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Raimond le cathare

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population épuisée de sortir de l’enfer de la Cité assiégée ? Quoi<br />

qu’il en soit, <strong>le</strong>s portes de Carcassonne s’ouvrent alors devant<br />

<strong>le</strong>s barons du nord et <strong>le</strong> légat. Le peup<strong>le</strong> doit évacuer la vil<strong>le</strong> et<br />

partir <strong>le</strong>s mains vides. Les hommes en braies et <strong>le</strong>s femmes en<br />

chemise sont rassemblés dans <strong>le</strong>s rues et poussés vers une seu<strong>le</strong><br />

issue. L’étroite poterne ne laisse passer <strong>le</strong>s habitants qu’un par<br />

un. Des sergents en armes s’assurent que <strong>le</strong>s bannis<br />

n’emportent rien. Pendant des heures, comme en un<br />

gigantesque sablier, des milliers de pauvres gens serrés <strong>le</strong>s uns<br />

contre <strong>le</strong>s autres, harcelés par <strong>le</strong>s soldats, se massent contre la<br />

murail<strong>le</strong> autour de l’issue qui libère des hommes, des femmes,<br />

des enfants et des vieillards titubants de faib<strong>le</strong>sse. Rassemblant<br />

<strong>le</strong>urs dernières énergies, ils partent dans toutes <strong>le</strong>s directions ;<br />

vers Toulouse, à l’ouest, vers <strong>le</strong>s châteaux de la montagne Noire,<br />

au nord, ou ceux des Pyrénées, au sud. Ils laissent derrière eux<br />

<strong>le</strong>urs maisons, <strong>le</strong>urs champs, <strong>le</strong>urs vignes, <strong>le</strong>ur épargne. Tous<br />

<strong>le</strong>urs biens sont à la merci des vainqueurs.<br />

Le vaincu, <strong>Raimond</strong> Roger Trencavel, a été jeté dans <strong>le</strong>s<br />

profondeurs d’une basse-fosse, enchaîné dans <strong>le</strong>s tours de son<br />

propre château.<br />

Dans la cour, debout sur <strong>le</strong> perron de marbre, Arnaud<br />

Amaury lance un cri de victoire devant <strong>le</strong>s chefs de la croisade.<br />

— Messeigneurs, écoutez-moi ! Vous voyez quels mirac<strong>le</strong>s<br />

fait pour vous <strong>le</strong> roi du ciel : rien ne peut vous résister !<br />

Les soldats l’acclament, mais <strong>le</strong> légat <strong>le</strong>s met en garde :<br />

— Je vous commande à tous, au nom de Dieu, de ne rien<br />

prendre des biens qui sont dans la vil<strong>le</strong>. Sinon nous jetterions<br />

immédiatement sur vous, l’excommunication et l’anathème.<br />

La croisade ne se conso<strong>le</strong> pas du gâchis de Béziers.<br />

Les chevaliers et <strong>le</strong>s sergents d’armes pestent contre la bêtise<br />

des ribauds qui ont tout fait disparaître dans <strong>le</strong>s flammes. Si<br />

une vil<strong>le</strong> est incendiée avant que <strong>le</strong> butin ait été réuni, on n’en<br />

tire aucun profit. La loi du pillage est simp<strong>le</strong> : ne doit être brûlé<br />

que ce qui ne s’emporte pas.<br />

Cette fois, <strong>le</strong> légat veut procéder à une dépossession en<br />

bonne et due forme. Puisque <strong>le</strong>s titres et <strong>le</strong>s vastes domaines de<br />

Trencavel sont « exposés en proie », l’heure est venue de choisir<br />

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