Raimond le cathare
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Consuls et marchands nous attendent devant <strong>le</strong>s portes de la<br />
cité. Des feuillages fraîchement coupés forment une allée<br />
d’honneur de part et d’autre de laquel<strong>le</strong> on s’agenouil<strong>le</strong> à notre<br />
passage. Sur <strong>le</strong> rempart, la fou<strong>le</strong> crie sa joie en agitant des<br />
étendards. Devant l’entrée de la cité, l’un des Avignonnais <strong>le</strong>s<br />
plus respectés, Arnaud Audegier, s’avance vers nous. Vêtu<br />
d’apparat, il nous présente <strong>le</strong>s clés de la vil<strong>le</strong> posées sur un<br />
coussin de soie.<br />
— Notre vil<strong>le</strong> est à vous. Nous vous offrons nos vies, nos<br />
maisons, nos murail<strong>le</strong>s. Chevaliers piaffants et bourgeois<br />
dévoués, tous en armes, sont prêts à vous servir, à combattre et<br />
à mourir. Ils n’auront désormais qu’une cause : la vôtre. Nous<br />
rendrons <strong>le</strong> sang jusqu’à reconquérir <strong>le</strong> pays toulousain.<br />
Une ovation salue ses phrases et accompagne notre entrée<br />
dans la vil<strong>le</strong>. Nous avons peine à avancer dans la rue principa<strong>le</strong><br />
au milieu de la fou<strong>le</strong>. Les mains se tendent vers nous, <strong>le</strong>s<br />
enfants sont portés à bout de bras, <strong>le</strong>s vieil<strong>le</strong>s femmes p<strong>le</strong>urent<br />
de joie. La milice urbaine doit nous frayer un chemin à coups de<br />
bâton jusqu’à la cathédra<strong>le</strong>.<br />
Après avoir rendu grâce à Dieu, nous allons partager un<br />
repas de fête dans la maison communa<strong>le</strong>. Jong<strong>le</strong>urs, chanteurs<br />
et danseurs se succèdent toute la soirée. Sur <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s, poissons,<br />
volail<strong>le</strong>s, sauces, légumes et fruits sont disposés en abondance.<br />
Dorés, rouges, vermeils, <strong>le</strong>s vins de Provence rehaussés de<br />
girof<strong>le</strong> nous inspirent des chansons d’amour.<br />
En ce printemps 1216, tel<strong>le</strong> une sève, un désir de liberté<br />
monte dans notre pays provençal.<br />
Après Marseil<strong>le</strong> et Avignon, Tarascon, Pierrelatte,<br />
Vallabrègue, Malaucène, Beaumes épousent notre cause. Guy de<br />
Cavaillon, Dragonet de Mondragon, Adhémar et Guillaume de<br />
Va<strong>le</strong>ntinois, Guiraud et son fils Giraudet de Montélimar et bien<br />
d’autres seigneurs viennent nous rejoindre. Chaque jour qui<br />
passe, de nouvel<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s et de nouveaux chevaliers prennent<br />
nos cou<strong>le</strong>urs. On nous annonce que la croix de Toulouse flotte<br />
sur Beaucaire. La cité où, sortant du ventre de Jeanne<br />
d’Ang<strong>le</strong>terre, mon fils vit <strong>le</strong> jour il y a dix-neuf ans… Mais, audessus<br />
de la vil<strong>le</strong> qui s’étend sut la rive droite du Rhône, la<br />
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