Raimond le cathare
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Maître Robert écrit aussitôt quelques lignes sut un<br />
parchemin qu’il tend à Aymeri de Castelnau, lui glissant à<br />
l’oreil<strong>le</strong> :<br />
— Faites vite. Montfort vous déteste.<br />
Le consul empoche <strong>le</strong> papier et quitte la sal<strong>le</strong>, suivi de ses<br />
compagnons. Quelques instants plus tard, ils sortent de la vil<strong>le</strong><br />
et prennent au galop la route de Barcelone pour venir me<br />
rejoindre.<br />
Les pires rumeurs courent <strong>le</strong>s rues. La fou<strong>le</strong> se presse autour<br />
de la Maison commune. El<strong>le</strong> exige de participer aux débats. Les<br />
envoyés de l’évêque et <strong>le</strong>s consuls décident de se transporter en<br />
un lieu ouvert sur <strong>le</strong> pré Vil<strong>le</strong>neuve. Jouant des coudes et du<br />
bâton, <strong>le</strong>s hommes de la milice urbaine <strong>le</strong>ur fraient un passage<br />
dans <strong>le</strong>s rues au milieu de la bousculade. Ils passent la porte qui<br />
ouvre sur un vaste champ bordé par <strong>le</strong> rempart de la Cité et par<br />
celui du Bourg.<br />
Foulques est au milieu du pré, monté sur un destrier blanc.<br />
Flanqué de maître Robert et de l’abbé de Saint-Sernin, il<br />
s’adresse à l’assemblée des Toulousains. S’inspirant de ses<br />
souvenirs de troubadour, il se lance dans une déclamation<br />
poétique.<br />
— J’ai mal, j’étouffe, mon cœur saigne…<br />
Il accompagne ses propos de soupirs bruyants, de hoquets<br />
larmoyants et de gestes désespérés.<br />
— Je prie Jésus de purger votre âme de l’humeur malsaine<br />
qui s’y trouve. Qu’il vous donne courage et confiance afin que<br />
l’amour naisse entre Montfort et vous.<br />
Foulques, l’instigateur de toutes <strong>le</strong>s répressions qui se sont<br />
abattues sur nous, par<strong>le</strong> au peup<strong>le</strong> assemblé comme un doux<br />
pasteur prêt à subir <strong>le</strong> martyre pour <strong>le</strong> salut des miens.<br />
— Je saurai vous garder des loups et des vo<strong>le</strong>urs. Je saurai<br />
vous conduire aux prairies parfumées du paradis cé<strong>le</strong>ste. Que je<br />
sois dévoré par <strong>le</strong>s bêtes féroces, que ma chair et mon sang<br />
soient la proie des vautours, plutôt que de vous voir dans la<br />
dou<strong>le</strong>ur !<br />
Certains naïfs s’émeuvent de ces paro<strong>le</strong>s.<br />
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