103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
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L'Étoile-Absuithe<br />
touinées <strong>103</strong>-<strong>104</strong><br />
dans l'histoire - ce qui est rare pour un<br />
spectacle de trapèze : est-ce son amour<br />
ou sa mort qu'elle exprime par cet acte<br />
périlleux? Mais quelle ébouriffante surprise<br />
quand, se tenant debout, s'élançant<br />
toujours plus haut, elle disparaît derrière<br />
nos têtes et revient, comme dans un jump<br />
eut, le corps tombé à la vitesse du couperet<br />
de la guillotine, la tête <strong>des</strong>cendue à la<br />
hauteur de la barre, et en position de crucifiée.<br />
.. Après quelques gigotements son<br />
énergie s'alanguit en <strong>des</strong> mouvements de<br />
couleuvre de moindre envergure, pour se<br />
vider d'un trait comme un sac s'éventre,<br />
cueillie dans le mouvement même par un<br />
larbin en <strong>des</strong>sous qui l'emporte, fardeau<br />
léger. Il ne reste sur scène que Bosse-de-<br />
Nage pour mesurer la hauteur qui le sépare<br />
du perchoir céleste. Un grand moment<br />
théâtral parfaitement encadré.<br />
Le désespoir de Faustroll à ce moment<br />
prouve que le « dépassement <strong>des</strong> lois<br />
humaines » annoncé dans le programme<br />
n'est pas de ce monde, et qu'il lui faudra<br />
la mort pour les franchir. Ceci est le propos<br />
même de <strong>Jarry</strong>, mais on peut regretter<br />
que Faustroll fît montre de tant d'émotion<br />
sur scène, lamentations, colère ou joie.<br />
La sérénité du personnage romanesque<br />
définit l'essence du pataphysicien, et les<br />
cris en tout genre paraissaient excessifs,<br />
surtout dans les scènes qui auraient pu<br />
bénéficier de plus de dialogue (ou de voix<br />
off ?). Une autre critique que l'adaptation<br />
soulève serait la cohérence proprement<br />
théâtrale du spectacle. Autour d'un vin<br />
chaud après la représentation, Bauruel<br />
nous a entretenu du dél icat équi 1 ibre entre<br />
théâtralité et explication de texte : si l'on<br />
explique <strong>Jarry</strong>, on fait de la didactique et<br />
ce n'est pas du théâtre et ce n'est pas amusant<br />
pour le spectateur, alors que si l'on<br />
144<br />
présente les scènes comme de la poésie,<br />
avec tout l'agrément de la théâtralité<br />
(masques, sculptures, marionnettes, projections,<br />
mécanique, dispositifs baroques<br />
en tout genre, danse, musique originale,<br />
cirque... tout y était !), alors le spectateur<br />
peut tisser ses propres liens, suivre ses<br />
propres thématiques et interpréter le texte<br />
comme il le veut... au risque de se sentir<br />
parfois dépassé par tant de significations<br />
potentielles. Mais sans doute fallait-il<br />
tendre comme un perchoir aux petites<br />
pattes intelligentes du spectateur un fil<br />
conducteur, même simpliste, et aisément<br />
repérable à l'intérieur de la pièce plutôt<br />
que dans un programme-manifeste. Par<br />
exemple, pour faire ressortir l'idée que<br />
Faustroll voyage (n'est-ce pas déjà un bon<br />
moteur théâtral?). Ainsi, nous aurions<br />
aimé voir l'as, l'abordage et le moment<br />
où il échoue.<br />
Peinture, poésie, carnaval de sculptures<br />
articulées... le spectacle était difficile,<br />
comme l'est le roman, mais d'une<br />
rare richesse visuelle. On le voudrait<br />
sous la forme d'un livre d'images que<br />
l'on pourrait parcourir à loisir et revisiter<br />
pour mémoire. L'éphémère a ses joies et<br />
ses envolés fragiles, mais il est du théâtre<br />
que l'on voudrait préserver comme un<br />
papillon-joyau aux reflets changeants.<br />
Tel le chariot de Thespis, la compagnie<br />
Tralala Splatch sillonne la France<br />
avec trapèze, marionnettes et machine à<br />
décerveler, et propose aux nobles comme<br />
aux villageois La Parade du Roi Ubu et<br />
Le Roi Bubut (adaptation A'Ubu sur la<br />
Butte).<br />
Contact : Joël Bluteau, 167, rue d'Alésia<br />
75014 Paris : 01 45 39 44 36. Diffusion :<br />
Laetitia Bluteau : 01 47 21 87 63.<br />
E-mail : tralalasplatch@yahoo.fr.