103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry

Un tableau inédit de Jarry.
Inédit
Grâce à l'aimable autorisation de Diane Deriaz, nous reproduisons ici un
paysage de Jarry qui est fort peu connu. Seulement deux paysages avaient
auparavant trouvé le chemin de la rotogravure : le Bord de Seine à l'écriteau
et le Bord de Seine au peuplier d'Italie, comme les nomme le numéro 10
— ou numéro « Expojarrysition » — des Cahiers du Collège de 'Pataphysique
(voir les numéros 372 & 373, puis les planches 72 & 73 sur le papier glacé de
l'album Peintures, gravures & dessins édité par Michel Arrivé). Ce troisième
paysage à l'huile, que nous appelons Le Barrage de l'Écluse, est peint sur
une lame de bois au même format que les deux autres (15 par 9 cm), et date
très certainement de la même époque (1900-1907), qu'il est difficile d'établir
avec plus de précision. Ceci pousse à cinq le nombre de tableaux à l'huile
répertoriés, les deux autres étant Le Crocodile aux phantasmes, comme il
est convenu de l'appeler, et le Portrait de Monsieur Hébert (numéros 181 &
217 du Cahier 10, planches 26 et 45 dans Peintures..), tous les deux peints
sur carton. Ce dernier vient d'être vendu 200 000 euros à Christie's lors de la
vente Filipacci avec, dans un même lot, une édition originale à'Ubu Roi sur
hollande portant une dédicace à Tailhade, et le bois original qui a servi à tirer
le Véritable portrait de Monsieur Ubu. La peinture que nous reproduisons
n'est pas signée, mais sa provenance suffit à l'authentifier.
Diane Deriaz, poète, ami des poètes, muse et trapéziste, rencontre Rachilde
à la fin des années quarante, elles sympathisent, et avant de partir avec le
cirque Pinder, elle reçoit comme cadeau de départ de l'auteur de Monsieur
Vénus ce tableau. Rachilde rédige alors son historique sur un morceau de
papier qui, aujourd'hui, y est collé au dos :
- Ce petit paysage fut peint quand Alfred Jarry, l'auteur à'Ubu roi,
ayant résolu de vivre à la campagne, s'installa, lui et son canot de course,
à l'écluse de Coudray, aux environs de Corbeil. Il voulait acheter ou louer
la petite maison que l'on aperçoit sur les bords de la Seine et il en prit le
nom du barrage de l'Écluse.
Malgré les désordres de sa vie de bohème [sic], il [a] été souvent la
proie d'une inexplicable mélancolie dont cette image semble le reflet. -
Rachilde
Ce texte fut publié pour la première fois dans Diane Deriaz, La Tête à
l'envers. Souvenirs d'une trapéziste chez les poètes, préface de Lawrence
Durrell, Albin Michel, 1988, p. 67. Nous avons corrigé la transcription d'après
l'original de la note de Rachilde.
Paul Edwards
inédit 119