Raimond le cathare
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Guy de Montfort, qui commande <strong>le</strong>s opérations, doit faire<br />
face à un harcè<strong>le</strong>ment incessant. Tantôt ce sont <strong>le</strong>s cavaliers<br />
toulousains qui sortent au galop, jetant des torches pour<br />
incendier l’engin, tantôt ce sont <strong>le</strong>s rochers et <strong>le</strong>s dards qui<br />
s’abattent de tous côtés à la fois.<br />
Tout à coup, il est sou<strong>le</strong>vé vers <strong>le</strong> ciel par son cheval qui se<br />
cabre vio<strong>le</strong>mment un carreau d’arbalète profondément enfoncé<br />
dans l’œil. L’animal s’écrou<strong>le</strong> foudroyé. Guy de Montfort, la<br />
jambe prise sous <strong>le</strong> cadavre de sa monture, peine à se re<strong>le</strong>ver.<br />
Un archer toulousain prend <strong>le</strong> temps de <strong>le</strong> viser soigneusement.<br />
Sa flèche vient transpercer la cuisse d’où <strong>le</strong> sang jaillit aussitôt.<br />
A<strong>le</strong>rté, Simon de Montfort a quitté la chapel<strong>le</strong> pour bondir<br />
en sel<strong>le</strong>. Un instant plus tard, il est là, saute à terre et se<br />
précipite vers son frère au milieu de la batail<strong>le</strong>. Les nôtres se<br />
replient un instant derrière <strong>le</strong>s lices pour retrouver <strong>le</strong>ur souff<strong>le</strong><br />
et laisser <strong>le</strong>s catapultes entrer en action. Les pierres vo<strong>le</strong>nt sur<br />
la chatte et vers <strong>le</strong> groupe de chevaliers qui tentent d’évacuer<br />
Guy.<br />
Noire et rapide comme un rapace, el<strong>le</strong> tombe du ciel pour<br />
fondre sur sa proie. La pierre lancée par <strong>le</strong>s Toulousains vient<br />
droit sur <strong>le</strong> heaume de Simon de Montfort. Sous la vio<strong>le</strong>nce du<br />
choc, <strong>le</strong> métal éclate et <strong>le</strong> crâne se brise. Il chancel<strong>le</strong> un instant<br />
fait un pas puis tombe droit à la renversé, <strong>le</strong>s bras en croix,<br />
raide mort.<br />
Sur <strong>le</strong> champ de batail<strong>le</strong> <strong>le</strong> vacarme a cessé. Durant un bref<br />
instant règne un si<strong>le</strong>nce tel que je crois entendre chanter un<br />
oiseau. Tout est suspendu devant ce bascu<strong>le</strong>ment du destin.<br />
Et puis soudain une ovation sans fin s’élève de nos remparts,<br />
el<strong>le</strong> se propage dans <strong>le</strong>s rues, monte dans <strong>le</strong>s étages et s’amplifie<br />
jusqu’en haut des églises où <strong>le</strong>s guetteurs s’époumonent sur<br />
<strong>le</strong>urs trompes. Les cloches de la vil<strong>le</strong> font résonner l’air de<br />
Toulouse des vibrations de la victoire et de la liberté.<br />
Sur <strong>le</strong> chemin de ronde, je me laisse tomber à genoux et je<br />
prie. Pour une fois, pour la première fois peut-être, je ne<br />
demande rien à Dieu. Je ne l’implore pas. Je n’ai plus qu’à lui<br />
dire merci.<br />
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