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Raimond le cathare

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du brouillard est tel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s guetteurs ne peuvent nous<br />

apercevoir. À pied, tenant nos chevaux par <strong>le</strong> harnais et veillant<br />

à ne faire aucun bruit, nous nous engageons sur <strong>le</strong> gué du<br />

Bazac<strong>le</strong>. En cette saison, la Garonne est basse. Quelques fi<strong>le</strong>ts<br />

d’eau serpentent sur la tab<strong>le</strong> de roche formant <strong>le</strong> lit du f<strong>le</strong>uve. Je<br />

pourrais traverser <strong>le</strong>s yeux fermés ce gué que j’ai déjà franchi<br />

plus de mil<strong>le</strong> fois. Parvenus sur l’autre rive, nous gravissons la<br />

berge. Nous sommes entrés dans la vil<strong>le</strong> à l’insu de ses<br />

occupants. C’est ma première action d’éclat depuis <strong>le</strong> début de<br />

la guerre. El<strong>le</strong> est tardive ; Dieu veuil<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> soit décisive. À<br />

une heure aussi matina<strong>le</strong>, seuls quelques passants sont dehors.<br />

Ils ne prêtent pas attention au groupe de cavaliers qui<br />

s’avancent vers l’église Saint-Pierre-des-Cuisines. Dans la<br />

lumière incertaine de l’aube, sans doute nous prennent-ils pour<br />

des chevaliers croisés. C’est alors qu’Aymeri de Castelnau<br />

déploie l’étendard sang et or frappé de la croix aux douze<br />

bou<strong>le</strong>s. Nos compagnons font de même avec <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs de<br />

Foix et de Comminges. Il n’en faut pas plus pour que fusent <strong>le</strong>s<br />

premiers cris :<br />

— Le comte <strong>Raimond</strong> est de retour !<br />

— Mirac<strong>le</strong> ! Nous sommes sauvés !<br />

Les têtes apparaissent aux fenêtres et <strong>le</strong>s gens sortent sur <strong>le</strong><br />

seuil des maisons. Ils sont incrédu<strong>le</strong>s, mais lorsqu’ils<br />

s’approchent et nous reconnaissent, ils font éclater <strong>le</strong>ur joie.<br />

— C’est vrai ! C’est lui. C’est notre comte <strong>Raimond</strong> !<br />

— Dieu soit loué !<br />

Nous sommes cernés par une fou<strong>le</strong> enthousiaste, <strong>le</strong>s mains<br />

se tendent, certains p<strong>le</strong>urent de joie, on accourt de toutes <strong>le</strong>s<br />

ruel<strong>le</strong>s. La rumeur se propage dans <strong>le</strong> Bourg et gagne la Cité.<br />

Toulouse est réveillée par un bonheur qu’el<strong>le</strong> n’espérait plus.<br />

Son soulèvement est allègre mais impitoyab<strong>le</strong>. Armés de<br />

poignards, de pierres et de bâtons, des centaines d’hommes se<br />

lancent à la poursuite des soldats français qui courent vers <strong>le</strong><br />

château Narbonnais. Ceux qui sont rattrapés sont sauvagement<br />

tués par la fou<strong>le</strong> dans des hur<strong>le</strong>ments de haine. Les rescapés<br />

s’enferment dans <strong>le</strong> château. À la fenêtre du dernier étage, on<br />

peut apercevoir <strong>le</strong> nez pointu d’Alix de Montfort. El<strong>le</strong> est<br />

frappée de stupeur en voyant <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> envahir <strong>le</strong>s rues et <strong>le</strong>s<br />

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