
de Jarry en tête, n'est-il pas suffisant
d'énoncer dans une langue claire et belle
quels pourraient être les éléments d'une
poétique de Jarry ? Aussi, cette poétique
a-t-elle bel et bien préoccupé certains
critiques qui, par les concepts-clés d'appropriation,
de collage, de relativité ou
d'absolu, par l'application de concepts
picturaux appliqués au texte (rapprochement
de valeurs contraires...), permettent
déjà d'entrevoir des constantes
dans l'écriture de Jarry.
Les chapitres qui suivent reproduisent
le texte de 1980, avec quelques mises
à jour. Le texte renvoie logiquement aux
trois tomes de la Pléiade. Sur 400 pages,
quelques références ont échappé à la
vigilance de la révision : les citations de
Testicules
la Chandelle Verte renvoient parfois (en
note) à l'édition du Livre de Poche (1969,
épuisée et introuvable), mais la date permet
de s'y retrouver. Plus gênant : les
références au Surmâle renvoient encore
au troisième volume des Œuvres complètes
de Lausanne, mais cela ne nuit
aucunement à la compréhension du texte.
Au chapitre des hésitations passagères,
il faut corriger les « vingt ans » qui
nous séparent du spectacle de Vilar en
« quarante ans » (349). Trois douzaines
de notes nouvelles renvoient à des études
plus récentes qui portent un développement
utile, ou ajoutent des précisions bibliographiques
; la bibliographie, elle, est
augmentée d'une large sélection d'études
jusqu'à 1999. Une attention particulière a
été apportée aux tableaux, qui sont plus
clairs à lire. Le cahier iconographique,
auquel est ajouté la marionnette à fil
qui se trouvait anciennement sur la couverture,
n'a pas trop souffert d'avoir été
reproduit à nouveau.
Le bref commentaire sur les différentes
moutures â'Ubu cocu (175)
n'a pas tenu compte de la contribution
importante d'Henri Bordillon à l'histoire
textuelle (Ubu intime, 1988). En revanche,
il a bien pesé le travail de Jean-Paul
Morel sur Ambroise Vollard (Tout Ubu
colonial, 1994). Béhar voit une fraternité
d'esprit entre Jarry et Vollard et conclut
plus positivement qu'en 1980 sur les suites
composées par le marchand de tableaux
(189-190).
On trouve de nouvelles pages sur
« Ubu joué » (118-125) qui commentent
les partis pris des mises en scène,
principalement dans les grands théâtres.
Quant au célèbre et incontournable
« Répertoire des mises en scène », il
147