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Raimond le cathare

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L’heure était venue de conclure des alliances uti<strong>le</strong>s à ma<br />

charge. J’ai dit adieu à ma jeunesse et à Bourguigne, qui<br />

réjouissait mes nuits, et je me suis marié avec Jeanne pour faire<br />

la paix avec l’Ang<strong>le</strong>terre.<br />

Notre union n’a duré que trois ans, mais el<strong>le</strong> a porté son<br />

fruit : en 1197 un fils, <strong>Raimond</strong>, a vu <strong>le</strong> jour à Beaucaire. La<br />

sage-femme provença<strong>le</strong> qui a sectionné <strong>le</strong> cordon tranchait<br />

aussi <strong>le</strong> nœud d’un vieux conflit Cette naissance scellait la paix<br />

entre Toulouse et la couronne anglaise. Ce mariage et cet<br />

avènement furent des moments de bonheur intense dans ma vie<br />

d’homme et des actes de paix uti<strong>le</strong>s à ma fonction de prince.<br />

Peu de temps après, j’ai cruel<strong>le</strong>ment souffert de la mort de<br />

Jeanne dans <strong>le</strong>s épanchements sanglants, <strong>le</strong>s fièvres et <strong>le</strong>s cris<br />

d’un nouvel enfantement fatal pour la mère, et pour l’enfant une<br />

fil<strong>le</strong> baptisée à la hâte dans une projection de goutte<strong>le</strong>ttes d’eau<br />

bénite sur un minuscu<strong>le</strong> fardeau de chairs rouges et b<strong>le</strong>ues qui<br />

ne vivait déjà plus.<br />

Jeanne me laissait notre fils, <strong>Raimond</strong> de Toulouse. Il avait<br />

deux ans. Ce XIII e sièc<strong>le</strong> allait ouvrir ses portes sur des années<br />

terrib<strong>le</strong>s. Je sentais monter la colère de l’Église et la vindicte du<br />

pape contre l’Hérésie dont j’étais <strong>le</strong> « complice ».<br />

Mon veuvage m’offrait la liberté d’une nouvel<strong>le</strong> alliance. Il<br />

fallait cette fois choisir <strong>le</strong> royaume d’Aragon en la personne,<br />

charmante, de la brune Éléonore, la sœur du roi Pierre II.<br />

La jeunesse du corps et de l’esprit de ma cinquième épouse<br />

me réjouit encore aujourd’hui. D’el<strong>le</strong>, je ne saurais dire mieux<br />

que <strong>le</strong> poète Guillaume de Tudè<strong>le</strong>, qui écrit : « La meil<strong>le</strong>ure des<br />

reines et la plus bel<strong>le</strong> au monde. Jamais en Chrétienté ni en<br />

terre païenne, aussi loin qu’aube point, n’en fut d’aussi<br />

parfaite. » Et <strong>le</strong> poète, en hommage à sa beauté, s’interdit<br />

d’al<strong>le</strong>r plus loin : « Guillaume, tais-toi donc, tes vers sont trop<br />

chétifs. Crains d’abîmer l’éclat que tu veux exalter. »<br />

Paris, Londres, Barcelone, Rome sont <strong>le</strong>s points cardinaux<br />

de toute politique toulousaine. Face au danger qui vient de<br />

Rome, j’ai construit ma défense : par ma mère Constance, fil<strong>le</strong><br />

de Louis VII, je suis <strong>le</strong> cousin du roi de France, Philippe<br />

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