103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

L'Étoile-Absinthe
tournées 103-104
Noël Arnaud (1919-2003)
LA MORT de Noël Arnaud, le 1 er avril 2003, a permis de rappeler les
aspects variés d'une personnalité peu commune. Dès l'avant-guerre, il
anima le groupe des Réverbères en 1938-1939. De 1941 à 1945, menée
avec Jean-François Chabrun, la Main à plume fut le porte-parole d'une activité
surréaliste dans la France occupée, et lui permit de publier entre bien
d'autres Breton, Éluard, Maurice Blanchard, Dotremont ou Picasso. Dans
l'après-guerre, entre le Collège de 'Pataphysique et le monde de la peinture
— Noël Arnaud fut proche d'Asger Jorn et de Jean Dubuffet —, on le voit
prendre une part importante à l'activité intellectuelle et artistique : conférences,
pamphlets ou publications périodiques comme Le Petit Jésus et Dragée
haute.
Dans le domaine qui occupe l'Étoile-Absinthe, son apport aux études sur
Jarry est incommensurable : en témoigne la part qu'il prit aux publications
du Collège de 'Pataphysique en organisant certains Cahiers ou la révélation
d'inédits, dont le volume du Manoir enchanté et autres opérettes en
1974. La même année vint l'heure de la synthèse : Alfred Jarry, d'Ubu Roi
au Docteur Faustroll, premier volume de sa biographie au ton si personnel,
parlé presque, avec une abondance de références et de documents qui
replacent Jarry dans sa génération et dans son temps. Que le tome 2 ne soit
jamais paru tient sans doute à des raisons diverses: le plaisir de faire enrager
ceux qui l'attendaient trop impatiemment ne fut sûrement pas la moindre.
En compagnie de Henri Bordillon, Noël Arnaud publia ensuite deux éditions
qui demeurent indispensables, Ubu en Folio (1978) et Gestes et Opinions
du docteur Faustroll, pataphysicien suivi de L'Amour absolu en Poésie/
Gallimard (1980).
En 1979, toujours avec Henri Bordillon, il fonda la Société des Amis d'Alfred
Jarry dont il fut longtemps le président. À sa personnalité chaleureuse,
à sa générosité, la SAAJ doit son visage et la cohabitation heureuse entre les
universitaires et les « autres ». Dans les premières années, il y fut très actif, et
il fit bénéficier la revue de ses curiosités infinies comme de son étonnante
énergie intellectuelle.
Le mois même où il mourait, les éditions de La Table Ronde ressortaient
l'introuvable Histoire du surréalisme sous l'occupation de Michel Fauré qui
présente de façon exhaustive l'activité de Noël Arnaud et de Jean-François
Chabrun depuis Les Réverbères jusqu'à la Libération. Depuis, Patrick Fréchet
a publié C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment, volume d'entretiens de
Noël Arnaud avec Anne Clancier. Enfin, le n° 15 de la revue Histoires littéraires
(juillet-septembre 2003) lui a consacré un bel hommage très illustré.
P. Besnier
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