Raimond le cathare
Raimond le cathare
Raimond le cathare
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Dans la sal<strong>le</strong> du chapitre des consuls capitouliers, <strong>le</strong> public<br />
est nombreux. Artisans, chevaliers, bourgeois se marchent sur<br />
<strong>le</strong>s pieds pour apercevoir ou entendre <strong>le</strong>s envoyés de Foulques.<br />
L’abbé de Saint-Sernin est assisté de maître Robert, un homme<br />
de loi passé au service de Montfort. Ils s’efforcent d’apaiser et de<br />
rassurer <strong>le</strong>s Toulousains.<br />
— L’évêque qui nous a délégués devant votre assemblée<br />
p<strong>le</strong>ure sur vos malheurs. Cette nuit il a tant fait qu’il a fléchi<br />
Montfort qui s’était d’abord courroucé de voir Monseigneur<br />
prendre fait et cause pour vous. Mais un accord est désormais<br />
possib<strong>le</strong>. Il ne dépend plus que de vous. Rendez-vous. Vous n’y<br />
perdrez rien. Ni vos vies, ni vos maisons ni vos fortunes, rien ne<br />
vous sera pris. Montfort n’est pas de ces nob<strong>le</strong>s qui contraignent<br />
<strong>le</strong>s gens. Il vous veut libres. D’ail<strong>le</strong>urs celui qui <strong>le</strong> souhaiterait<br />
pourra quitter la vil<strong>le</strong> sans aucun empêchement.<br />
— L’abbé, répond un capitoul, vos discours patelins nous<br />
font froid dans <strong>le</strong> dos. Ni Foulques ni Montfort n’ont jamais<br />
tenu la moindre promesse. Le comte est trop teigneux, trop<br />
griffu, trop rageur pour que nous puissions croire à vos<br />
ronronnements.<br />
Le public approuve bruyamment. L’abbé de Saint-Sernin<br />
insiste :<br />
— Réfléchissez. Si l’Église vous prend sous sa protection,<br />
Montfort ne peut rien contre vous. À la moindre injustice, au<br />
premier emportement, nous <strong>le</strong> punirions.<br />
Main droite sur <strong>le</strong> cœur, <strong>le</strong> juriste, maître Robert, proclame :<br />
— Le comte de Montfort vous sait loyaux et bons. Il ne veut<br />
pas vous voir dans la peine.<br />
Après une hésitation, il nuance son propos :<br />
— À vrai dire, un seul coupab<strong>le</strong> ici excite sa colère. C’est un<br />
nob<strong>le</strong> de haut rang que vous connaissez tous.<br />
Aymeri de Castelnau, <strong>le</strong> chef de la conjuration qui prépare<br />
mon retour, s’est déjà <strong>le</strong>vé.<br />
— Je suis cet homme-là ! Mieux vaut que je quitte Toulouse<br />
avec quelques amis. J’y suis prêt. Signez-moi un sauf-conduit et<br />
je m’en vais sur l’heure.<br />
202