103/104 : Colloque 2003, etc. - Société des Amis d'Alfred Jarry
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Actes<br />
du colloque <strong>2003</strong><br />
Mais pour revenir aux lettres de Cobourg, elles montrent en dernier lieu<br />
tout l'intérêt <strong>des</strong> deux amis pour la peinture (16 avril 93):<br />
« [...] Va donc à la Rose + Croix. Va à nos galeries de l'Odéon, tâche<br />
de savoir ce qu'il est de récent [...] »; (5 mai 93) « [...] Tu as vu, dans<br />
le Mercure, le beau portrait de Van Gogh le prestigieux peintre de l'angoisse<br />
que j'aime tant? [...] Continue comme tu m'as promis, à m'entretenir<br />
de ce que nous aimons — Tu as vu la Rose + Croix et toute autre<br />
Exposition récente — Va maintenant, si ce n'est fermé ce qui est probable<br />
aux Peintres Indépendants Palais de l'Industrie, pavillon de la Ville<br />
de Paris et tu y trouveras mainte Beauté — Les gravures de la librairie de<br />
l'Art Indépendant étaient fort belles, n'est-ce pas ? »<br />
La peinture en effervescence<br />
EN EFFET en ce début <strong>des</strong> années 1890, c'est bien le milieu de la peinture<br />
qui marque un véritable renouvellement dans le monde <strong>des</strong> arts. Autour<br />
de Sérusier et de Maurice Denis, qui se sont liés à l'Académie Jullian, se groupent,<br />
dans un cabaret du passage Brady, Bonnard, Ibels, Ranson, Roussel,<br />
Séguin, Verkade et Vuillard, qui, se faisant appelés Nabis (Les Prophètes),<br />
s'érigent contre l'académisme, le naturalisme et même l'impressionnisme.<br />
D'un autre côté, chez Cormon, se réunissent autour d'Emile Bernard, Van<br />
Gogh, Anquetin, Toulouse-Lautrec, qui eux aussi aspirent à une libération<br />
<strong>des</strong> esthétiques. La rencontre de Bernard et de Sérusier à Pont-Aven, et l'impact<br />
que Gauguin va produire sur ce dernier, vont rapidement rapprocher<br />
les deux groupes dans une vision synthétique et antinaturaliste.<br />
Véritable symbolisme pictural qui soumet le motif à l'autorité de l'esprit,<br />
reléguant la reproduction-copie de la nature au rang <strong>des</strong> vétustés, la simplification<br />
du <strong>des</strong>sin lui confère un caractère catégorique et permanent,<br />
le symbole, et illustre le besoin de spiritualité renouvelée. En août 1890,<br />
Maurice Denis10 avait fait,paraître dans Art et Critique son article fameux<br />
établissant les premiers axiomes de cette révolution esthétique :<br />
« Se rappeler qu'un tableau est essentiellement une surface plane<br />
recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées... » Un peu plus<br />
loin il précise qu'il s'agit de « substituer à l'idée de la nature vue à travers<br />
10. Article paru sous le pseudonyme de Pierre-Louis, Art et Critique, août 1890. Repris<br />
dans le volume rassemblant les articles de revues de Maurice Denis : Théories (1890-<br />
1910) : Du symbolisme et de Gauguin vers un nouvel ordre classique, Rouart et<br />
J. Watelin éd., 1913.<br />
Sur Maurice Denis voir aussi : Suzanne Barazzetti, Maurice Denis, Grasset, 1945.<br />
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