Raimond le cathare
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Le bûcher<br />
de Minerve<br />
Pendant ce temps, après l’engourdissement de l’hiver, <strong>le</strong><br />
Centaure s’ébroue sous <strong>le</strong>s premiers rayons du printemps qui lui<br />
amènent sa femme, Alix de Montfort, accompagnée des renforts<br />
promis par <strong>le</strong> pape. En faisant venir son épouse et <strong>le</strong>urs enfants,<br />
il signifie à tous qu’il a décidé de s’établir chez nous.<br />
Son armée n’est pas aussi imposante que la croisade de<br />
l’année dernière, mais el<strong>le</strong> rend à l’usurpateur la capacité<br />
d’action qu’il n’avait plus depuis six mois. Venue à l’appel du<br />
pape lancé dans plusieurs royaumes, c’est une troupe où se<br />
par<strong>le</strong>nt toutes <strong>le</strong>s langues, mais qui n’a qu’un seul chef :<br />
Montfort.<br />
Celui-ci ordonne aussitôt la reprise de la guerre. Plus de<br />
quarante bourgs et châteaux fortifiés lui ont échappé dans <strong>le</strong><br />
retour de flamme qui a suivi la mort de Trencavel. Plutôt que de<br />
<strong>le</strong>s reconquérir un à un, il emploie la plus vieil<strong>le</strong> et la plus<br />
efficace des armes pour <strong>le</strong>s faire plier tous ensemb<strong>le</strong> : comme<br />
avec <strong>le</strong> massacre de Béziers, l’an dernier, il engage <strong>le</strong>s hostilités<br />
en frappant <strong>le</strong> pays de terreur.<br />
Le village de Bram servira d’exemp<strong>le</strong>. Établie dans la plaine,<br />
cette localité est à peine protégée par un mauvais rempart dont<br />
el<strong>le</strong> a courageusement fermé <strong>le</strong>s portes devant <strong>le</strong>s émissaires de<br />
Montfort. Prétexte pris de cette rébellion, l’armée vient assiéger<br />
Bram, qui cède en moins de trois jours.<br />
Procédant exactement comme l’avait fait Guiraud de Pépieux<br />
cinq mois plus tôt, Montfort ordonne que l’on saisisse <strong>le</strong>s<br />
prisonniers pour <strong>le</strong>ur arracher <strong>le</strong> nez, la lèvre et <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s<br />
avant de <strong>le</strong>ur crever <strong>le</strong>s yeux. Il compte jusqu’à cent. Au<br />
centième supplicié il fait grâce d’un œil, pour qu’il puisse<br />
conduire ses compagnons mutilés vers <strong>le</strong>s seigneurs faidits et<br />
<strong>le</strong>s hérétiques qu’ils protègent.<br />
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