Raimond le cathare
Raimond le cathare
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chemin de ronde : soldats, femmes, enfants, vieillards lancent<br />
des cris de joie. Sur la crête d’une petite colline viennent<br />
d’apparaître <strong>le</strong>s glorieuses bannières de Pierre II, <strong>le</strong> roi<br />
d’Aragon, entouré de ses principaux vassaux et d’une centaine<br />
de chevaliers.<br />
Les assiégés exultent, ne doutant pas qu’il vo<strong>le</strong> loya<strong>le</strong>ment au<br />
secours de son vassal, <strong>Raimond</strong> Roger Trencavel. Les chefs de la<br />
croisade, décontenancés, ordonnent à <strong>le</strong>urs troupes de regagner<br />
<strong>le</strong>s campements.<br />
Pierre et sa suite mettent pied à terre devant mon pavillon<br />
rehaussé d’or et d’argent. Nous nous étreignons longuement.<br />
D’une tail<strong>le</strong> immense et solidement bâti, <strong>le</strong> jeune souverain<br />
veil<strong>le</strong> soigneusement à son apparence. Sous un bonnet de cuir, il<br />
porte <strong>le</strong>s cheveux longs jusqu’aux épau<strong>le</strong>s. Ses vêtements de lin<br />
brodé et ses bottes de cuir soup<strong>le</strong> conviendraient mieux à une<br />
soirée de fête qu’à une batail<strong>le</strong>. Pour être toujours trop bien<br />
vêtu, Pierre II n’en est pas moins un chef va<strong>le</strong>ureux. Il <strong>le</strong> montre<br />
face aux sarrasins, auxquels il livre une guerre sans merci. Il<br />
aime <strong>le</strong>s armes et <strong>le</strong>s femmes. Pour satisfaire ses passions, il<br />
dépense des sommes considérab<strong>le</strong>s qui m’ont déjà coûté fort<br />
cher. Je lui ai beaucoup prêté, mais je ne <strong>le</strong> regrette pas. Nous<br />
sommes alliés, amis et apparentés. Sa sœur Éléonore, que j’ai<br />
épousée il y a quatre ans, dans son pays, à Perpignan, forme<br />
entre nous un trait d’union plus solide que n’importe quel traité.<br />
Sa plus jeune sœur, Sancie, est déjà fiancée à mon fils <strong>Raimond</strong><br />
<strong>le</strong> Jeune.<br />
Le roi se désaltère de vin frais et mange quelques cuisses de<br />
canard en m’écoutant relater <strong>le</strong>s événements de Saint-Gil<strong>le</strong>s et<br />
de Béziers. Pour Carcassonne, il peut constater lui-même que<br />
son vassal est en fort mauvaise posture. Il m’avoue son<br />
embarras. Son devoir de suzerain lui dicte de porter secours à<br />
Trencavel, et son devoir de vassal du pape l’oblige à s’incliner<br />
devant <strong>le</strong>s décisions d’Innocent III.<br />
Ses exploits dans la guerre de « reconquista » contre <strong>le</strong>s<br />
musulmans lui va<strong>le</strong>nt l’amitié pontifica<strong>le</strong>. Il est allé à Rome<br />
pour se faire couronner et a prêté serment devant <strong>le</strong> Saint-Père :<br />
« Moi, Pierre d’Aragon, je déclare et promets que je serai<br />
toujours fidè<strong>le</strong> et soumis à mon seigneur <strong>le</strong> pape Innocent, à<br />
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