Raimond le cathare
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Saint-Gil<strong>le</strong>s, août 1210<br />
Le piège du légat<br />
Je vais enfin pouvoir me justifier. Depuis neuf mois déjà, <strong>le</strong><br />
pape a déterminé une procédure lors de l’audience qu’il m’a<br />
accordée à Rome. Dès lors je n’ai cessé de réclamer la réunion<br />
du conci<strong>le</strong> qui doit m’entendre.<br />
Arnaud Amaury a laissé passer <strong>le</strong> temps. Chaque mois,<br />
j’écrivais au Saint-Père pour lui faire savoir que ses ordres<br />
n’étaient pas respectés par son légat. Amaury a fini par céder en<br />
convoquant à Saint-Gil<strong>le</strong>s plus de vingt cardinaux, archevêques<br />
et évêques qui devront délibérer sur mon cas.<br />
Pour dire vrai, je ne nourris aucune illusion sur <strong>le</strong>s décisions<br />
de ce conci<strong>le</strong>. Composé par <strong>le</strong> légat et dirigé par lui, ce tribunal<br />
ne va certainement pas proclamer que je suis innocent du<br />
meurtre de Pierre de Castelnau. Au contraire. Mais je n’éprouve<br />
aucune crainte : <strong>le</strong> pape n’a laissé au conci<strong>le</strong> que <strong>le</strong> pouvoir de<br />
me réhabiliter. Dans <strong>le</strong> cas contraire, si <strong>le</strong> conci<strong>le</strong> n’est pas<br />
convaincu par mes dires, mon affaire doit revenir à Rome. Or<br />
c’est exactement ce que j’attends car <strong>le</strong> Saint-Père est désormais<br />
<strong>le</strong> seul, dans cette Église, qui accepte de m’entendre de bonne<br />
foi. De mon audition par ce tribunal ecclésiastique je n’attends<br />
qu’un résultat : passer au point suivant de la procédure.<br />
J’ai mis néanmoins toutes <strong>le</strong>s chances de mon côté. Depuis<br />
cinq semaines, accompagné de <strong>Raimond</strong> de Rabastens, qui avait<br />
préparé l’audience de Rome, je parcours mes terres pour<br />
dénouer mes multip<strong>le</strong>s contentieux avec <strong>le</strong>s gens d’Église. À<br />
Moissac, à Uzès, à Saint-Saturnin ou bien ici même à Saint-<br />
Gil<strong>le</strong>s, sur des partages de droits, des contestations de propriété,<br />
des affaires de fiefs, de châteaux et de revenus, j’ai conclu des<br />
accords avec <strong>le</strong>s abbés et <strong>le</strong>s évêques afin d’émousser l’hostilité<br />
du conci<strong>le</strong> qui doit m’entendre. Et chaque soir, dans <strong>le</strong>s<br />
châteaux où nous faisions halte avec <strong>Raimond</strong> de Rabastens,<br />
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